Vanille Leclerc, musique,

Vanille : J’aime les musiques ensoleillées

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 En deux albums, Amazona (2019) et À part entière (2021), la fille de Julien Clerc s’est fait un prénom. À la fois grave et gaie, Vanille crée une bossa nova française, influencée autant par Françoise Sagan que par la caïpirinha. Et pour se donner confiance, elle a un secret : le CBD, naturellement.

ZEWEED : Comment as-tu découvert
le Brésil ?
VANILLE : Par sa musique, que j’adore. Je n’ai jamais aimé les voix trop envoyées. Alors que je cherchais comment je pourrais chanter au mieux, je me suis intéressée à l’histoire de João Gilberto. À ses débuts, il essayait d’être un chanteur pop – ça ne marchait pas. Alors il s’est mis à murmurer, et il a trouvé la voix et la voie de la bossa nova. Moi non plus, je ne mise pas sur le coffre, la démonstration vocale ; mais sur l’émotion, l’interprétation. J’ai compris ça avec João Gilberto. Et puis j’aime Françoise Sagan, dont l’œuvre me rappelle la musique brésilienne : dans les deux cas, il s’agit d’un art de la mélancolie heureuse. À la fin de ma vingtaine, je me suis dit que j’allais créer une forme de bossa nova à la française. Grâce à ma maison de disques, j’avais pu partir enregistrer mon premier album au Brésil.

ZW. : Qui trouve-t-on dans ton Panthéon brésilien ?
V. : João Gilberto par lequel j’ai eu la révélation, Caetano Veloso, Jorge Ben Jor, Seu Jorge et, pour citer une femme, Astrud Gilberto – ses interprétations à la fois naïves et profondes sont incroyables, elles font rêver et voyager. Elle m’a beaucoup inspirée.

ZW. : À côté de la musique brésilienne
la musique française te paraît
pâlichonne et monotone ?
V. : Tu sais, la musique brésilienne peut être monotone aussi ! Le français reste ma langue maternelle, donc celle qui me touche le plus. J’aime les mots, la poésie et les paroles de Barbara, Brel ou Gainsbourg, qui me vont droit au cœur. Comment rester insensible devant la puissance évocatrice de ces mots : « Combien j’ai connu d’inconnues toutes de rose dévêtues ? » (Gainsbourg).

ZW. : Avant ton album Amazona, voyais- tu de bons exemples d’hybridations
entre musiques brésilienne et française ? Peut-être L’Aventura de Sébastien Tellier ?
V. : Je connais bien sûr ce disque ! Les autres exemples ne courent pas les rues, mais il faut citer Pierre Barouh, qui se disait le plus brésilien des Français. Sa musique a énormément de charme, il a fait beaucoup de choses avec Baden Powell. Et n’oublions pas Georges Moustaki, dont « Les Eaux de Mars » est une adaptation de « Águas de Março » ! Bon, tout cela date un peu…

ZW. : Tu as eu ton fils avec un musicien brésilien, Robinho Tavares…
V. : J’étais enceinte au moment du confine- ment, pendant lequel nous avions élaboré mon deuxième album, À part entière, avec Robinho, chez moi en Gironde – deux grossesses en même temps ! À part entière sonne plus chanson française, mais ça reste un disque métissé, avec des sonorités d’ailleurs, de la guitare cocotte tropicale, des rythmes brésiliens comme sur la chanson « La Réponse ». J’ai des origines guadeloupéennes qui font que je ne sais pas précisément d’où je viens. Quand je passe deux jours au soleil, je suis marron foncé. En Inde, on me prend pour une Indienne. Les Antilles ne sont pas loin du Brésil, j’ai un côté caribéen… Quand j’ai eu cette histoire d’amour avec mon Brésilien j’ai ramené dans ma famille cette part de nos racines.

ZW. : Parlons maintenant CBD ! Quel usage en fais-tu ?
V. : J’en prends avant les concerts et les grosses promos en direct. Sur scène on peut se rattraper, mais à la télé les erreurs passent très mal. Avant, ça me terrorisait. Maintenant, avec l’expérience, ça va mieux, mais j’ai encore un peu le trac. Hop, deux ou trois gouttes de CBD sous la langue et franchement ça détend. La fumée, pour la voix, ce n’est pas terrible. Mais en cas de stress ou d’insomnie, les gouttelettes de CBD passent très bien. Ensuite, je conseille de faire un exercice de respiration type cohérence cardiaque. Cette association, c’est top !

ZW. : Depuis quand consommes-tu du CBD ?
V. : Je m’y suis mise par des amis qui en prenaient sous forme de joints. C’est étonnant d’ailleurs, car ça a vraiment le même goût que le joint sauf que l’effet est beaucoup plus léger. Il m’arrive d’en fumer de temps en temps en soirée. Je ne vais pas commencer à prendre du CBD toute la journée comme une dingue, mais mieux vaut ça que des trucs chimiques, des anxiolytiques ou des somnifères. Je suis persuadée que quand on le dose bien, le CBD peut remplacer les cachets.

“Je trouve que la beuh donne plutôt de la bonne musique”

ZW. : Plus jeune tu fumais du cannabis ?
V. : Oui. Le CBD a ce grand avantage de ne pas avoir l’effet parano que peut donner le joint. Le joint peut te mettre en boucle, j’ai déjà une chanson qui s’appelle « En boucle », je suis obsessionnelle, je n’ai pas besoin d’en rajouter! Le cannabis rentre dans le cerveau, alors que le CBD est plus physique, il donne de la légèreté, il détend.

ZW. : De Bob Marley à Snoop Dogg, on connaît plein d’artistes consommateurs de beuh. Et de CBD ?
V. : Je trouve que la beuh donne plutôt de la bonne musique, même si on a souvent cette image de l’amateur de reggae qui arrête de fumer des joints et qui se dit : mais c’était de la merde en fait ? Moi, j’adore Bob Marley ! Pour autant, je ne mélange pas la défonce, l’alcool et le chant. Je suis à la recherche d’une pureté de sentiment, je garde donc ça pour après l’enregistrement. Venant des îles, j’ai un point commun avec JoeyStarr : j’aime beaucoup le rhum, l’alcool qui correspond le mieux au joint – ça rend un peu fou d’ailleurs. Une fois que la séance de studio est terminée, je bois volontiers un bon verre de rhum ambré. Avant l’enregistrement j’ai un autre produit : le CBD, bien sûr !

Crédits photo : Stéphanie Renoma

ZW. : Tu me disais que tu apprécies
le reggae…
V. : Oui j’aime bien les musiques enfumées, ça a un sens que je sois là en face de toi !

“Je bois volontiers un bon verre de rhum ambré. Avant l’enregistrement j’ai un autre produit : le CBD, bien sûr !”

ZW. : Il y a du bon reggae aujourd’hui ?
V. : J’ai l’impression que ça va revenir… Dans mon album À part entière il y avait déjà un côté reggae.

ZW. : Une pop vraiment sous influence CBD ressemblerait à quoi ? Une musique très relaxante ?
V. : Oui. La cocaïne crée une musique froide, désagréable. Le CBD, c’est mieux ! J’ai l’impression que son usage se développe dans le milieu musical, même si le cannabis reste le produit star – pas mal de gens mélangent les deux, comme on met de l’eau dans son vin. Au Brésil je n’ai pas encore vu beaucoup de CBD, alors qu’on en trouve partout en Suisse ou en Allemagne, où je suis allée chanter.

ZW. : Au Brésil on prend quoi ?
V. : La cachaça, l’alcool qu’on met dans la caïpirinha et qu’ils boivent pure en chupitos. C’est de l’alcool de sucre, comme le rhum, ça doit rendre un peu fou aussi…

ZW. : As-tu déjà un nouvel album dans les tuyaux ?
V. : Je suis justement en train d’écrire : j’ai sept ou huit morceaux. J’ai dans l’idée une pop folk et fraîche – ce sont les mots qui me viennent. J’espère que ça sortira fin 2024, mais pour l’instant je ne suis pas encore prête à enregistrer. En parallèle je prépare une tournée d’une dizaine de dates pour cet été, le « Suivre le soleil Tour », du nom de ma chanson « Suivre le soleil », qu’on trouvait sur mon album Amazona. Cette chanson fait son petit bonhomme de chemin, elle prend 20 000 écoutes par jour sur Spotify, on en est à 10 millions en tout. Cela prouve que, dans notre monde anxiogène, les gens ont besoin de lumière, de messages positifs. Je serai seule avec ma guitare, et je lancerai des boucles avec mon clavier. Ce sera une reconstitution sur scène de mon home-studio, et je parlerai beaucoup au public, il y aura une interaction. Avant chaque date, peut-être prendrai-je quelques gouttes de CBD !

Entretien Louis-Henri de La Rochefoucauld
Dates de tournée à retrouver sur l’Instagram de Vanille,
@vanillemusic

 

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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