Alors que la Commission sur les drogues de Londres recommande officiellement la dépénalisation du cannabis, un sondage YouGov révèle que la majorité des Britanniques soutient cette évolution politique. Dans un climat de débat renouvelé sur la politique en matière de drogues, les résultats confirment un écart persistant entre l’opinion publique et la position de nombreux élus.
Un sondage YouGov a été réalisé au Royaume-Uni le 28 mai 2025, soit le jour même où la Commission sur les drogues de Londres a publié sa recommandation en faveur de la dépénalisation du cannabis. Le maire de Londres, Sir Sadiq Khan, à l’origine de la création de cette commission en 2022, a rapidement soutenu cette proposition.
Le sondage a posé la question suivante aux adultes britanniques :
« Soutiendriez-vous ou vous opposeriez-vous à la dépénalisation de la possession de petites quantités de cannabis à usage personnel ? »
Les résultats montrent que 54 % des personnes interrogées soutiennent une telle réforme de politique publique, tandis que 34 % s’y opposent. 13 % des sondés se déclarent indécis.
En affinant les résultats par région, le soutien à la dépénalisation apparaît encore plus fort à Londres, où 56 % des répondants y sont favorables, contre seulement 30 % d’opposants. Comme souvent sur les questions liées à la modernisation des politiques sur le cannabis, les jeunes adultes se montrent nettement plus favorables à la dépénalisation que leurs aînés.
Des sanctions jugées disproportionnées
La Commission sur les drogues de Londres a estimé dans son rapport que « l’inclusion du cannabis comme drogue de classe B dans la loi sur l’usage abusif des drogues est disproportionnée par rapport aux risques qu’il présente, comparativement à d’autres substances contrôlées par cette même loi. Les peines actuellement prévues, en particulier pour la possession à usage personnel, ne peuvent être justifiées au regard des conséquences à long terme d’un passage dans le système judiciaire – fouilles, interpellations ou condamnations – sur la vie d’une personne. »
Sir Sadiq Khan a quant à lui déclaré que les règles actuelles ne peuvent être justifiées », ajoutant que les conclusions de la commission représentaient « un argument convaincant et fondé sur des preuves » en faveur de la dépénalisation, selon la BBC.
Un précédent sondage de YouGov, publié en janvier 2025, avait montré que le soutien à la légalisation du cannabis chez les adultes britanniques dépassait celui des élus.
«Les résultats montrent que 50 % des députés s’opposent à la légalisation du cannabis dans une question posée en termes de soutien ou d’opposition, contre 39 % qui y sont favorables», indiquait alors YouGov. Toutefois, « une large majorité de députés – 83 % – pense que les médecins devraient être autorisés à prescrire du cannabis à des fins médicales. Seuls 7 % y sont opposés. »
« À la question binaire de la légalisation du cannabis, l’opinion publique britannique est partagée, avec 45 % en faveur et 42 % contre, ce qui en fait une population légèrement plus favorable à la légalisation que ses représentants», concluait également YouGov.
Vers un marché régulé et lucratif ?
Un rapport de l’association Transform Drug Policy Foundation estimait qu’une légalisation du cannabis à usage adulte au Royaume-Uni pourrait générer jusqu’à 1,5 milliard de livres sterling par an en recettes fiscales et en économies. Publiée en mars sur les réseaux sociaux de l’organisation, cette étude prévoit plus de 1,2 milliard de livres de recettes annuelles via taxes et redevances, ainsi que 284 millions de livres d’économies annuelles pour le système judiciaire britannique, du fait de l’arrêt de la répression du cannabis.
L’organisation souligne néanmoins que « cela entraînerait des coûts pour le gouvernement en matière de régulation – inspection, conformité, normes commerciales – mais ceux-ci seraient en grande partie couverts par les redevances de licence ».
Toujours selon Transform, la légalisation pourrait également créer jusqu’à 15 500 emplois à temps plein dans les secteurs de la culture, de la transformation, de la vente au détail et des services associés, selon le modèle retenu.
Le rapport estime aussi qu’un marché régulé pourrait éliminer jusqu’à 80 % du marché illégal en cinq ans, sur la base des tendances observées au Canada. Le modèle proposé inclut la culture à domicile, la création d’associations de cultivateurs, ainsi qu’un monopole public de la distribution.
Une autre étude, publiée l’année précédente par le groupe britannique CLEAR, avançait que la légalisation du cannabis à usage adulte et sa régulation pourraient rapporter jusqu’à 9,5 milliards de livres sterling par an, selon leur propre modèle.

