Activisme

Jack Herer, l’homme qui voulait chanvrer le monde.

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Si vous êtes un ganja aficionado, vous avez probablement déjà gouté à la fameuse Jack Herer.
Vainqueur de la High Times Cannabis Cup 95’, cette variété de cannabis à dominante sativa est une référence particulièrement appréciée des consommateurs pour son côté ultra-tonique et cérébrale. Mais au fait, c’est qui, ce Jack Herer ?
Portrait d’un activiste écologique qui voyait en la belle plante le salut de l’homme.

L’histoire de la légalisation du cannabis dans le monde a été marquée par quelques personnalités extrêmement fortes. Leur principal point commun ? Un humanisme certain, empreint d’empathie et de créativité.
Si le premier dispensaire a vu le jour grâce aux actions de  militants pro-LGBT, et que des breeders comme Arjan Roskam ont révolutionnés le marché de la weed, c’est à Jack Herer que l’on doit la première encyclopédie du cannabis.

Et pourtant, rien ne prédestinait Jack “L’Hemperor” à devenir l’empereur du chanvre. Né à Buffalo, New York, en 1939, issu d’une famille très conservatrice, il s’engage à 17 ans dans l’armée pour 3 ans avant de fonder une famille dans un esprit des plus conservateur et républicain.
Alors que la guerre du Vietnam éclate, il admet qu’à l’époque il était “persuadé que (les américains) étaient toujours les gentils”.
Un jour, sa nouvelle petite amie lui fait tester la belle plante, celle-là même  que la propagande d’état dénonçait avec acharnement… et c’est la révélation pour Jack!

Jack the “Hemperor”

Il découvre des choses qu’il n’avait jamais ressenties, une paix et une curiosité nouvelle. C’est à ce moment-là que le désir de partager son expérience avec le monde naît en lui. En 1973, il monte un magazine underground dédié au cannabis : “Grass”, qui devient culte dans les milieux branchés. Toujours en 73, il ouvre un des premiers Headshop américains (une boutique qui vend bongs, pipes, vaporizers et autre vecteurs de combustion cannabique).

Ce revirement assez extrême n’est en réalité que le début de son parcours de combattant; à travers ses recherches, il réalise le potentiel écologique et la réalité ethnologique du chanvre, une plante qui suit l’humanité depuis plusieurs millénaires :« Il n’y a qu’une seule ressource naturelle et renouvelable qui est capable de fournir la totalité du papier et des textiles sur la planète ; répondant à tous nos besoins en termes de transport, d’industrie et d’énergie, tout en réduisant simultanément la pollution, en reconstruisant le sol, tout en nettoyant l’atmosphère… Et cette ressource est – la même qui était utilisée à cet effet auparavant – le cannabis, le chanvre, la marijuana ! » professait-il déjà.

Jack Herer (à droite) et Redman, la fine fleur de la weed

Pour Jack, le chanvre est la réponse à la crise des énergies fossiles, à la déforestation et à l’arrêt de la surproduction polluante. Dans cette optique, il crée le HEMP (Help End Marijuana Prohibition), multiplie les conférences et parcourt le pays pour propager la bonne parole, tout en accumulant les ressources documentaires.
En 1985, c’est la sortie de son chef d’oeuvre “The Emperor Wears No Clothes” ou “L’Empereur nu” en français, qui compile l’intégralité de ses connaissances sur le sujet du cannabis.
Le livre est un énorme succès littéraire, c’est une véritable bible d’informations vertes, qui sera même mise à jour une dizaine de fois, jusqu’à la mort de l’écrivain en 2010. Un must d’avant l’ère d’Internet, dont on vous recommande encore fortement la lecture aujourd’hui : https://www.amazon.com/Emperor-Wears-Clothes-Marijuana-Conspiracy/dp/1878125028

Deux fois candidat à la Présidentielle US

Ce personnage hors du commun aura marqué son époque par sa passion, oui, mais surtout par quelques coups d’éclats : en 1988 et en 1992 il se présente à l’élection présidentielle américaine pour, de son propre aveu, forcer les médias à écouter son message.
C’est d’ailleurs à Jack qu’on doit une bonne partie du changement des mentalités aux États-Unis, grâce à une offre de 100 000 dollars à quiconque pourrait prouver que le cannabis est mortel. Bien entendu, cet argent n’a jamais été réclamé, prouvant que la guerre faite à la plante était basée sur un mensonge.

Icône de la green culture

Aujourd’hui encore, le combat de Jack résonne. En 2018, le cannabis est enfin autorisé dans un cadre récréatif en  redevenant  légal au Canada, pays berceau d’une florissante industrie.
La variété éponyme qui lui a été dédiée, une hybride à majorité Sativa, élaborée par Sensi Seeds au début des années 90, est connue pour son high clair et pour ses effets sociabilisants.
La Jack Herer est si populaire qu’on la retrouve dans nombre de chansons de rap américain avec un hommage de Redman (qui était un ami de Jack Herer), de Joey Badass et même en France d’un ancien membre du groupe IAM,  Akhenaton.
Un bel hommage à cet homme du peuple à qui une compétition internationale (la Jack Herer Cup) a été dédiée.
L’événement se tient  tous les ans à Amsterdam, en Colombie, en Jamaïque, à Las Vegas ainsi qu’en en Thaïlande.
L’occasion de faire le tour du monde en 80 joints.

 

 

Mais pourquoi 4/20 ?

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Le 4/20, c’est la grande fête annuelle des enthousiastes du cannabis, tout le monde en conviendra, surtout au Canada. Mais au fait, pourquoi le 20 avril?

C’est en 1971 qu’un groupe de stoner lycéens de  San Rafael, Californie, a inventé ce qui allait devenir le plus cool des codes à trois chiffres : le 420. A l’origine de ce nombre d’or de la culture weed, un enthousiasme commun de cinq ados pour l’herbe et une mission: trouver un champ de ganja abandonné qui serait dans la région. Le groupe de chercheur en herbe se surnomme alors les Waldos, en référence à leur lieu de rencontre: un mur à l’extérieur de l’école sur lequel les étudiants se reposaient.
Les cinq lascars (Steve Capper, Dave Reddix, Jeffrey Noel, Mark Gravich et Larry Schwartz ) avaient choisi comme lieu de rencontre pour fumer des joints une statue de Louis Pasteur installée près du terrain de football. Quant à l’heure du rendez-vous, elle fut fixée à 16h20, en raison des horaires de cours et du temps nécessaire pour rallier le spot fumant.

 High Times & Grateful Dead 

La postérité du mouvement sera le fait de Steven Hager, journaliste à High Times, la bible périodique US des adeptes de la weed. La première mention du 4/20 y  apparaitra en mai 1991. Quant au lien avec le groupe des Waldos, il sera officiellement établi en 1998.
Steven Hager attribuera la diffusion du code 420 aux Dead Heads (les fan hardcore des Grateful Dead) après que Dave Reddix soit devenu roadie pour Phil Lesh, le bassiste du groupe Californien.
16h20 (4h20 PM) devient alors, grâce aux Dead Heads, le moment fétiche du commun des stoner pour s’adonner aux joies de la ganja.
Aujourd’hui, c’est une heure, oui, mais surtout une date: celle du 20 avril qui voit de par le monde s’unir les consommateurs de cannabis de tous horizons pour louer au grand jour les vertus de la belle plante.

(crédits photo Justin Sullivan/Getty Images)

Fake check: ce que le 420 n’est pas.

  • 420 n’est pas un code utilisé par la police de l’oncle Sam pour signaler des infractions à la législation sur les produits stupéfiants.
  • 420 ne désigne pas le nombre d’alcaloïdes présents dans le cannabis. (C’est 135.)
  • Adolf Hitler est bien né le 20 avril, mais rien à voir.
  • 420 n’est pas le modèle de New Balance porté par les Waldos.