Témoignage

Rencontre avec Alexandra, consommatrice de CBD.

//

À 51 ans Alexandra a décidé de prendre du CBD. Un choix 100% thérapeutique qui permet à cette directrice artistique dans une grande agence de publicité, de mener de nouveau une vie normale.

Dans quelles circonstances avez-vous découvert le CBD?
Le CBD s’est imposé par hasard au début, à suite à une longue série d’épreuves. J’ai eu un accident assez complexe ou j’ai eu le dos fracturé et 7 vertèbres cassés. Il a fallu que je reste 1 an à l’hôpital.
Durant cette période j’ai eu 5 opérations pour que l’on me pose des plaques en titane dans le dos . À la sortie, je devais impérativement prendre du di antalvic et autres opiacés pour atténuer la douleur.Avec l’âge et le vieillisemment mes médicaments ne faisaient plus effet. Après l’arrêt du di antalvic j’ai dû le remplacer par du Skénan, c’est à dire de la morphine.
La morphine est un cercle vicieux, le corps s’habitue à ses effets, il faut en prendre de plus en plus pour stopper les douleurs. À la fin je n’arrivais plus à supporter les effets : mal de cœur, énorme accoutumance, perte de la personnalité. Ma vie ne ressemblait plus à rien, ce que je prenais pour me soigner était nocif pour ma santé. Une copine me propose d’essayer en gummies et en huile. L’effet a été directe.
Aujourd’hui le CBD soulage mes douleurs de dos, beaucoup mieux que n’importe quel médicament que j’ai pu prendre.

Pourquoi ce choix?
Une amie américaine qui me connaît depuis longtemps voyait mon état se dégrader au fur et à mesure. Il s’avère que sa mère est une grande concertiste. À force de jouer, sa main ne supportait plus le rythme.
Elle a donc commencé à prendre du CBD pour continuer à jouer professionnellement. Résultat ce médicament a sauvé sa carrière. Ma copine m’a donc conseillé d’essayer ce produit.
À l’époque elle m’avait donné une petite fiole de 10 ml pour le test. La première nuit sous l’effet du CBD fut pour moi une révélation. Je n’avais jamais aussi bien dormi depuis 22ans. J’ai donc naturellement continué à en prendre tout en supprimant petit à petit la morphine et les autres antidouleurs que je prenais.

Le CBD a donc complètement substitué la morphine à 100%?
Complètement. Je ne prends plus rien, que du CBD..

Sous quelle forme et à quel rythme?
En huile sublinguale à 30%. Je prend de la broad Spectrum, qui offre l’effet entourage avec quasiment pas de THC, des traces infimes. 4 fois par jour, je sors ma petite fiole et la pipette, ça dure 20 secondes et l’affaire est dans le sac!  Je n’ai pas besoin de plus, cette dose me convient parfaitement. Par contre si je ne prends pas de CBD durant la journée la douleur va fatalement revenir.

Mature woman sitting in restaurant, portrait

Et vous pouvez donc avoir parallèlement une vie tout à fait normale ?
Exactement. Je peux sortir, conduire, lire, travailler et même boire de l’alcool. Pas de forme de dépendance et je dirais même que ma qualité de vie est bien mieux depuis que je prends du CBD, c’est incomparable.

Comment vous expliquez le CBD à quelqu’un qui n’en a jamais pris?
En général quand je le conseille à des amis, c’est simplement de préciser que sans le CBD je n’arriverais pas à tenir debout plus de 15 minutes. J’insisterai sur le fait qu’il n’y ait pas d’accoutumance. Que c’est un simple complément alimentaire qui n’a rien à voir avec les effets de la marijuana… Ça reste un produit thérapeutique sans effets secondaires, et qui marche merveilleusement: regardez-moi! (rires)

Propos recueillis par Nathalie.

La weed comme automédication pour l’adolescence?

/

Fumer de l’herbe adolescent peut être une expérience libératrice comme une auto-méditation nécessaire. Au delà des dangers qu’il représente sur un cerveau en pleine formation, le cannabis est pour beaucoup de jeunes un dénominateur commun autour duquel se forgent de grandes amitiés et d’impérissables souvenirs. Témoignage.

Ils auront passé leurs années lycée à fumer des pétards dans cet endroit qu’ils appellent « l’appart ». Je n’ai jamais vraiment compris à qui leur espèce de squat appartenait initialement. À la tante de l’un d’entre eux, il me semble. C’est toujours resté très vague.
Lorsque j’ai rencontré les garçons, j’ai découvert ce fait assez fou : fumer des joints est convivial au point d’ancrer des relations. Au point de les rendre plus puissantes, démesurées même.
Fumer rapproche irrémédiablement. L’état de défonce élève les idées, le débat et le rire et les fait perdurer bien après, très longtemps, même sobre, des années peut- être.
Ma rencontre avec eux m’a bouleversée parce que jamais je n’avais vu une amitié si belle, fraternelle et sincère. Ils sont sept : Bertrand, Manu, Milan, Max, Paul, Niko, et celui qu’ils appellent par son nom de famille, Le Guern. Ensemble, dans cet îlot isolé du reste du monde, c’est en fumant qu’ils se sont créé un univers : des blagues qui reviennent, une façon de vivre, un langage qui leur est propre. Souvent, lorsque je les écoute discuter, je ne comprends pas un mot. Ils passent leurs temps à me traduire ce vocabulaire né lorsqu’ils étaient stone. Dans « la bande des potes », on parle en -AL. Pour fromage, on dit fromtal, pour chorizo on dit chorizal, pour couteau on dit coutal on et ainsi de suite. Autre terme à retenir dans leurs inventions de fumeurs de pétards : le Cabrinus. Il s’agit d’un lancer de joint entre les jambes de la personne qui lève alors instantanément ses fesses le plus haut possible en tentant de l’attraper. Quentin me dit : « Il y a aussi des déclinaisons du mot cancer, qu’on utilisait pour désigner un truc naze. On disait : c’est le cer. Ensuite, un jour, on matait du squeezie et Le Guern a dit : ‘Squeezie c’est le cer du gaming’. Du coup, ‘cancer du gaming’ est devenu une expression pour dire qu’un truc était nul à chier. ‘Cancer du gaming’ c’est vite transformé en ‘cer du ming’, puis en cerming, et c’est aussi passé par cermiguel ». Autant vous dire que parfois j’avais du mal à suivre…

Mais malgré mon petit train de retard, je parvenais à comprendre et percevoir l’essentiel : l’amour. En passant du temps avec eux, j’ai développé une espèce de fascination pour cette faculté de la weed à faire développer, en groupe, une créativité et une inventivité exacerbées. Ainsi qu’une amitié d’une proximité qu’aucune soirée alcoolisée ne pourrait engendrer. « L’appart, c’était isolé du monde », me confie Milan. « Parfois, on était sur le balcon et on se créait une sorte de vie de communauté, de quartier, mais qui n’avait aucun sens puisqu’on était juste en train de se défoncer la gueule. On avait la vue sur toute la rue et les mecs qui passaient sont devenus des PNJ (personnages non-joueurs NDLR), comme s’ils étaient des robots de notre jeu vidéo. Il y avait un mec qui ressemblait à Robert Redford et on lui inventait toute une vie. C’était le moment, à 20h30, où il promenait son chien et on était tous éclatés, à mater ce mec et à se pisser dessus ».

Ce qui réunit ces garçons, que j’ai rencontré pour la plupart, mis à part le fait qu’ils soient tous particulièrement drôles, c’est leur intelligence. Ils brillent tous par leur intelligence. En une seconde, le mythe de l’ado fumeur de joints avachi dans son canapé s’est transformé. De ceux que j’ai rencontrés, Manu est entré à l’école 42, Milan est ingénieur, Max est ingé son, Quentin fait une école de ciné, Paul, du droit. Tout à coup, je me suis dit : malgré tous les dangers inhérents à la consommation de la weed à un jeune âge, je perçois presque en elle une sorte de rite de passage, comme une étape essentielle dans la vie d’un adolescent. C’est au cours de cette période charnière, cette période de transition qui peut être si difficile, que cet accompagnement psyché peut être utile. Un peu comme une automédication. S’isoler dans un nuage de fumée et passer son temps à rire, inventer un nouveau vocabulaire, des jeux débiles et surtout, une amitié incroyable, comme un safe place, peut-être est-ce la solution pour surmonter cet instant. Je me dis que ce peut être nécessaire. Important.

Par leur sensibilité, ces garçons m’attirent et me fascinent. Instantanément, nait en moi un sentiment de compréhension et d’amour. Alors, je les écoute parler. Manu demande « Je t’ai dit que Le Guern avait troué la porte de l’appart un jour ? Ou le carreau. Le carreau pété ». Max réfléchit avant de répondre « Je sais pas d’où ça sort le carreau pété mais il avait déjà bien niqué la porte aussi une fois, oui. C’est comme la fois où il avait gerbé dans le lit de la mère de Milan. Cette soirée-là ». Ils discutent du passé en souriant, parfois en pleurant de rire, parfois sur un ton mélancolique. Ils me parlent d’un bonheur que peut-être ils ne percevront jamais plus avec la même intensité, la même acuité. D’une relation d’une puissance qu’ils ne retrouveront plus jamais nulle part. Il faut se rencontrer jeune pour être aussi proche. Je crois. Et fumer, visiblement. En continu. Comme des dingues.

Après les années lycée, ils finissent séparés, ayant chacun un destin différent, loin les uns des autres. Puis l’appart est détruit. Quentin l’appréhendait : « ça va nous faire crever ça ». Deux ou trois ans à s’enfumer là-dedans partis en fumée. À la place, un nouveau bâtiment. Lorsqu’on l’évoque, Max se rassure : « on ira pisser devant la porte d’entrée ». Moi-même, lorsque Manu me montre les photos de ce qu’il reste de ce temps-là, mon coeur se serre dans ma poitrine et il me semble regretter une atmosphère que je n’aurai jamais connue.

 

Rencontre avec une cannasexuelle.

///

Cannasexuel(le) : Se dit d’une personne qui consomme systématiquement de la weed avant d’avoir un rapport intime.

Melody a 27 ans, pour elle le Cannabis c’est assez nouveau. Sa première expérience c’est en 2017 à Rotterdam avec un Space Cake “ C’était hyper fort, hyper violent. Un mix de l’exorciste et de shining.” Un an plus tard, en compagnie de son copain de l’époque, elle retente l’expérience avec un joint de weed pur. Depuis, il l’a quittée, mais “la weed est restée”. Elle fume aux alentours d’un gramme par jour et fait des pauses de temps à autre: “Je ne cherche plus d’excuses, je suis une stoner”.

Libido décuplée

Le Cannabis a complètement changé sa manière d’envisager le sexe, l’ouvrant à tout un volet jusque là ignoré de sa sensualité: “Je peux aller plus loin et ressentir plus ce qui est parfait”. Melody s’est longtemps sentie enfermée dans sa sexualité, bloquée par l’influence de ses proches et par la pression sociétale  “C’est une vraie liberté. Il n’y a pas cette honte et ce dégoût de soi post-sexe.”
Le Cannabis décuple sa libido et lui permet de vivre chaque expérience dans l’instant en  se laissant aller. Une soupape indispensable qui lui évite d’être coincé par le poids de sa propre psyché et surtout, de mieux s’accepter et de mieux accepter le regard de l’autre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il existe de nombreuses huiles de massages au Cannabis et des variétés de weed spécialement dédiées au sexe.

Libération du corps

Melody a longtemps souffert du poids de son hypersensibilité. Elle parle de sa consommation comme d’une “protection” qui lui permet d’être plus détachée émotionnellement.  Une sensibilité qui s’est longtemps traduite par des douleurs chroniques aussi bien physique que psychique. Elle n’a jamais très bien su si elles étaient somatiques, mais elle apprend à vivre avec depuis qu’elle fume. Elle sent parfois une certaine gêne, de l’ordre de la tendinite, mais l’expérience est bien moins pénible:  “Disons que ça laisse la douleur physique, mais te retire la douleur psychique, et ça, c’est le mieux.

Il faut savoir que le Cannabis est actuellement en train d’être reconnu par une bonne partie de la communauté scientifique comme étant le traitement le plus efficace pour le traitement des troubles post-traumatiques et hypersensibles. Son seul regret? Une expérience pas très amusante de Camgirl (terme qui désigne les filles qui font des spectacles à caractère érotique pour des internautes). Elle a rapidement arrêté, trouvant que ça n’était “ni hyper glamour, ni hyper positif” de poser pour d’hommes se pensant des dieux du sexe, mais qui étaient en réalité assez lourdingue. Elle s’est sentie négligée et s’est retirée “comme un nom sur une liste”.

Quête de sens et de sensation

Melody m’explique qu’elle est plutôt dans une quête de contact, de connexion que de coups d’un soir.
La dernière fois qu’elle en a eu un justement c’était en deux temps: “Le soir même c’était ouf, on était complètement high et déchaînés.” Le lendemain en revanche c’était un autre registre bien plus gênant et bien plus sobre: “On savait plus où se mettre, on a quand même essayé de recommencer, mais j’avais mal dans les positions profondes” Elle soupire et lâche finalement “c’était beaucoup moins fun…”.

Melody confie qu’elle cherche plutôt des plans émotionnels avec des gens qui la rassure. Une recherche de sécurité et de confort qui joue aussi dans le choix de ses partenaires qui sont bien souvent des fumeurs comme elle. “Je préfère les consommateurs aux gens neutres” conclue-t-elle “ne serait-ce que pour aller au musée high ensemble, c’est merveilleux”.

Vice a enquêté sur le sujet, leur reportage (interdit aux moins de 18 ans) est disponible en deux clics à partir de ce lien