Légalisation - Page 9

CBD: L’arrêt de la Cour de cassation décrypté par Yann Bisiou

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Les 15 et 23 juin, la Cour de cassation rendait deux jugements d’importance sur le commerce du cannabidiol (CBD) en France. Entre l’arrêt de la Cour de Justice de L’Union Européenne légalisant le CBD en Europe en novembre 2020 , le gouvernement qui s’y oppose par décret fin mai, la Cour d’appel de Grenoble qui soutient la position du gouvernement puis la Cour de cassation qui retoque la décision de la Cour d’appel, difficile de s’y retrouver.
Zeweed a demandé à Yann Bisiou quelques explications sur ce dernier épisode de la legal-saga CBD.

Que faut-il retenir des arrêts du 15 et 23 juin rendus par la Cour de cassation?
L’arrêt du 23 juin est dans les textes un victoire totale pour le marché du CBD en France. Dans son jugement, la Cour de cassation affirme que si un produit contenant du CBD est légalement produit dans un des pays de l’Union Européenne (UE), sa commercialisation est légale en France.
L’arrêt du 15 juin est théoriquement une très bonne nouvelle pour les propriétaires de boutiques vendant du CBD puisqu’il stipule que ce ni au producteur ni au distributeur de fournir la preuve que son produit mis en vente est conforme, mais au procureur de prouver que le produit visé est illicite. Désormais, c’est la présomption d’innocence qui prévaut, et non l’accusation pour traffic de stupéfiants.

Cela veut-il dire que les propriétaires de boutiques de CBD peuvent enfin dormir tranquillement?
Je n’irais pas jusque là. Déjà, il faudrait que tous les services concernés par ce genre d’enquêtes soient informés de la portée de l’arrêt. La mise en application effective peut prendre plusieurs semaines ou plusieurs mois. D’ailleurs, le lendemain du jugement rendu par la Cour de cassation le 23 juin, une opération à l’encontre d’un commerce vendant du CBD avait lieu.

Sur les fleurs de chanvre CBD qui représentent un partie importante du marché et dont le commerce est menacé en France, qu’en est-il?
Le jugement rendu par la Cour de cassation est très ambigüe et classique des arrêts qu’elle peut rendre dans ce genre de situation. Concernant le commerce de fleurs de CBD, elle ne s’exprime pas directement: le principe qu’elle propose se déduit de sa décision, ce qui reste sujet à interprétations. A priori, le commerce de fleurs de CBD, s’il est légal dans les pays de la Communauté Européenne (CE) qui l’exportent, est légal en France.
En revanche, ce qui est clair, c’est que la production de fleurs de CBD reste interdite dans l’hexagone.

A quand une homogénéisation et un vrai libre commerce du CBD en Europe?
Le problème, c’est qu’il n’y a déjà pas de consensus sur le taux de THC admis dans le CBD entre les différents pays membres de la CE,  puisque cela va de 0.2% à 1%.
Or, c’est la définition que donne chaque pays de son taux légal appliqué nationalement qui va permettre de définir ce qui est autorisé à l’exportation dans l’UE et à fortiori la France.
On va donc aboutir à cette situation surréaliste ou 2 produits aux mêmes taux de CBD et THC venant de 2 pays différents pourront être considérés légaux ou illégaux non pas en vertu de leur caractéristiques, mais de leur provenance.

Une législation claire sur le CBD en France, ce n’est donc pas pour demain…
Pour que la situation avance, il faudrait qu’une majorité de pays progressistes sur la question du CBD, et je pense à l’Italie, le Luxembourg la Macédoine, ou  à Malte, servent de locomotive pour emmener dans un cercle vertueux d’autres pays plus réticents comme la France. Tant qu’il y aura des pays réfractaires ou ne souhaitant pas s’aligner, le commerce du chanvre bien-être en France restera fragile.

 

Docteur en droit privé et science criminelle, Yann Bisiou est maître de conférence à l’université Paul Valéry de Montpellier.
Auteur de nombreux ouvrages sur  l’évolution de la législation relative aux stupéfiants, il est depuis 2002 membre du Conseil Scientifique de l’Office Européen des Drogues et des Toxicomanie.

Mon match France-Allemagne dans les cannabis club de Barcelone

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Barcelone, mercredi 16 juin. Après avoir passé 3 jours à avaler des kilos de tapas et des litres de Moritz, la cerveza de référence Catalane, j’ai comme une franche envie de légèreté. Pas de chance, ce soir, c’est l’Euro avec un France-Allemagne qui s’annonce muy caliente. Voyant ma mine déconfite à l’idée de passer une soirée forte en alcool et décibels, mon ami me propose d’aller regarder le sport sur gazon en fumant de l’herbe, bien calée dans un confortable fauteuil. Direction un, puis deux cannabis social club pour le meilleur match de ma vie.

En plein centre historique, nous arrivons dans un club où une hôtesse souriante nous ouvre les portes d’un espace feutré à la population exclusivement masculine. Le match monopolise l’attention de quelques uns, pendant que d’autres sont attablés et parlent de la remontée du Bitcoin. J’ai plutôt envie de m’installer au bar et de me renseigner sur les différentes variétés de weed. Le propriétaire des lieux, un trentenaire passionné, a passé un bon moment à me vanter les mérites de la Rainbow Chip, une variété très terpénisée et selon lui l’incontournable du moment.
Après avoir senti une dizaine de pots aux saveurs d’orange amère, d’ail ou de gaz, j’arrête mon choix sur l’Animal Mint, forte et mentholée. Trois tafs plus tard, je reste scotchée quelques secondes devant l’écran géant qui diffuse le match. Soudain, mon pote m’extirpe de mon trip footballistique et m’annonce qu’il est temps d’aller voir un autre club connu pour ses extractions ultra pointues. Tant pis pour l’Euro, je le suis sans sourciller et arrivons dans un social club tenu par des Russes.

Je commande le Live Rosin de Papaya Punch 70 microns 

Autre ambiance: le lieu est beaucoup plus spacieux, décoré avec soin,  entre street art et art toys, le dernier album de Migos en fond sonore et de grands canapés qui invitent à se prélasser.  Je consulte le menu sur l’iPad, ça parle de « Dry sift », « Live Rosin » « 70 ou 120 microns » « Iceolator fresh Frozen » des noms aussi pointus qu’inconnus pour moi. Bref, en parfaite néophyte, je décide de me laisser convaincre par un  « Live Rosin de Papaya Punch 70 microns ».
Le weed tender sort un écrin du frigo, je crois voir une noisette de beurre brillante à l’odeur de papaye. Une véritable expérience multisensorielle ! Je comprends que je ne pourrais pas le fumer dans un joint, mon ami accours à la rescousse avec un Dabber (pipe en verre préchauffée).
Là encore, l’expérience est incroyable. Mon nez me pique, tellement les terpènes sont présents, j’ai l’impression de nager dans une bouteille d’oasis tropical, mon cerveau pétille et mes éclats de rire amènent un groupe de filles à s’asseoir à côté de nous. Une avocate, prof de yoga et chef Barcelonaises ont partagé avec nous ce moment délicieux.

J’ai l’impression  de nager dans une bouteille d’oasis tropical

Il est 23H00, le club ne va pas tarder à fermer, je n’ai pas vu le temps passer, je rentre bien High, heureuse de ces découvertes et convaincue que ce genre de lieu devrait exister partout dans le monde. Pas seulement parce qu’on s’y sent bien et qu’on y fait de belles rencontres, mais aussi et surtout parce ces clubs apportent un cadre safe et redonnent aux consommateurs le sentiment que le cannabis n’est pas juste une plante, mais un vecteur de convivialité, d’ouverture d’esprit et de buena onda. Vivement France-Portugal!

L’appel du 18 joint

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L’appel des 18 juin et 18 joint ont cela de commun qu’ils sont tous deux une invitation à la liberté. Si le voeu du grand Charles a été exhaussés un 8 mai 1945 avec la signature de l’Armistice, le combat en faveur de la libération de l’Herbe, toujours sous occupation de la loi du 31 décembre 1970, continu de faire des victimes. Zeweed fait le point sur la fête pro-ganja la plus vieille de l’hexagone, dont nous pourrions bien fêter cette année la dernière édition, le débarquement des élection présidentielles de mai 2022 ayant de forte chances de délivrer les français de la prohibition.

Nous sommes en 1976. La France de Giscard, dont le septennat a commencé en 1974, se veut moderne et dynamique.
Alors que les cendres de Mai 68 crépitent encore dans l’inconscient collectif la nation s’agite autour de sujets brûlants comme l’avortement, le divorce et l’âge de la majorité.
Cette même année, les Pays-bas font passer une loi pour dépénaliser l’usage du Cannabis, jugeant un encadrement favorable à une prohibition.
C’est du jamais vu en Europe et c’est un déclencheur pour cette pétition qui dénonce une justice à deux vitesses. Un système tronqué qui autorise les descentes de policiers pour une simple odeur d’herbe chez les plus défavorisés mais laisse “les gros bonnets de l’héroïne tranquille”.

Armée (du gros) rouge contre maquisards de la weed.

Un système d’autant plus absurde que la France se veut libérale dans ses valeurs et qu’elle est déjà marquée par un certain nombre d’addictions tout à fait légale comme le rappelle l’introduction du texte: “Cigarettes, pastis, aspirine, café, gros rouge, calmants font partie de notre vie quotidienne. En revanche, un simple joint de cannabis (sous ses différentes formes: marijuana, haschich, kif, huile) peut vous conduire en prison ou chez un psychiatre.”
Deux choix franchement pas très planants.

Roland Topor, Jean-François Bizot et Moebius entrent en résistance

Parmi les premiers signataires de cette lettre ouverte on retrouve des artistes de tous bords comme Roland Topor, Jean-François Bizot ou Moebius mais aussi des “grands esprits” comme André Glucksmann ou Bernard Kouchner. Un texte que vous pouvez retrouver dans son intégralité sur le site du magazine Libération ici

En 1993 le texte revient dans une version mise à jour sur le devant de la scène grâce au CIRC (le collectif d’information et de recherche cannabique) créé deux ans plus tôt.
Le collectif dénonce le ridicule de la théorie de l’escalade selon laquelle le Cannabis serait une porte vers des drogues bien plus dures rappelant que cela n’est vrai que pour 5% des consommateurs (et que c’est tout aussi vrai des antidépresseurs prescrits par les psychiatres).

C’est quoi, ce CIRC?

La logique est simple: les gens fument déjà autant s’assurer de la qualité de leur consommation et démanteler les trafics mafieux qui bénéficient de cette manne illégale. Des arguments très clairs et toujours d’actualité qu’on retrouve déjà dans un reportage de FR3 ressorti par l’Ina.
Cette nouvelle version qui inclut aussi la notion vitale de Cannabis médical sera signée par encore plus de grands noms comme Frédéric Beigbeder, Olivier Besancenot, Philippe Manoeuvre, Noël Mamère et Cécile Duflot.

Cette année sera la première sans un des grands rassemblements du 18 joint organisé par le CIRC, une tradition lancée en 1993 à Paris et à Lyon qui s’est répandue dans toute la France.
Malheureusement Pandémie (et surtout politique) oblige cette année pas de grand rassemblement  puisqu’il est interdit d’organiser des rassemblements de plus de 10 personnes dans un lieu public.

 

Faite votre 18 joint, et faites tourner!

Qu’à cela ne tienne, Zeweed vous propose d’organiser votre propre rassemblement pour l’année prochaine… en espérant qu’il n’ai pas à avoir lieu…. Le Circ propose -au cas où- un guide très accessible pour organiser votre propre rassemblement du 18 joint en six étapes.
Comme ils le rappellent sur leur site  ”le cannabis n’est ni de droite, ni de gauche. C’est une plante utile pour l’humanité qui pousse sous toutes les latitudes”.
Un point qu’on ne saurait que valider puisque même en Corée du Nord, la plus stricte dictature mondiale, le cannabis pousse librement.
Fumeurs du monde entier, unissez-vous!

Revue de presse spéciale France libérée.

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Alors que les français retrouvent leurs libertés, le sujet cannabis revient en force sur le devant de la scène.  Sondage en faveur de la dépénalisation, accord trans-partisan, fronde aux sein de la majorité, grandes enseignes qui se voient bien vendre des plans de ganja: la soif de légalisation n’a jamais été aussi forte. En quatre articles, Zeweed vous dit pourquoi.

Gros coup de mou pour les durs de la prohibition cannabique: le 3 juin un sondage Ipsos nous informait qu’une majorité de français souhaitent désormais  la dépénalisation du cannabis. Si cette majorité en faveur d’un assouplissement de la loi de 1970  n’est pas écrasante (51%), elle a le poids des voix qu’elle représente. De quoi sérieusement remettre en cause la légitimité de la politique menée par le locataire de la place Beauvau. Si pour Gérald Darmanin, “il n’est pas question de légaliser cette merde“, l’obstination du premier flic de France a toutes les chances de mettre le candidat Macron dans une posture de la même matière pour les présidentielles.

Une emmerde en cachant toujours une autre, après la récente fronde d’élus de la majorité sur la question cannabis, les députés LREM Caroline Janvier, Patrick Vignal  et Jean-Baptiste Moreau  ont apporté leur soutient et signature au projet de loi trans-partisane d’Eric Coquerel (LFI), au grand damne du Président, trahi par ses pairs. Tu quoque fili?

Dans le Puys de Dôme, ce sont les enseignes Leclerc et Auchan qui ont fait fît des dispositions encadrant la production et distribution du cannabis en France. Pendant quelques heures, les deux dealers de la grande consommation ont proposé à leurs clients d’acheter des plants du cannabis pour la modique somme de 15 euros. Alertés par des citoyens un peu trop zélés, les gendarmes auront rapidement mis un terme à la belle affaire. Pour les jardiniers en herbe ayant eu la chance de partir avec deux ou trois pots, l’automne s’annonce joyeux.

Zeweed avec La Dépêche, France 3 Régions, Le Point, Libération.

François Michel Lambert: Vert de vert

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Le député François-Michel Lambert n’a jamais fumé un joint de sa vie. Ca ne l’aura pas empêché d’en brandir un l’Assemblée Nationale pour soutenir la légalisation du cannabis. Nous l’avons croisé à la Cannaparade où il nous a donné son 06 et rendez-vous pour une interview.

Paris, samedi 29 Mai, place de la République. J’arrive en retard à l’édition 2021 de la Cannaparade qui a déjà bien entamé son chemin vers la place de la Bastille. J’avise la situation et prend mes jambes à mon cou pour me retrouver 500 mètres plus loin au milieu d’une foule dense et nombreuse. Sous le soleil d’une belle après-midi, des jolies filles, des jeunes aux visages souriants, des quadras bobos et une fanfare de 18 musiciens sont venus demander la libération de l’herbe.

François-Michel Lambert et Eric Coquerel: en tête, on se gondole.

Nous sommes bien loin des maigres 40 punks à chiens perdus évoqués dans l’article du Parisien. En tête de cortège, je repère une silhouette familière. Grand, regard droit, chemise blanche et veste bleu-marine déboutonnée, il s’agit du député écologiste des bouches du Rhône François Michel Lambert (Libertés et Territoires). A coté de lui, un autre fervent partisan de la légalisation du cannabis: le député LFI Eric Coquerel. Deux jours plus tôt, nous avions réalisé l’interview de l’insoumis vert. Je me dis que les deux feraient bien la paire. Arrivé devant l’Opéra Bastille, j’accoste l’élu Bucco-Rhodanien pour lui demander un selfie et son numéro de téléphone. Le courant passe directement, nous nous donnons rendez-vous une semaine plus tard pour une interview.

Quel regard portez-vous sur la politique menée depuis 1970 sur la question cannabis?
Lorsqu’en 2000, je manifestais pour la légalisation du Cannabis, avec Jean-Luc Bennahmias (qui était alors secrétaire général des
Verts NDLR), le débat était placé sur un terrain sociétal et l’avait été depuis 1970. Au même titre que la lutte pour le droit à l’avortement ou contre l’homophobie, il s’agissait alors de défendre des libertés individuelles. D’ailleurs, à l’instar des homosexuels, les consommateurs de cannabis ont longtemps été considérés comme des déviants, des marginaux. Après 2000, le marché a explosé, le trafic est passé aux mains de réseaux criminels beaucoup plus organisés et la jeunesse a commencé à être fortement impactée. En quelques années, nous sommes passé d’un débat libertaire et baba-cool à un problème sanitaire et mafieux.

Ce sont pour des motifs de santé publique que l’exécutif ne veut pas entendre parler de légalisation?
Pas seulement. Il y a à mon sens, et même si ce n’est pas explicitement dit, une notion de valeurs sur lesquelles les ministres de l’Intérieur et de la Justice ne veulent pas céder. Ils ont érigé ces valeurs en postures politiques et morales, jusqu’à en faire des points de blocage.  J’ai échangé avec eux et je peux vous dire que le cannabis, ils ne veulent pas en entendre parler parce que ce n’est pas leur monde. Au fond, ils sont restés figés dans une certaine France très années 70, très manichéenne, la drogue c’est de la merde, c’est un truc de jeunes, de marginaux, il faut protéger les bonnes gens…   Mon intime conviction est qu’ils sont contre la légalisation pour des raisons personnelles plus encore que politiques. Pour eux, c’est la dernière digue à ne pas franchir, le dernier symbole d’une certaine morale, d’un monde un peu nostalgique où les dealers étaient encore invisibles…

L’argument sécuritaire est aussi mis en avant…
Si l’on va sur le terrain sécuritaire, il faut commencer par comprendre que la politique menée est une catastrophe. Nous parlons d’un million d’heures de police allouées à la lutte contre le cannabis, de drames humains et d’argent brulé pour aucun résultat. Quand on ferme un point de deal, il y en a dix autres qui s’ouvrent
dans les jours qui suivent. D’un point de vue sanitaire, c’est aussi une catastrophe puisque le consommateur se retrouve avec un produit de contrebande, donc souvent coupé ou frelaté. A cela il convient d’ajouter que la prohibition coûte 1 milliard d’euros à  l’Etat par an avec un tiers des prisonniers qui sont incarcérés pour des peines liées au cannabis.

Croyez-vous que le lobby Big Pharma, alcool et tabac pèse dans la balance?
Pour paraphraser Michel Rocard: “je suis plus certain de la connerie du monde que de sa capacité à comploter”. Donc non, je ne crois pas que le lobby en question ait une vraie influence sur la position du gouvernement. D’autre part, l’agro-alimentaire et l’industrie pharmaceutique anticipent depuis 2019 une éventuelle légalisation en Europe et s’apprêtent à toucher gros aussi en cas de fin de prohibition. Je ne pense vraiment pas que ce soit eux qui compromettent la légalisation et ne crois pas une seconde au complot.

Cette légalisation, comment la concevez-vous?
Ma proposition de loi est basée sur un principe de monopole d’Etat, à l’image par exemple de la SEITA ou de ce qui se fait au Québec avec la SQDC. Donner la gestion de la vente de cannabis à un  EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial NDLR ) dont le but n’est pas de faire croître le
marché me paraît essentiel. Certains partisans de la légalisation  voudraient un marché du cannabis complètement libre, ouvert à tous à l’image du maraîcher
qui va vendre ses pois-chiches. Je ne crois pas que ce soit une approche responsable en matière de santé publique. Au même titre que le tabac, l’alcool ou le sucre, le cannabis reste une drogue qui peut générer des addictions et des comportements à risque.  Il ne faut pas encourager sa consommation en tous cas si elle n’est pas responsable et maitrisée. Cela ne veut pas dire qu’une offre d’Etat serait non-compétitive et monotone : la SEITA nous a démontré le contraire.

Une majorité de Français est pour la dépénalisation du cannabis.

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Selon un sondage Ifop, 51% des français seraient favorables à une dépénalisation du cannabis. Décryptage de ce sondage aux résultats historiques.

Pour la première fois depuis le 31 décembre 1970, date à laquelle le cannabis a été interdit en France, un sondage Ifop pour CBD-Grams  révèle qu’une majorité de Français souhaitent désormais sa dépénalisation: c’est à dire que sa consommation ne fasse l’objet d’aucune poursuites judiciaires. En Europe, le Portugal, la Suisse, La Tchéquie, le Luxembourg et les Pays-Bas ont dépénalisé l’herbe.

Dans le détail, 51% des interrogés voudraient que les consommateurs de cannabis ne soient ni poursuivis ni verbalisés.
Signe d’une destigmatisation du fumeur de joints:  47% des interrogés qui déclarent ne pas consommer de cannabis seraient malgré tout favorables à sa dépénalisation. Sans surprises, 96% des amateurs de ganja souhaitent -au moins- sa dépénalisation.
Ils sont aussi 47% de sondés à souhaiter la légalisation, sous contrôle d’Etat, du cannabis.
A titre de comparaison, ils étaient 43% en 2017, 32% en 1997 et 27% en 1977 a vouloir en finir avec la prohibition de la weed.

Pavé dans la mare

Ce sondage tombe comme un pavé dans la mare pour le gouvernement Castex qui a fait de la lutte contre le traffic de stupéfiants, cannabis en tête de gondole, une priorité absolue, une “mère des batailles” pour reprendre les termes du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. Le président Emanuel Macron lui-même avait récemment fait part de ses réserves sur tout projet de légalisation, estimant que “dire que le haschisch est innocent est plus qu’un mensonge.

Si les manoeuvres du gouvernement pour occuper le terrain sécuritaire et couper l’herbe sous le pied de Marine Le Pen à un an des présidentielles ne trompent personne, elles ont aussi l’avantage d’annoncer clairement la couleur: aux courageuses voies du progrès, l’exécutif préfère celles du vote conservateur.

France: La Cannaparade de Paris, c’est aujourd’hui!

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Comme chaque année, les parisien s’apprêtent à battre le pavé pour faire chanter leur amour du cannabis. Au menu de cette manifestation française, des prises de paroles, des chars pour faire danser les entousiastes de la belle plante et beaucoup de bonne humeur.

Organisé par Farid Ghehiouech  (Initiateur de la Marche Mondiale pour la légalisation du Cannabis en 2001 et Porte Parole de Cannabis Sans Frontières ) et Fanny Sinan Co-fondatrice LPDS-Shop la marche verte pour la libération de l’herbe partira de la place de la République pour rallier la place de la Bastille, où stands associatifs et animations attendront les pro-ganja de Panam et d’ailleurs,  pour un évènement exceptionnel qui devrait se dérouler sous un beau Soleil.

Demandez le programme:

  • Rendez-vous à partir de 13h place de la République
  • Prises de parole à 14h20,
  • Départ de la place de la République à 15h,
  • Pause devant le Cirque d’Hiver à 15h30,
  • Arrivée Place de la Bastille à 16h00,
  • Prises de parole à 16h20,
  • Jusqu’à 20h, des stands associatifs seront présents sur la Place de la Bastille.Plus d’infos disponibles via ce lien.

France: en route vers la légalisation?

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Alors que la députée Caroline Janvier s’apprête à rendre  son rapport sur le cannabis récréatif, l’élue LREM verrait bien le président Emmanuel Macron porter en mai 2022 l’initiative de sa légalisation. Hasard du calendrier? Hier dimanche, le chef de l’Etat a appelé  “à lancer un grand débat national sur la consommation de drogue“. Les jours de la prohibition de l’herbe sont-ils comptés?

Après les députés François-Michel Lambert (Liberté Ecologie Fraternité), Jean-Baptiste Moreau (LREM), la sénateur Robin Reda (LR), c’est au tour de Caroline Janvier (LREM) d’inviter la question de la légalisation à la table des négociations. La députée du Loiret, rapporteur de la mission d’information parlementaire sur les usages du cannabis et à l’origine de la consultation citoyenne sur le cannabis, a déjà réservé une place au président Emmanuel Macron que l’élue “verrait bien porter le projet ” (de la légalisation NDLR).

L’intenable prohibition

Il faut dire que la position française devient de moins en moins tenable pour l’exécutif: face au succès des pays ayant légalisé (Canada, Uruguay ainsi que 16 Etats Américains) ou dépénalisé (Espagne, Tchéquie, Luxembourg, Portugal, Italie, Pays-Bas, Belgique), l’Hexagone fait bande à part et traine des pieds. Un comble lorsque l’on sait que le pays est le plus gros consommateur de cannabis d’Europe, avec 5 millions d’usagers réguliers. De plus, il  dispose de tous les atouts naturels pour être le champion de la production de chanvre bien-être et de cannabis, production qui est aujourd’hui circonscrite au textile.

La légalisation déjà au programme de plusieurs présidentiables

Politiquement, il y a urgence pour le locataire de l’Elysée: l’ensemble des partis du centre et de gauche, d’EELV au PS en passant par le Modem ou la France Insoumise, ont fait part de leur volonté d’inscrire la légalisation à leur programme pour la présidentielle de l’année prochaine.
Très discret jusque lors sur la question d’une éventuelle légalisation, le Président a pour la première fois entrouvert la porte à l’idée d’une légalisation. Une habille façon de se mettre en avant et ne pas se faire couper l’herbe sous le pied.
Autre hasard du calendrier, plus curieux celui-ci: demain nous seront le 20 avril, aussi connu comme le 4/20.
Si les voix des électeurs restent prévisibles, les voies de la ganja sont impénétrables…

To legalize or not to legalize?

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Alors que les élections présidentielles approchent en France, la question de la légalisation du cannabis s’invite dans le débat. Si les pays ayant mis fin à la prohibition de l’herbe affichent un bilan positif et que le marché du cannabis est en pleine explosion, la position des pouvoirs publique reste de faire dans la repression, sans donner de signe d’ouverture.

La France est non seulement le premier consommateur de cannabis d’Europe, avec un marché évalué par l’OFDT à plus de 3,24 milliards d’euros de revenus par an, mais aussi le premier pays producteur de chanvre d’Europe avec 35% des surfaces européennes cultivées en chanvre. Un cadeau du ciel pour les consommateurs, les entrepreneurs et l’État : la plus grande offre et la plus grande demande de cannabis sur le même territoire d’Europe… Et pourtant, les gouvernements successifs, s’ils ne rechignent pas à en débattre, refusent d’autoriser la production et la vente de fleurs de chanvre françaises.

Alors que l’État de New York vient de légaliser son usage récréatif et que le cannabis canadien légal fête ses deux ans, voyons comment se portent nos amis d’Amérique du Nord… Au Québec où la vente de cannabis est nationalisée, sous la forme des dispensaires de la SQDC, le gouvernement du Québec a encaissé 103 millions de dollars en 18 mois, dont il a reversé 20 millions aux municipalités. Le nombre de fumeurs n’a pas explosé mais augmenté de seulement 2%. Aux Etats-Unis, le marché du cannabis, alors qu’il n’est pas autorisé sur tout le territoire serait estimé à plus de 70 milliards de dollars en 2021. Ça fait quand même un peu réfléchir…

Une crise économique et sociale sans précédent se profile à l’horizon. Dans ce contexte, l’ouverture d’un nouveau marché très prometteur, qui crée de l’emploi (qualifié et non qualifié) et rapporte autant d’argent à l’État, tout en permettant d’assener un coup furieux au marché noir et à la criminalité qui l’entoure, n’est pas une mesure qu’on peut balayer avec indifférence.

Les français attendent des candidats qu’ils s’emparent de la thématique et prennent position, à l’instar des citoyens qui ont répondu très clairement à la consultation nationale lancée par le gouvernement avec un écrasant 80,8% de répondants favorables la légalisation du cannabis récréatif. Je ne crois pas qu’un politique, de quel bord soit-il, puisse passer à côté de 80% des électeurs, dont certains ne voteraient probablement pas si cette question n’était pas abordée (on rappelle que le taux d’abstention des dernières élections présidentielles était de 25% soit un quart des votants).

On peut imaginer que la question de la légalisation du cannabis en France devienne un des axes centraux des prochaines présidentielles, voire même qu’elle prenne la forme d’un référendum (qui ferait du bien aux français qui ressentent plus que jamais le fossé entre eux et leurs élus).

Cannabis et addictions

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“Légaliser pour mieux encadrer”, c’est la réponse à la question de santé publique des pays ayant parié sur la légalisation.
En légalisant la vente et la consommation de cannabis, l’Uruguay, le Canada et une partie des USA auront permis d’offrir à tous une alternative bien-être au THC : le CBD.

Le 11 décembre 2013, l’Uruguay devenait le premier pays à légaliser le cannabis récréatif. Le 18 octobre 2018, sous l’impulsion de Justin Trudeau, c’est au tour du Canada de mettre fin à la prohibition du chanvre qui fait rire. Le 6 avril dernier, l’Etat de New York autorisait la vente et consommation de cannabis et devenait le 15ème Etat (le 16ème avec Washington D.C.) à lever l’embargo sur l’herbe aux US.
En légalisant et en encadrant la vente de cannabis, les trois pays ont permis au secteur de se développer et offrir aux consommateurs un large éventail de produits. A l’instar de la fin de la prohibition sur l’alcool sous Roosevelt en 1933, qui a vu  les américains redécouvrir les charmes de boissons plus raffinées que l’alcool de contrebande, la réhabilitation du cannabis a permis l’offre de plaisirs récréatifs plus subtiles. Parmi eux, une molécule cousine du THC: le cannabiniol (CBD), qui n’a pas d’effets psychotropes, n’entraîne aucune d’accoutumance mais procure en sensation de bien-être.

CBD, l’alternative THC

Normal donc que le  CBD ai le vent en poupe tant il a tout pour séduire. Tout comme son grand frère le THC, il détend l’esprit et relaxe physiquement. Mais à contrairement à  son sulfureux jumeau THC, il ne modifie pas la perception, n’altère pas le jugement ou la motivation.
Et ça, c’est une combinaison gagnante pour les grands aficionados de la ganja qui avec le temps cherchent des sensations, mais sans effets secondaires.
Cette petite révolution n’aurait jamais été possible sans la légalisation du cannabis, qui aura déjà permis à la recherche d’être financée et d’offrir une belle alternative au gros pétard qui tâche.
Aujourd’hui, le CBD est légal dans la plupart des pays (en Europe depuis le 18 novembre 2020) et semble ravir un nombre croissant de consommateurs qui voient en cette weed light un parfait compromis entre santé et hédonisme.

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