Argentine

Valeria Salech, mère courage et Ganja pasionaria

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Valeria Salech s’est battu pendant 6 ans pour que le cannabis soit légalisé en Argentine. Pas parce que c’est cool et hype, mais parce que la vie de son fils en dépendait. Portrait d’une mama-warrior.

C’est en 2014 que Valeria Salech et son mari ont donné pour la première fois du cannabis à Emiliano, leur fils de 8 ans.
Valeria se souvient de cet après-midi comme le jour où elle a vraiment rencontré son fils.
«Environ 30 minutes après avoir pris la résine, Emi a commencé à me regarder dans les yeux et à sourire. Il avait un regard que je n’avais jamais vu auparavant » m’explique Valeria, la voix serrée d’émotion.
Aujourd’hui, Valeria est en première ligne de la bataille pour la légalisation du cannabis, une bataille qu’elle mène en tant que fondatrice de Mamá Cultiva Argentina (Mother Grows), le groupe de militants le plus actif et reconnu d’Argentine.

Vivre avec le cannabis

«Avez-vous déjà vu le regard de quelqu’un dopé aux anxiolytiques?» enchaine Valéria.
«C’est un regard vide et déchirant d’absence pour une mère. Et cette expression, mon fils l’arborait depuis le jour de sa naissance. Quand j’ai vu se yeux s’allumer grâce à l’équivalent d’un grain de riz de résine de cannabis, je savais alors et là que je continuerais à lui en donner, pourvu que son regard, son sourire et ses gestes s’animent “.

Nous sommes en 2015, et Emi (qui est aussi atteins d’autisme sévère) a l’autonomie d’un enfant d’un an, alors qu’il en a 8.
Je demande à Valeria de se souvenir des changements dans l’état et le comportement d’Emiliano au fil des années depuis qu’il a commencé à consommer du cannabis.
«Dès que j’ai commencé à traiter Emilio au cannabis, il a arrêté d’utiliser son bavoir», se souvient Valeria. “Quelques mois plus tard, il a commencé à apprendre à manger avec une fourchette, et après environ 1 an, Emiliano a arrêté d’utiliser des couches”.
Voyant la façon dont le cannabis a changé la vie d’Emiliano, Valeria n’a pas hésité à se battre pour les droits de toutes les autres mamans argentines dont les enfants ou la famille pourraient bénéficier du cannabis.

2016: La naissance de Mamá Cultiva Argentina

Le 22 mars 2016, 2 ans après avoir essayé le cannabis pour la première fois avec Emiliano, Valeria a assisté à la présentation d’un projet de loi visant à dépénaliser l’usage médical de la marijuana en Argentine.
En parcourant la salle du regard, elle remarque le nombre de femmes présentes, en particulier des mères.
«J’ai dit à la femme assise à côté de moi: Nous avons besoin d’une organisation pour représenter les femmes ici », se souvient Valeria.
Un peu plus de 2 semaines plus tard, le 7 avril 2016, elle fonde Mamá Cultiva Argentina (MCA).
Valeria rit lorsqu’elle se souvient des débuts de l’organisation, quand elle prenait d’assaut le Congrès avec d’autres mamans pour alpaguer les députés dans les couloirs et distribuer leurs flyer et documentation sur leur revendications.
Je lui demande de me parler de sa vie en dehors de son activisme.
«Je ne peux pas vous parler d’une vie en dehors de l’activisme pour une raison simple», s’amuse-t-elle. «Je suis né militant. C’est ma vie. À la maternelle, c’est moi qui ai parlé au professeur pour m’assurer que tous les élèves reçoivent la même quantité de biscuits. Je suis une militante 24/24, 7 jours par semaine”.

Marche sur le Congrès

Depuis le premier jour, MCA avait une mission très claire:
«Exiger un cadre juridique à travers lequel l’État argentin reconnaît les propriétés thérapeutiques du cannabis et le droit des individus de le cultiver afin de garantir un traitement sûr pour ces enfants ou quiconque en a besoin».
En plus d’une position nette  sur le cannabis, Mamá Cultiva Argentina a aussi un programme féministe allié au mouvement argentin Ni Una Menos («Pas une femme de moins»).
«J’étais à l’intérieur du Congrès avec les autres mamans distribuant des brochures et interceptant les députés quand j’ai entendu les cris des femmes dehors», se souvient Valeria, alors qu’elle se faisait entendre au Congrès lors de l’une des plus grandes marches féministes d’Argentine.

«On nous disait comment vivre et on nous jugeait si nous étions de bonnes mères ou non. On nous a dit de faire attention aux médecins et à la police ».
«Une fois que nous avons réalisé que nous étions dans le même combat que les femmes à l’extérieur, nous n’avons pas hésité à les rejoindre dans la rue. Ce fut un réveil, et à partir de là, nous avons commencé à parler de  toute la violence que nous avons subie. Et toute la violence que nous avons subie vient de ce système capitaliste et patriarcal qui nous opprime ».
En octobre 2016, Valeria s’est rendue à Rosario pour la réunion annuelle de l’Encuentro Nacional de Mujeres (Réunion nationale des femmes). Dans l’une des salles de réunion, un groupe de femmes parlait de cannabis.
«Je suis entré dans ce meeting et là…  toute la salle s’arrête pour m’applaudir. J’ai pleuré d’une si belle émotion, parce que la reconnaissance de mes pairs, de ces femmes qui comme moi avaient été battues par ce système encore trop patriarcal, signifie encore plus pour moi que si j’avais reçu une standing ovation à la tribune des  Nations Unies“.

The Times, they are A’changing.

Aujourd’hui, le droit de cultiver du cannabis, la plante qui a changé la vie de Valeria et celle de nombre d Argentins, semble plus proche que jamais.
Le 15 juillet 2020, 6 ans après que Valeria eu donné du cannabis pour la première fois à Emi, le ministère argentin de la Santé a annoncé un projet de nouvelles modifications réglementaires au projet de loi 27.350, la loi qui limite l’utilisation du cannabis médical aux essais de santé publique sur des patients atteints d’épilepsie.Un  projet plein d’espoirs et de promesses comme le droit pour les patients enregistrés de cultiver leur propre médicament, la production et la vente publiques de produits à base de cannabis médical dans les pharmacies et le libre accès aux thérapies cannabiques pour les patients dépourvus d’assurance santé.

Et même s’il ne s’agit que d’un brouillon, d’une copie de travail en devenir, l’intuition féminine de Valeria lui chuchote que le changement est très proche.
Depuis janvier, Mamá Cultiva Argentina fait partie d’un conseil consultatif travaillant avec d’autres groupes d’activistes, médecins, universités et institutions comme le CONICET [le Conseil national argentin de la recherche scientifique et technique] pour préparer son amendement au  du projet de loi 27.350.
«Quand quelqu’un vous invite à travailler avec des institutions comme CONICET et le ministère de la Santé sur un projet de loi qui prévoit réellement de mettre en œuvre le changement pour lequel vous vous battez, vous avez tendance à croire en cela», analyse Valeria.
Et bien qu’il n’y ait toujours pas de nouvelles de la date d’entrée en vigueur de ces nouvelles réglementations, Valeria est convaincue que ce sera bientôt le cas.
«Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain ou après-demain. Cela dit,  je n’ai pas honte de vous dire que chaque matin, juste après avoir ouvert l’œil,  la première chose que je fais est de vérifier le journal officiel ».

NDLR: cette interview a été réalisée en 2020. Depuis, et sous la pression d’associations comme Mama Cultiva, l’Argentine a légalisé le cannabis thérapeutique. Valeria ne scrute plus le journal officiel, elle et son fils Emilio peuvent enfin vivre sereinement, accompagné par le plus naturel des médicaments.

De la brique à la fleur, ou comment les argentins se sont mis à la bonne weed.

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Progrès de la botanique et production locale aidant, les argentins ont peu à peu délaissés la brique pour la fleur (de cannabis), une différence de conditionnement qui au delà d’offrir une weed de qualité, la propose via des réseaux de production plus sains. Notre Gonzo correspondant Steve Voser nous en parle, crash-test à l’appui.

“Je vais acheter de la weed ce week-end, tu veux choper?” 
Environ un mois après avoir déménagé de Melbourne à Buenos Aires, un nouveau collègue de travail m’envoie un e-mail avec cette question qui ensoleillera ma journée.
Je frappe un «OUI !!!» catégorique sur mon clavier et, quelques jours plus tard, me retrouve dans son appartement du centre-ville, impatient de mettre la main sur mon premier lot de 25g de bonne ganja argentine.

Herbe en brique

C’est dans la cuisine, c’est à l’intérieur d’un paquet de Marlboro“, me lâche-t-il.
La phrase qui tue. “Dans un paquet de Marlboro” : 25 grammes dans un paquet de clopes, ça sentait pas bon la weed qui respire dans un vaste pochon. Avant même d’avoir vu mon acquisition, je fleurai la déception.
Bon gré mal gré j’ouvre le paquet et là:

Une brique épaisse et brune criblée de bâtons et de tiges, le tout puant l’ammoniac.
“Comment est-ce que je coupe ça?” interrogeai-je.
Après avoir réussi à scinder la brique en deux avec un couteau à steak, je parvins à rouler un joint fin et bosselé et m’extirpa sur le balcon pour fumer la chose.
Alors que je contemplais l’air épais d’un début de soirée d’été à Buenos Aires, j’ai eu mon premier goût de « Paraguayo » .
Ma tête est devenue instantanément lourde, mon corps entièrement engourdi. Je rinçais chaque taffe avec une gorgée de bière pour enlever le sale gout.

Le « Paraguayo » (ou « Prensado ») est un type de ganja qui domine le marché argentin du la weed depuis des années.
Il est expédié depuis l’autre côté de la frontière, du Paraguay, le deuxième plus grand producteur de marijuana en Amérique latine, et est vendu conditionné en briques de 25 g compressés à la César.
Pendant longtemps, le Paraguayo était la norme cannabique en Argentine, une donne qui a rapidement changé.
Aujourd’hui, les enthousiastes argentins de la belle plante recherchent de plus en plus activement les « flores » (ou bud/ fleurs de cannabis), les teintures, les crèmes et occasionnellement les extraits.

Militantisme cannabique

Au cours des dernières années, les militants argentins de la weed se sont battus pour légaliser le cannabis à des fins médicinales, mais aussi récréatives.
En 2017, le gouvernement fédéral a partiellement légalisé le cannabis thérapeutique même s’il a condamné et incarcéré des patients qui cultivaient et produisaient leur traitement chez eux.
Le droit de cultiver pour un usage personnel, ou «autocultivo» est toujours au cœur du débat sur la légalisation en Argentine et la raison d’être d’ONG comme CAMEDA et Mama Cultiva, qui milite pour un meilleur accès au cannabis.

«Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de sensibilisation et un mouvement plus important autour du cannabis, et je pense que le fait que la plante ait des propriétés médicinales signifie que les gens changent leurs perceptions à ce sujet», explique Agustin, 32 ans et designer dans l’audio visuel.
«Cet été, j’ai cultivé 2 plantes à l’extérieur. Je ne voulais pas continuer à acheter de l’herbe; je voulais cultiver le mien et savoir ce que je fumais», poursuit-il.

Circuit court

Agustin fait parti d’ une communauté grandissante de cannabis-aficionados en Argentine qui cultivent et en vendent une partie.
En général, les Paraguayens sont de bons cultivateurs, mais ils commettent des erreurs impardonnables lors des récoltes et des processus de pressage“, analyse Matías Maxx dans un rapport paru sur ses visites dans une weed-farm paraguayenne.

Beaucoup de paysans récoltent pendant les saisons de pluies et sèchent leurs plantes directement sur le sol sous de grandes feuilles de plastique, processus de guérilla qui crée un terrain fertile pour les bactéries et les champignons. Les branches mal taillées et parfois encore humides sont également projetées sur le sol lors du pressage, exposées aux guêpes et autres insectes,  qui finissent souvent  broyés dans le produit fini.
Une fois que vous aurez appris ce qui se passe dans un prensado, vous ne voudrez plus jamais le fumer“, rigole Frank, un musicien de 32 ans qui a cultivé ses premières plantes au cours de l’été. «Peut-être que les jeunes enfants fument encore. Quand j’étais plus jeune, la weed sous forme de fleur naturelle  était difficile à trouver et cher. »

Grow shops et autoculture

Le fait que des grow shop, magasins de matériel de culture, poussent comme des champignons verts à Buenos Aires a également encouragé plus de gens à cultiver leur propre ganja.
Il y a plus d’accès à des fleurs de qualité, plus d’informations sur la façon de cultiver et plus de magasins vendant les produits nécessaires pour le faire“, explique Juana, qui a fait pousser 10 plants sur sa terrasse l’été dernier.

Légalement aussi, le cadre n’est plus des plus répressifs et la passible peine de prison pour production personnelle ne semble plus vraiment inquiéter des cultivateurs qui n’auront peut-être plus à se soucier de la loi:

L’année dernière, le président Alberto Fernandez a ouvertement montré son soutien à la décriminalisation du cannabis alors que cette année, la ministre de la Sécurité, Sabina Frederic, a annoncé qu’elle étudiait les modèles uruguayens  canadien et américain pour trouver l’inspiration sur une éventuelle dépénalisation en Argentine.
Si ces mesures sont prises au sérieux, les Argentins pourraient bientôt avoir le droit de cultiver leur propre cannabis, enterrant à jamais la weed en brique.

(Article original publié  en anglais le 29/05/20  traduction Zeweed)

Argentina is (almost) legalizing.

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Today marks the beginning of the end of prohibition in Argentina.
At midnight on Thursday, the Argentine government published a set of changes to bill 27.350, the nation’s heavily criticized medical cannabis law. 

Patients registered under RECANN, the national cannabis patients registry, now have the right to cultivate their own medicine, either individually or as part of a group or collective, or buy cannabis oils, tinctures, or topicals at pharmacies.
Moreover, the new legislation also broadens the qualifying conditions for medical cannabis treatments in Argentina.
Up until now, bill 27.350 restricted the use of medical cannabis only to public health trials including patients with refractory epilepsy.
The new legislation, however, gives any patient with a doctor’s prescription for cannabis (or its derivatives) the right to either cultivate their own medicine or buy it from a licensed pharmacy. The state even promises free access to cannabis therapies for people without health insurance.
For thousands of patients, caretakers, parents, and children, this is the day they’ve long been waiting for.
Up until now, anyone found in possession of cannabis seeds or plants ran the risk of being trialed under the nation’s drug law and faced up to 15 years in prison.
These new regulations promise an end to this injustice.
“Finally! Our right is law!” reads the latest post by Mamá Cultiva Argentina (MCA), the nation’s most recognized cannabis activist group.
“This right, won after many years of struggle by organizations across the country, not only brings  with it the peace of mind of not being criminalized for exercising our autonomy by cultivating our own medicine. It might also be a solution for many of the socioeconomic problems brought on by the neoliberalism [of the previous government] and the global pandemic,” the post reads. 

“This new era of bill 27.350 will begin to repair the injustice of the persecution and stigmatization of the plant that’s brought quality of life to many people. For this reason, we celebrate a State that accompanies us, that guarantees us access to the substance by the means we choose, that doesn’t punish us or paternalize us. This regulation demonstrates that the knowledge gained through our popular experience is of value when it comes to building our future.”
“Before us lies a long road of implementation. But we’re convinced that the construction [of the legal framework behind bill 27.350) will be rich and prosperous and that we have public interlocutors in place who demonstrate their priority in finding consensus,” the post continues.

Mamá Cultiva Argentina was founded in 2016 by Valeria Salech and a group of other mothers, many of whom have been cultivating cannabis illegally for years either for themselves or for members of their families.
Roughly 4 months ago, Valeria Salech and the rest of MCA were eager that change might come to bill 27.350 as the Argentine Health Ministry announced the first draft of the new regulations it signed off today.
“I’m not ashamed to tell you that every morning I wake up and the first thing I do is check the boletin oficial [the gazette where the Argentine state publishes its legal norms],” Valeria told us in an interview in July.  

Seems like that habit might die off tomorrow. 

L’Argentine légalise le cannabis (thérapeutique).

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Aujourd’hui marque le début de la fin de la prohibition en Argentine.
Jeudi à minuit, le gouvernement argentin a publié une série de modifications au projet de loi 27.350, la loi nationale sur le cannabis médical très critiquée, pour le plus grand bonnheur des malades comme enthousiastes de la weed.

Les patients enregistrés sous RECANN, le registre national des patients atteints de cannabis, auront désormais le droit de cultiver leur propre médicament, soit individuellement, soit dans le cadre d’un groupe ou collectif, ainsi que d’acheter des huiles, teintures ou  topiques de cannabis dans les pharmacies.
En outre, la nouvelle législation élargit considérablement les conditions d’admissibilité aux traitements au cannabis médical en Argentine.
Jusqu’à présent, le projet de loi 27.350 limitait l’utilisation du cannabis médical aux seuls essais de santé publique incluant des patients atteints d’épilepsie réfractaire.
Dorénavant, la nouvelle législation donne à tout patient ayant une prescription médicale pour le cannabis (ou ses dérivés) le droit de cultiver son propre de l’herbe ou de l’acheter dans une pharmacie agréée.
L’État promet même un accès gratuit aux thérapies au cannabis pour les personnes sans assurance maladie!
Pour des milliers de patients, de gardiens de parents et d’enfants, c’est le jour qu’ils auront  attendus depuis longtemps.
Jusqu’à présent, toute personne trouvée en possession de graines ou de plantes de cannabis encourait jusqu’à 15 ans de prison.
Ces nouvelles réglementations mettent un point final à ces lois ante-séculaires.
Finalement! Notre droit est la loi“! est-il écrit dans le dernier article de Mamá Cultiva Argentina (MCA), le groupe de militants du cannabis le plus reconnu du pays.
«Ce droit, acquis après de nombreuses années de lutte par des organisations à travers le pays, apporte non seulement la tranquillité d’esprit de ne pas être criminalisé pour avoir exercé notre autonomie en cultivant notre propre médecine. Cela pourrait également être une solution à de nombreux problèmes socio-économiques provoqués par le néolibéralisme [du gouvernement précédent] et la pandémie mondiale », peut-on aussi y lire.

“Cette nouvelle ère du projet de loi 27.350 commencera à réparer l’injustice de la persécution et de la stigmatisation d’une plante qui a apporté une qualité de vie à de nombreuses personnes. Pour cette raison, nous célébrons un État qui nous accompagne, qui nous garantit l’accès à la substance par les moyens que nous choisissons, qui ne nous punit pas et ni ne nous infentilise. Cette réglementation démontre aussi que les connaissances acquises grâce à notre expérience populaire sont précieuses pour bâtir notre avenir”.
«Devant nous , il y a encore un long chemin de mise en œuvre pratique. Mais nous sommes convaincus que la construction [du cadre juridique derrière le projet de loi 27.350) sera riche et prospère et que nous avons des interlocuteurs publics en place qui démontrent leur priorité dans la recherche d’un consensus ”, poursuit le post.

Mamá Cultiva Argentina a été fondée en 2016 par Valeria Salech et un groupe d’autres mères, dont beaucoup cultivent illégalement du cannabis depuis des années pour elles-mêmes ou pour les membres de leur famille.
Il y a environ 4 mois, Valeria Salech et le reste du MCA s’étaient impatientés  de ne voir aucun changement de la loi  27.350 alors que le ministère argentin de la Santé annonçait le premier projet de nouveau règlement qu’il a signé aujourd’hui.
«Je n’ai pas honte de vous dire que chaque matin je me réveille et que la première chose que je fais est de vérifier le boletin oficial [la gazette où l’État argentin publie ses normes juridiques]», nous avait  déclaré Valeria dans une interview en juillet.
Une habitude qui pourrait bien disparaître demain.

Valeria Salech, Argentina’s cannabis pasionaria

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Meet Valeria, the woman fighting for legal weed in Argentina. Not because it’s cool and hype, but because her son’s life depends on it. Portrait of a Mama warrior.

In 2014, Valeria Salech and her husband gave their 8-year-old son, Emiliano, cannabis for the first time.
Valeria recalls that afternoon like the day she first really met her son.
“About 30 minutes after taking the resin, Emi started looking me in the eyes and smiling. He had a look I’d never seen before,” says Valeria. “That day changed our lives forever.”
Today, Valeria stands at the frontlines of the battle to legalize cannabis as the founder of Mamá Cultiva Argentina (Mother Grows), the nation’s most recognized cannabis activist group with a proud feminist agenda. 

Coming To Life With Cannabis 

 

“Have you ever seen the look of someone doped out on anxiolytics?”
I froze as Valeria’s question shot out of the loudspeaker on my phone.
“My son has had that look since the day he was born,” she says.
“Seeing that look go away thanks to a grain of rice of cannabis resin, I knew then and there that I would keep giving the resin to Emi, even if it just meant he could look me in the eyes and smile.”
That was 6 years ago. Back then, Emi (who suffers from epilepsy and severe autism) saw the world through a daze of pharmaceuticals and still used diapers and a bib.
I ask Valeria to recall the changes to Emiliano’s condition and behaviour over the years since he started using cannabis, and she sighs.
“That’s hard, because it requires me to think back to a boy that no longer exists,” she says.
“The same month he started using cannabis, Emiliano stopped using his bib,” Valeria recalls. A few months later, he started learning to eat with a fork, and after about 1 year, Emiliano stopped using diapers.
“Step by step, Emi has been gaining independence and the ability to show himself the way he really is,” says Valeria.
Seeing the way cannabis changed Emiliano’s life, Valeria didn’t hesitate to take it upon herself to fight for the rights of every other mom in Argentina who’s children or family could benefit from cannabis. 

2016: The Birth of Mamá Cultiva Argentina

On the 22nd of March 2016, 2 years after first trying cannabis with Emi, Valeria sat in on the presentation of a draft bill aiming to decriminalize the medical use of marijuana in Argentina.
Looking around the room, she noticed the overwhelming number of women, in particular mothers, at the presentation.
“I said to the woman sitting beside me, ‘we need an organization to represent the women here,” Valeria recalls. 

A little over 2 weeks later, on April 7th, 2016, she founded Mamá Cultiva Argentina (MCA).
Valeria laughs as she remembers the early days of the organization, storming congress with other moms to intercept deputies in the hallways and hand out their homemade brochures.
I ask her to tell me about her life outside of her activism.
“I can’t,” she says. “I was born an activist. This is my life. In kindergarten, I was the one who spoke up to the teacher to make sure all the students got the same amount of biscuits,” she laughs.
Since day one, MCA had a very clear mission:
“To demand a legal framework through which the Argentine state recognizes the therapeutic properties of cannabis and the right for individuals to cultivate it in order to secure a safe treatment for our children or whoever needs it,” says Valeria.
But besides its clear stance on cannabis, Mamá Cultiva Argentina also has a proud feminist agenda alligned with Argentina’s Ni Una Menos (“Not One Woman Less”) movement.
“I was inside the congress with the other moms handing out brochures and intercepting deputies when I heard the screams of the women outside,” says Valeria, thinking back to 2016 when she found herself inside the walls of congress during one of Argentina’s biggest feminist marches.
“We were being told how to live and being judged on whether or not we were good mothers. We were being told to heed to doctors and the police,” says Valeria.
“Once we realized that we were in the same fight as the women outside, we didn’t hesitate to join them on the street. It was an awakening, and from there on out we started to reveal all the violence we’ve suffered. And all the violence we’ve suffered comes from this capitalist and patriarchal system that oppresses us.”
In October 2016, Valeria travelled to Rosario for that year’s Encuentro Nacional de Mujeres (National Women’s Meeting). In one of the meeting rooms, there was a group of women talking about cannabis.
“I walked into the meeting and the entire room stopped to applaud me,” says Valeria. “I cried because the recognition of my peers, of women who like me had been battered by this completely patriarchal system, to this day means more to me than if I were to be applauded at the United Nations.”

The Times They Are A-Changin’

 

Today, the right to grow cannabis, the plant that’s changed Valeria’s life and the lives of countless other Argentines, seems closer than ever before.
On Wednesday, July 15th 2020, 6 years after Valeria first gave cannabis to Emi, the Argentine Health Ministry announced a draft of new reglementary changes to bill 27.350, the law that restricts the use of medical cannabis to public health trials on patients with epilepsy.
The draft makes big promises; the right for registered patients to cultivate their own medicine, the public production and sale of medical cannabis products at pharmacies, and free access to cannabis therapies for patients without health assurance.
And while it’s only a draft, Valeria’s gut tells her that change is on the horizon.
Since January, Mamá Cultiva Argentina has been part of an advisory council working together with other activist groups, doctors, universities, and institutions like CONICET [the Argentine National Scientific and Technical Research Council] to prepare its own draft reglementations of bill 27.350.
“When someone invites you to work with institutions like CONICET and the Health Ministry on a bill that actually plans to implement the change you’ve been fighting for, you tend to trust that,” says Valeria.
And while there’s still no news of when these new reglementations will come into effect, Valeria is confident it’ll be soon.
“If it’s not today, it’ll be tomorrow or after that. But I’m not ashamed to tell you that every morning I wake up and the first thing I do is check the boletin oficial**,” she laughs. 

 

**boletin oficial – the gazette where the Argentine state publishes its legal norms.