Légalisation - Page 7

Apple, second GAFAM à soutenir la légalisation du cannabis

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Fin juin 2021, Apple revoyait sa politique sur le cannabis, rejoignant Amazon dans le club des GAFAM prônant la légalisation fédérale aux Etats-Unis. Si la transition opérée par la multinationale s’est faite dans la discrétion, elle augure de profonds changements.

L’été dernier, et dans l’indifférence quasi-générale, Apple annonçait sa volonté de soutenir la normalisation et la légalisation du cannabis. Une semaine avant la fête nationale américaine du 4 juillet, le géant californien revoyait les conditions générales de vente (CGV) de l’App Store. Du jour au lendemain, l’entreprise valorisée à 2913 milliards de dollars a enlevé de ses CGV les restrictions liés au cannabis. Dans les pays et Etats US qui ont légalisé des centaines d’App sont apparues depuis l’ouverture d’Apple au cannabis-business. Rien qu’en Californie, on dénombre plus de 400 Apps.

L’App store ouvert à la vente de cannabis

Se faire livrer sa weed avec son diner, trouver un social club, un dispensaire, un plan cul stoner, des boutures, un local où les faire pousser:  tout ce qui a trait au cannabis est désormais accessible en une reconnaissance faciale, avec l’aide de Siri et la bénédiction d’Apple.
Cerise sur la pomme: l’entreprise californienne annonçait aussi ne plus faire passer de testes de dépistage au THC à ses employés américains.
Pourtant, il y a encore neuf mois, les GAFAM (dont Amazon et Apple) refusaient tous les 5 de promouvoir ou faire commerce du CBD. Et à plus forte raison de cannabis thérapeutique ou récréatif.

68 % des électeurs américains soutiennent la légalisation sous une forme ou une autre

Aujourd’hui, 68 % des électeurs américains soutiennent la légalisation sous une forme ou une autre nous apprend un récent sondage Gallup. Et alors que Joe Biden rechigne à dépénaliser (malgré ses promesses de campagne)  des élus républicains et démocrates oeuvrent de concert pour faire légaliser le cannabis au niveau fédéral sans l’aval de la Maison Blanche.
Lorsque dirigeants politiques et entreprises du Fortune 100 commencent à changer de discours, que l’opinion publique américaine change elle aussi drastiquement de position sur le même sujet, il est raisonnable d’estimer que la bataille pour la légalisation est en passe d’être gagnée.

Amazon et Apple en phase avec l’opinion publique américaine

En ce qui concerne Amazon et Apple, le 180° opéré par les deux multinationales donne le ton autant qu’il accompagne le virage sociétal de la révolution cannabis.
Des débuts de Babe Ruth et du baseball, où les joueurs fumaient des cigarettes sur le banc de touche au soutien d’Elon Musk à la crypto-monnaie (qui a fait monter en flèche le prix du Bitcoin), nombreux sont les exemples démontrant que le lobbying militant peut être un cercle vertueux et progressiste.

Facebook, Microsoft et Google à la traîne.

Si Facebook/Metaverse, Microsoft et Google n’ont pas encore assoupli leurs règles sur la cannabis, ils seront tenus de le faire en cas de légalisation fédérale du cannabis aux Etats-Unis. La question est de savoir s’ils le feront en montrant l’exemple et accélérant le processus (soit avant que Joe Biden annonce la fin de la prohibition sur tout le territoire américain) ou s’ils suivront le calendrier de la Maison Blanche, quitte à passer pour des dinosaures auprès de leurs utilisateurs et consommateurs.

Les promesses de Biden sur le cannabis partent en fumée.

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Alors qu’il vient de fêter sa première année derrière le bureau oval, Joe Biden continue de repousser aux calendes grecques la dépénalisation fédérale du cannabis récréatif et la grâce de milliers de prisonniers pour des délits mineurs liés à l’herbe. Le 46ème Président des Etats-Unis en avait pourtant fait la promesse durant sa campagne contre Donald Trump en 2020.

“Il faut dépénaliser le cannabis, et je le ferais”. La phrase est de Joe Biden, qui, un mois avant son élection, estimait aussi  que “personne ne devrait aller en prison pour consommation de drogue”.
Le futur locataire de la Maison Blanche s’était d’ailleurs fendu d’une vidéo de campagne pour illustrer son propos

Force est hélas de constater que les promesses de candidat n’engagent que les électeurs qui y croient, puisque le cannabis n’a pas été dépénalisé et qu’aucun prisonnier n’a été gracié pour des infractions liées à ce même cannabis. Sur ces deux points, Joe Biden a pourtant tous les pouvoirs nécessaires pour passer rapidement à l’action.
Selon le Service de Recherche du Congrès (CRS)  “ le Président a le pouvoir d’accorder des grâces à l’ensemble des détenus incarcérées pour des infractions liées au cannabis. Son administration peut aussi imposer la légalisation fédérale du cannabis sans attendre que les législateurs agissent.”

Le Covid a bon dos

Lundi, 31 janvier, c’est la secrétaire d’Etat au commerce Gina Raimondo qui a confirmé la volonté d’immobilisme de l’administration Biden, enfonçant un énième clou dans le cercueil d’une prompte légalisation fédérale. Interrogée sur le dossier cannabis, Raimondo a renvoyé la journaliste au vestiaire d’un “la question est si éloignée de tout ce sur quoi je travaille et ne fait pas parti de ma charge de travail”, arguant que la situation sanitaire liée au Covid-19 l’appelait à d’autres priorités.
Les proposition de Biden avaient pourtant été faites en pleine crise du coronavirus alors que Gina Raimondo, avant gouverneur de Rhodes Island, avait soutenu avec succès la légalisation du cannabis dans son Etat en 2020.
Idem pour Kamala Harris, qui se disait pourtant en faveur d’un assouplissement de la législation fédérale avant l’élection de Joe Biden. Depuis son entrée à la Maison Blanche, la vice-présidente s’est fait très discrète sur le sujet.

Le naturel revient au galop

De tous les candidats démocrates à la présidentielle, Biden est incontestablement le plus conservateur. Il faut dire que contrairement à Barack Obama qui n’a jamais caché son inclinaison pour la weed durant ses vertes années, Joe Biden a longtemps été un farouche opposant de l’herbe qui fait rire.
De 1987 à 1992, alors qu’il était chef du Comité judiciaire du Sénat, Biden n’a pas seulement soutenu la guerre contre la drogue et l’incarcération systématique des consommateurs récidivistes, mais a été le chantre d’une législation plus punitive.
En 1989, au plus fort de la politique war on drugs et de l’incarcération systématique des consommateurs récidivistes, Biden, alors sénateur démocrate, avait estimé que le plan du très républicain président George Bush “n’allait pas assez loin”.

Ironie de l’histoire, c’est ce même reproche, à savoir celui de ne pas aller assez loin dans sa politique de contrôle des substances interdites, qui est aujourd’hui fait au Président par la majorités des représentants et sénateurs démocrates. A la différence que c’est désormais un assouplissement de la législation que demandent élus et citoyens américains.
“Sleepy Joe” se réveillera-t-il pour sortir de sa posture prohibitionniste avant les élections de mi-mandant ? Rien n’est moins sûre alors que le CEO du monde libre continue de chuter dans les sondages.

La Thaïlande dépénalise l’usage du cannabis et légalise sa culture à domicile

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Après avoir ouvert l’accès au cannabis thérapeutique, légalisé l’usage du CBD et inscrit certaines variétés locales de Ganja au patrimoine national, la Thaïlande s’apprête à autoriser la culture de cannabis à domicile. La disposition légale entrera en vigueur en même temps qu’une autre initiative progressiste : celle de la dépénalisation de la consommation d’herbe.

Au pays où la consommation de cannabis était encore très sévèrement punie il y a trois ans, la réforme annonce la couleur (verte) et confirme la volonté du gouvernement de faire de la Thaïlande le fleuron asiatique du cannabis thérapeutique et récréatif.

Si la nouvelle réglementation présage de futures dispositions plus souples, il faudra tout de même suivre quelques règles pour être autorisé à cultiver de l’herbe magique dans son jardin. Ainsi, les cultures privées ne pourront pas être utilisées à des fins commerciales sans licence préalable, précise le ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul dans un communiqué publié le 26 janvier.

Le ministre de la Santé thaïlandais, Anutin Charnvirakul au cours de l’ouverture d’une clinique fournissant du cannabis thérapeutique à Bangkok | Mladen Antonov / AFP

Anutin Charnvirakul a présenté dans la foulée du projet de loi (qui n’aura pas besoin de l’aval du parlement) une annexe aux contours on ne peut plus précis et pratiques. Production, commercialisation ou usage récréatif, plus qu’un projet de loi détaillé, c’est est un véritable starter-kit à l’attention des cultivateurs et consommateurs qui a été publié dans Gazette royale, l’équivalent local du Journal Officiel français.

Il faudra néanmoins attendre le 1er mai avant que les plants de cannabis cultivées à la maison ne deviennent légales aux yeux de la loi. Si le texte précise que cette production homemade devra être utilisée à des fins médicales, il ajoute aussi que sa prescription et son utilisation peuvent se faire aussi dans un cadre conventionnel (médecine moderne) ou traditionnel (rites et coutumes). L’interprétation comme le spectre des applications est donc large.
Un pas supplémentaire vers la légalisation complète du cannabis en Thaïlande, qui, selon plusieurs sources autorisées, devrait être intervenir avant fin 2023.

Julien Bayou (EELV) souhaite la légalisation de tous les cannabis

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Le 31 décembre, le gouvernement interdisait le commerce de fleurs de CBD. Une décision aberrante pour le secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) Julien Bayou qui souhaite, comme Yannick Jadot, la légalisation du cannabis.

Le gouvernement a interdit le 31 décembre la vente de fleurs ou de feuilles brutes de CBD, la molécule non psychotrope du cannabis. Il n’est donc plus possible d’en acheter en France alors que ses ventes représentent 60% du chiffre d’affaire des commerces de CBD.
Invité sur Europe Matin vendredi 21 janvier, Julien Bayou a dit tout le mal qu’il pensait de la décision, réaffirmant son soutient à la légalisation du cannabis, position aussi prônée par le candidat EELV aux présidentielles Yannick Jadot.

La filière CBD française au bord du gouffre

Le CBD n’a pas d’effets psychotropes ni d’accoutumance. C’est une filière qui s’est développée, il y a 20.000 emplois et des consommateurs qui y ont recours pour le sommeil, pour lutter contre certaines douleurs, et aussi certains pour passer du cannabis – le stupéfiant – à ce produit non stupéfiant. Et nous estimons que c’est une bonne nouvelle en réalité si cela permet à certains d’arrêter la drogue et réduire les risques.” précisait l’écologiste sur Europe 1.
Julien Bayou dit ne pas comprendre la logique du gouvernement, “qui a repris à peu près le même arrêté que celui interdit au niveau européen. Il condamne la filière de ces professionnels au chômage et à la faillite. Ce n’est pas sérieux.”

Légalisation du cannabis récréatif

Julien Bayou a également confirmé qu’ EELV est en faveur de la légalisation du cannabis, comme près de la moitié des Français . “Si l’on regarde froidement les chiffres, c’est un fiasco. Nous avons la politique pénale la plus répressive d’Europe et le taux d’addiction chez les mineurs parmi le plus élevé“, a appuyé le secrétaire national du parti de Yannick Jadot.
C’est un fiasco en termes de santé, et aussi de sécurité. La police perd des millions d’heures à traquer des petits consommateurs, ça se répercute sur la justice et tout ça ne fonctionne pas” a-t-il précisé dit avant de conclure. “La légalisation a fait ses preuves au Canada, au Portugal et ailleurs. C’est ce que nous voulons faire et ça permet la prévention.”
A bon électeur, salut…

L’Assemblée nationale rejette la proposition de loi de légalisation du cannabis.

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Le groupe La France Insoumise (LFI) derrière Eric Coquerel présentait hier à l’Assemblée nationale son projet de loi sur la légalisation du cannabis. Si, sans surprise, le texte n’a pas été voté, le discours des opposants à la réforme a laissé la porte entrouverte en suggérant que seule une consultation nationale pourrait enterrer 50 ans de prohibition.

A l’exception du groupe LFI, les députés n’étaient pas venus nombreux pour débattre et voter la première proposition de loi visant à légaliser le cannabis récréatif en France. Le groupe LREM s’était tout de même assuré d’avoir suffisamment d’élus présents dans les rangs de l’hémicycle pour que l’initiative portée par Eric Coquerel ne passe à la faveur d’un manque de votes de la majorité .

Eric Coquerel (LFI), en plein plaidoyer de sa proposition de loi sur la légalisation du cannabis

19 voix pour, 54 contre

Il est 22h 45 quand le texte est rejeté (19 voix pour et 54 contre), fort de l’adoption des amendements de suppression déposés par la majorité, dont un déposé par la député LREM Caroline Janvier, rapporteuse de la mission d’information sur le cannabis et pourtant partisane de la légalisation.
Seul dissident LREM, le député de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, qui est intervenu à la tribune pour soutenir l’initiative progressiste de groupe LFI.

Si le projet de loi d’Eric Coquerel n’avait aucune chances de passer, le débat aura permis de voir émerger un début de compromis possible. Bien loin de la politique « hors de question de légaliser cette merde » chère au Ministre de l’intérieur, la réponse des députés LREM laisse entrevoir un assouplissement de la ligne zéro négociation sur laquelle campait le gouvernement.

Les députés LREM ne sont pas venu nombreux, mais suffisamment pour bloquer le projet de loi porté par Eric Coquerel et la France Insoumise.

“Débat de société et consultation nationale”

Si pour le député LREM Belkhir Belhaddad « une légalisation en fin de mandat n’aurait pas de sens »: rendez-vous est donné en demie-teinte après les élections présidentielles, en cas de victoire d’Emmanuel Macron évidement. Pour l’élu de la Moselle,  “il faut avant tout organiser un débat de société sur la question du cannabis, afin de consulter l’ensemble des citoyens sur sa légalisation.”

Même son de cloche du coté de François Jolivet, pourtant très proche des idées de Gérald Darmanin. Le député de l’Indre estime lui aussi que cet enjeu de taille ne peut être traité « que lors d’un débat et d’une consultation nationale », et non en fin de mandat. Ils semblent s’être donné le mot…

Une bonne nouvelle et un signe d’assouplissement de la majorité sur la question cannabis, qui ne compte pas s’offrir le luxe de tourner le dos à 1,5 millions de consommateurs réguliers et une majorité de français favorables à la dépénalisation de l’herbe.

Eric Coquerel : Liberté, Légalisation, Fraternité.

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A l’initiative d’Eric Coquerel (LFI), un projet de loi de légalisation du cannabis est débattu aujourd’hui jeudi 13 janvier à l’Assemblée nationale. En juin dernier, nous avions rencontré le député insoumis de la Seine Saint-Denis, alors qu’il venait de présenter sa proposition trans-partisane pour examen préliminaire. Entretien.

Vous avez présenté et soutenu un projet de loi trans-partisane visant à légaliser le cannabis. Il y a tant urgence?
Oui, car nous nous entêtons dans une politique de prohibition désastreuse, malgré les quelques avancées sur le cannabis thérapeutique et la tendance grandissante du CBD.
Cette politique axée seulement sur la répression est un indéniable échec qui fait preuve de pas mal de démagogie et de beaucoup d’hypocrisie. L’amende délictuelle, par
exemple, est à mon sens une manière d’admettre notre incapacité à empêcher la consommation en taxant les consommateurs.
Le cannabis représente 80 % du trafic de drogues et seulement 5% des marchandises importées sur le territoire passent entre les mains des douaniers. Même s’il resterait une part de marché noir à réprimer (deux ans après la légalisation au Canada, le marché noir ne représente plus que 40% du commerce de cannabis NDLR), on voit que cela libérerait beaucoup de temps et de ressources. Plus disponibles, les forces de police seraient en mesure de créer des unités spécialisées, de développer les réseaux de douanes et une vraie police de proximité.
Aujourd’hui, le coût exorbitant de la criminalisation de la consommation et son inefficacité avérée indiquent qu’un changement de politique est nécessaire, voire urgent.

“Poser la question de légalisation, c’est restituer le débat en allant aux causes de la problématique”

L’opinion publique est majoritairement favorable à la légalisation du cannabis. La droite et la majorité peuvent-elle faire l’économie de cet électorat?
C’est tout le paradoxe de la situation actuelle, l’opinion publique est de plus en plus favorable et curieuse de cette légalisation alors qu’une partie de la classe politique est de plus en plus frileuse à l’idée d’aborder le sujet. Pourtant des voix favorables et trans-partisanes se réunissent autour de notre projet de loi qui vise à lutter contre le commerce illégal des drogues en France, à l’instar de Caroline Janvier (LREM) qui l’a récemment signé.
Alors que le thème du débat électoral semble être arrêté sur la question de la sécurité, nous visons à le rediriger vers un débat qui tourne autour de solutions pratiques et réalistes pour lutter contre le trafic de drogues. Car c’est bien ce dont il s’agit quand on parle d’insécurité ; l’ennemi numéro un c’est le trafic.
Poser la question de légalisation c’est restituer le débat en allant aux causes de la problématique, au lieu de ne traiter que ses effets.

“Le cannabis pourrait devenir un élément d’intégration”

La légalisation peut-elle se faire en impliquant les quartiers? Croyez-vous en une légalisation qui soit un moteur social?
Si la légalisation du cannabis s’accompagne de la création de filières de formations, et permet à ceux qui ont acquis une forme d’expertise de passer dans un domaine légal dont ils peuvent être fiers, le cannabis pourrait devenir un élément d’intégration. Il ne faut pas oublier les 240 000 personnes qui vivent indirectement et par capillarité du marché illégal, et leur proposer d’autres moyens de subvenir à leurs besoins. Il serait aussi judicieux, de s’inspirer du Portugal : c’est à dire décriminaliser la consommation personnelle de cannabis et d’autres drogues et de passer le dossier du Ministère de l’Intérieur à celui de la Santé, assumant ainsi la prédominance de la santé publique sur la répression. Le succès de leur politique de lutte contre le trafic de drogues est indéniable et mérite qu’on s’en inspire.

“Il serait judicieux de s’inspirer du Portugal”

La légalisation en France, c’est pour quand?
La majorité grandissante de l’opinion politique favorable à la légalisation du cannabis rendra inévitable l’ouverture du débat et nous verrons probablement dans les années à venir de plus en plus de voix partisanes s’élever, à condition que le virage à droite du débat politique soit freiné. La légalisation du cannabis a le
potentiel de renverser la dialectique de répression et de mettre fin à la guerre contre la drogue au profit de la paix sociale. Il ne faut rien lâcher !

Eric Coquerel à l’Assemblée nationale le 13 janvier 2022, alors qu’il soutient son projet de loi sur la légalisation du cannabis.

Bruno Laforestrie: “Hasch, la honte de la République”

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Fondateur de la radio culte Générations 88.2 , aux manette de “Mouv”, la petite dernière de Radio France,  Bruno Laforestrie est l’homme du renouveau Rap et R’n B.
A l’occasion de la sortie de son livre “Hasch, la honte de la République”,  nous l’avons rencontré pour parler du fumant sujet qui fâche. 

Votre ouvrage a pour titre « Hasch, la honte de la République ». Pourquoi hasch plutôt que cannabis ?
Je tenais à parler particulièrement de hasch, et non d’herbe. Le hasch et son traffic sont des sujets encore très tabous en France,  même si depuis quelques mois certaines langues se délient.
« Honte de la République » car je témoigne en citoyen lucide sur les questions publiques, fort de mon expérience en tant que dirigeant de médias proches de la jeunesse.

Un de vos chapitres s’intitule « le cannabisme tue ». C’est à dire ?
Je pars du postulat que le cannabis est une drogue au même titre que d’autres, légales (tabac, alcool) ou pas (cocaïne, MDMA).
Or, quel est l’enjeu d’une politique de santé publique ? C’est de protéger les plus vulnérables. Et dans toute politique de santé publique, une distinction entre mineurs et majeurs s’impose.
Cette distinction est d’ailleurs appliquée en ce qui concerne le tabac et l’alcool, une distinction qui est pour moi essentielle dans le débat, une ligne infranchissable.
C’est ce refus de traiter le cannabis, et donc le hasch, comme un sujet de santé publique qui fait que les tenants et aboutissants de la problématique nous échappent complètement.
On a mis beaucoup de moyens pour expliquer sur chaque paquet de cigarette que le tabac est nocif, mais rien n’est fait pour la prévention en ce qui concerne les dangers sur la santé du duo tabac-haschich. Pas plus n’est fait pour prévenir les dangers et ravages psychologique que le THC peut entrainer sur des cerveaux encore en pleine croissance.

” C’est un enjeu de santé publique au même titre que l’alcool frelaté durant la prohibition des années 30 aux Etats-Unis”

Y-a-t-il un vrai danger ?
Absolument. Sans être un grand connaisseur ou consommateur, on sait qu’il y a de la résine de cannabis nocive pour la santé. Tout simplement parce qu’elle est coupée avec n’importe quoi. Un problème qui ne se pose pas dans les pays qui ont légalisé, à l’instar du Canada. C’est un enjeu de santé publique au même titre que l’alcool frelaté durant la prohibition des années 30 aux Etats-Unis.

Vous parlez d’un glissement social et moral…
L’émancipation via le deal est un mirage: le mec qui pense qu’à 16 ans il va gagner sa vie en faisant du bizz… se plante magistralement. C’est en fait une vie à la petite semaine où le dealer revient quasiment à la condition ouvrière du XIXème siècle, lorsque les travailleurs étaient payés à la journée.
Et bien que nous soyons, au XXIème siècle, passés à une société du travail mensualisée, les petits acteurs du cannabis-business reviennent à une rémunération précaire et journalière : les chouff (guetteurs NDLR), les petits intermédiaires etc.
La prohibition a remis à l’ordre du jour cette précarité absolue. C’est une complète  faillite économique et sociale : on en revient aux pires heures du capitalisme.

“L’émancipation via le deal est un mirage”

Face à ce constat, quels horizons et perspectives pour une légalisation du cannabis en France ?
Du Canada aux États-Unis en passant par le Luxembourg, la Suisse ou Israël, la tendance est à l’ouverture. Pour l’Italie ou le Portugal, l’effet domino est inéluctable.
En France, je veux croire que nous méritons ce débat.

En suivant le modèle Canadien ?
Je ne pense pas que l’on puisse ou doive suivre un modèle existant. Mon analyse est que la politique de gestion du cannabis est le reflet du pays qui l’applique : le traitement de l’alcool n’est par exemple pas le même ici qu’en Suède, en Finlande au Canada ou bien évidemment dans les pays musulmans.
Je pense qu’il nous faut avoir un modèle propre qui pourrait effectivement s’inspirer en partie de schémas existants, avec des spécificités et en prenant compte de l’impact du cannabis dans l’économie des quartiers.
Je pense aux AOC par exemple. Il y a en France une capacité à produire, grâce aux coopératives, où l’État aurait son rôle dans l’analyse et la validation de la qualité du produit. Qu’il soit thérapeutique, bien-être comme le CBD, ou récréatif.
Ensuite, sur la distribution, deux axes importants: le marché noir dans les quartiers criminogènes qu’il est impératif de réduire et la piste de l’auto-culture qui est à mon sens partie de la solution.

“La piste de l’auto-culture (…) est à mon sens partie de la solution”

L’auto-culture pourrait contribuer à nourrir ce futur marché ?
Je trouve que c’est une piste à creuser et pense souvent à l’exemple des bouilleurs de cru. Un système de production locale qui pourrait facilement être appliqué au cannabis pour un marché niché de quelques centaines de milliers de consommateurs (sur 5 millions de consommateurs occasionnels en France, NDLR)
Pour les quartiers difficiles, une transition cannabistique s’impose, permettant à certains de travailler de manière prioritaire pour l’industrie à venir du CBD ou du cannabis si celui se légalise. Il faudra de toute façon mettre des moyens considérables dans la formation et l’accompagnement de chaque jeune sorti de l’école sans diplôme ni métier.
Je suis en tous cas persuadé que la transition passera par une réflexion sur la production locale et l’implication positive des quartiers, sous égide de l’État.
C’est tout le bien que je nous souhaite.

(interview réalisée en novembre 2020)

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Gérald Darmanin refuse de se rendre à son audition parlementaire sur le cannabis et se fait remplacer

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Convoqué en audition parlementaire, Gérald Darmanin était attendu le 6 janvier à l’Assemblée nationale afin de répondre de sa politique sur la cannabis devant un parterre de députés. Le Ministre de l’Intérieur ayant refusé au dernier moment de se présenter, c’est la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement Sarah El Haïry qui s’y est collée. Un grand moment d’enfumage.

Malgré les masques de circonstances, la déception se lisait en grandes lettres sur le visage des participants venus demander au Ministre de l’Intérieur de préciser sa stratégie sur le dossier cannabis.
A l’initiative du député François-Michel Lambert, dans le cadre de la semaine de contrôle du gouvernement, Gérald Darmanin aurait dû, comme l’exige l’exercice, se présenter à 16h à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions de parlementaires de tous bords politiques.
C’est à 15h00, alors que la séance s’ouvre sur une table ronde composée de spécialistes et d’élus, que les participants apprendront que le Ministre de l’Intérieur a déclaré forfait.

Les absents n’ont jamais tort

En lieu et place du premier flic de France, c’est la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement Sarah El Haïry qui s’est présentée pour répondre aux questions des 8 députés qui s’étaient déplacés pour l’occasion. Ces derniers ont vite compris qu’ils auraient mieux fait de rester chez eux tant les réponses fournies par madame El Haïry en disaient long sur l’importance qu’accorde le gouvernement à la pratique parlementaire.
Clairement hors-jeu sur le sujet, la secrétaire d’Etat aura essayé de noyer le poisson à grand coup de langue de bois : l’audition dure une heure et les questions comme les réponses sont limitées à 2 minutes.
Deux minutes de trop semble-t-il pour Sarah El Haïry qui aura nourri le débat d’approximations, contre-vérités et chiffres erronés.

Ne demandez pas le programme

Pour la secrétaire d’Etat qui tentera en préambule de minimiser l’importance du sujet, il n’y aurait en France qu’1,5 million de citoyens qui auraient essayé le cannabis. Ce chiffre est en fait de 18 millions selon le dernier rapport de l’OFDT.
A l’heure de la répression tout azimuts, madame El Haïry n’aura eu de cesse d’affirmer que la politique du gouvernement est axée sur la prévention, arguant sans sourciller que « nous menons la même politique en matière de prévention que le Québec »… où le cannabis est légalisé depuis 2018.
Autre scoop, la doublure cascade de Gérald Darmanin affirme qu’en France “la consommation de cannabis est en baisse depuis les années 80“.
Or, depuis 1980, elle a doublé dans l’Hexagone.

Cette même consommation serait aussi responsable de 500 morts par an sur les routes, un chiffre déjà avancé plusieurs fois par le grand absent du jour, et que nos confrères de Newsweed avaient pris le soin de nuancer.
Sur le retard pris dans l’expérimentation du cannabis thérapeutique:  « c’est à cause de la crise sanitaire que nous n’avons pas pu avancer » justifiera la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement auprès du Ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports.
En Allemagne, le nombre de patients et la quantité de cannabis prescrite a doublé entre 2020 et 2021. Durant la même période, l’Italie a vu sa consommation de cannabis à visée médicale grimper de 30% en 2020 , et à peu près autant en 2021.
Enfin, sur le sujet CBD et l’interdiction de vente et possession de fleurs imposée depuis le 31 décembre, nous apprendrons qu’elle est en partie due au fait que « fumer du CBD, c’est aussi mauvais que la cigarette ».
Les amateurs de tabac n’ont qu’à bien se tenir.

Yann Bisiou, “le marché du cannabis se fera aux dépens de ceux de l’alcool, du tabac et des médicaments”

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Figure emblématique de la légalisation en France, Yann Bisiou est au cannabis ce que Greta Thundberg est à l’écologie : un obstiné de la cause verte. Nous l’avons rencontré pour une interview sans masque et sans filtre.

Quel bilan tirer de la politique française sur le cannabis?
Ces deux dernières années, la France a fait des progrès considérables en matière de légalisation du cannabis et de son usage. Hélas, depuis six mois, nous assistons à un saisissant retour de la guerre contre la drogue et de la prohibition dans ses aspects les plus néfastes. Rappelons que la Loi du 31 décembre 1970, qui pénalise l’usage du cannabis, fut défendue comme un moyen d’incitation aux soins (gratuits) répondant à des enjeux de santé publique.

Que pensez-vous de l’amende délictuelle à 200 euros pour les consommateurs de cannabis ?
C’est une catastrophe. Ou plutôt une catastrophe annoncée: nous savions dès le début que l’amande serait un échec dans la mesure ou elle ne permettrait pas de verbaliser plus de 300 000 contrevenants par an.
300.000 verbalisations en 9 mois sur 135 millions de consommations annuel et 900 000 usagers quotidiens… c’est dérisoire. Par ailleurs, l’amende délictuelle forfaitaire annihile toutes velléités de santé publique puisqu’elle ne permet plus de suivi médical gratuit pour les usagers. Un doux mélange entre idéologie et déni de réalité.

Yann Bisiou, France, cannabis, weed, légalisation,
“Avec la radicalisation du discours politique il faudra être particulièrement vigilant, attentif et aidant envers ceux qui auront le courage de continuer le combat avec un discours raisonnable” Yann Bisiou.

Qui sont les détracteurs de la légalisation en France et quels sont leurs arguments?
Depuis deux ans les efforts pour aborder intelligemment la question de la légalisation étaient trans-partisans et semblaient mettre la droite et la gauche d’accord. Mais le Ministre de l’Intérieur s’est approprié le sujet et en a fait le fer de lance d’un discours ultra-répressif et simpliste : “la drogue s’est mal donc je l’interdis, même si la politique de prohibition est un échec à tous les niveaux”. De fait, on creuse le sillon. On sent la volonté du gouvernement de se rapprocher d’un électorat de droite plus ou moins radicale à l’approche des élections, mais aussi de plaire au lobbies Big Pharma et alcools qui voient l’arrivée du cannabis d’un très mauvais œil. La filière du chanvre est désorganisée et ne porte pas de message unique. A ce titre elle n’est pas encore de taille face aux géants de l’alcool et du médicament.

“Le lobby Big Pharma voit d’un très mauvais oeil l’arrivé du cannabis”

L’argument économique ne peut-il pas séduire la droite ?
C’est un argument à double tranchant: même s’il est réel, le marché du cannabis se fera aux dépens de ceux de l’alcool, du tabac et des médicaments, qui rapportent énormément à l’État. C’est un calcul intéressé. Quant à l’aspect politique de la question, il faut savoir que le débat n’a pas lieu sur un terrain factuel mais sur celui d’ idées préconçues.

La dette croissante,  la crise économique et sociale à venir ne vont-elles pas nous amener à un référendum sur la légalisation?
Je crois qu’un référendum est très peu envisageable à un an des présidentielles alors que les grands thèmes du débat sont déjà figés, entre autres sur la sécurité. Le gouvernement ne changera pas de discours aussi près des présidentielles. Si la question du cannabis est abordée, elle le sera sous le prisme de la sécurité et de la répression.

Qui aurait dans le paysage politique actuel, le courage ou l’intérêt de défendre la légalisation du cannabis ?
Presque toute la gauche s’est exprimée sur le sujet. De manière générale les voix progressistes sont très favorables à la légalisation. A ces dernières, il faudra ajouter quelques voix de centre-droit et de droite. Mais à l’aube des présidentielles, les voix favorables se tairont quand le discours de prohibition sera martelé comme marqueur de la droite dure.

“Le CBD aurait du être le pain béni (…) mais tout est fait
depuis 2018 pour étouffer économiquement la filière”

Le CBD, qui n’a pas d’effets psycho-actifs,  peut-il représenter une alternative viable à ce nouveau marché ?
Le CBD aurait du être le pain béni de la France. Mais tout a été fait depuis 2018 pour étouffer économiquement la filière en limitant les réseaux de distribution et en dissuadant les acteurs du marché d’investir. La commercialisation de fleurs sera interdite au profit de produits dérivés du CBD (crème, huile, etc). Alors que nous sommes un des premiers producteurs de chanvre au monde, nous allons devoir importer notre CBD!

Que peut-on espérer du débat à venir sur la légalisation?
Nous pouvons espérer que la filière du chanvre s’organise autour d’un même discours et d’une même stratégie, au lieu de se diviser comme ils le font aujourd’hui. Avec la radicalisation du discours politique il faudra être particulièrement vigilant, attentif et aidant envers ceux qui auront le courage de continuer le combat avec un discours raisonnable. Il ne nous reste plus qu’à espérer que les forces du progrès ne lâchent pas l’affaire !

Interview réalisée en juin 2021

Berlin commercialise des tickets de métro au chanvre, et ils sont comestibles!

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Alors que 2021 s’achève et que le variant Omicron promet un début d’année anxiogène au possible, la société de transports publics de Berlin propose aux usagers des métros et tramways de la ville des tickets comestible entièrement composés de chanvre bien-être.

L’opération Hanfticket ( billet de chanvre en Allemand), c’est la dernière trouvaille anti-stress proposée aux quelques 950.000 touristes et résidents qui empruntent chaque jour le réseau de transports en commun Berlinois. Depuis le 13 décembre, la société mixte en charge des réseaux ferrés urbains Berliner Verkehrsbetrieb (BVG), met à la disposition des usagers des tickets de transport imprégnés de trois gouttes de CBD, molécule issue de chanvre et reconnue pour ses bienfaits relaxants.
Les sésames du transport tous azimuts sont élaborés à partir de graines de cannabis et ne contiennent aucune substance active aux effets psychotropes.

“T’as le tickets chic au CBD-choc”. (Crédits photo: BVG)

Vendus en édition limitée sous cellophane au prix de 8,80 euros (contre 7 euros habituellement), les tickets magiques seront disponibles jusqu’au 31 décembre. L’opération, qui ne devait initialement durer que 5 jours, a été prolongée devant le succès rencontré par cette belle et verte initiative.

Métro-Bédot-dodo : en Allemagne, la légalisation est sur déjà rails. (Crédits : BVG)

Alors que la légalisation du cannabis récréatif proposée par le gouvernement du nouveau chancelier Olaf Sholtz se profile dans le pays, la BVG signe ici une campagne marketing aussi insolite que réussie en n’hésitant pas à casser les codes des traditionnelles et surannées publicités de Noël.
L’hilarant spot cumule déjà à 2 millions de vues sur Youtube.

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