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Jack Black, Tenacious Dude

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Bien qu’encore décriée, l’herbe peut se targuer d’avoir un certain nombre d’ambassadeurs parmi les figures médiatiques. Acteur, vidéaste et rockeur de talent, cette semaine on revient sur le personnage déluré de Jack Black !

Un rockeur à Hollywood

Jack Black (Aka Jables, JB ou Jablinsky) fait partie de ces énergumènes qu’il aurait fallu inventer s’ils n’existaient pas. Né à la fin des années 60 en Californie, Black se dirige instinctivement vers la comédie en intégrant une troupe de théâtre. Il démarre réellement sa carrière sur grand écran dans les années 90 grâce à des rôles plus ou moins principaux dans Demolition Man, Waterworld ou encore Disjoncté. En parallèle de ces premières expériences, JB va monter le projet qui l’a réellement fait connaître : Tenacious D.

Accompagné par Kyle Gass (Aka KG ou Kage), son acolyte de toujours rencontré il y a des années dans la troupe de théâtre à laquelle ils appartenaient, Jack Black met en place Tenacious D qui apparaît comme un groupe de métal acoustique et comique. Ils débutent sans prétention dans des bars alors qu’ils n’ont même pas donné de nom à leur projet. Lors de leur premier concert, ils demandent au public de choisir entre plusieurs propositions pour au final, s’appeler Tenacious D sans que ce soit plébiscité par les spectateurs. Dès le départ, Jables n’en a rien à foutre et il l’assume !

Tout va s’accélérer pour les D lorsque HBO va repérer les deux compères et leur proposer une mini-série. Sous un format court, la série va raconter l’histoire fictive d’un groupe bien réel. Dans un registre humoristique et musical, Jack Black développe la création du meilleur groupe du monde (le sien) à travers des péripéties plus barrées les unes que les autres.

Diffusé en 2000, le show connaît un petit succès qui va leur donner envie de se produire en concert avec les nouveaux morceaux de la série. Ainsi, ils font la rencontre de géants du milieu comme Dave Grohl (ex-batteur de Nirvana) qui va leur offrir la première partie des Foo Fighters, c’est le début de la gloire pour JB et KG.

Du grand écran aux grandes salles de concert

Les choses se corsent lorsque HBO leur demande de se focaliser sur la composition musicale et de quitter leur chaise de producteurs exécutifs, ce qu’ils ont refusé. Vexé par cette demande, Jables va décider de faire sans HBO pour passer à l’étape supérieure : produire un film qui va raconter l’histoire de Tenacious D.

Tenacious D – The Pick of Destiny est probablement responsable de la découverte du groupe pour beaucoup de stoners. En effet, en plus de raconter comment les deux amis ont sauvé le monde de la destruction, il s’agit également d’un excellent stoner movie ! L’aventure est ponctuée par l’initiation à la weed de Black par Kyle Gass, ce qui donne lieu à des scènes mémorables qu’on ne peut que recommander.

Spoiler alert : le groupe va même créer la meilleure musique du monde grâce au bang du destin, on vous laisse découvrir par vous-même ce que ça implique …

L’une des particularités du film est également le côté comédie musicale. Le groupe a produit un album de 15 titres pour accompagner certaines scènes et donner de l’épaisseur à leur histoire. C’est ce savant mariage entre cinéma, métal et cannabis qui a érigé Jack Black (et par extension Tenacious D) comme le digne représentant de la weed dans le monde du métal, globalement dominé par les buveurs.
Jables est même apparu dans « Getting Doug With High », une émission dans laquelle l’interview est accompagnée de quantité d’herbe partagée entre l’invité et le présentateur Doug Benson, disponible ici

Comme si ça ne suffisait pas, dans certains morceaux comme « The Government Totally Sucks » Black explique que « Ben(jamin) Franklin était un rebelle, il aimait se foutre à poil en fumant de l’herbe, c’était un génie, mais s’il était ici de nos jours, le gouvernement le baiserait à sa façon » ou encore nous invite à « fumer un gros bol de weed avec moi et K.G. » dans l’excellent « Kielbasa ».

 

 

 

The Pick of Destiny a permis au groupe de gravir les échelons de son milieu. Les plus mélomanes auront connu Tenacious D grâce au morceau « The Metal » implanté dans Guitar Hero 3 ou « Master Exploder» dans le Guitar Hero dédié à Van Halen.

Depuis, Jack Black n’a plus grand-chose à prouver. Pote avec des légendes comme Dave Grohl ou Ben Stiller, une collab avec Ronnie James Dio (illustre chanteur du groupe Black Sabbath décédé en 2010) et une renommée mondiale qui lui permet de headliner des tournées entières, l’artiste prolifique ne compte pas s’arrêter là.

Tenacious D produira par la suite deux albums dont le dernier, Post-Apocalypto, est accompagné d’un film d’animation en images fixes dessinées par JB. Bien que le résultat fasse très dessin d’enfant de maternelle, l’histoire est tellement barrée qu’on ne peut que le recommander. Disponible via ce lien.

De plus, la carrière d’acteur de Black ne s’est jamais arrêtée. Outre des films des années 2000 comme le King Kong de Peter Jackson ou l’excellent Rock Academy dans lequel il incarne un prof de musique qui veut apprendre à ses élèves ce qu’est le rock, il est apparu dans le Jumanji de 2017 et a même donné sa voix à Po de Kung-Fu Panda pour la VO.

Pour les accros au personnage, à sa voix, à ses mimiques et ses expressions faciales, il a également créé sa propre chaîne Youtube JablinskiGames dédiée au gaming qui apporte une nouvelle facette à cet artiste qui les collectionne.

Pour ceux qui découvrent Jack Black avec ce portrait et qui aiment le personnage, on a une mauvaise nouvelle. Tenacious D se produit de temps en temps au Canada, mais très rarement dans l’hexagone. Leur dernier concert a eu lieu le 26 février dernier dans un Zénith de Paris plein à craquer et, bien que le show fût à la hauteur de sa réputation, on aurait apprécié voir le bang du destin en live, peut-être la prochaine fois !

Le summer kitsch track : La Cucaracha

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C’est le moment de retrouver votre cours d’histoire cannabique préféré : Zeweed vous raconte aujourd’hui l’origine de la plus célèbre mélodie mexicaine, un hymne insolent et entêtant. Oubliez la Macarena, cet été, on se met tous à la Cucaracha!

Vous avez dû la supporter dans les transports en commun, dans des supermarchés ou face aux milliers de gadgets Made in China qui peuplent les bazars. Cette chanson, c’est… la Cucaracha:

Vous avez dû la supporter dans les transports en commun, dans des supermarchés ou face aux milliers de gadgets Made in China qui peuplent les bazars. Cette chanson, c’est… la Cucaracha.

Un fait peu connu, puisque le consensus concernant la première chanson sur notre plante préférée est en général en faveur de “Reefer Man”, un classique provoquant sorti en 1932. Cette composition Jazz très fun, jouée par le détonnant Cab Calloway, arrive en réalité trois ans après “Muggles” (du patriarche de la trompette Louis Armstrong) mais surtout près de 20 ans après la Cucaracha.
Fun fact: “Reefer Man” a tout de même le privilège d’avoir, en introduction, le tout premier sketch sur la Ganja  gravé sur vynile, bien avant les comédiens Cheech et Chong, dans les années 70.
La particularité de la Cucaracha, c’est qu’il existe autant de versions que de types de tequilas au Mexique.

Hymne au mégot de joint

 La mélodie reste toujours la même, mais les paroles varient selon les régions et le contexte politique du pays.
Si on ne connaît pas exactement la date de sa composition, trois interprétations sont particulièrement iconiques et elles reflètent les trois sens du mot Cucaracha. Le mot en espagnol, signifie « cafard » et s’applique différemment selon la période :
– Au sens propre, comme dans la première partition du morceau (qui remonte à 1818 et la guerre d’indépendance du Mexique avec l’Espagne, qui dura de 1810 à 1821). Dans cette version, c’est l’histoire d’un Cafard qui a perdu une patte et qui a des difficultés à se déplacer.
– Au sens figuré, comme en 1870, pour s’opposer à la nomination de l’empereur Maximilien d’Autriche
– Et dans le cas de la version la plus connue de la chanson, celle qui l’a établie comme un monument national digne de Frida Kahlo : en argot.
Car Cucaracha signifie avant tout “joint” en espagnol ! C’est d’ailleurs de ce mot que viendrait l’expression “roach” en anglais qui signifie “Cul de joint” et “Cockroach” qui est le nom du Cafard en anglais.
Dans cette version dédiée au révolutionnaire Victoriano Huerta (président du Mexique entre 1913 et 1914), pas d’ambiguïté dans les paroles:

Le cafard Le cafard/ 
Ne peut plus marcher/ 
Parce qu’il n’a pas/ 
Parce qu’il lui manque/ 
De la marijuana à fumer.

L’origine de cet étrange hommage ?
Le révolutionnaire était très fortement soupçonné d’être un fumeur en raison des énormes lunettes noires qu’il portait à cause de sa cataracte (une maladie des yeux), d’un amour de la fête certain qui lui donnait une démarche qu’on va qualifier “d’incertaine” et de rumeurs appuyées sur des parfums aromatiques qui l’entouraient à chacun de ses déplacements.

Magic Christmas Pudding by Zeweed, la compile qui réchauffe entre les oreilles.

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Régalez-vous au son de Magic Christmas Pudding et ses 16 titres à faire flasher vos synapses comme un sapin de Noël Jamaïcain! Disponible à la dégustation sur toutes les plateformes.

Bonne écoute!

 

 

Ze track du mois: “La drogue” (Richard de Bordeaux et Daniel Beretta)

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Le tube iconique de cet été indien, c’est “La drogue”, planante composition signée Richard de Bordeaux et Daniel Beretta. Le kitchissime duo nous offre ici un titre psychédélique à souhait, fleurant bon le patchouli et les enveloppes de ganja de grand-papa.

Paris, 1968. Richard de Bordeaux et Daniel Beretta, deux jeunes musiciens en devenir, se rencontrent au Petit Conservatoire de Mireille. Pour ceux qui ne sont pas à la retraite, le Petit Conservatoire de Mireille est une émission durant laquelle des cours de musiques étaient dispensés en direct à la radio puis à la télévision.

Ensemble, les deux lurons y composeront entre autre La Drogue, hymne aux paradis artificiels qui devait accompagner une séquence du film Un été sauvage.
Si Beretta et Bordeaux figureront au casting du long-métrage de Marcel Camus, la chanson ne sera finalement pas retenue.

Le titre sera mixée par Christian Gaubert, grand complice du compositeur de musique de films Francis Lai. Au saxophone, l’américain Marion Brown excelle sur des arrangements cuivre signés Nino Ferrer (qui joue aussi dans Un été sauvage). Le morceau sortira chez Barclay en maxi et sera le seul succès de Bordeaux et Beretta. Ce dernier se fera encore entendre puisque depuis 1978, Daniel Beretta assure la doublure voix d’Arnold Schwarzenegger.

Les paroles sont sans équivoques à une époque où le mot d’ordre était “d’interdire d’interdire“.
Un demi-siècle plus tard, rien n’a changé puisqu’on ne peut toujours pas pécho légalement alors qu’avouons-le, la fumette, c’est sacrément épatant!

“Où est ma drogue, mon haschich?
Où est mon opium, mon kif?
Il m’en faut, je me débine
Viens vite ma Proserpine
Quand je te prends,
Je suis dans une bulle blanche
Quand je te prends,
Je suis comme un singe dans les branches
(…)
Il m’en faut, je me débine
Viens vite ma Proserpine
Quand je te prends,
Je suis un sous-marin vert
Quand je te prends,
Je te téléphone à l’envers”

Lee Scratch Perry est parti faire la fête au paradis

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Lee Scratch Perry nous a quitté à l’âge de 85 ans pour rejoindre ses amis Bunny Wailer et Bob Marley aux cieux des rastas. Alors que les trois grandes figures du reggae flottent sur un nuage vert de fumée céleste, Zeweed rend hommage à l’immortel Lee Perry et sa collaboration avec les Wailers.

Avant de devenir une légende du reggae et du dub, Rainford Hugh Perry  le futur producteur de Max Roméo, des Wailers, des Clash, des Beastie Boys ou de Moby a été conducteur de bulldozer, peintre en bâtiment, danseur professionnel et joueur de dominos, un loisir qui peut rapporter gros en Jamaïque.
Ce n’est qu’à 26 ans qu’il épouse la musique et se fait appeler “Lee Scratch Perry” avec l’ambition de devenir chanteur. Mais hélas sa voix ne convainc pas un certain Coxson, propriétaire du seul studio pour lequel il auditionne. Parce qu’il s’était noué d’amitié avec Coxson, ce dernier lui propose en compensation un job d’assistant-régisseur.

Prince Buster, The Wailers et la reconnaissance

Après quatre ans à faire la petite main dans plusieurs studios d’enregistrement de Kingston, il fonde son propre label: “Upsetter” et monte un studio pour y enregistrer artistes et compostions.
C’est le début d’une collaboration avec Prince Buster, pour qui il produira notamment “Judge Dread” ou ” Bitter and Sweet“.
A la fin de l’année 1969, les Wailers, qui n’arrivent pas à percer, s’adressent à Lee Perry qu’ils connaissaient déjà. Ce dernier n’accepte pas immédiatement : Perry préfère enregistrer que des instrumentaux.
Il les auditionne malgré tout. Conquis, il mettra en boîte pour les Wailers de grands morceaux comme “My Cup“, “Keep on moving“, “Soul Rebel” ainsi que d’autres compositions plus anciennes que les Wailers avaient répété dans les locaux de Studio One.

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Sorcier du Reggae

A l’automne 1970, Perry estime que Bob Marley est en dessous de ses capacités et en conclut qu’il est “possédé” par un mauvais esprit (duppy en jamaïcain).
Quelques années plus tard il confessera avoir enfermé Bob Marley plusieurs jours dans une pièce de sa maison pour qu’il “puisse acquérir son génie” à l’instar d’Aladdin, une légende qui le fascine. Pour contribuer à chasser plus encore le mauvais oeil, il écrira alors la chanson “Duppy Conqueror“, morceau dont les paroles sont supposées venir à bout de l’esprit malveillant qui possédait Bob. Le titre fut un succès et la collaboration continuera jusqu’en 1971, date à laquelle ils se séparent.

Salvador Dali du Dub

De son côté, Scratch profite de cette collaboration pour aller plus loin dans ses expérimentations musicales, remixant en dub tous les morceaux des Wailers qu’il presse ensuite en 45 tours. C’est à ce moment que le surnom de “Salvador Dali du Dub” lui est donné, en référence à ses géniales et surréalistes créations sonores. La période est fondatrice dans l’histoire du reggae: c’est non seulement celle pendant laquelle Marley les Wailers composeront leurs meilleures chansons, mais aussi celle durant laquelle le son « reggae » s’affinera et se trouvera, ce son qui fera le succès de Marley, Peter et Bunny.


Pour Bob Marley, Lee Perry était un génie. Une admiration réciproque puisque Perry estimait de son coté que Marley était le « meilleur musicien qu’il ait jamais connu ». Les voilà réunis pour ce qui promet d’être une seconde et divine collaboration derrière les portes de Saint Pierre.

Charlie Watts, Gentleman Drummer (1941-2021)

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Le mythique batteur des Rolling Stones Charlie Watts nous a quitté hier mardi 24 août. Deux mois plus tôt, il avait fêté ses 80 printemps. Alors que les hommages des tenors du rock se bousculent pour saluer sa mémoire,  Zeweed revient sur les 60 ans de carrière de ce gentlemen du rock aux baguettes magiques.

S’il est dit de Keith Richards qu’il est “le musicien le plus élégamment détruit du rock’n roll” , Charlie Watts, lui, était le plus élégant des musiciens du rock’n roll tout court.
Sobre, discret, calme, marié pendant plus de 50 ans à sa première et unique femme, sa personnalité est aussi aux antipodes de celles d’un Jagger bourreau des coeurs ou de l’excentrique Ron Wood.

Stoïquement calé derrière les 3 futs et la grosse caisse de sa Gretsch, pendant 6 décennies, Charlie Watts aura donné la mesure au groupe de toute les démesures. C’est invité par Brian Jones qu’il rejoindra en 1963 quatre fan de blues de la banlieue londonienne qui allaient créer le “plus grand groupe de Rock’n Roll du monde“. Bill Wymann est à la basse, Brian Jones et Keith Richards aux guitares, Mick Jagger au chant.

Charlie Watts, le rock en costume trois pièces.

Pendant deux ans, de 1963 à 1965, alors qu’il joue avec les Stones, il garde par précaution son (vrai) job: concepteur-graphiste dans une agence de publicité. Car si l’homme n’est pas un croqueur de femmes comme Brian Jones ou Jagger, il croque et dessine à tout va, se promenant toujours avec un carnet et quelques crayons. Cette habitude ne le quittera jamais. A partir 1968,  lors de chaque tournée, il dessine systématiquement  la chambre d’hotel de la ville où a lieu le concert du jour, pour ensuite montrer les esquisses à sa femme. Cette habitude, il la gardera jusqu’à la dernière tournée qu’il fît en compagnie des “pierres qui roulent”, en 2018.

Cette anecdote en dit long sur la personnalité de ce musicien hors-normes: pendant que ses acolytes de scènes ravageaient leurs suites, lui les dessine patiemment. Là ou ses mêmes compagnons de jeu enfilaient (les aventures avec) les groupies au grand damne de leurs femmes ou petites amies officielles, lui dessinais avec patience lit, tables de chevet et salles de bain en pensant à son épouse. Si les autres membres roulent, se fracassent et chutent, lui est un monolite, un rock, une montagne au tempo impeccable sur laquelle en concert, les guitares souvent fatiguées de Keith Richards, Brian  Jones, Mick Taylor et Ron Wood se reposent.

Le phrasé unique de Watts, cette légèreté sèche au beat implacable, il la tient de sa formation de musicien jazz. Une passion qui ne le lâchera pas (dans les années 80-90, alors que les Stones sont au point mort, il monte plusieurs formations jazz et enregistrera de remarquables sessions) et qui explique cette rythmique unique, aérienne, fluide, bien que sèche et ultra-carrée.
De Sir Paul Mac Cartney à Elton John en passant par Brian Wilson, les témoignages d’admiration et de sympathie envers la famille de Charlie Watts et les Rolling Stones affluent. C’est celui de Lenny Kravitz que nous retiendrons et dont nous suivrons l’exemple. Dans un tweet, l’auteur de “Let love Rule” estime que  “le groove parle de lui-même”.

La preuve en trois temps.

Nous sommes en 1973, pour la promo de l’album It’s only rock’n’roll et du morceau éponyme, les Rolling stones se mettent en tête de faire un clip dans lequel ils finiraient dans un bain de mousse.  La position du batteur étant assise, le pauvre Charlie Watts manquera de finir noyer dans les bulles (voir la fin de la vidéo avec Charlie Watts stoïque qui boit sa tasse de mousse sans broncher).

Novembre 1968, les Rolling Stones invitent le tout Londres musical à venir faire la fête et enregistrer des sessions live dont certaines sont d’anthologie.
Parmi elles, “Sympathy for the Devil”, accompagné de la samba à contre-temps du grand Charlie.

L’autre amour de Charlie Watts: le Jazz. Ici, en 1992, durant un enregistrement du Denis Miller Show, une douce reprise de “Lover Man” avec Bernard fowler (qui fait aussi les back-up vocals pour les Stones depuis 1990)

Bob Marley: naissance d’une mission

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Cap sur la Jamaïque avec Michka Assayasn et son fantastique rendez-vous diffusé sur les bonnes ondes de “France Inter”. Dans cette série de série, Michka Assayasn revient sur la vie de Bob Marley, grand amateur de Ganja et pape du Reggae. Près de 40 ans après sa mort, le “kid de Trenchtown”  est toujours considéré comme l’un des plus grands auteur-compositeur du XXème.

Au début des années mille neuf cent soixante-dix, neuf Jamaïcains sur dix sont des descendants d’esclaves jadis arrachés par des négriers aux terres africaines du golfe de Guinée pour venir cultiver la canne à sucre. Ces habitants parlent ce qu’ils appellent eux-mêmes le patwa, un créole jamaïcain totalement incompréhensible en dehors de l’île.

Quand Bob Marley y grandit, il règne une forme d’apartheid qui ne dit pas son nom. Depuis 1962, année de l’indépendance, indépendance par rapport à la Couronne britannique, bien sûr, les Premiers Ministres jamaïcains sont Blancs ou bien font la politique des Blancs. Hugh Shearer, Premier Ministre de 1967 à 1972, est issu des classes moyennes noires. Celui-ci réprime avec fermeté ceux qui prônent l’autonomie et le séparatisme de la population noire, en premier lieu les leaders Rastas. Shearer est membre du JLP, le Jamaica Labour Party, un parti conservateur comme son nom ne l’indique pas.

 

En 1972, la politique jamaïcaine prendra un tournant spectaculaire lorsque Michael Manley, le leader du parti opposé, le People’s National Party, le PNP, un socialiste, arrive au pouvoir pour appliquer une tout autre politique. Manley est un Blanc, il est de plus le fils d’un gouverneur britannique de la période coloniale, c’est intéressant à souligner. J’y reviendrai, parce que l’histoire de Bob Marley et des Wailers est profondément imbriquée dans les conflits et rivalités politiques de l’île entre JLP et PNP et leurs hommes de main, aussi violents et corrompus d’un côté que de l’autre.

Bref, la Jamaïque est un pays dont les touristes apprécient les plages immaculées, plantées de cocotiers, les paysages luxuriants et les montagnes où l’on va trouver la fraîcheur. Mais pour beaucoup de ceux qui habitent en Jamaïque, cette île est une misère dont on cherche à s’enfuir. Pour ceux-là, les Etats-Unis représentent l’espoir d’une vie meilleure.

Retrouvez ici les épisodes l’intégralité des épisodes disponible sur France Inter

Quand Mick Jagger chante la pandémie

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Un an après que Sir Paul a mis en boîte son superbe Mc Carney III, c’est au tour de Sir Mick Jagger de proposer un titre one-shot enregistré en mode confiné. Sur un beat punk-rock qui fait la part belle au guitares, le frontman des Rolling Stones balance sérieusement sur les complotistes, la big pharma et nos névroses covidés. Un bon shot d’énergie qui tombe à point nommé avant de pouvoir danser tous ensemble sous le Soleil.

Enregistré en mars dernier avec Dave Grohl (ex Nirvana et actuel leader des Foo Fighters)  “Easy Sleasy” est le titre électrique qui vient nous sauver de cette neurasthénie galopante qui nous guette après une année clostro-téléboulot-HBO-dodo.

Disponible sur YouTube, Eazy Sleazy raille réunions Zoom, adeptes d’une terre plate qui ne tourne plus rond et nos têtes mises au carré par trop du tutoriels en ligne ” But never take a chance TikTok stupid dance/Took a samba class yeah I landed on my ass” pour échapper à l’ennui derrière le mus de nos prisons-appartement “Looking out from these prison walls”

« Shooting the vaccine/Bill Gates is in my bloodstream/It’s mind control » chante Jagger d’une voix criarde et revendicatrice. Un couplet qu’il qualifie dans une interview accordée à Rolling Stone « piss-take on conspiracy theories »,
” The earth is flat and cold/ It’s never warming up/The Arctic’s turned to slush/And there’s aliens in the deep state”.

Sir Jagger ne s’épargne pas non plus dans sa dansante diatribe sur les effet secondaires du Covid  ” Trying to write a tune you better hook me up to Zoom/Cancel all the tours/virtual premieres, I’ve got nothing left to wear” .
Tout est bien qui finira bien puisqu’à la façon du “Jumpink Jack Flash” écrit en 1967  et son refrain “But it’s alright, in fact it’s a gas”, le chanteur à la grande gueule  nous promet le retour des jours heureux“Everything’s gonna be really freaky alright/We’re all headed back to paradise”. Reste à espérer que c’est d’un paradis terrestre dont il nous parle.

Dijah SB, la petite perle du rap made in Toronto

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En six mois et un album, Dijah SB a redonné le sourire et un second souffle à la scène Rap canadienne. Et si la Torontoise évoque la dépression, la solitude ou la dèche financière, c’est toujours au rythme d’arrangements aussi optimistes qu’entraînants.
“2020 The Album”, c’est la feel-good thérapie nécessaire pour 2021.

Revisiter les classiques du rap est un exercice très prisé mais souvent casse-gueule.
Avec 2020 The Album Dijah SB relève le défi à coup de paroles bien engagées, callées sur des beats oscillants entre lounge et dance low-fi. Ce contraste, à l’image de nos sociétés bipolaires donne une texture à l’album aussi troublante qu’apaisante et juste. Comme un bon antidote à l’hystérie ambiante.

Dans cette veine, on retiendra le très bon  C’est la Vie, un track qui invite à la tolérance quotidienne “Do what you wanna do/It’s ok by me“, mais sur fond noir   “Those things you can’t escape when you’re black” alors que les basses se pavanent, les synthés gazouillent et le charley de la Groove-box ponctue le titre avec une touche toute West Coast.

Les rimes sont fouillées mais légères, le flow précis et balancé. C’est peut-être son premier album, mais la maîtrise d’une certaine subtilité est là. Avec cette dualité, ce contraste heureux, Dijah SB  s’appuie à la fois sur l’héritage de rappeurs progressistes des années 80 que sur des voix du calibre de Roxanne Shanté ou Queen Latifah. Et pour notre plus grand bonheur, la native de Toronto exploite pleinement ce crédo, celui d’une production allégée et optimiste.

 

Qu’il s’agisse des percussions cliquetantes et des cris de synthé de  Time’s Up ou des touches ronronnantes des tambours fanfarons de Frontin ‘Like Pharrell, on hoche de la tête d’un mouvement qui dit oui avec la bouche en banane.
Et par ces temps maussades, ça vaut tout l’or du monde.

Dijah SB et son “2020 The album”, c’est ici en écoute gratuite sur Spotify

“Mac Cartney III”: Sussex, folk & Rock’n Roll. 

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Après deux albums éponymes déroutants ( Mac Cartney I et Mac Cartney II ),  Sir Paul revient en force avec un remarquable “Mac Cartney III”, conjurant à jamais la loi des séries et des rock-star séniles.

Enregistré durant le premier confinement dans sa maison du Sussex, «Mac Cartney III» reste fidèle à l’esprit des deux premiers albums de la série avec un mélange de titres progressifs, de ballades folk et de chansons pop-rock.
Et tout comme dans ses deux précédents projets patronymiques, l’ex-Beatle y joue de tous les instruments.

De la batterie à la guitare en passant par le clavecin, le piano et bien entendu la basse, “Macca” endosse l’habit d’homme-orchestre avec une surprenante aisance pour un jeune homme au 78 printemps.  

À la différence que contrairement aux décevants “Mac Cartney I” (1970) et “Mac Cartney II” (1980) le bassiste plus populaire que le Christ signe ici un album qui confine au chef d’oeuvre.

Dépistage
Coté exploration stéréophonique, Macca nous invite à un voyage initiatique avec  “Deep Deep Feeling”. Une envolée de huit minutes et demi en hautes sphères qui n’est pas sans évoquer les jours cannabisés de Paul qui, jusqu’à l’âge de 72 ans, fumait religieusement et quotidiennement de la Ganja. A des percussions au tempo en montagnes russes se superposent boucles de piano et guitares aériennes qui font écho à une voix touchante de sincérité. Un superbe trip mélancolique et flippé.
Ça tombe bien, c’est de saison.

Ce même  sentiment d’urgence et de regrets, on le retrouve dans «Deep Down» sorte de flirt funky faussement joyeux calé sur le beat d’une simple caisse claire sèche et crade. Une texture sonore qui ne saurait mieux dépeindre l’année 2020.
Dans «Pretty Boys». McCartney (dé)chante les top modèles masculins : on ne sait s’il les envie ou les pleure. “Prenez une autre pose / essayez de sentir la lumière / Hé, la caméra vous aime / ne vous battez pas“.
Difficile de ne pas faire de parallèle avec les jeunes Beatles via des références à ces «objets de désir» qui «enflammeront le monde».

La double lecture, une autre constante de l’album.

“Find my Way” et  “Lavatory Lil” sont les deux titres entrainants de cette belle galette du roi de la Pop.
Sur “Lavatory Lil” une six cordes rauque et syncopée nous donne un rendez-vous avec l’esprit des Fab’Four période Abbey Road.

“Find My Way”, que McCartney a écrit au début du confinement, semble faire écho au  «Help» de 1966 : c’est l’histoire d’un mec à la recherche d’une main tendue, toute gantée de caoutchouc soit-elle “Je n’avais jamais peur de jours comme celui-ci / et maintenant vous êtes submergé par votre anxiété  “Laisse-moi t’aider / laisse-moi être ton gars.

Autre perle, le sublime « Kiss of Venus », ballade folk qui n’est pas sans rappeler la grâce d’un «Here comes the sun» . C’est dire.
L’album se termine par l’envoutant  “Winter Bird – When Winter Comes”, construit autour du  même riff de guitare acoustique que sur le 1er titre «  Long Tailed Winter Bird ». Un principe intro/outro cher à Mac Cartney et initialement expérimenté sur le mythique  «Sgt Pepper’s Lonely Heart Club Band». Ce dernier titre de l’album a d’ailleurs un indéniable parfum d “Blackbird”, nostalgique ode à une nature qui se fait crépusculaire.
Quand l’été est passé / nous nous envolerons / et trouverons le soleil / quand l’hiver arrive.
Métaphore d’un monde au Covid tragique ? Réflexion sur une fin de carrière ?
Vivement le printemps et le prochain album solo de Sir Mac Cartney.

Une belle édition vinyle est disponible ici.