Santé - Page 3

Cannabis et mémoire

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Si personne n’a oublié que le cannabis avait des effets notoires sur l’activité cérébrale, peu d’études ont quantifié l’impact réel de l’herbe sur la mémoire. Une donnée est en revanche incontestable:  tous les cannabinoïdes (CBD, CBG, THC…)  n’ont pas les mêmes effets – à court et long terme- sur le cerveau. Leur rôle dans le traitement et la perception des souvenirs diffère lui aussi en fonction de la quantité et de la fréquence de consommation.

Le CBD antagoniste du THC?

Rappelons le, toute substance ingérée qu’elle soit nocive ou non, a une incidence sur le cerveau. Le cannabis n’échappe pas à la règle : plusieurs études en neurosciences ont démontré que sa consommation impactait directement la circulation du sang dans diverses parties du cerveau : l’hippocampe, les lobes frontaux et le cervelet, entraînant ainsi des modifications notables de l’activité cognitive.

Les différences de variétés de cannabis jouent également un rôle non négligeable. Tandis que le cannabis Sativa est connu pour ses effets stimulants et énergisants, le cannabis Indica lui, ralentit l’activité cérébrale et peut provoquer une sensation de somnolence,  la mémoire en prend donc un coup au passage…
De nombreuses études ont démontré que la présence de THC dans l’organisme altère les capacités de mémorisation, notamment l’encodage des informations, la vitesse de traitement et le temps de réaction.  Mais les facteurs comme l’âge, la quantité et la fréquence de consommation sont déterminants pour évaluer les dommages sur la fonction mnésique.

Après trois mois d’abstention de consommation, les capacités redeviennent normales. Les dommages peuvent donc être réversibles à condition d’arrêter sa consommation suffisamment longtemps.
Le cannabidiol (CBD) quant à lui, n’a pas les mêmes effets sur le cerveau. Il agit sur les mêmes récepteurs endocannabinoïdes (CB1 et CB2) mais n’a pas de fonction psychoactive, autrement dit il épargne l’activité psychique tout en optimisant l’activité cérébrale. Plusieurs chercheurs ont découvert que le CBD augmentait le flux sanguin vers l’hippocampe, la zone du cerveau qui gère les souvenirs et l’apprentissage. Le CBD serait donc un allié intéressant pour la mémoire de travail et la mémoire sémantique.

L’équipe de l’Université du College London affirme même que « les résultats pourraient offrir de meilleures thérapies cibles pour ceux qui souffrent de maladies affectant la mémoire. » Telles que la maladie d’Alzheimer et le trouble de stress post-traumatique.

Zoom sur les différents types de mémoire

  • La mémoire de travail ou mémoire à court terme est la mémoire du présent. Sollicitée en permanence, c’est elle qui nous permet de retenir les informations pendant la réalisation d’une tâche ou d’une activité.
  • La mémoire sémantique est celle du langage et des connaissances sur le monde et sur soi. Elle se construit avec l’apprentissage et l’expérience tout au long de la vie.
  • La mémoire épisodique ou mémoire à long terme nous permet de nous situer dans le temps et l’espace. Raconter un souvenir d’enfance ou se projeter dans l’avenir fait appel aux mêmes circuits cérébraux.
  • La mémoire procédurale est celle des automatismes inconscients (faire du vélo, conduire, jouer de la musique etc).
  • La mémoire perceptive est liée à nos 5 sens. Elle permet de retenir des odeurs, des images ou des sons.

Cannabis thérapeutique : le gouvernement joue la carte d’un statut “ad hoc” en 2024 : espoir pour les patients ou enfumage?

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Entamée en 2021, l’expérimentation du cannabis médical doit prendre fin en mars 2024. Alors que les professionnels de la santé souhaitent que le médicament vert soit disponible le plus rapidement possible auprès de 300 000 patients en échec thérapeutique, sa prise en charge ne figure toujours pas au plan de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Or, sans inscription au PLFSS, pas de remboursement possible et donc pas de traitements envisageables à terme. Quel avenir dans l’Hexagone pour les spécialités à base de cannabinoïdes? Eléments de réponse.

Si l’absence du cannabis à visée médicale au PLFSS est de mauvaise augure pour les acteurs de la filière, elle l’est encore plus pour  300 000 patients en échec thérapeutique, qui risquent de se voir privé de cette alternative naturelle pourtant déjà prescrite dans 21 pays de l’Union européenne.

Interpellé dans une tribune parue jeudi 28 septembre dans le Parisien, au sein de laquelle 17 associations demandent la légalisation du cannabis thérapeutique “dès l’année prochaine“, l’exécutif a choisi d’apporter une réponse ambigüe. Interrogé sur France Inter mardi 3 octobre, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a tenté de rassurer producteurs, prescripteurs et malades en évoquant la mise en place d’un statut ad hoc début 2024, assurant aux patients suivis dans le cadre de l’expérimentation du cannabis médical que leur traitement serait bel et bien pris en charge.

Il y aura des éléments sur le cannabis thérapeutique qui n’ont pas forcément besoin du PLFSS. A partir de janvier 2024, nous allons mettre en place un cadre ad hoc (sur le cannabis thérapeutique pour les patients inscrits à l’expérimentation NDLR)”  précisait Aurélien Rousseau au micro de France Inter, bottant habilement en touche “comme beaucoup de pays européens, nous avons expérimenté le cannabis thérapeutique. Mais on a pas, à l’échelle européenne, d’autorisation de mise sur le marché (AMM) parce que c’est compliqué d’avoir des données scientifiques“.

70 % des patients ont constaté une amélioration significative de leur qualité de vie

Malgré ce manque de données scientifiques qui empêcherait la prise en charge du cannabis thérapeutique et son inscription au PLFSS, Aurélien Rousseau convient de l’efficacité de la plante auprès des patients  “globalement, c’est concordant sur un certain nombre de pathologies (…) donc il y aura un cadre ad hoc, et il n’y aura pas de rupture de la prise en charge pour les personnes qui sont prises en charge comme cela“. (l’intervention du ministre de la Santé sur le cannabis thérapeutique est à écouter à partir de la 19ème minute de l’interview)

 

 

Pour Hugues Peribère, PDG d’Overseed, tous les feux étaient pourtant au vert pour que les produits à base de cannabinoïdes puissent bénéficier d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché)  “Nous avons une expérimentation qui a été menée de concert avec les pouvoirs publiques, et très bien menée à ce jour” estimait pour Zeweed le fondateur de l’entreprise Orléanaise de cannabis thérapeutique.

Pour le professeur Nicolas Authier, qui regrette que d’autres ministères que celui de la Santé aient été consultés, ce n’est pas pour autant la mise à mort du cannabis thérapeutique en France “Ce statut ad hoc est pratiqué chez nos voisins européens qui ont légalisé le cannabis thérapeutique, sans pour autant qu’il y ait d’AMM de leur coté. Nous pouvons donc imaginer, dans le meilleur des scénarios possibles, que l’Etat mette en place un système de prescription et distribution sur un régime particulier à l’issue de l’expérimentation. Alors que 300.000 patients en échec thérapeutique pourraient bénéficier de traitements au cannabis encadrés,  je souhaite encore croire que les quelques 5 ans de travaux (dont deux années d’études préliminaires NDLR) que nous avons faits leur profiteront très bientôt”.

* Le professeur Nicolas Authier pilote l’expérimentation du cannabis thérapeutique sous l’égide de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Pour que le remboursement du cannabis thérapeutique soit inscrit au PLFSS 2024, les patients en souffrance ont besoin de vous afin que le médicament vert ait une chance d’être pris en charge par la sécurité sociale et donc prescrit. 
Agissez pour que le cannabis à visée médicale soit enfin accessible en France en cliquant sur ce lien.

Cannabis thérapeutique : le sort d’Overseed et de 300 000 patients toujours incertain à quelques jours du vote du PLFSS

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En 2021 Overseed obtenait de la part de l’ANSM la première licence de culture de cannabis a visée médical en France. Alors que le cannabis thérapeutique ne figure toujours pas au plan de financement de la sécurité sociale (PLFSS),  la start-up Orléanaise pourrait voir son avenir compromis malgré un remarquable travail mené de concert avec les autorités publiques. En février dernier, ZEWEED avait rencontré son président Hugues Péribère, pour qui tous les feux étaient encore au vert.  A moins de 10 jours du vote du PLFSS à l’Assemblée nationale, Hugues Péribère et les 300 000 malades concernés espèrent que le gouvernement tiendra ses promesses. En attendant, acteurs de la filière et patients se mobilisent.*

ZEWEED : Quand et pourquoi avez-vous démarré ce projet ?
Hugues Péribère
: Le projet Overseed est né il y a 3 ans. Après avoir étudié l’environnement international en Amérique du nord, en Europe puis en France, il m’est apparu nécessaire de se positionner en avance de phase dans le domaine du cannabis Médical. En effet, la France dispose de toutes les expertises de pointe en agronomie, extraction, industrie pharmaceutique et médicale pour se positionner dans l’innovation et la fabrication de médicaments issus du Cannabis sativa L. Le momentum était donc favorable à la constitution d’une filière d’excellence dans ce domaine.
Overseed a l’ambition d’agréger ces meilleures expertises autour de l’agronomie pour produire des médicaments et faciliter ainsi la souveraineté nationale et l’accessibilité de ces produits aux patients.

Auprès de qui avez-vous levé les 2.5 millions d’euros nécessaires à la mise en place d’une chaine de production de la graine au produit fini ?
Dès l’obtention de l’autorisation délivrée par l’ANSM, nous étions prêts à lever les fonds nécessaires à notre première phase du projet. En 1,5 mois, 2,5 M€ ont été levés auprès de 33 BA et de la BPI qui nous a soutenu auprès de l’Etat et de la région centre.

Quels sont les types de produits que vous proposerez ?
Notre premier objectif est de valider des fleurs séchées pour l’inhalation et des huiles sublinguales dans le cahier des charges de l’ANSM. Nous souhaitons pouvoir disposer de ces produits pour la date de généralisation des médicaments, attendue pour le 26 mars 2024. Ces produits se distinguent en 3 catégories: riche en CBD sans THC; équilibré en CBD et THC et riche en THC sans CBD.

Hugues Péribère, PDG de la start up Overseed, spécialisée dans le cannabis thérapeutique

Combien de variétés allez-vous proposer, et lesquelles ?
Nous nous concentrons sur une dizaine de variétés dans notre programme de phénotypage (sélection massale). L’objectif est de stabiliser ces variétés pour leur permettre de répondre aux exigences d’une production très exigeante de qualité pharmaceutique. Nous recherchons la qualité plus que la quantité. Ces variétés seront réduites à quelques-unes qui répondront parfaitement à ces besoins de par leur profil phytochimique. Elles visent des applications thérapeutiques précises.
La caractérisation fine de leur composition est une part essentielle de notre programme. Pour cela, Camille Beaugendre, Docteure en chimie des substances naturelles pilote un programme de collaboration avec l’université d’Orléans- ICOA sur le screening moléculaire, les méthodes d’extractions et l’analytique.

Combien de temps/essais avant d’obtenir un phénotype mère stable,  répondant aux exigences thérapeutiques que vous visez ?
Le programme de phénotypage s’étend sur une période d’une année, mais continuera par la suite sur de nouvelles variétés. C’est un domaine qui évolue fortement et dans lequel nous devrons être en pointe. Chaque plante issue d’une variété est évaluée sur des critères agronomiques et phytochimiques. Elles doivent ensuite suivre des runs techniques et pharmaceutiques avant d’être validées en tant que MPUP (matière première à usage pharmaceutique) ou médicament produit fini.

Quelles sont les pathologies que vous ciblez, pour lesquelles vous avez mis au point ces phénotypes ?
Les pathologies concernées sont nombreuses : douleurs neuropathiques réfractaires, la sclérose en plaque, les effets secondaires de la chimiothérapie, l’épilepsie réfractaire ou encore les soins palliatifs. Les patients en grande souffrance sont en échec thérapeutique, c’est-à-dire qu’ils n’ont plus de médicaments pour les soigner.  Le cannabis médical représente ainsi pour eux un grand espoir, d’autant plus que son efficacité a été largement démontrée à l’étranger. D’autres applications thérapeutiques sont par ailleurs en phase d’étude internationalement et en France. L’accessibilité à ces médicaments devient donc une nécessité.
Nous travaillons en collaboration avec le CHU d’Orléans et le Docteur Prazuck (Chef de service maladies infectieuses et tropicales) et le CNRS-CBM et Lucile Mollet (centre de Biophysique Moléculaire). D’autres partenariats sont en cours d’élaboration.

Comment seraient à priori distribués les médicaments ? Uniquement en hôpitaux ? Sur ordonnance initiale en milieu hospitalier puis renouvelées par un médecin traitant ? Directement par un médecin traitant/généraliste ?
Ces questions sont essentielles. Elles ne sont pas encore déterminées, même si nous savons que ces médicaments seront prescrits par des médecins et distribués en pharmacie.
Ce sera déterminé dans le premier semestre 2023 au travers du statut de ces médicaments qui déterminera les prescripteurs, les pathologies adressables et le taux de remboursement pour les patients.
Plus que la date de généralisation qui permettra l’accessibilité à ces médicaments, il est important pour les patients en attente de connaître ce statut. C’est celui-ci qui permettra ou pas, une accessibilité au plus grand nombre et nous souhaitons bien évidemment qu’au travers des prescripteurs, cela puisse être le cas. C’est un enjeu de santé publique car les patients, comme dit précédemment, sont en échec thérapeutique et pourront trouver avec le Cannabis médical, un soulagement à leurs souffrances.
L’adaptation efficace des traitements nécessite parfois plusieurs semaines d’échanges entre le médecin et le patient. Il est indispensable pour l’obtention d’une bonne efficacité que ce travail soit réalisé dans un contexte médical.

Overseed proposera des services R&D. A quelles entreprises ? A l’international ?
Les travaux que nous menons avec une équipe qualifiée peuvent bénéficier à d’autres acteurs pharmaceutiques. Nous sommes effectivement ouverts à des services de R&D pour d’autres entreprises, dans un cadre de confidentialité totale. Ces travaux concernent le phénotypage, l’analytique et l’extraction que nous travaillons en collaboration étroite avec l’entreprise Stanipharm (CDMO) qui possède une grande expertise sur le Cannabis médical en extraction CO2 supercritique.

Votre première récolte est prévue mi-2023, alors que l’expérimentation du cannabis thérapeutique, qui devait prendre fin en mars prochain est prolongée. N’êtes-vous pas un peu en avance sur le calendrier ?
Oui, et c’est bien là l’enjeu ! Nous souhaitons être le premier acteur Français à proposer nos produits sur le territoire. Notre programme se déroule dans les temps et dans les budgets. Nous en sommes fiers et restons concentrés sur nos livrables.

Quel horizon vous êtes-vous fixé pour une entrée sur le marché, pour un marché du cannabis thérapeutique légalisé en France ?
Nous serons prêts pour la date de généralisation, soit le second trimestre 2024.

Combien de patients seraient concernés par un traitement au cannabis thérapeutique et quel est en euros la valeur annuelle projeté de ce marché ?
Le nombre de patients concerné sera déterminé par le statut des médicaments. Il est donc difficile de définir ce chiffre. Néanmoins, la connaissance de marchés plus avancés dans l’accessibilité des médicaments pour les patients montre que 1% de la population est concernée par les pathologies retenues actuellement par l’ANSM, soit près de 300 000 patients.
Néanmoins, les médecins disposent encore de peu d’informations sur le sujet et l’information des professionnels de santé joue un rôle essentiel dans la prise en charge des patients et les prescriptions. Mais nous disposons de plus en plus de données fiables dans le domaine et l’on peut espérer que rapidement les prescripteurs intégreront les médicaments issus du Cannabis dans leurs prescriptions. Un diplôme universitaire sur le cannabis médical a été mis en place par l’université de Paris Saclay et de Montpellier à cet effet. Les professionnels de santé peuvent s’y inscrire dès maintenant.

Propos recueillis par Alexis Lemoine en février 2023
* Pour que le remboursement du cannabis thérapeutique soit inscrit au PLFSS 2024, les patients en souffrance ont besoin de vous afin que le médicament vert ait une chance d’être pris en charge par la sécurité sociale et donc prescrit. 
Agissez pour que le cannabis à visée médicale soit enfin accessible en France en cliquant sur ce lien.

Du cannabis (thérapeutique) pour les chevaux.

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Des granulés au cannabis pour chevaux de course et de compétition? C’est l’aventure dans laquelle s’est lancée la start up Medicinal Organic Cannabis Australia en partenariat avec Sarda Sementi, un des plus grands producteurs d’aliment pour bétail d’Europe.

«Nous venons de terminer la récolte» me dit en souriant Alessandro devant la caméra «On y met tous du sien, c’est important. »
Alessandro Sorbello est le PDG de Medicinal Organic Cannabis Australia (MOCA), la première société de cannabis médical biologique du pays des kangourous.
Il a pris mon appel vidéo depuis sa nouvelle exploitation de cannabis bio de quelques 18 000 m2 de serres nichées dans une région agricole de Sardaigne.
«Notre terre et la terre qui l’entoure sont biologiques et le sont depuis des années»  m’explique Alessandro.

C’est quelques mois après que le Parlement australien ait légalisé le cannabis thérapeutique qu’il fondera, avec Emanuela Ispani, MOCA.
Nous sommes en 2017 vet tous deux sont des  novices en la matière.
«Je savais juste que c’était une plante, quelque chose qu’on achetait dans un petit sac en plastique à un gars dans un pub», s’amuse-t-il aujourd’hui.
Pendant 11 ans, Alessandro a été attaché culturel au ministère italien des Affaires étrangères, aidant à établir les liens commerciaux entre l’Australie et l’Italie.
Emanuela, diplômée en génie robotique, travaillait quant à elle avec le Département de la science, de l’informatique et de la technologie du gouvernement de l’État du Queensland.
«Il était temps de changer», poursuit Alessandro. «Lorsque le cannabis est arrivé, c’est devenu très intéressant très rapidement
Dès que la législation a changé en Australie, Alessandro et Emanuela ont commencé à entreprendre les démarches nécessaires afin d’obtenir une licence leur permettant de faire pousser du cannabis en Australie.
Entre-temps, le couple aura voyagé dans les pays où le cannabis est déjà légal et  rencontré des experts comme Raphael Mechoulam et Arno Hazekamp afin d’en savoir plus sur la belle plante et son business.

«Quand on a appris et compris comment fonctionnait réellement le système endocannabinoïde, ça a été le déclic. On a réalisé que c’était un produit dont tout le monde pouvait bénéficier, et qui se développerait de façon exponentielle ».
Malheureusement, les deux entrepreneurs vont rapidement apprendre que la culture du cannabis en Australie n’est aussi simple que l’idée semblait facile, en grande partie à cause d’une législation stricte et de coûts de production élevés.
«Depuis le début, nous nous efforçons de réduire les coûts du cannabis thérapeutique pour le rendre plus accessible. Nous ne voulions pas produire un médicament haut de gamme accessible uniquement à ceux qui en avaient les moyens » .
C’est à ce moment là qu’Alessandro et Emanuela ont eu l’idée de se tourner vers leur pays d’origine.
«En Italie, le cannabis est traité à peu près comme n’importe quelle autre produit agricole. L’Italie était également le deuxième producteur de chanvre en Europe jusque dans les années 1940… Et même si plusieurs générations se sont écoulées depuis, il y a toujours un lien fort avec le chanvre ici”.

Les serres MOCA, qui ne manquent ni d’air ni d’espace

Lorsqu’ils sont installés en Sardaigne, Alessandro et Emanuela ont engagé des agriculteurs locaux afin de cultiver un produit haut de gamme correspondant à leurs exigences .
«Le bio est au cœur de notre activité. Tous les produits chimiques, poussières ou autres composés toxiques qui entrent en contact avec la fleur de cannabis se retrouvent dans le produit final, le médicament ».
«Nous pensons qu’il n’y a pas de place pour les produits chimiques (provenant de la pollution ou des pesticides) en phytothérapie. Étant donné l’importance du système endocannabinoïde (SEC) pour la santé, si vous injectez des composés toxiques dans le corps via le SEC il y aura beaucoup de risques de faire plus de mal que de bien ».

 

Vue intérieure de la serre d’Alessandro.

Aujourd’hui, MOCA propose une gamme de plus de 20 produits approuvés par l’administration australienne des produits thérapeutiques.
La société vient également de terminer sa première campagne de financement participatif pour aider à démarrer sa fabrication et, pour couronner le tout, célèbre un nouveau partenariat avec Sarda Sementi, l’un des plus grands producteurs d’aliments pour le bétail en Europe.
Ensemble, Sarda Sementi et MOCA ont développé une toute nouvelle gamme d’aliments riches en cannabinoïdes pour les chevaux de grande valeur.
«Nous travaillons avec des animaux depuis 12 mois et avons vu des résultats remarquables» s’enthousiaste l’Italo-Australien.
Et pour cause: dans l’un des essais MOCA, une participante a administré de l’huile de CBD à son chien de 18 ans qui souffrait de tremblements cardiaques et d’épilepsie.
Après quelques jours, elle et son vétérinaire assistaient à une rémission complète des irrégularités cardiaques et crises d’épilepsie du canin.

Alessandro, heureux et en plein air.

«Nous sommes extrêmement optimistes des résultats donnés par d’autres recherches sur le CBD et les animaux. Des études ont par exemple montré que le cannabis est un stimulant de l’appétit très efficace. Nous pensons que cela pourrait bien révolutionner l’industrie de l’élevage, en offrant aux agriculteurs une alternative naturelle aux stéroïdes et aux hormones pour aider leurs animaux à grandir plus vite » .

Au delà du potentiel unique du cannabis en tant que médicament, supplément et nourriture, Alessandro est motivé par quelque chose de beaucoup plus personnel.
Son père a subi un grave traumatisme crânien à un jeune âge en raison d’un accident de moto qui l’a laissé dans le coma pendant une semaine.
«Si vous aviez rencontré mon père, vous n’auriez jamais imaginé qu’il avait eu un accident» précise-t-il.
En vieillissant, cependant, les dommages causés par l’accident sont devenus beaucoup plus visibles.
«Après avoir constaté les lésions causées au cerveau de mon père avec une scintigraphie cérébrale, j’ai demandé à son spécialiste ce que nous pouvions faire. Il a répondu “juste profiter de lui” .
Des années après la mort de son père, Alessandro a appris que le gouvernement américain avait breveté l’utilisation de cannabinoïdes comme neuro protecteurs.
«C’est très triste de voir quelqu’un perdre son acuité mentale, et j’aurais aimé voir si le cannabis aurait pu aider mon père. Car je pense que cela aurait pu».
Sans trop se concentrer sur le futur, Alessandro se considère comme chanceux d’être en mesure de changer la façon dont nous voyons et consommons le cannabis.
«Nous sommes fiers de faire partie du changement qui permet de rendre le cannabis plus abordable et accessible. Parce que nous pensons que le cannabis pourrait être pour tout le monde et qu’il a le potentiel de guérir les gens, les animaux par la plante

Pr. Nicolas Authier : “Le cannabis médical devait normalement être disponible à l’été 2024”

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Alors que le cannabis thérapeutique est légalisé dans la plupart des pays de l’Union européenne, la France accuse un retard certain et semble peu pressée de mettre le médicament vert sur le marché, puisque son remboursement ne figure toujours pas dans le plan de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS)*. En février dernier, ZEWEED avait rencontré le Pr. Nicolas Authier, président du comité scientifique de suivi de l’expérimentation du cannabis médical, qui était pourtant assez optimiste quand à la mise à disposition du cannabis à visée médicale dans l’Hexagone. Contacté lundi 25 septembre par Zeweed, il n’a pas caché son amertume de voir les  quelques 300 000 patients en échec thérapeutique sans accès à un traitement qu’ils sont pourtant 70% à plébisciter.

Entamée en mars 2021, l’expérimentation du cannabis médical devait s’achever en mars 2023. Elle est finalement prolongée d’une année supplémentaire. Cause officielle de ce report : un problème de coût pour la sécurité sociale. En coulisses, certains observateurs évoquent une réticence du gouvernement à voir du cannabis prescrit alors que d’autres voient en ce report une chance pour la filière cannabis thérapeutique française d’avoir le temps de se développer, et ne pas se faire couper l’herbe sous le pied par les grands groupes nord-américains lorgnant sur le marché bleu-blanc-rouge. Au-delà de ce retard, de nombreux points comme les conditions de délivrance, les modes d’administration ou les pathologies concernées restent à éclaircir.

ZEWEED : L’expérimentation du cannabis thérapeutique est prolongée d’un an, quelles en sont les raisons ?
Nicolas Authier : Aujourd’hui on sait prescrire, on sait dispenser. L’enjeu de la prolongation d’un an de cette expérimentation est économique. Le cannabis médical représentera un coût pour la sécurité sociale. Cela dépendra donc du coût de ces médicaments que l’on ne connaît pas encore… Ce sont des questions qui commencent à être évoquées par les autorités sanitaires à savoir le statut de ces médicaments, et en fonction de celui-ci, leur remboursement. Ces arbitrages ne seront pas terminés d’ici fin mars, mais devraient l’être d’ici le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale fin 2023.

Quel est le profil des patients inclus dans cette expérimentation ?
Comme c’est une expérimentation nationale, les patients ont été sélectionnés sur tout le territoire français, y compris outre-mer. Objectif ambitieux, car il a fallu mobiliser des dizaines de services hospitaliers pour instaurer ces prescriptions de médicaments à base de cannabis thérapeutiques. L’âge varie beaucoup en fonction de l’indication. Des enfants souffrant d’épilepsie ou dans certains cas de douleurs chroniques réfractaires ont été inclus par exemple. Cependant, la majorité des patients inclus ont entre 40 et 60 ans et ne sont pas des consommateurs de cannabis par ailleurs. C’est important de le préciser : l’idée de cette expérimentation est d’apporter une alternative pharmacologique thérapeutique supplémentaire à des patients pour lesquels la médecine est en échec. L’expérimentation n’a pas pour objet de légaliser la consommation de cannabis en France.

« À terme, ces médicaments seront dispensés dans toutes les pharmacies de France comme n’importe quel médicament »

Sous quelles formes et comment ces patients se procurent-ils leur traitement ?
Deux formes sont disponibles.  Des huiles à prendre par voie orale. Elles sont soit riches en THC, soit riches en CBD, ou encore composées moitié de CBD, moitié de THC. Et puis des fleurs, prescrites minoritairement pour quelques dizaines de patients. Elles sont soit THC dominantes à 20%, soit CBD dominantes à 12%, ou THC/CBD à 8 et 8%. Ces fleurs sont dispensées en pharmacie avec un vaporisateur portable. Au début de l’expérimentation, les dispensations de ces huiles et fleurs ont commencé dans les pharmacies hospitalières grâce aux petits stocks qui avaient été constitués. C’était pratique, car le patient se rendait directement à la pharmacie de l’hôpital après notre consultation. En quelques mois, les pharmaciens d’officine ont pris le relais, voire sont devenus les primo dispensateurs de ces produits-là. À terme, ces médicaments seront dispensés dans toutes les pharmacies de France comme n’importe quel médicament.

Qui sont les différents acteurs prescripteurs ?
À ce jour, un point n’a pas été réglé : le relais au médecin traitant. On a du mal à passer la main à nos collègues médecins généralistes. Il faut préciser que cette expérimentation a commencé en pleine crise sanitaire de la Covid… Les services hospitaliers étaient mobilisés sur autre chose. Les pharmaciens de ville et les médecins ont dû également hiérarchiser les priorités (tests, vaccination etc.). Pour l’instant, la limite de l’expérimentation porte sur le relais de l’hôpital avec le médecin traitant du fait même de cette expérimentation. Car à l’hôpital, nous pouvions inclure 50 à 60 patients pour le cannabis médical. Pour les médecins généralistes, cela ne concerne qu’un ou deux patients. Donc on lui demande de faire une formation, de renseigner un registre pour chacun d’eux à chaque consultation, ce qui est fastidieux.
Ce frein disparaîtra dès que l’on basculera de l’expérimentation à la légalisation et lorsque ces produits seront prescrits comme n’importe quel autre médicament. On imagine mal un médecin généraliste refuser de prescrire un médicament s’il s’avère efficace chez son patient !
Le schéma retenu concernant la prescription du cannabis médical est primo prescription hospitalière, puis relais auprès du médecin généraliste, et la dispensation se fera d’emblée auprès de l’officine habituelle du patient.

Quelles sont les pathologies concernées ?
Dans tous les cas, nous sommes face à des situations réfractaires, c’est-à-dire qu’on a essayé les traitements de référence, et ils ne fonctionnent pas. Le cannabis médical n’est pas à ce jour un médicament de première intention compte tenu des preuves dont on dispose. Il existe cinq situations cliniques. Les douleurs neuropathiques chroniques qui représentent la majorité des patients inclus. Ensuite, la sclérose en plaque, plus précisément la spasticité douloureuse. Troisième indication : l’épilepsie pharmacorésistante chez l’enfant et chez l’adulte. Quatrième : les patients en soins palliatifs. Dans ce cas, on s’attache à améliorer la qualité de vie du patient en soulageant une partie des symptômes comme la douleur, l’appétit, le sommeil, l’anxiété, l’énergie, la fatigue etc. Et dernière indication : les symptômes rebelles en oncologie qui sont la conséquence du cancer ou de son traitement.

À ce jour, les médicaments à base de cannabis thérapeutique ont-ils prouvé leur efficacité sur les patients souffrant de ces pathologies ?
Au final, deux tiers des patients inclus dans l’expérimentation ont rapporté une satisfaction et une amélioration de leur qualité de vie après avoir bénéficié du cannabis médical. Ces résultats sont rassurants aussi bien au niveau des bénéfices que du côté des effets indésirables constatés. Dans le domaine de la douleur où très peu d’innovations thérapeutiques existent, le cannabis médical est une nouvelle stratégie thérapeutique pour certains patients qui avaient une qualité de vie très altérée.

« Environ 100 à 150 000 personnes pourraient être potentiellement traitées par le cannabis médical »

S’il devait être légalisé, avez-vous une idée du nombre de patients qui serait concerné ?
Dans les cinq années à venir, environ 100 à 150 000 personnes pourraient être potentiellement traitées par le cannabis médical dans les indications actuelles.

Quel horizon peut-on envisager pour une légalisation du cannabis thérapeutique? Quelles seraient les conditions de délivrance (médecin de ville, hôpitaux, pharmaciens) ?
Si, comme annoncé par le ministère de la santé, les travaux d’arbitrage aboutissent avant l’été 2023… On peut envisager une légalisation, donc un entrée effective dans le droit commun de ces traitements, l’été 2024.

Pensez-vous que les intérêts de la filière agro-industrielle française ont freiné la légalisation du cannabis médical en France ?
À l’étranger, cette filière est prête puisque certains pays comme l’Allemagne ont légalisé le cannabis médical depuis vingt ans ! En France elle n’est pas prête, puisque ce n’est pas légal. Les arrêtés du décret publié en février 2022 ne sont pas encore publiés. Même si cette filière française se crée, et on ne peut que le souhaiter, elle n’aura pas le monopole dans la mise à disposition des produits en pharmacie.
Nous avons publié une tribune au mois d’octobre pour mobiliser le ministère de la santé à une époque où il était prévu de prolonger  l’expérimentation de trois ans avec, comme intérêt, la mise en place de la filière française… Nous avons milité fortement pour que ces trois ans soient ramenés à un an ! Donc oui, il y a eu un lobbying de cette filière. Mais il y a également eu un lobbying des professionnels de la santé et des associations de patients pour dire que ce qui prime est le soulagement de la souffrance, pas les intérêts économiques.

Propos recueillis par Carole Ivaldi en février 2023
* Pour que le remboursement du cannabis thérapeutique soit inscrit au PLFSS 2024, les patients en souffrance ont besoin de vous afin que le médicament vert ait une chance d’être pris en charge par la sécurité sociale et donc prescrit. 
Agissez pour que le cannabis à visée médicale soit enfin accessible en France en cliquant sur ce lien.

 

Nepeta Cataria : À la découverte de la Ganja des chats.

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Saviez-vous qu’il existe une plante aux vertus psychoactives qui fait planer les chats? Une herbe qui rend gaga tous les félins qui s’y frottent ? Nous parlons ici de Nepeta Cataria AKA Cataire AKA Herbe aux Chats, une création des plus naturelle, non addictive et sans danger pour la santé de nos ronronnant amis. Mais qui leur procure de sacrés trips.

Elle s’appelle la cataire ou Nepeta Cataria, et, si elle est maintenant cultivée partout dans le monde pour le bonheur des matous, est originaire d’Europe. Ce sont les feuilles et les tiges de ce végétal qui s’apparentent à la menthe, tant visuellement que dans sa classification, qui contiennent de la népétalactone, un composé terpénique  qui va  allumer le cerveau de minet comme un sapin de Noël sur Rockefeller Plaza.
Au-delà de dégager une odeur à défroquer un chat-moine, la népétalactone est tout aussi efficace sur lions, lynx, panthères et tigres, provoquant généralement une vive excitation sexuelle chez les raminagrobis de toutes tailles. La parade des chats en contact avec la cataire est d’ailleurs assez similaire à celui qu’ils adoptent en période de reproduction.

Hallucinogène comparable au LSD

L’effet de la népétalactone dure une dizaine de minutes avant que n’apparaisse une phase dite  « réfractaire » d’environ 1h30 pendant laquelle le chat n’est plus sensible au produit.
Exactement sur le même principe de tolérance active observée chez l’homme avec la psilocybine… la substance hallucinogène que l’on trouve dans les champignons magiques mexicains.
Une similitude qui s’explique par la composition moléculaire de la népétalactone qui, selon chercheurs et observateurs aguerris, est comparable à celle du LSD ou de la marijuana !
La différence avec la weed ou d’autres substances hallucinogène consommés par les hommes est qu’au lieu d’absorber la substance, les chats …la sniff ! Ou plutôt la respire, par le biais d’un canal sensoriel appelé organe de Jacobson. Cet organe vomeronasal est considéré comme un sixième sens des félins, entre l’olfactif et le gustatif.

Cataire et sixième sens du chat

C’est en humant les terpènes du catnip (autre nom de la cataire)  la gueule ouverte, que minet absorbera les informations chimiques de la plante via son organe vomeronasal, pour immédiatement en savourer tous les effets.
Après,  il n’est pas rare de les voir lécher les feuilles ou se frotter la tête sur la plante, se rouler dessus ou la tenir entre leurs pattes un peu comme ils le feraient avec une proie. (en bref, ils partent gentiment en vrillette, et ça a l’air très agréable pour eux).

Il est à  noter qu’environ 30% des chats sont insensibles au catnip, de même que les jeunes minets ou les matous très âgés. Cette sensibilité semble par ailleurs être héréditaire.
Précisons de nouveau qu’à l’instar de l’Herbe des hommes, la cataire n’est ni toxique ni nocive pour les chats et n’entraîne aucune accoutumance. Il est cependant recommandé de ne l’utiliser qu’occasionnellement pour qu’elle conserve tout son potentiel sur le chat (une fois par semaine par exemple). Une utilisation trop fréquente atténuera les effets de la weed à félin sur votre miaou de compagnie. Comme pour les hommes, le plaisir est dans la mesure.

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L’appétit vient en fumant

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Ce n’est pas un mythe, consommer du cannabis ouvre l’appétit. Toutefois, tous les cannabinoïdes présents dans cette plante n’ont pas le même effet. Tandis que le THC a tendance à provoquer des fringales, le CBD (cannabidiol) et le CBG (cannabigérol) agissent plutôt comme des régulateurs de l’appétit. Regardons de plus près les effets de ces molécules.

Comment ça se passe concrètement ?

Pour fonctionner notre corps a besoin d’énergie, donc de calories, une fois ce carburant ingéré, l’organisme nous envoie des signaux pour nous prévenir qu’il est rassasié et que la digestion peut s’enclencher. Ce mécanisme bien huilé se met en marche dès la prise alimentaire en envoyant une multitude de messages chimiques à notre corps (sérotonine, neurotensine, glucagon et cholécystokine…) activant ainsi le centre de satiété situé dans le cerveau (hypothalamus ventro-médian.) Or le THC qui agit sur les récepteurs cannabinoïdes de l’hypothalamus, inhibe les messages de satiété et excite au contraire les récepteurs responsables de la sensation de faim et de soif. D’où ce besoin compulsif de manger et de s’hydrater après avoir fumé du cannabis. Les fringales, autrement dit l’envie soudaine d’avaler des aliments, de préférence gras, sucrés, salés et de boire en quantité sont légion chez les stoners. Qui n’a pas connu cette envie irrépressible de vider son frigo après un bon joint ?   

Le CBG ou Cannabigérol est une molécule présente dans le Cannabis en très faible quantité (moins de 1%), c’est lui qui est à l’origine de la création du CBD. Il  aurait les mêmes propriétés que le THC l’effet psychoactif en moins. En 2016, des chercheurs britanniques se sont intéressés à ses effets sur l’appétit des rats. Ils ont découverts que les rongeurs mangeaient beaucoup plus sous l’effet du CBG sans présenter les inconvénients du THC : somnolence, « high ».  Intéressant donc pour les personnes qui ont peu d’appétit, voire des troubles du comportement alimentaire.

Et le CBD alors ?

Tandis que le THC et le CBG stimulent nos papilles, le CBD lui, aurait un tout autre rôle. En effet, le Cannabidiol agit sur l’homéostasie de notre organisme, autrement dit il participe à l’auto régulation de notre corps. Il interagit surtout avec notre système immunitaire préférant les récepteurs CB2 qui gèrent les sensations de douleurs, de manque et de stress. Ses vertus relaxantes et antalgiques agissent comme un calmant naturel sur les différentes alertes de notre organisme. La sensation de faim n’échappe pas à la règle. En augmentant le taux de sérotonine et d’amandanides, les hormones du bonheur, le CBD permet donc de se sentir plus calme et rassasié. Par ailleurs, les cannabinoïdes ont des effets anti-inflammatoires et anti-oxydants contribuant à la régulation du taux de sucre dans le sang.

N’oublions pas qu’avoir une alimentation saine et équilibrée reste le premier sésame vers le bien-être.

Le CBD au secours de l’épilepsie

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Encore peu utilisées en France, les huiles à base de CBD ont pourtant fait leurs preuves pour traiter certaines formes d’épilepsie réfractaires, chez l’enfant comme chez l’adulte. En attendant de nouvelles études qui pourraient élargir ses indications, le CBD change déjà le quotidien de nombreux patients en souffrance.

Trois études ont démontré l’efficacité du CBD dans le traitement de l’épilepsie. Il pourrait, dans certains cas, diminuer la fréquence des crises d’au moins 50 % chez 40 à 50 % des patients épileptiques réfractaires aux autres traitements. Emblématique est le médicament antiépileptique Epidyolex commercialisé par Jazz Pharmaceuticals. Cette huile de fabrication contrôlée, dont la teneur en CBD s’élève à 10 %, a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) le 19 septembre 2019 et n’est remboursée par l’Assurance maladie que depuis le 20 décembre 2022.

1 066 € : Le prix du seul médicament au CBD vendu en pharmacie.

Disponible sous forme de flacon de 100 ml d’une huile fortement dosée en CBD, il est aujourd’hui le seul médicament à base de cannabis qui a obtenu un remboursement en France. Soumis à une prescription initiale hospitalière, puis sur ordonnance, son prix s’élève à 1 066 € et est remboursé à hauteur de 65 % par l’Assurance maladie. L’Epidyolex n’est à ce jour prescrit que dans trois indications épileptiques rares lorsque les autres molécules antiépileptiques ne fonctionnent pas. “Il s’agit du traitement des crises d’épilepsie associées à la sclérose tubéreuse de Bourneville, ou encore au syndrome de Lennox-Gastaut ou au syndrome de Dravet. Cela ne concerne qu’un nombre restreint de patients épileptiques qui ont beaucoup de crises et sont peu répondeurs aux autres traitements”, résume le docteur Bastien Herlin, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. L’explication est simple : le laboratoire qui a développé l’Epidyolex n’a fait des études que sur ces maladies-là, suite à quelques rapports de familles de patients aux États-Unis.

Le cannabis thérapeutique allié du CBD?

Des parents dont les enfants étaient atteints de ce type de syndromes ont rapporté qu’il y avait une nette amélioration de l’état de leur enfant grâce au cannabis thérapeutique. C’est la raison pour laquelle le laboratoire a fait des études sur ces populations-là.” Un espoir cependant : d’autres études sont actuellement en cours sur d’autres indications. “Si les nouvelles études donnaient la preuve de l’efficacité du cannabis thérapeutique dans des syndromes épileptiques plus courants, nous rentrerions alors dans une phase de discussions plus d’ordre économique avec la Sécurité sociale car de nombreux autres patients pourraient alors potentiellement en bénéficier. Ces traitements agissent sur le système nerveux cérébral et, du coup, nous n’avons aucune façon de prédire comment va réagir chaque personne à ces différentes molécules, tant au niveau de l’efficacité que de la tolérance. Il est parfois vraiment difficile de trouver un traitement adéquat, en particulier pour des patients qui ont des formes d’épilepsie sévères. Donc plus on a d’options, mieux c’est !”…

Les vaporisateurs sont-ils le future de la smoke?

Les vaporisateurs offrent une expérience très proche de celle procurée par une cigarette (ou un joint), mais sans encrasser les voies respiratoires. Une promesse qui séduit un nombre croissant de consommateurs de tabac comme de cannabis. Zeweed a demandé au Pr. Jean-Michel Delile* ce qu’il pensait de cette séduisante alternative.

En matière de réduction des risques pour les fumeurs de tabac, de CBD ou de cannabis, la vape s’est imposée durant deux décennies comme la plus saine des alternatives, patch exclu. Problème des vapoteurs : les terpènes passent tous à la trappe, laissant l’usager avec une belle fumée en bouche, mais aucun goût réel de la plante. Les vaporisateurs, eux, prétendent offrir une fumée riche de saveurs tout en préservant nos poumons des dangers de la combustion. Réelle avancée ou enfumage ? Jean-Michel Delile nous fournit quelques éléments de réponse.

Réduction des risques

Que cela concerne le CBD ou le cannabis thérapeutique, les vaporisateurs présentent l’avantage énorme d’éviter d’inhaler les produits cancérogènes liés la combustion. Les effets nocifs inhérents à la combustion seraient ainsi réduits de 95 % en passant à la vaporisation. Adieu goudron, ammoniac, monoxyde de carbone, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)… Pour Jean-Michel Delile, “la vaporisation est donc un levier non négligeable pour diminuer les cancers, les AVC, le risque d’impuissance et le tabagisme passif. De ce fait, c’est un double argument en faveur de la vaporisation : c’est intéressant immédiatement car cela permet de moins mettre sa santé en danger, et c’est par ailleurs un bon moyen de diminuer la consommation de tabac fumé. La vaporisation est de toute façon un excellent outil de réduction des risques car elle gomme l’essentiel de la toxicité liée à la combustion”.

Principes actifs préservés

La biodisponibilité des principes actifs du CBD varie beaucoup selon les techniques de prise. La vaporisation permet une meilleure absorption du CBD que lorsque fumé. Tandis que 80 % des principes actifs sont disponibles par vaporisation, ce taux chute à 20 % par combustion. En effet, la majeure partie des cannabinoïdes est détruite par le processus de combustion. L’efficacité des vaporisateurs est de ce fait…

*Jean-Michel Delile est psychiatre et président de la Fédération Addiction. www.federationaddiction.fr
Le reste de l’article est à trouver dans le numéro été de ZEWEED, disponible en digital via ce lien et dans un kiosque près de chez vous en cliquant ici

 

Cannabis et troubles du comportement alimentaire.

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Les troubles du comportement alimentaire (TCA) touchent pratiquement 10% de la population française. Alors qu’il n’y a pas de traitement contre l’anorexie et que les  les médicaments coupe-faim ont de redoutables effets secondaires, le cannabis se pose comme une prometteuse réponse thérapeutique.

L’appétit vient en fumant

Nous vous en parlions; fumer un joint provoque bien souvent un besoin complusif de manger ou de boire. En cause, le THC présent dans le cannabis et qui joue un rôle d’inhibiteur des messages de satiété, activant de façon significative la sensation de “munchies”.
Le cannabis est d’ailleurs souvent prescrit à des patients atteints de cancer, VIH ou encore Alzeihmer qui ont perdu l’appétit soit à cause de la maladie elle-même, soit à cause des effets secondaires liés au traitement suivi.
Le cannabis apparaît alors comme une solution thérapeutique naturelle bénéfique lorsque l’appétit fait défaut. On peut donc légitimement se demander si la plante a les mêmes effets chez des patientes atteints d’anorexie et de boulimie.

Anorexie et boulimie

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire majoritairement féminin qui apparait le plus souvent à l’adolescence. Il engendre une privation alimentaire stricte et volontaire. Ce TCA se caractérise par une perception déformée de l’image de son corps qui entraîne un désir obsessionnel de perdre du poids. Il s’agit donc d’une maladie d’ordre psychologique qui a des conséquences dramatiques sur l’organisme. Au delà de la perte de poids, il y a de nombreuses conséquences sur le corps (perte de cheveux, cycle menstruel perturbé, problèmes dentaires etc).

La boulimie quant à elle consiste à ingurgiter d’énormes quantités de nourriture (souvent crue, grasse ou sucrée) pour se « remplir » puis en général se faire vomir pour éviter la prise de poids. Ces deux troubles psychologiques sont souvent liés et apparaissent souvent en alternance.
Dans la mesure où il agit sur le système endocannabinoïde du cerveau en régulant le système nerveux central et la réponse immunitaire de l’organisme, le cannabis est un réponse appropriée à ces troubles.
Une récente étude  réalisée sur des souris par l’Université Catholique de Bruxelles a démontré que le cannabis avait une action significative sur les rongeurs qui refusaient de s’alimenter. Ils retrouvaient peu à peu l’attrait pour la nourriture et retrouvaient pour la plupart un poids sain.

Le CBG contre l’anorexie.

Le chercheur américain Ethan Russo a établi que la molécule de Cannabigérol (CBG) présente dans la plante aurait une action sur la ghréline, l’hormone responsable de la sensation de faim, inhibée en cas d’anorexie. D’autres composants comme le cannabidiol (CBD) qui favorise l’autorégulation du corps, pourrait calmer les compulsions et réduire ainsi les crises de boulimie.
Si le cannabis n’a pas encore livré tous ses secrets, la diversité de ses effets thérapeutiques en fait une plante prometteuse dans la gestion des troubles alimentaires.

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