Chasse

La chasse est-elle vraiment écolo en France?

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Écolos les chasseurs ? C’est en tous cas ce que leur demande l’État français. L’Office national de la chasse et de la faune sauvage de l’hexagone (ONCFS) a pour mission de « conforter la chasse comme élément essentiel de gestion durable de la nature et des territoires ». En d’autres termes, on attend des chasseurs qu’ils contribuent à préserver l’habitat du gibier et à réguler ses populations, selon un plan de chasse établi par la Fédération nationale de la chasse (FNC) et validé par le préfet.

Pour comprendre l’impact de la chasse, on peut se pencher sur les chiffres. Trente millions d’animaux sont tués chaque année par les chasseurs en France. Ce chiffre n’englobe pas le piégeage (autorisé) ni le braconnage, mais bien la chasse légale et déclarée. Selon les bilans de l’ONCFS*/FNC* (2016), 95% de ces animaux sont des oiseaux et des mammifères, petits ou moyens.

Le plus gros des effectifs est constitué par les oiseaux migrateurs (pigeons ramiers, grives, bécasses…). On ne trouvera aucun scientifique pour défendre un quelconque intérêt écologique au tir de ces espèces. La nécessité de leur « régulation » est nulle. Pire, une vingtaine d’espèces d’oiseaux « chassables » sont considérées par l’UICN* comme « menacées » ou « quasi menacées » au niveau européen : tourterelle des bois, sarcelle d’été, vanneau huppé, courlis cendré, etc.

Par ailleurs, un quart des animaux tués à la chasse provient d’élevages. Faisans, canards colverts, perdrix rouges, perdrix grises et autres lapins : selon les éleveurs de « gibier » eux-mêmes (chiffres SNPGC*), 20 millions d’animaux sont lâchés tous les ans ; les chasseurs n’ont le temps d’en tuer qu’une petite partie, car les autres meurent rapidement dans la nature, faute d’adaptation à la vie sauvage.

Quant aux mammifères carnivores, les chasseurs en abattent des centaines de milliers. Renards en tête, mais aussi martres, fouines et autres petits prédateurs indigènes dont il ne viendrait à l’idée d’aucun biologiste de prôner l’élimination, tant le rôle de ces animaux est important dans les écosystèmes et les agrosystèmes. Par exemple, les renards se nourrissent de campagnols et d’autres petits rongeurs qui peuvent causer des préjudices aux cultures en cas de forte présence.

En plus de ceux qu’on abat à la chasse, des milliers de petits carnivores indigènes, y compris des espèces en grande régression comme le putois, sont piégés en toute légalité à la demande des chasseurs qui les accusent de manger… des perdrix lâchées pour la chasse. Le moins qu’on puisse dire est que l’apport écologique d’une telle démarche ne saute pas aux yeux.

Article de Pierre Rigaux de la revue Alternatives Végétariennes 

“La France vue du Canada”. Lobbying de la Chasse en France: l’avis de Yolaine.

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Ce livre, les ayatollahs de l’écologie s’en serviront pour allumer le barbecue où ils cuiront leurs steaks de soja”.
Le ministre de la justice Français n’aura pas prêché la tolérance dans sa préface au livre du prophète de la chasse; Willy Schraen. Une position du controversé Eric Dupont-Moretti à contre-courant d’une opinion publique défavorable à cette chasse que le gouvernement soutient pourtant.
Une semaine avant la nomination de l’ancien avocat de Patrick Balkany au poste de garde des Sceaux, nous avions rencontré Yolaine de la Bigne qui nous a donné son très clairvoyant sentiment sur le sujet.

 

-Sur cette question de la chasse où en est-t-on aujourd’hui en France, quelle est la position de l’actuel gouvernement ?
La position du gouvernement et de l’exécutif est à mon sens aussi claire que consternante. Et  ça me reste encore en travers de la gorge car nous repartons en arrière! Emanuel Macron a choisi de favoriser la chasse, sans s’en cacher: il est pour les chasses présidentielles -j’ai entendu dire que la famille de Brigitte adorait ça-, il protège la chasse de vénerie (la chasse à courre NDLR) et a fait baisser le prix du permis de chasse, tant et si bien que le nombre de permis délivré a explosé.

-Et le contre-pouvoir vert ?
Avec un ministre ultra-populaire, Nicolas Hulot, qui démissionne en larmes parce qu’il a face à lui Thierry Coste, un type que j’ai en horreur et qui est LE lobbyiste français de la chasse et aussi un proche du Président… ça en dit long sur la volonté d’inclure une réduction de la chasse en France dans leurs objectifs. Et c’est là que je trouve cette position aussi scandaleuse que bête: quand on lit les chiffres, c’est 2,5% de français qui chassent alors que 80% de nos concitoyens sont contre! Regardons ce qui se passe en France:  il y a plein de manifestations, de pétitions et mouvements en défaveur de la chasse… et  pourtant Macron ne bouge pas, ou plutôt bouge en faveur de la chasse. Je trouve ça extrêmement grave.

-Si l’élan ne vient pas du haut, pourrait-il venir du bas ?
Oui, l’opinion publique est derrière cette cause animale que je défend depuis plus de 30 ans. Et si elle l’est de façon de plus en plus marquée, nous verrons des changements rapidement.
J’espère que les jeunes générations seront très proactives sur le sujet. Des associations comme L.214 font un travaille exceptionnel. C’est d’ailleurs comme ça que je suis devenue végétarienne, en tombant en 1989, alors que j’étais enceinte, sur un reportage de Brigitte Bardot qui filmait les abattoirs. Ça m’a horrifié. Trois semaines plus tard, je ne mangeais plus jamais de viande.
J’espère que ces interventions d’associations auront un jour, on peut toujours rêver, le même effet sur ces grands prédateurs que sont les hommes politiques.

 

Entretient A.L.

Parmi les multiples talents de Yolaine de la Bigne, celle d’être l’instigatrice de la formidable et nécessaire Université d’Été de l’Animal .
Pour cette 5ème édition, le château et parc animalier de La Bourbansais ( entre Rennes et Saint-Malo), accueilleront l’Université d’été de l’Animal, et ça se tient du 28 au 30 août 2020.

 

Le programme de cet incontournable rendez-vous organisé par la créatrice de la Journée Mondiale de l’Intelligence Animale: