Gaz à Effet de Serre - Page 4

Le télétravail: une bonne idée contre la Covid-19, une mauvaise contre le réchauffement climatique.

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Bon pour le moral des salariés et la baisse des embouteillages, le télétravail n’est en revanche  d’aucune utilité contre le réchauffement climatique.

C’est la mesure consensuelle par excellence. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, généralisons le télétravail. Tout le monde y gagne. Les travailleurs gaspillent moins de temps dans les transports. Ce qui offre quelques gains de productivité aux entreprises qui les emploient. Moins de trajets domicile-travail, c’est aussi moins de voitures sur les routes et moins de pollutions dans les airs. Le récent confinement a d’ailleurs donné d’excellents résultats. En avril, la demande mondiale d’essence et de gazole a chuté de 15 millions de barils par jour (-29%).

Calculette en main

Dans les métropoles, le trafic automobile s’est contracté de 65 à 95%, selon la dureté des mesures de confinement. A New Delhli, la concentration moyenne de dioxyde d’azote (puissant irritant des voies respiratoires) a diminué des deux tiers. En France, la convention citoyenne pour le climat considère qu’il faut urgemment développer le télétravail pour réduire notre empreinte carbone. Est-ce une aussi bonne idée que cela ? Deux analystes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ont pris leur calculette. Et le résultat de leur cogitation fait réfléchir. Ariane Millot et Daniel Crow imaginent qu’une journée de télétravail hebdomadaire soit instaurée mondialement pour les 20% de salariés potentiellement concernés.

Hausse de la consommation domestique

Cela fera certes baisser la consommation d’énergie des immeubles de bureau, mais grimper la demande d’électricité des logements, pas toujours dotés des équipements les plus sobres. Au Royaume-Uni, la consommation d’électrons des foyers télétravaillant pendant le confinement a bondi de 15%, en moyenne. Or, dans les pays où la production d’électricité est carbonée, cette surconsommation peut alourdir le bilan carbone national. De plus, cette consommation peut s’accroître, en été, dans certains pays, comme les états-Unis, où la climatisation règne en maîtresse.

L’équivalent de 6 heures d’émission mondiale

Finalement, les deux chercheurs estiment qu’une telle mesure réduiraient la demande mondiale d’énergies de 8,5 millions de tonnes équivalent pétrole, de quoi éviter l’émission de 24 millions de tonnes de CO2 par an. Pas mal, pensez-vous ? Cela représente 0,07% du gaz carbonique que génère, chaque année, notre appétit d’énergie. Utile, peut-être, pour améliorer la qualité de vie des salariés, réduire les congestions routières, le télétravail ne sert à rien pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais c’était bien essayé.

 

https://www.iea.org/commentaries/working-from-home-can-save-energy-and-reduce-emissions-but-how-much

 

 

Pourquoi Bruxelles veut plus d’arbres en Europe.

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Plus d’arbres dans l’UE, c’est l’indispensable action imposée par Bruxelles pour atteindre l’objectif fixé d’ un bilan carbone zéro en 2050. Un plan de reforestation qui permettra d’adapter nos villes au réchauffement tout en réduisant notre empreinte. Une très bonne nouvelle.

On le sait peu:  l’Union européenne est le seul espace géopolitique d’importance à vouloir à réduire à néant son bilan carbone d’ici à 2050. Ça n’a l’air de rien, mais il s’agit tout de même de diviser par six ou sept nos émissions de gaz à effet de serre en trois décennies. Essayez un peu pour voir ! Durant le confinement, les Français n’ont grosso modo réduit les leurs que de 7 à 8%. Cela donne une idée de l’ampleur de l’effort qu’il reste à produire.

Une part du Pacte vert

Derrière les plans de relance, gigantesques, la Commission européenne déploie, sans bruit, sa stratégie carbone. Ce pacte vert liste une série de mesures qui modifieront les pratiques dans les domaines de l’industrie, des transports, de l’agriculture, de l’énergie, de la finance, de la fiscalité.Objectif : réduire d’au moins 3% par an nos rejets de gaz à effet de serre (GES). Au vu de l’état des économies et des capacités d’adaptation des populations, il sera difficile de faire mieux. A la fin des courses, nous continuerons donc d’injecter dans l’atmosphère des centaines de millions de tonnes de gaz carbonique (surtout), de méthane, de protoxyde d’azote et autre hexafluorure de soufre.

Séquestrer le carbone

Notre stratégie carbone n’est pas seulement basée sur l’atténuation (réduction des émissions) mais aussi sur le stockage du carbone. Partant du principe que certains milieux naturels (forêts, mangroves, prairies) absorbent naturellement le dioxyde de carbone de l’air et le séquestre dans le sol, les experts de la Commission proposent d’augmenter rapidement les surfaces forestières. Dans un plan de reforestation, présenté en mai dernier, la Direction générale de l’environnement propose de planter 2 milliards d’arbres sur 400.000 km2 : l’équivalent de la surface de l’Italie, de la Suisse, de la Belgique et des Pays-Bas réunis !

Rafraîchir les villes

Le plan vise à reforester d’anciennes friches, si possible à la lisière des villes. Bien sûr, cela permettra de mettre le carbone six pieds sous terre, mais aussi de restaurer la biodiversité urbaine, bien mal en point après des décennies de bétonisation. Last but not least, des massifs forestiers permettront de faire baisser la température ambiante au cœur des villes. Ce qui ne sera pas du luxe pour les étés de ces prochaines décennies.

 

Volodia Opritchnik