Déforestation

Biodiversité : on a oublié la bouffe !

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Notre modèle alimentaire, souvent très carné, pèse bien trop lourdement sur la planète.

Incroyable mais vrai : les politiques  se préoccupent de la biodiversité. A travers l’écran, j’en vois qui sourient. Et pourtant. Du 17 au 30 mai prochains, si la pandémie nous laisse un répit, les représentants d’une grosse centaine de gouvernements se réuniront à Kunming (Chine). But de ce sommet mondial : fixer les objectifs de préservation de l’environnement pour la décennie qui s’ouvre. Cette 15e réunion des parties à la convention pour la diversité biologique de l’ONU (la COP 15) devrait inciter les Etats à protéger, collectivement, 30% des terres d’ici à 2030. Seule façon, estiment les scientifiques, de freiner l’érosion de la vie sauvage. Et le plus tôt sera le mieux.

Biodiversité en recul

Publié par le WWF, le 10 septembre dernier, le rapport « Planète vivante » dresse un terrible bilan de nos activités. Entre 1970 et 2020, 68% des populations de vertébrés ont décliné. Les animaux des espaces lacustres paient le plus lourd des tributs : 84% des vertébrés des zones humides, lacs et rivières sont en recul. La situation la plus critique se situant dans les régions tropicales des Amérique.
Parlons un langage compris de tous : ces disparitions ne sont pas gratuites. Selon le WWF, la destruction des écosystèmes, des plantes et des animaux coûte chaque année 479 milliards de dollars. Paradoxe : ce montant correspond à celui des subventions octroyées par les Etats aux producteurs d’énergies fossiles.

Place au bœuf

Les causes de ce désastre sont connues : l’urbanisation galopante, le développement des infrastructures, l’appétit des industries extractives. On oublie trop souvent le rôle joué par l’agriculture. Et donc par notre alimentation. Un seul exemple : l’élevage. Environ un quart des terres émergées servent, directement ou indirectement, à nourrir les bêtes que nous élevons pour la viande. Plus nous mangeons de bidoche (ce qui est bien parti), plus nous avons besoin de terres nouvelles. Nous les trouvons souvent dans les massifs forestiers.

Climat et déforestation

La FAO a fait le calcul : ces centaines de millions de bestiaux rejettent plus de 2,5 milliards de tonnes par an de gaz à effet de serre, soit 5% des émissions d’origine humaine. En consommant toujours plus d’espace naturel et en contribuant au renforcement de l’effet de serre, l’élevage participe bien à l’érosion de la biodiversité. Ne rien changer à notre modèle alimentaire, voire l’exporter dans des pays en développement, c’est participer à la déforestation de l’Amazonie (le Brésil est l’un des principaux producteurs mondiaux de viande).
Le 21 septembre, un collectif d’ONG a menacé le groupe Casino d’une action judiciaire. Les 6 associations reprochent au distributeur français d’acheter de grandes quantités de viande bovine à des fermes industrielles brésiliennes ayant déforesté illégalement 4 500 hectares de forêts amazoniennes.

Touche pas à mon bol

S’ils sont prêts à accepter la protection (plus ou moins stricte) de 30% des terres émergées, les diplomates de la biodiversité ne sont pas prêts à négocier le contenu de notre bol alimentaire. Dans les ministères de l’agriculture des pays de l’Union européenne, on réfléchit plutôt à la prochaine politique agricole commune. En Inde, en Australie, au Brésil, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis, on s’acharne à produire toujours plus de viande bovine pour l’export.
Allons-nous sacrifier au burger nos derniers espaces naturels ? Peut-être pas. En Amérique du nord, en Europe et en Chine, des producteurs de viandes artificielles pointent le bout de la fourchette. Nombre d’entre eux financent des associations favorables au bien-être animal et à la culture vegan. Bon appétit.

 

Un Noël écologique!

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Noël est synonyme de partage et de générosité. Et si ces valeurs jouaient également en faveur de la planète? Verdir votre réveillon ? Pas de problème nous vous livrons quelques astuces pour un Joyeux Noël bien vert et écolo.

Il ne faut pas oublier que le réveillon est une période très polluante et que diminuer son impact sur l’environnement est l’affaire de tous : en moyenne et chaque année au Canada, plus de 100 millions de cadeaux sont offerts, environ 5 millions de sapins sont abattus, et des milliers de tonnes de papiers sont utilisés pour l’emballage. Entre le sapin, les cadeaux, la décoration, et le repas, les marges de manœuvre sont donc larges.

Oubliez les cadeaux à usage unique, ceux qui génèrent beaucoup de déchets ou qui sont si inutiles qu’ils sont juste laissés à l’abandon. Cours de cuisine, dîners au restaurant, ou activité en plein air, le premier geste à faire pour la planète est de préférer l’immatériel aux cadeaux physiques. Sinon préférez des objets utiles et appréciés, qui dureront de nombreuses années. En outre, choisissez de préférence des matériaux écologiques et remplacez le papier cadeau par un sac en tissu publicitaire.

Acheter un sapin synthétique en pensant faire du bien à la planète est une fausse bonne idée : il faudrait garder son sapin plus de 20 ans pour rentabiliser son impact carbone. Plus écologique, le sapin en pot permet de pouvoir donner une seconde vie au conifère en le plantant de nouveau dans la nature
Si vous installez un sapin naturel, veillez à ce qu’il soit issu d’une sapinière durable. Pensez aux décorations comestibles, que vos  invités seront ravis de dévorer.

Climat : Et si l’on optait pour les solutions naturelles ?

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Pour stabiliser rapidement le réchauffement, nous devons réduire nos émissions et aspirer une partie du carbone déjà présent dans l’atmosphère. Les chercheurs s’opposent : faut-il disséminer des aspirateurs à carbone ou miser sur les solutions engendrées par la nature ? Explications.

Les ouvrages du GIEC ne sont pas que des catalogues de mauvaises nouvelles. Il y a tout juste deux ans, le réseau mondial de climatologues publiait un rassérénant rapport sur les façons d’atteindre le plus ambitieux des objectifs fixés par l’Accord de Paris. Le texte signé à l’issue du sommet mondial de Paris, en 2015, commande à la communauté internationale de stabiliser le réchauffement entre 1,5 °C et 2°C. De prime abord, le premier objectif apparaît particulièrement ambitieux : le thermomètre mondial s’étant déjà, en moyenne, échauffé de 1,1°C. Et pourtant !

Agir vite et fort

Les scientifiques sont formels ! En agissant (très) vite et (très) fort, nous pouvons encore espérer stopper l’ascension du mercure du thermomètre planétaire à 1,5°C. Reste à savoir comment. Déploiement massif d’énergies décarbonées, économies d’énergie, révolution agricole : les solutions sont connues. Et insuffisantes. Nous avons probablement déjà émis suffisamment de gaz à effet de serre (GES) pour dépasser le 1,5°C. Ces GES ont généralement une longue durée de vie et nous ne cessons d’en rejeter dans l’atmosphère. Conséquence : en plus de décarboner nos modes de vie et de développement, nous allons devoir extraire du carbone de l’atmosphère.

Aspirateurs à carbone

Cette recommandation a été bien comprise par certains physiciens suisses et nord-américains. Leurs compagnies, Climeworks, Carbon Engineering, proposent d’installer sur toute la planète de gigantesques aspirateurs à CO2 (captage directe du carbone dans l’air ou DAC). Nettoyé, comprimé, séché, ce dioxyde de carbone pourrait être ensuite injecté dans une structure géologique étanche (un ancien gisement d’hydrocarbures par exemple) ou réutilisé. À Hinwil, près de Zurich, les 18 aspirateurs de Climeworks captent 900 tonnes de gaz carbonique par an, qui sont vendus à un maraîcher pour accélérer la croissance des fruits et des légumes. La solution ?

Solutions naturelles

Ce n’est pas l’avis de Pierre Gilbert. Pour ce prospectiviste français, se fier à ces techniques c’est nourrir l’espoir que tous nos excès carboniques peuvent être facilement compensés par la technique. Or, le DAC est loin d’avoir fait ses preuves. Et les technologies concurrentes (bioénergie avec captage et stockage du CO2 ou BECCS) n’existent que sur le papier.
D’où l’idée de recourir à des solutions « naturelles » expérimentées depuis des siècles voire des millions d’années. La plantation massive de forêts, la modification des pratiques agricoles (moins d’engrais azoté et moins de labours, notamment), la préservation du permafrost, notamment, permettraient d’absorber 40% du carbone que nous émettons, estime l’ancien analyste du ministère français des Armées.
Considérable !

Pourquoi la côte ouest américaine est la proie des flammes.

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Réchauffement, urbanisme, mauvaise gestion des forêts sont les combustibles qui nourrissent, chaque année un peu plus, les méga feux qui dévastent l’Ouest, le vrai.

On croyait avoir tout vu des incendies qui ravagent, chaque année, la côte ouest des Etats-Unis. En novembre 2018, Camp Fire avait battu tous les records : 62 000 hectares de forêts californiennes ravagés par les flammes, une centaine de morts, sans compter la destruction de plus de 18 000 bâtiments. Nous n’en sommes plus là.Dans l’Oregon, en Californie, dans l’Etat de Washington, les pompiers tentent de contenir plusieurs centaines d’incendies simultanés, qui s’étendent sur près de 400 000 hectares. A lui seul, l’August Complex Fire consume la forêt de Mendocino sur plus de 190.000 hectares. Comment expliquer pareille succession de sinistres ?

La faute au réchauffement
Le changement climatique a sa part de responsabilité. En accroissant la température de l’air et du sol, le phénomène multiplie les vagues de chaleur et leur durée tout en réduisant le volume de précipitation. Dans les années 1970, la saison annuelle des incendies en Californie durait 140 jours, contre 230 jours depuis le début du siècle.Le plus riche Etat des Etats-Unis subit des sécheresses à répétition. Entre 2011 et 2020, le Golden State comptabilise 7 années sèches, dont 5 consécutives. Pareil stress hydrique affecte la végétation. La Commission californienne de régulation des services publics estime que les massifs situés autour de Paradise comptent 130 millions d’arbres morts.

Réserve de combustible
Cette fantastique réserve de combustible n’attend qu’une étincelle pour s’embraser. Incidents sur les réseaux de distribution d’électricité, orages, barbecues tout est bon.Durant l’été 2020, le changement climatique a créé des conditions favorables à la formation de formidables orages, souvent secs. En quelques heures, ce sont ainsi des milliers d’éclairs qui frappent le sol, occasionnant des centaines de départs de feux que les pompiers ne peuvent combattre.Les flammes sont attisées par les vents de Santa Ana. Bien connus des Californiens, ces puissants vents catabatiques descendent chaque automne du Grand Bassin et du désert de Mojave vers la côte du Pacifique. Ils poussent les fumées des feux vers la côte. Ce qui explique les effrayantes photos prises dans la baie de San Francisco, ces derniers jours.

Des décennies d’urbanisation
Toujours plus important, les dégâts sont aussi le résultat de décennies d’urbanisation des zones forestières. Depuis 1990, rappelle Headwaterseconomics, un centre de recherche sur la gestion des risques, 60% des nouveaux logements construits en Oregon, dans l’Etat de Washington et en Californie, l’ont été en zone forestière. La moitié de la population de ces trois Etats réside en lisière de bois. Des massifs qui sont mal entretenus, faute de crédits, notamment fédéraux, dédiés au débroussaillement.

Mépris des normes
Les Californiens ne sont pas exempts de tout reproche non plus. En 2008, les pompiers ont établi des normes visant à réduire le risque d’incendie dans les zones forestières : zones déforestées à proximité des habitations, utilisation de matériaux ignifugés pour réaliser l’enveloppe des constructions. Autant de règles efficaces qui n’ont pas été appliquées par les propriétaires. Au premier brandon venu, les maisons flambent comme des torches. Jusqu’à présent, les parlementaires californiens ont réussi à imposer aux compagnies d’assurance de dédommager les victimes des flammes. Cela ne devrait plus durer.