Si THC et CBD sont connus de tous, ils ne sont jamais que 2 cannabinoïdes parmi les parmi les 120 que compte l’herbe.
A ces 120 cannabinoïdes, il faut ajouter l’effet des terpènes et des flavonoïdes. Soit trois éléments pour une infinité de possibilités. En isolant et modélisant les profils thérapeutiques de ces trois substances actives, l’intelligence artificielle devrait nous permettre de créer des variétés de cannabis aux effets ultra-ciblés.
Il existe près de 400 agents actifs dans le cannabis, répartis en trois familles : Cannabinoïdes ( THC, THCV, CBD, CBDN, CBDV…), Terpènes ( Lemonène, Myrcène, Linalol , Pinède…) et Flavonoïdes (Apigénine, Quercétine, Cannaflavines A, B, C…). Or, les différentes propriétés et le nombre de variétés de cannabis sont si nombreuses et déclinables que s’il fallait faire des analyses en culture, il faudrait des siècles de recherche avant de pouvoir créer une variété aux effets puissants et précis.
Algorithmes et ganja
En 2019, le docteur Ramesh Jagannathan a commencé à utiliser des algorithmes de reconnaissance de formes pour mieux comprendre les interactions entre les trois éléments actifs du cannabis. Pour se faire, Jagannathan s’est servi d’une base de données de 468 métabolites du cannabis et a lancé une série de projections associées.
Plutôt que de choisir des cannabinoïdes pour les étudier au hasard, l’approche de Jagannathan consiste ainsi à cibler les molécules les plus efficaces et bien assimilées afin de proposer un cannabis aux propriétés optimales . “Il est très difficile d’effectuer des études sur l’homme ou l’animal en utilisant chaque cannabinoïde”, détaille Jagannathan, se félicitant de pouvoir compter sur l’IA .
Antalgiques de demain
“Bien sûr, nous avons besoin de preuves plus expérimentales pour justifier ces résultats”, pondère Ramesh dans un article publié dans la très sérieuse revue britannique Nature.
“Certains des métabolites de la liste peuvent être de bons candidats pour le cannabis thérapeutique, et d’autres parfaits pour un usage récréatif.”
Les études utilisant l’IA pourraient ainsi rapidement aboutir sur la création de variétés de weed qui donnent un buzz précis: pour faire la fête, l’amour ou du sport. Un marché du sur-mesure très prometteur.
D’autres récepteurs, tels que les récepteurs opioïdes, qui sont responsables du soulagement de la douleur, sont aussi activables avec les bonnes clefs moléculaires via le cannabis, avec la même efficacité antalgique que la morphine.
Une approche qui pourrait bien, au-delà de créer des variétés aux effets très fun, proposer une alternative aux opiacés dans la gestion de la douleur.