Gaz à Effet de Serre

Le chanvre, ce formidable puits de carbone

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Les plantations de chanvre pourront capter plus de CO2 que les forêts les plus carbophiles. Sans compter les utilisations industrielles du matériau végétal. Revue de détails.

Vous ne le savez, peut-être, pas, mais nous avons un grand dessein. Signé en 2015, l’accord de Paris nous oblige à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. à la mitan du siècle, nous devrons, collectivement, équilibrer émissions et sources d’absorption de CO2.

Cela implique, bien sûr, de réduire drastiquement nos rejets de gaz à effet de serre (Ges), probablement d’un facteur six ou sept, en trente ans. Mais aussi de dégoter des moyens de capter et de stocker le carbone résiduel. Les forêts semblent les candidates idéales. Hélas, elles ont tendance à reculer devant les assauts des tronçonneuses. Et les changements de climat à venir font craindre pour la bonne santé des massifs que nous connaissons.

Eponge à carbone

Le cannabis fait figure d’éponge à carbone de compétition. Pourtant, avec sa fine tige et ses feuilles dentelées rien ne semblait désigner Cannabis sativa comme un champion de la neutralité carbone. Et pourtant. Dans les laboratoires du centre pour l’innovation des matériaux naturels (université de Cambridge, Royaume-Uni), on teste tous les biomatériaux (bambou, bois, fibres naturelles, chanvres) susceptibles d’alléger l’empreinte carbone de l’industrie ou du secteur de la construction. Cannabis compris.

En cours, les essais donnent déjà des résultats très prometteurs. Pour le spécialiste des matériaux Darshil Shah, le cannabis pourrait absorber 8 à 15 tonnes de gaz carbonique atmosphérique par hectare de culture. Impressionnant ! En moyenne, un hectare de forêt métropolitaine française stocke 5 tonnes de CO2 par an.

Plastiques et matériaux

Et le bilan décarbonique du cannabis pourrait être meilleur encore ! Car, notre plante favorite (ses fibres surtout) peut remplacer bien des matières dont la production est extrêmement carbonifère. On connaît tous (à défaut d’avoir les moyens d’en acheter !) les jeans en chanvre. Mais les fibres du cannabis peuvent se substituer à bien des plastiques d’origine gazière ou pétrolière, mais aussi à l’aluminium et à certains aciers. Autant de matériaux dont la production est extrêmement énergivore et donc génératrice de gaz à effet de serre.

Last but not least : le cannabis pousse très bien sans engrais. Or, la décomposition des engrais azotés est l’une des principales contributions au renforcement de l’effet de serre d’origine agricole. Qu’on se le dise !

 

Le désastre écologique des plantations de cannabis illégales

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Contrairement aux plantations contrôlées, la culture mafieuse de cannabis s’avère désastreuse pour la biodiversité, l’eau et le climat. Exemples choisis en Californie et au Maroc.

La culture industrielle hors-la-loi de weed est une véritable saloperie. Rien de moral, là dedans: c’est juste le résultat de l’écobilan des plantations illégales de cannabis. Qu’on en juge plutôt.
Le sujet est bien documenté en Californie, état qui abrite plus d’un fumeur américain sur deux. Avant que la culture n’y soit autorisée, le Golden State a été la terre promise des illégaux. Avec des dégâts à la clé. Souvent nichées dans des espaces naturels, les plantations ont fortement dégradé les biotopes. Les outlaws n’hésitant pas à drainer les zones humides (à la riche biodiversité) pour annexer de nouvelles terres, à épandre des pesticides jamais bienvenus dans la nature.

Plus gloutonnes que les vignobles

L’été, les cultivateurs n’hésitent pas non plus à pomper massivement l’eau des rivières pour irriguer leurs rangs de weed. Selon les calculs de Scott Bauer (département de la faune sauvage de Californie), l’irrigation d’un km2 de cannabis consomme près de 3 milliards de litres d’eau par saison. Au total, la weed illégale engloutit deux fois plus d’eau que les vignobles californiens.

Un désastre pour une région désertique, soumise à des vagues de chaleur régulière depuis une dizaine d’années. Dans le triangle d’émeraude, la martre de Humboldt (Martes caurina humboldtensis) et nombre de chouettes ont fuit devant les milliers de plantations sauvages que cette zone du nord-ouest de la Californie abrite désormais.

Contre-exemple marocain

Moins d’espaces naturels, moins d’eau, des pesticides jusqu’à plus soif : c’est la porte ouverte à la déforestation, émettrice de gaz à effet de serre. Un sujet que connaissent bien les autorités marocaines. Depuis des décennies, le royaume chérifien produit et exporte cannabis et résine vers l’Europe. Plus de 130 000 hectares étaient affectés à cette culture, avant la légalisation, il y a quelques semaines, de la culture du cannabis « thérapeutique ». Cela ne devrait pas arranger l’état de la forêt marocaine, ni celui du climat.

Un dernier exemple pour la route ? Pour être rentable, la culture indoor de weed est grande consommatrice d’eau, de nutriments, de pesticides et … d’électricité. Cette dernière alimente les systèmes de filtration d’air, les pompes et les lampes qui ne s’éteignent pratiquement jamais.
Environ 3% de l’électricité californienne alimentent des serres à cannabiques, dont plus des deux tiers sont encore illégales. La production d’un kWh d’électricité californienne émettant, en moyenne, 430 grammes de CO2, on peut donc estimer que la mafia du cannabis californienne émet, directement, près d’un demi million de tonnes de gaz carbonique par an.
Et sans payer le moindre quota d’émissions !

Circuit court : quand le CO2 rejeté par les brasseries alimente les plantations de cannabis

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L’un des principaux producteurs de weed du Colorado nourrit ses plants avec du gaz carbonique produit par une brasserie voisine. Un partenariat bon pour les deux entreprises comme pour le climat.

Avouons-le : le CO2 n’a pas bonne presse. Même dans les colonnes virtuelles de ZeWeed. Il faut dire que ce composant essentiel de notre atmosphère a une fâcheuse tendance à l’embonpoint. Il fait l’important. Et cela produit quelques étincelles climatiques.
Pourtant, ce gaz carbonique est vital. Les plantes chlorophylliennes, comme le … cannabis, le consomment pour se nourrir. Celles et ceux qui agrémentent leur intérieur de jolies plantations clandestines connaissent bien le sujet : comment injecter suffisamment de CO2 dans le placard avant la floraison ? Le même problème se pose aux cultivateurs professionnels, mais en plus gros. Faute de solution, nombre d’entre eux engraissent des producteurs de gaz industriels pour sécuriser l’approvisionnement de leurs plants sous serre en dioxyde de carbone.

 Un deal bière-chanvre

Dit autrement, les serristes paient cher un gaz dont certaines entreprises cherchent à se débarrasser. Il y a là un terreau fertile pour la conclusion d’un deal ! C’est précisément ce qu’ont fait, cet été, les dirigeants du producteur de weed The Clinic et de Denver Beer Co, un brasseur de Denver (Colorado).
Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de cet accord, plongeons-nous dans les affres de la fabrication de la bière. L’une des principales étapes de sa production est la fermentation, opération durant laquelle des levures vont transformer le moût en liquide plus ou moins buvable. A cette occasion, les micro-organismes produisent de l’alcool, des arômes et du … CO2 (4 kg/hectolitre). Les brasseurs industriels captent et réutilisent dans leur procédé les trois quarts du dioxyde de carbone ainsi généré. Le surplus finit généralement dans l’atmosphère.

Allègement du bilan carbone

Après plusieurs mois d’expérimentation, les deux compagnies ont finalement trouvé un terrain d’entente. Denver Beer capte et stocke son gaz carbonique superflu dans un réservoir en inox. Il est ensuite transporté à 10 km de là pour être vaporisé dans les serres de The Clinic, qui réduit ainsi de 15 % ses coûts de production. Ce faisant, le brasseur allège d’une cinquantaine de tonnes par de CO2 son bilan carbone annuel. Il en profite pour faire un petit bénéfice en revendant, à petit prix, son coproduit carboné à son nouveau partenaire..
Soutenue par l’Etat du Colorado (qui entend réduire de moitié ses émissions carbonées entre 2005 et 2030), l’opération pourrait susciter bien des vocations. Amy George, la PDG d’Earthly Labs, la start-up texane qui a conçu le système de captage du carbone, estime que l’on pourrait ainsi valoriser un milliard de tonnes de CO2 par an : l’équivalent de 20 % des émissions US annuelles. Pas si mal, comme recyclage.

 

Faut-il manger des vaches pour lutter contre le réchauffement climatique?

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Jamais où on l’attend, le truculent et génial Michel Gondry a encore frappé. Cette fois pour nous parler de gaz à effet de serre et des flatulences éco-friendly des vaches à steak Burger King. Alors faut-il manger plus de bovins BK pour qu’ils pètent moins de méthane? N’avaler que des Wooper pour refroidir la planète ?

Si la réponse est non, Burger King a demandé à Michel Gondry de nous prouver le contraire.
Il s’agira donc dans cette campagne de vendre les faltulences vertes des vaches BK et nous dire que malbouffer, maintenant, c’est écolo-OK.
Comme si les vents de vaches étaient la seule problématique liée à l’élevage et abattage intensif.
C’est donc sur un air des plus entraînant que le géant du fast-food US veux nous faire avaler une viande que l’on viendrait presque à prendre pour du tofu, tout attendris que nous sommes par l’univers bucolico-kitch de Michel Gondry.

Dans le spot, nous trouverons des vaches, des arbres, des nuages, un gamin déguisé en cow-bow blanc et la citronnelle.
Et c’est là le message : les vaches qui broutent de la citronnelle pètent nettement moins que celles qui consomment du gazon conventionnel.

La chansonnette est poussé par Mason Ramsey, 10 ans et baby-star du Country-Yodel aux États-Unis avant de finir sur un “Puisque nous faisons partie du problème, nous nous efforçons de faire partie de la solution”, pieusement livré en fin de spot.

Burger King annonce ainsi vouloir revoir en profondeur son impact environnemental. Cette révolution, BK  la voit passer par l’alimentation des ruminants qui finiront mâchés. Le prout qui cache la forêt de m…?

Second hic : les steaks servis dans les Burger King Canadiens et Européens ne proviendront pas de vaches nourries à la citronnelle. Seuls quelques hamburgers moins puants seront disponibles, à la carte, uniquement dans les BK de Los Angeles, Miami, Austin, New York et Portland.
Quant au réalisateur Michel Gondry, il est végétarien.

Au Colorado, la culture légale du cannabis mine l’environnement.

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Dans l’Etat pionnier du Colorado, les serres légales de cannabis émettent plus de gaz carbonique que les … mines de charbon.

Malgré sa capacité à absorber le CO2, le cannabis n’est pas toujours d’un grand secours pour les protecteurs du climat. Jusqu’à présent, l’opprobre carbonique était surtout jeté sur la production illégale de weed.

De récents calculs ont montré, qu’en Californie, les serres cannabiques outlaw pouvaient émettre jusqu’à 500 000 tonnes par an de gaz carbonique. La faute e revient essentiellement aux lampes utilisées pour doper la croissance de la plante ; Puissants, ces spots consomment beaucoup d’électricité, dont la production (souvent avec des centrales à gaz, voire au charbon) est source d’émission de dioxyde de carbone.

2,6 Mt de Ges par an

Hélas, trois fois hélas, les plantations mafieuses ne sont pas les seules à afficher une lourde empreinte carbone. L’équipe de Hailey Summers (université du Colorado) a voulu en savoir plus. Ces chercheurs en durabilité ont évalué la contribution au renforcement de l’effet de serre des cultures légales de cannabis dans le Colorado : premier Etat fédéré à avoir autorisé consommation et production d’herbe.

Le résultat n’est pas réjouissant. Dans leur article, publié par Nature Sustainability, les scientifiques, la production d’un kilogramme de fleurs sèches génère 2,3 tonnes à 5,2 tonnes de CO2. Au vu des dernières statistiques de production, cela représente un bilan carbone annuel  de 2,6 millions de tonnes de CO2 équivalent : +30% par rapport aux émissions imputables aux émissions des mines de charbon de l’Etat du centenaire.

Un business en forte croissance

Cela ne devrait pas s’arranger. Selon la banque d’affaires Cowen and Company, le chiffre d’affaires du cannabis US pourrait grimper d’un tiers d’ici à 2030. La décarbonation de la weed n’est pas en marche. A moins, bien sûr, que les exploitants de serre ne fassent preuve d’un peu de modernisme.

En remplaçant leur système d’éclairage à incandescence par des LED, ainsi que leur système de ventilation par des dispositifs à basse consommation. La généralisation de ces deux mesures simples pourrait abattre les émissions carbonées de 90% les émissions imputables aux serres de weed. De quoi aussi alléger d’un gros pourcent les statistiques d’émissions de l’Etat.

Il faudra faire beaucoup mieux. Votée en 2019, la loi du Colorado sur le climat impose à l’Etat de réduire de moitié ses émissions entre 1990 et 2030. Serres de cannabis comprises !

Climat : et si la vérité tombait du ciel ?

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L’espace se peuple de satellites traqueurs d’émission de gaz à effet de serre. Une activité favorable à la protection du climat et au développement du business.

Cela vous étonnera peut-être. Mais le sommet climatique onusien, qui s’est achevé le 13 novembre, a produit quelques résultats. Pas de quoi donner le sourire à Greta Thunberg, bien sûr. Mais de quoi donner quelques sueurs froides à 195 gouvernements.
L’ONU exige, en effet, que tous les pays ayant ratifié l’accord de Paris révisent leur politique climatique à 2030. Ripolinage interdit ! Il faudra démontrer, point par point, comment les 27 de l’UE, les USA, la Chine, l’Inde, tous ceux qui crachent du CO2 vont effectivement se mettre sur une trajectoire nous permettant, à (long) terme de stabiliser le réchauffement à +1,5 °C. Il y a le feu au lac. Car au rythme d’émission actuel, le thermomètre planétaire aura grimpé de 1,5°C d’ici à 2030.

Les inventaires sont faux

Encore deux choses. Nous placer sur la bonne trajectoire signifie réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre (Ges) en … 10 ans. Autre détail : les Etats ont encore un an pour revoir leur copie. Ça va chauffer dans les administrations !
L’un des points à surveiller sera les émissions nationales : la base de calcul de tout le reste. Or, en matière d’inventaire, une chose est certaine : les chiffres dont nous disposons sont … faux. Il y a des pays qui les maquillent, en oubliant qu’une bonne part de leur empreinte carbone est imputable aux industries qu’ils ont délocalisées.
Il y en a qui oublient, purement et simplement, de fournir la moindre estimation de leurs émissions polluantes. D’autres se contentent de publier une évaluation approximative quand bon leur chante. Sans gendarme, il y a peu de chance que la transparence se fasse. Mais ça, c’était avant.

Start-up canadienne et française

Depuis quelques mois, deux entreprises se positionnent sur le marché de la surveillance des émissions. Au Canada, GHGSat a lancé une constellation de trois micro satellite de télédétection. De la taille d’un four à micro ondes, Claire, Iris et Hugo détectent les émissions de méthane (un gaz à effet de serre invisible et 28 fois plus réchauffant que le CO2), en localisent la source et évaluent le flux. De vrais petits mouchards !
Son principal concurrent, Kayrros, fait peu ou prou la même chose. Mais en s’appuyant sur un plus grand nombre de satellites (dotés de plus de capteurs que les satellites canadiens), la start-up française chasse méthane et CO2. De quoi intéresser les scientifiques. Mais pas seulement.

Kayrros travaille de temps à autre pour des ONG. Objectif : dénoncer les industriels qui vidangent en douce leur gazoduc sans se soucier de leur impact sur le climat. Gazprom est coutumier du fait. Les écolos ne sont pas les seuls à vouloir mettre les Ges sous les feux de la rampe spatiale. De plus en plus, les traders font surveiller les entreprises dont ils convoitent les actions. Dans ce cas, les investisseurs s’assurent que les performances réelles des sites industriels concordent avec le discours de leurs dirigeants.
Balbutiant, le marché de la surveillance spatiale des émissions de Ges devrait connaître un véritable boom dans les prochains mois. Les grandes agences spatiales s’apprêtent à expédier des traqueurs de CO2 en orbite. Elles ne manqueront pas de clients !

Good Cop 26 ou bad Cop 26?

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Alors que le 26ème sommet climatique vient de s’achever et que je quitte Glasgow avec les quelques 250 autres journalistes accrédités, une question demande réponse: Au fait, c’est bon pour le climat, la COP ?

Peut-on évaluer l’efficacité climatique de la COP ? Pas simple. Mais on peut. Le résultat sera fonction de ce que l’on regarde. Si l’on se focalise sur l’empreinte carbone de la COP proprement dite, le gouvernement britannique — organisateur du sommet — a une réponse toute prête : la conférence sera … neutre en carbone.

Pour ce faire, l’administration de Boris Johnson a quantifié les émissions imputables aux voyages des 30 000 personnes accréditées, à leur nourriture pendant la quinzaine, aux déplacements qu’ils ont fait durant leur séjour. Au total, ce grand déplacement aurait généré 102 500 tonnes de gaz à effet de serre (Ges). Soit 10 000 fois votre bilan carbone perso annuel. Inévitables, ces rejets vont être « compensés » par l’achat de crédits carbone.

250 journalistes accrédités, dont votre serviteur.

Promesses en stock

D’accord. Et le reste ? La quinzaine a été ponctuée de très nombreux engagements. Des Etats ont promis de réduire d’un tiers leurs émissions de méthane (un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO2), de protéger les forêts (qui absorbent et stockent le gaz carbonique), de baisser la consommation d’énergies fossiles, de développer la voiture électrique, etc. Toutes ces promesses contribuent-elles vraiment à notre bonheur climatique ?

Là encore, tout dépend de votre interlocuteur. Quelques jours avant l’ouverture du grand barnum de Glasgow, l’ONU avait évalué l’impact des politiques climatiques des Etats à 2030. Verdict : elles devraient contribuer à accroître de 13,7 % les émissions mondiales de Ges entre 2010 et 2030. Or, si nous voulons atteindre la neutralité carbone à la mitan du siècle (l’un des objectifs de l’accord de Paris), nous devons les réduire de 45 % durant la même période. De quoi nous emmener vers un réchauffement de +2,7°C à la fin du siècle.

De belles promesses faites durant cette 26ème Cop. Reste à espérer que les nations engagées ne s’en laveront pas les mains.

Evaluations à la chaîne

Durant la première semaine, l’Agence internationale de l’énergie a évalué les effets des nouveaux engagements, sensés compléter les politiques nationales. Les nouvelles sont meilleures. Si tous les engagements sont tenus dans la durée, le réchauffement pourrait être stabilisé à +1,8°C. C’est dans la fourchette fixée par les rédacteurs de l’Accord de Paris : entre +1,5°C et +2°C.

A la fin des deux semaines écossaises, le verdict est tombé. Climate Action Tracker (CAT) a sorti ses calculettes. Après quelques soirées de phosphoration intense, le réseau international de climatologues estime que, conjuguées aux politiques nationales les nouvelles promesses sont susceptibles de faire baisser nos émissions annoncées de 24 à 25 % par rapport au scénario d’octobre de l’ONU. C’est bien, mais très insuffisant. Selon CAT, il faudrait faire deux fois mieux pour nous placer sur une trajectoire nous permettant de stabiliser le réchauffement à +1,5°C. Rendez-vous, l’an prochain, à Sharm-El-Cheikh pour la prochaine COP et de nouvelles promesses.

Manuel de suivi de la COP 26

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Le sommet climatique annuel s’est ouvert le 31 octobre. Depuis Glasgow, je vous en dit un peu plus sur les enjeux de cette 26ème Cop.

Des hordes de policiers tout de jaune fluo vêtus. Des pèlerins qui chantent contre la fin du monde. Des cortèges de Jaguar électriques officielles. Des milliers de diplomates, experts, chefs d’Etats et de gouvernements, journalistes, associatifs, encadrés par la police de l’ONU. Bienvenue à la COP 26, le 26e sommet annuel sur le climat de l’ONU, qui tient ses quartiers sur les anciens docks de Glasgow. Deux semaines durant, tout ce petit monde va tenter de faire avancer la cause climatique. Laquelle en a bien besoin.

Objectif neutralité carbone: de quoi mettre de l’électricité dans l’air.

Décrets d’application

Au menu de cette édition écossaise : l’achèvement des règles d’application de l’accord de Paris. Comme une loi a besoin de décrets d’application, l’accord conclu à l’issue de la COP 21 doit être complété par un livret d’utilisation, en quelque sorte. La plupart de ses chapitres ont été rédigés.

Il manque les paragraphes qui encadreront la comptabilité des émissions nationales de gaz à effet de serre (Ges), le commerce desdits quotas et la possibilité laissée aux Etats les plus riches d’investir dans des projets « bas-carbone » dans les pays du sud. En contre-partie de … crédits carbone.

A la Cop 26, il y a ceux qui se dirigent vers les endroits désignés…

Loin de la neutralité carbone

Durant cette quinzaine, les 195 Etats ayant ratifié l’accord de Paris devront réviser à la hausse leur contribution climatique nationale (NDC, en jargon). Il s’agit de montrer que la communauté internationale entend agir fortement d’ici à 2030. Pour le moment, ce n’est pas le Pérou. Les dernières évaluations de ces « NDC 2e génération » ne sont pas folichonnes. L’ONU estime qu’elles permettront de limiter à 16 % la hausse des émissions mondiales de Ges d’ici à 2030.

Ce qui devrait nous conduire sur le chemin d’un réchauffement de 1,5°C à la même date et de 2,5 °C d’ici la fin du siècle. Pour nous placer sur la voie de la neutralité carbone, les émissions mondiales devraient baisser d’environ 5 % par an. Nous en sommes loin.
A Glasgow, les négociateurs devront aussi s’accorder sur un objectif global d’adaptation aux effets du réchauffement. Sujet difficile car il existe pratiquement autant de définition de l’adaptation que de chancelleries. Nul ne propose non plus de moyen consensuel d’en mesurer l’évolution, la gouvernance, etc.

…Et ceux qui désignent les dirigeants qui marchent à l’envers.

“Progrès collectifs”

D’autres débats passionnés s’intéressent aux questions de genre, aux populations indigènes, aux pouvoir de réchauffement global des Ges à prendre en compte, à l’intégration (ou non) de l’aviation et du transport maritime, etc.
Puisque nous sommes dans les problèmes complexes, il est aussi temps d’aborder le grand bilan mondial. Devant être publié en 2023, ce Global Stocktake doit évaluer les « progrès collectifs » accomplis dans la mise en œuvre de l’accord de Paris. Mais comment procéder à cette évaluation, sur quelles bases ? Les experts se chamaillent, par exemple, sur la prise en compte de l’agriculture dans l’atténuation (la réduction des émissions) et l’adaptation.

Toutes ces négociations pourraient toutefois trébucher sur un sujet majeur : les financements nord-sud. En 2009, les gouvernements des pays les plus riches (ceux de l’OCDE, en résumé) avaient annoncé vouloir octroyer une aide collective de 100 milliards de dollars par an, aux pays les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement, à partir de 2020. La promesse n’a pas été tenue. Et ne le sera probablement pas avant 2023. Les pays du G77 (qui compte plus de 130 nations) devraient en profiter pour obtenir des compensations sur d’autres dossiers.

Viens, je t’emmène à la … COP 26

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La planète climat se réunit à Glasgow (Écosse) durant la première quinzaine de novembre. L’occasion de relancer la lutte contre le réchauffement ? Ce n’est pas gagné.

Dernière semaine de tranquillité. Dès le 31 octobre, de climat tu seras abreuvé. Et la cure deux semaines durera. Pas de rapport du Giec, à l’horizon. Cette fois, c’est l’ONU qui convie le monde à Glasgow. Objectif du sommet écossais : relancer la cogestion mondiale de ce bien commun qu’est notre climat. Habituellement, l’ONU convoque une COP* climatique chaque année à pareille époque. La Covid en a décidé autrement en 2020. Voilà deux ans que nos gouvernants ne s’étaient retrouvés pour parler CO2, coopération nord-sud, adaptation, etc.

La Scottish Session est particulière. Durant cette quinzaine dans la cité des Celtic, les 195 Etats ayant ratifié l’accord de Paris de 2015 devront présenter de nouveaux engagements à moyen terme. En jargon : les contributions nationales volontaires (NDC). Au dernier recensement, 140 pays ont déjà rendu leur copie. Manquent encore notamment les NDC chinoise et indienne. Embêtant, car les deux puissances asiatiques émettent, ensemble, le tiers des émissions anthropiques de gaz à effet de serre.

Décevantes promesses

Ces promesses sont décevantes. Si elles sont tenues dans la durée, elles nous permettront, au mieux, de limiter à 53 milliards de tonnes de Ges par an nos émissions à l’horizon de 2030. Pour stabiliser le réchauffement à +1,5 °C à la fin du siècle, il faudrait en rejeter deux fois moins à cette échéance. La COP sera l’occasion de trouver de nouveaux moyens de réduire notre contribution au changement climatique.

Il sera aussi question d’argent. En 2009, les pays les plus riches s’étaient engagés à verser 100 milliards de dollars par an aux nations les plus vulnérables, à partir de 2020. Le deal n’a pas été tenu. Il faudra en conclure un autre et dissiper le sentiment de défiance qu’éprouvent certaines chancelleries du Sud à l’égard des capitales du Nord.

Vous avez dit adaptation ?

Ce sera nécessaire pour boucler la suite du programme. La COP 26 doit achever la rédaction des règles d’application de l’accord de Paris. Et notamment celles encadrant la comptabilité des émissions des pays et les échanges de crédits nationaux d’émission. Sujets éminemment politiques et terriblement complexes.
Dans la même veine, la communauté internationale doit aussi s’accorder sur un objectif global d’adaptation aux conséquences du réchauffement. Problème : à chaque pays sa conception des efforts à accomplir en ce sens. Menacés par la montée du niveau de la mer, les États iles du Pacifique seront plus sensibles à cette thématique qu’à la fonte des glaciers, sujet qui inquiète bon nombre de pays andins et alpins.

Les moyens de se disputer sont innombrables dans une COP. Au cours de cette 26e édition, les Etats devront aussi composer le menu du Global Stocktake, le grand bilan de l’action climatique mondiale, qui devra être présenté lors de la COP 28, en 2023.
Est-ce à dire que la stabilisation du réchauffement est un projet d’avenir et qu’il le restera ?

 

* La lutte contre le réchauffement est encadrée par une convention de l’ONU (CCNUCC), signée en 1992. Chaque année, les pays ayant ratifié ladite convention — les parties — se retrouvent pour une conférence des … parties ou COP. Ce parlement mondial élabore et vote les décisions entrant dans le cadre de la CCNUCC. En 2015, les parties ont adopté l’accord de Paris (Cop 21)qui vise à stabiliser le réchauffement entre 1,5 et 2 °C d’ici la fin du siècle.

Neutralité carbone : Les assurances Zurich renoncent aux transports aéronautiques

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Le groupe d’assurance suisse Zurich se lance à la conquête des émissions négatives en faisant un croix sur les courriers postaux et en imposant à ses cadres le transport ferroviaire.  Explications.

Que les banquiers se rassurent. La capitale financière de la Suisse dispose toujours d’un aéroport ouvert au trafic aérien. La véritable nouveauté est l’accélération de la politique anti carbone de Zurich Insurance Group. Le géant européen du secteur de l’assurance estime déjà avoir atteint la neutralité carbone en 2014. Ce n’est pas le Valhalla du bas carbone. Cela signifie simplement que ce groupe mondial émet autant de gaz à effet de serre (Ges) qu’il n’en fait absorber par des forêts, par exemple.

Retirer du carbone de l’air

Or, aujourd’hui, nous avons émis tellement de Ges qu’il nous faut non plus atteindre l’équilibre entre les émissions et les absorptions de CO2, mais retirer du carbone de l’atmosphère pour stabiliser rapidement le réchauffement. En jargon onusien, on appelle cela les « émissions négatives ».
C’est précisément ce que cherche à faire le groupe d’assurance suisse. Dans un premier temps, ses collaborateurs ne devront pratiquement plus prendre l’avion. « Dès 2022, nous baisserons de 70 % nos émissions imputables aux voyages aériens par rapport à la période pré-pandémique », indique le groupe dans un communiqué. De leur côté, les clients ne recevront plus de courrier Zurich par la poste. Toute communication passera par courriel, réputé moins carboné que le facteur.

Parce qu’il faut bien visiter les clients de temps en temps, Zurich électrifie tous ses véhicules de société. L’intégralité de la flotte sera renouvelée en 2025. Les bureaux seront petit à petit installés dans des immeubles à basse consommation et produisant eux-mêmes leur énergie renouvelable.
La lutte contre le réchauffement passe aussi par la nourriture : 20 % de nos émissions étant imputables à notre système alimentaire. Dans ses cantines, Zurich ne servira plus que des menus produits avec des fruits et légumes de saison et locaux. Des boîtes seront mises à la disposition des salariés pour qu’ils ramènent chez eux les portions inachevées. Autant de gaspillage alimentaire en moins.

Soutien à Salgado

Voilà pour l’interne. Car à l’extérieur de ses locaux, Zurich ne restera pas inactif. Le groupe entend notamment investir dans des entreprises développant des solutions dites « bas carbone ». Dès janvier prochain, ses clients se verront proposer des véhicules d’investissement dans les énergies renouvelables.
L’entreprise participe enfin à un programme de restauration de la forêt amazonienne dans l’Etat brésilien du Minas Gerais. Initié par le photographe Sebastião Salgado, ce projet permettra tout à la fois de ressourcer la biodiversité brésilienne et de stocker du carbone.

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