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31 sénateurs appellent à la légalisation du cannabis en France

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Plus 30 sénateurs des groupes socialiste, écologiste et républicain ont appelé à un référendum sur la légalisation du cannabis en France. Si le pays des droits de l’homme continue d’appliquer une des politiques les plus répressives d’Europe, il est aussi celui qui compte le plus grand nombre de consommateurs d’herbe du vieux continent.

La lettre, co-signée de 31 sénateurs et publiée dans le journal Le Monde mercredi 17 août, explore plusieurs options pour la légalisation du cannabis, rejetant celle de la dépénalisation.
Concrètement, la tribune appelle au lancement d’une vaste consultation (sous forme de référendum) visant à légaliser la consommation adulte du cannabis en France.

La dépénalisation,  « une option cynique et populiste »

Parmi les signataires figurent les socialistes Patrick Kanner et David Assouline, respectivement sénateurs du Nord et de Paris ou encore Ludovic Mendès, sénateur Reconquête de la Moselle. Ce dernier s’était d’ailleurs exprimé le jour de la publication de la tribune sur la radio France Inter.
La lettre ouverte précise que selon un récent rapport de l’Assemblée nationale “Près de 18 millions de nos concitoyens ont consommé du cannabis à des fins récréatives“.  Bien qu’il soit interdit, 1,5 million de français consomment régulièrement du cannabis.

Les sénateurs estiment que la légalisation du cannabis est un enjeu de société que les pouvoirs publics doivent s’approprier du sujet et qu’il appartient au Gouvernement de répondre aux inquiétudes légitimes qui pourraient exister chez les tenants d’une prohibition pure et dure.
Au sujet de la dépénalisation, les 31 sénateurs ajoutent que cette dernière  “ne ferait quacheter la paix sociale avec un certain cynisme ”  rejetant catégoriquement cette ” option démagogue et populiste “.

Protéger la jeunesse du pays

La tribune compare la légalisation du cannabis aux politiques publiques existantes sur le tabac et l’alcool ou encore les jeux d’argent, ajoutant qu’une fin de prohibition de l’herbe donnerait à l’Etat les moyens d’agir plus efficacement pour mieux protéger les citoyens et notamment les jeunes.
A terme, les sénateurs estiment que l’Etat pourra tirer des recettes fiscales de ces marchés et même prétendre relancer l’économie, notamment dans les domaines de la justice et des forces de sécurité.

En juin 2019, 70 médecins, économistes et autres professionnels avaient publié dans l’Obs une lettre ouverte au gouvernement en faveur de la légalisation du cannabis. Un an plus tard, toujours dans l’Obs, une soixantaine d’élus de tous bords se positionnaient en faveur de la légalisation.

 

Do Weed Yourself: Le boom de l’auto-culture en France

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Travail à domicile, école à domicile, loisirs à domicile, 2020 et 2021 auront vu l’avènement du “fait-maison”. Le cannabis n’a pas échappé à la règle. La pratique du homegrowing (soit la culture à usage personnel de quelques plants)  dans l’Hexagone concernerait aujourd’hui quelque 220.000 enthousiastes du jardinage récréatif. Zeweed a mené l’enquête.

Galères d’approvisionnement, flambée des prix et beaucoup de temps passé chez soi: en près de deux ans, la pandémie a incité nombre de consommateurs à se lancer dans la culture à domicile.
A Ivry, en banlieue parisienne, Louis s’apprête à voir 16 semaines de patience récompensées: dans quelques jours, il récoltera sa 4ème production. Des trois pieds de cannabis plantés chez lui dans une tente de culture d’un mètre carré de surface pour 180 cm de hauteur, le quadragénaire espère tirer « environ 250 g une fois séchée » .
Pouvoir fumer une herbe de qualité et ne « plus avoir à se rendre au four” (lieux de deal dans les quartiers), Louis y pensait depuis quelque temps.
Alors quand en mars 2020 il a été astreint à résidence, comme 68 millions de ses concitoyens, il passe à l’acte et commande sur le net une lampe LED, une tente, un filtre à charbon et un extracteur, le primo-kit nécessaires à la croissance de la belle plante.
Sur un autre site, il trouvera le terreau, les engrais et les graines. Le terreau, l’engrais et les graines viennent d’Espagne, le matériel horticole de France et d’Allemagne.

Pour son installation, Louis aura dépensé “environ 500 euros, soit le minimum pour avoir un bon matériel”.
A chaque nouvelle plantation, Louis n’a plus qu’à acheter du terreau, de l’engrais et bien entendu des graines. “Quand je fait pousser, ça ne me coute que 60-70 euros pour des mois de conso’ perso. C’est un très bon deal” s’amuse ce grand gaillard au rire sonore.

Trop chaud au four

En septembre 2020,  une amende forfaitaire de 200 euros pour les consommateurs était mise en place par le gouvernement Castex, avec obligation de résultat de la part des forces de l’ordre.
Déjà, j’essayais d’éviter d’aller pécho au four parce que franchement, c’est stress et pas toujours top. Mais là, si en plus tu te fais allumer à la sortie et que tu dois payer les flics pour repartir les poches vides, c’est même pas la peine. Et les mecs qui livrent à domicile sont bien trop cher : de 12 à 15 euros le gramme“, explique ce jovial graphiste au cheveux longs et au look raffiné.

 
Le boom des grow-shops

L’auto-culture n’a pas non plus attendu une pandémie pour s’imposer dans l’Hexagone.
Parce qu’elle contribue à répondre aux besoins des Français (5 millions d’usagers dans l’année et 900.000 fumeurs quotidiens), les commerces et plateformes en ligne destinées à l’auto-culture étaient déjà en place. En 2017, 7 % des consommateurs réguliers de cannabis de 18 à 64 ans confiaient déjà fumer leur propre production, selon le baromètre de Santé Publique France. Soit “entre 150 à 200.000 personnes”, précise le sondage. En 2019, il était passé à 11%.
Pour répondre à la demande, le nombre de “growshops”, ces magasins spécialisés dans la vente de matériel destiné à cultiver de la weed, a quintuplé depuis 2009 pour atteindre 350 enseignes en 2019

Cultivateurs et grow-shops sous surveillance

Un fleurissement de growshop qui n’a pas été sans attirer l’attention des autorités. En juin 2021, c’est quelque 960 pieds de cannabis qui ont été saisis chez une centaine de cultivateurs dans la Marne et l’Aube. Les forces de l’ordre avaient repérés les cultivateurs en herbe en surveillant trois “growshops” où ils se fournissaient. Puis les gendarmes les ont tout simplement pisté jusqu’à leur lieu de production.
Si Louis assure ne faire pousser que sa consommation personnelle, il sait que le risque existe. Prudent, l’apprenti grower de weed a pris ses précautions en adoptant la technique du SCROG, qui lui permet de maximiser le rendement avec seulement 3 plants en terre. “Si un jour la police vient frapper à ma porte, j’imagine que ça limitera les dégâts“.

Eric Coquerel : Liberté, Légalisation, Fraternité.

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A l’initiative d’Eric Coquerel (LFI), un projet de loi de légalisation du cannabis est débattu aujourd’hui jeudi 13 janvier à l’Assemblée nationale. En juin dernier, nous avions rencontré le député insoumis de la Seine Saint-Denis, alors qu’il venait de présenter sa proposition trans-partisane pour examen préliminaire. Entretien.

Vous avez présenté et soutenu un projet de loi trans-partisane visant à légaliser le cannabis. Il y a tant urgence?
Oui, car nous nous entêtons dans une politique de prohibition désastreuse, malgré les quelques avancées sur le cannabis thérapeutique et la tendance grandissante du CBD.
Cette politique axée seulement sur la répression est un indéniable échec qui fait preuve de pas mal de démagogie et de beaucoup d’hypocrisie. L’amende délictuelle, par
exemple, est à mon sens une manière d’admettre notre incapacité à empêcher la consommation en taxant les consommateurs.
Le cannabis représente 80 % du trafic de drogues et seulement 5% des marchandises importées sur le territoire passent entre les mains des douaniers. Même s’il resterait une part de marché noir à réprimer (deux ans après la légalisation au Canada, le marché noir ne représente plus que 40% du commerce de cannabis NDLR), on voit que cela libérerait beaucoup de temps et de ressources. Plus disponibles, les forces de police seraient en mesure de créer des unités spécialisées, de développer les réseaux de douanes et une vraie police de proximité.
Aujourd’hui, le coût exorbitant de la criminalisation de la consommation et son inefficacité avérée indiquent qu’un changement de politique est nécessaire, voire urgent.

“Poser la question de légalisation, c’est restituer le débat en allant aux causes de la problématique”

L’opinion publique est majoritairement favorable à la légalisation du cannabis. La droite et la majorité peuvent-elle faire l’économie de cet électorat?
C’est tout le paradoxe de la situation actuelle, l’opinion publique est de plus en plus favorable et curieuse de cette légalisation alors qu’une partie de la classe politique est de plus en plus frileuse à l’idée d’aborder le sujet. Pourtant des voix favorables et trans-partisanes se réunissent autour de notre projet de loi qui vise à lutter contre le commerce illégal des drogues en France, à l’instar de Caroline Janvier (LREM) qui l’a récemment signé.
Alors que le thème du débat électoral semble être arrêté sur la question de la sécurité, nous visons à le rediriger vers un débat qui tourne autour de solutions pratiques et réalistes pour lutter contre le trafic de drogues. Car c’est bien ce dont il s’agit quand on parle d’insécurité ; l’ennemi numéro un c’est le trafic.
Poser la question de légalisation c’est restituer le débat en allant aux causes de la problématique, au lieu de ne traiter que ses effets.

“Le cannabis pourrait devenir un élément d’intégration”

La légalisation peut-elle se faire en impliquant les quartiers? Croyez-vous en une légalisation qui soit un moteur social?
Si la légalisation du cannabis s’accompagne de la création de filières de formations, et permet à ceux qui ont acquis une forme d’expertise de passer dans un domaine légal dont ils peuvent être fiers, le cannabis pourrait devenir un élément d’intégration. Il ne faut pas oublier les 240 000 personnes qui vivent indirectement et par capillarité du marché illégal, et leur proposer d’autres moyens de subvenir à leurs besoins. Il serait aussi judicieux, de s’inspirer du Portugal : c’est à dire décriminaliser la consommation personnelle de cannabis et d’autres drogues et de passer le dossier du Ministère de l’Intérieur à celui de la Santé, assumant ainsi la prédominance de la santé publique sur la répression. Le succès de leur politique de lutte contre le trafic de drogues est indéniable et mérite qu’on s’en inspire.

“Il serait judicieux de s’inspirer du Portugal”

La légalisation en France, c’est pour quand?
La majorité grandissante de l’opinion politique favorable à la légalisation du cannabis rendra inévitable l’ouverture du débat et nous verrons probablement dans les années à venir de plus en plus de voix partisanes s’élever, à condition que le virage à droite du débat politique soit freiné. La légalisation du cannabis a le
potentiel de renverser la dialectique de répression et de mettre fin à la guerre contre la drogue au profit de la paix sociale. Il ne faut rien lâcher !

Eric Coquerel à l’Assemblée nationale le 13 janvier 2022, alors qu’il soutient son projet de loi sur la légalisation du cannabis.

Bruno Laforestrie: “Hasch, la honte de la République”

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Fondateur de la radio culte Générations 88.2 , aux manette de “Mouv”, la petite dernière de Radio France,  Bruno Laforestrie est l’homme du renouveau Rap et R’n B.
A l’occasion de la sortie de son livre “Hasch, la honte de la République”,  nous l’avons rencontré pour parler du fumant sujet qui fâche. 

Votre ouvrage a pour titre « Hasch, la honte de la République ». Pourquoi hasch plutôt que cannabis ?
Je tenais à parler particulièrement de hasch, et non d’herbe. Le hasch et son traffic sont des sujets encore très tabous en France,  même si depuis quelques mois certaines langues se délient.
« Honte de la République » car je témoigne en citoyen lucide sur les questions publiques, fort de mon expérience en tant que dirigeant de médias proches de la jeunesse.

Un de vos chapitres s’intitule « le cannabisme tue ». C’est à dire ?
Je pars du postulat que le cannabis est une drogue au même titre que d’autres, légales (tabac, alcool) ou pas (cocaïne, MDMA).
Or, quel est l’enjeu d’une politique de santé publique ? C’est de protéger les plus vulnérables. Et dans toute politique de santé publique, une distinction entre mineurs et majeurs s’impose.
Cette distinction est d’ailleurs appliquée en ce qui concerne le tabac et l’alcool, une distinction qui est pour moi essentielle dans le débat, une ligne infranchissable.
C’est ce refus de traiter le cannabis, et donc le hasch, comme un sujet de santé publique qui fait que les tenants et aboutissants de la problématique nous échappent complètement.
On a mis beaucoup de moyens pour expliquer sur chaque paquet de cigarette que le tabac est nocif, mais rien n’est fait pour la prévention en ce qui concerne les dangers sur la santé du duo tabac-haschich. Pas plus n’est fait pour prévenir les dangers et ravages psychologique que le THC peut entrainer sur des cerveaux encore en pleine croissance.

” C’est un enjeu de santé publique au même titre que l’alcool frelaté durant la prohibition des années 30 aux Etats-Unis”

Y-a-t-il un vrai danger ?
Absolument. Sans être un grand connaisseur ou consommateur, on sait qu’il y a de la résine de cannabis nocive pour la santé. Tout simplement parce qu’elle est coupée avec n’importe quoi. Un problème qui ne se pose pas dans les pays qui ont légalisé, à l’instar du Canada. C’est un enjeu de santé publique au même titre que l’alcool frelaté durant la prohibition des années 30 aux Etats-Unis.

Vous parlez d’un glissement social et moral…
L’émancipation via le deal est un mirage: le mec qui pense qu’à 16 ans il va gagner sa vie en faisant du bizz… se plante magistralement. C’est en fait une vie à la petite semaine où le dealer revient quasiment à la condition ouvrière du XIXème siècle, lorsque les travailleurs étaient payés à la journée.
Et bien que nous soyons, au XXIème siècle, passés à une société du travail mensualisée, les petits acteurs du cannabis-business reviennent à une rémunération précaire et journalière : les chouff (guetteurs NDLR), les petits intermédiaires etc.
La prohibition a remis à l’ordre du jour cette précarité absolue. C’est une complète  faillite économique et sociale : on en revient aux pires heures du capitalisme.

“L’émancipation via le deal est un mirage”

Face à ce constat, quels horizons et perspectives pour une légalisation du cannabis en France ?
Du Canada aux États-Unis en passant par le Luxembourg, la Suisse ou Israël, la tendance est à l’ouverture. Pour l’Italie ou le Portugal, l’effet domino est inéluctable.
En France, je veux croire que nous méritons ce débat.

En suivant le modèle Canadien ?
Je ne pense pas que l’on puisse ou doive suivre un modèle existant. Mon analyse est que la politique de gestion du cannabis est le reflet du pays qui l’applique : le traitement de l’alcool n’est par exemple pas le même ici qu’en Suède, en Finlande au Canada ou bien évidemment dans les pays musulmans.
Je pense qu’il nous faut avoir un modèle propre qui pourrait effectivement s’inspirer en partie de schémas existants, avec des spécificités et en prenant compte de l’impact du cannabis dans l’économie des quartiers.
Je pense aux AOC par exemple. Il y a en France une capacité à produire, grâce aux coopératives, où l’État aurait son rôle dans l’analyse et la validation de la qualité du produit. Qu’il soit thérapeutique, bien-être comme le CBD, ou récréatif.
Ensuite, sur la distribution, deux axes importants: le marché noir dans les quartiers criminogènes qu’il est impératif de réduire et la piste de l’auto-culture qui est à mon sens partie de la solution.

“La piste de l’auto-culture (…) est à mon sens partie de la solution”

L’auto-culture pourrait contribuer à nourrir ce futur marché ?
Je trouve que c’est une piste à creuser et pense souvent à l’exemple des bouilleurs de cru. Un système de production locale qui pourrait facilement être appliqué au cannabis pour un marché niché de quelques centaines de milliers de consommateurs (sur 5 millions de consommateurs occasionnels en France, NDLR)
Pour les quartiers difficiles, une transition cannabistique s’impose, permettant à certains de travailler de manière prioritaire pour l’industrie à venir du CBD ou du cannabis si celui se légalise. Il faudra de toute façon mettre des moyens considérables dans la formation et l’accompagnement de chaque jeune sorti de l’école sans diplôme ni métier.
Je suis en tous cas persuadé que la transition passera par une réflexion sur la production locale et l’implication positive des quartiers, sous égide de l’État.
C’est tout le bien que je nous souhaite.

(interview réalisée en novembre 2020)

“Hasch. La Honte de la République”
JC Lattès, 23,99 $CA/14,90 €,

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La fleur de CBD interdite à la vente et à la consommation en France

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Les fleurs et les feuilles brutes de CBD sont désormais interdites à la vente en France, selon un arrêté paru vendredi 31 décembre au Journal Officiel.

Grosse gueule de bois pour la filière chanvre bien-être française. Alors que partout en Europe, les gouvernements assouplissent leurs législations sur le cannabis, la France tente le grand bon en arrière en interdisant du jour au lendemain (littéralement) le commerce, la détention et la consommation de fleurs de CBD.
Selon la rétrograde mesure,  publié le 31 décembre dans le Journal Officiel et qui intervient 4 mois avant l’élection présidentielle, est interdite : “La vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients”, ainsi que – fait notable – : “leur détention par les consommateurs et leur consommation.”

Les fleurs et les feuilles de chanvre CBD « ne peuvent être récoltées, importées ou utilisées que pour la production industrielle d’extraits de chanvre », détaille l’arrêté.
Sont ainsi autorisées “la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale des seules variétés de Cannabis sativa L.» . Avec comme condition que la plante affiche avant transformation un taux de THC non supérieur à 0,3 % de contre 0,2 % dans le projet de décret publié en juillet 2021.

Concrètement, les possesseurs de fleurs et tisanes CBD à usage personnel se retrouvent soudainement dans le même sac que le fumeur de joints interpellé avec une barrette de hasch. Les propriétaires de commerces de chanvre bien-être (qui faisaient encore négoce de sommités florales le plus légalement du monde il y a 48 heures ) sont désormais passibles des peines prévues par l’article 222-34 du Code pénal sur vente et  distribution de stupéfiants:  soit jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Une peine qui peut aller jusqu’à l’incarcération à perpétuité si le revendeur est aussi le producteur, toujours selon les dispositions du code pénal.

Une décision à l’encontre du droit Européen

Aussi stupéfiant soit-il, cet arrêté n’est pas une complète surprise: sa possible mise en application avait en effet été notifiée à la Commission européenne. Il révise un texte de 1990 et fait suite à un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de novembre 2020.
La même CJUE  avait pourtant rejeté l’interdiction de vente et consommation de CBD en France, soulignant l’innocuité du cannabinoïde, qui ne peut donc être considérée comme un stupéfiant ni un médicament. La CJUE avait également mis en avant que la libre circulation des marchandises au sein de l’Union européenne s’appliquait au CBD.

Le 23 juin, la Cour de Cassation d’Aix-en-Provence a estimé que le CBD pouvait être commercialisé en France,  à condition qu’il soit produit dans un autre pays membre de la Communauté Européenne, mais n’avait pas tranché sur la question portant sur l’interdiction de commercialisation de fleurs de  CBD.

La filière chanvre française monte au créneau

Des référés visant la suspension de l’arrêté sont prêts, de même qu’un recours devant le Conseil d’État.
Nous allons déposer un recours devant le Conseil d’Etat après le 7 janvier, date à laquelle le Conseil constitutionnel rendra une décision sur laquelle nous nous baserons »  précise le fondateur du Syndicat Professionnel du Chanvre (SPC) Aurélien Delcroix. Interrogé par Zeweed sur la mesure prohibitive, le fondateur du SPC déplore « une interdiction totale et non proportionnée qui ne se base sur aucune preuve scientifique démontrant une problématique sanitaire ».
Alors qu’Emmanuel Macron prend la présidence du Conseil Européen ce 1er janvier 2022 après avoir loué les mérites de la même Union, le grand écart risque d’être douloureux à tenir, même pour le champion du “en même temps”.

Cannatracking trace la piste du commerce de CBD en France

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Alors qu’en France, producteurs et distributeurs de CBD sont sous étroite surveillance, la traçabilité des produits et des analyses est devenu un enjeu majeur pour les acteurs de la filière. Pour répondre à leurs attentes et celles des autorités, Hempetik propose Cannatracking, un outil de suivi ultra-sécurisé sur blockchain. Explications.

Cannatracking, c’est la solution SAS proposée par la société Hempetik pour garantir un suivi irréprochable de tous les produits au CBD (fleur, huile, extrait …) transitant ou étant commercialisés en France. Mis en ligne sur une blockchain, les documents rattachés à un stock de produit ou à un article sont infalsifiables et consultables à tout moment par les tierces parties.
Lors de la création du certificat, une empreinte numérique validée par plus d’un million de postes génère l’enregistrement d’un PDF unique, une “carte d’identité” inviolable qui est rattaché au produit. Chaque certificat est issu avec un QR code spécifique qui est accessible à tout moment sur la blockchain publique, avec un accès aux normes RGPD.
Considérée comme valeur probante en cas de litiges, la certification Cannatracking assure l’authenticité et la confidentialité de chaque document pour un coût très compétitif : un suivi blockchain coûte dix fois moins cher qu’un suivi papier/numérique classique.
Le périmètre couvert par Cannatracking va de l’authentification d’analyses à la certification complexe de contrats multi-parties.
Développé en partenariat avec le Syndicat Professionnels du Chanvre, la solution proposée par Hempetik arrive à point nommé pour rassurer autorités et intermédiaires sur la composition des stocks, tout en garantissant aux consommateurs un produit d’une qualité irréprochable.

Plus d’informations sur Cannatracking, le fonctionnement de la blockchain ou la solution paiement cryptée en cliquant sur ce lien ou sur le site https://www.cannatracking.fr

François Hollande légaliserait le cannabis

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Après l’Allemagne, c’est Hollande qui veut légaliser le cannabis. Nous ne parlons pas des Pays-Bas mais du 7ème Président de la Vème République. Dans un entretien accordé à Kombini, François Hollande s’est en effet prononcé en faveur d’une fin de prohibition de l’herbe.

C’est à l’occasion de la croustillante interview sandwich de Kombini que l’ancien chef de l’Etat s’est déclaré en faveur de la légalisation du cannabis.
Pendant sa campagne de 2012 et durant son quinquennat, le  « président normal »  s’était pourtant opposé à toute évolution de la loi de 1970.

Les absents ont-ils toujours raison? Toujours est-il que 5 ans plus tard, François Hollande en arrive à la conclusion qu’il faudrait finalement légaliser la weed, afin mieux contrôler sa consommation, éradiquer son trafic illégal et prendre à bras le corps cet enjeu de santé publique.
L’ex locataire de l’Elysée souligne à cet effet que “la consommation de cannabis introduit depuis des années un commerce, un trafic illégal, qui a gangrené des quartiers et largement perturbé la vie des habitants“.

A l’heure où la France prend la présidence de l’Union Européenne, François Hollande observe aussi que  “en Allemagne la coalition gouvernementale va proposer la légalisation du cannabis. Il est important qu’on puisse en Europe conjuguer nos efforts pour aboutir aux mêmes solutions”.

Emmanuel Macron écoutera-t-il d’une bonne oreille les conseils avisés de son ex-mentor et les voix des 51% de français qui souhaitent en finir avec la prohibition? Réponse en février, mois durant lequel le candidat et Président sortant devrait dévoiler son programme.

Overseed lève 2,5 millions d’euros pour produire du cannabis thérapeutique en France

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La biotech Overseed annonce avoir levé 2, 5 millions d’euros pour financer sa Recherche et Développement (R&D) et devrait être en 2023 la première entreprise française à produire et distribuer du cannabis thérapeutique dans l’Hexagone.

Après avoir obtenu mardi 30 novemebre le feu vert de  l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), la start-up Overseed peut désormais passer aux choses sérieuses et lancer sa R&D agronomique et génétique. Une première étape nécessaire avant d’entamer  la phase d’expérimentation puis de passer à la production et distribution du cannabis thérapeutique sur le territoire français.

Une bonne nouvelle qui n’arrive pas seule puisque juste après l’autorisation de R&D délivrée par l’ANSM, Overseed annonçait avoir levé 2,5 millions d’euros auprès de business angels afin de financer sa R&D. Un grand virage qui marque l’entrée de la France dans le marché de la production de cannabis thérapeutique, lequel est pour l’instant importé du Portugal (où il est produit par la société cannadienne Tilray) ou d’Israël. En France, la culture et la recherche sur la cannabis thérapeutique était jusque là. L’autorisation délivrée par  l’ANSM augure ainsi une ère nouvelle pour la filière cannabis puisque cette décision devrait être suivie d’autres licences du même acabit pour des producteurs dont un bon nombre est déjà sur les startings-blocks.

Premières productions en 2023

Fondée en 2020 par Hugues Péribère, Overseed couvre des domaines tels que la génétique, l’agronomie, la chimie des substances naturelles et pharmaceutique. Une activité pluridisciplinaire  qui permettra à Overseed de  proposer un produit répondant aux strictes normes du marché du cannabis thérapeutique. L’entreprise de biotechnologie implanté en région Centre entend fournir aux patients français des fleurs séchées, des huiles, teintures et gélules, qui devraient être disponibles en pharmacie dans deux ans.

” L’objectif est d’être prêt à commercialiser des produits de qualité pharmaceutique d’ici à 2023, date de la fin de l’expérimentation française et, nous l’espérons, d’autorisation de production et de généralisation des traitements ” explique son directeur Hugues Péribère dans une interview accordée aux Echos
“La plante de cannabis a été décriée et placée sous une chape de plomb pendant près de 100 ans. Sur le plan médical, elle ne l’est plus et nous la redécouvrons au travers de nouvelles études cliniques. En percer tous les pouvoirs est un défi scientifique à la hauteur des impacts qu’elle peut procurer sur la qualité de vie de millions de patients” conclu l’ingénieur agronome à la tête de la start-up qui ne compte pour l’instant qu’une dizaine d’employés.

8 à 12 millions de patients potentiels

Parmi les pathologies référencées par l’ANSM et qui touchent environ 2,3 millions de Français :  les douleurs neuropathiques, les symptômes rebelles liés au cancer, l’épilepsie ou la sclérose en plaque.
Mais les phases d’étude sur de futurs traitements portent désormais sur l’asthme, certains syndromes psychiatriques, à Alzheimer, à l’anorexie, ou au glaucolme à angle fermé, une affection oculaire.  Soit de 8 à 12 millions de patients potentiels en France . De nombreuses applications sont déjà reconnues à l’étranger (Parkinson, endométriose, lutte contre la dépression et les addictions, maladie de Crohn…).
Selon plusieurs études, le marché du cannabis thérapeutique en France devrait être, après sa très probable légalisation en 2023, le premier marché d’Europe.

 

 

Mika mise sur le cannabidiol

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Conquis par les effets de la molécule, Mika vient d’investir dans le CBD en se faisant partenaire de Divie, une marque de produits au cannabidiol. Certains fans ont du mal à s’en remettre.

C’est sur Instagram que l’auteur de “Relax, take it easy” a fait son coming-out cannabique en annonçant son intention d’investir dans le CBD.  “J’ai pu me rendre compte lors de mes tournées des bienfaits de cette molécule qui apporte un nouvel équilibre dans nos vies. J’ai donc décidé d’entrer au capital de Divie, cette jeune maison française afin d’en faire une référence européenne dans l’industrie du cannabidiol et du bien-être.” a entre autre posté le chanteur de 38 ans.

Divie est une entreprise française dont la production est en Aveyron. Avec des génétiques spécialement élaborées, Divie se donne pour ambition de proposer des fleurs naturelles, qui n’auront pas été traité chimiquement afin d’en rabaisser le taux de THC*.
À titre de comparaison, le taux THC contenu dans le cannabis vendu illégalement en France (stupéfiant) oscille entre 15 % et 25 %. Soit plus de 200 fois le taux contenu dans nos huiles. Toutes nos huiles sont faites en France et analysées trois fois, par trois laboratoires indépendants.” détaille Divie dans son communiqué de presse.

Du coté des fans de l’ancien jury de la Star Ac’, l’engouement est moins palpable: «Donc quand on se fait du souci parce qu’il a l’air fatigué, en fait, il est juste défoncé» ou  «Personnellement, je regrette le temps où vous étiez musicien, auteur-compositeur et chanteur…» pouvait-on lire dans les commentaires Instagram du profil de Mika.
Selon le magazine Les Échos, le marché français du CBD pourrait atteindre 700 millions d’euros en 2022. De quoi oublier le courroux de quelques admirateurs pudibonds.

*En France, le taux de THC dans les produits chanvre bien-être ne doit pas dépasser 0.2%

Kanavape: relaxe complète pour les pionniers français du CBD.

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En prononçant jeudi la relaxe complète des deux dirigeants de Kanavape, la cour d’Appel d’Aix en Provence confirmait le statut légal du commerce de CBD dans l’Hexagone. Malgré cet énième camouflet pour le gouvernement, la filière chanvre bien-être Française reste encore prisonnière de la politique prohibitionniste dans laquelle s’est enfermé l’exécutif. Explications et réactions.

C’est l’épilogue d’un feuilleton judiciaire de 7 ans qui aura tenu en haleine la filière chanvre bien-être et libéré le commerce de CBD en Europe.
En seconde instance, la cour d’appel d’Aix en Provence a décidé jeudi de rejeter les charges pénales à l’encontre d’Antonin Cohen et de Sébastien Beguerie, les fondateurs de Kanavape.
Les deux marseillais avait été respectivement condamnés en 2015  à 18 et 15 mois de prison avec sursis et 10.000 euros chacun. Les deux prévenus avaient demandé leur relaxe auprès de la cour d’appel d’Aix-en-Provence.

Relaxe historique

« Cette décision marque l’histoire par la reconnaissance du marché du CBD en France, un produit légal »,  commentait Antonin Cohen auprès de l’AFP. « J’ai un peu d’amertume car cette procédure a freiné mon aventure entrepreneuriale sur un marché de plusieurs milliards d’euros. J’étais un précurseur et je me retrouve à la remorque ».
Sébastien Beguerie s’est plus humblement dit heureux « d’être enfin reconnu comme un entrepreneur innovant et non comme un délinquant »,  souhaitant aussi que « la France puisse saisir la formidable opportunité économique que représente le cannabis, en sortant de sa posture idéologique ».
Si le verdict libère de toutes poursuites les deux dirigeants, il n’aura d’autre impact sur la politique prohibitionniste menée par le gouvernement que celui d’un énième (et vain) rappel à la loi (en l’occurence la législation européenne sur le commerce de denrées alimentaires), que la France continuera  d’ignorer au dépend de centaines de milliers d’emplois et d’une filière qui ne demande qu’à fleurir.

Le chanvre CBD français toujours interdit

«La décision est d’importance pour Sébastien Beguerie et Antonin Cohen, et on ne peut que se féliciter qu’ils soient définitivement relaxés. Mais concrètement, cela n’aura aucun impact sur la légalité de nombre de produits CBD en France. Une fois de plus, les juges ont décidés de suivre les recommandations de la CJUE, et une fois de plus, le gouvernement campera sur ses positions, difficilement justifiables mais hautement préjudiciables pour notre filière » commentait pour Zeweed Aurélien Delcroix, président du Syndicat Professionnel du Chanvre.
Si l’exécutif semble peu disposé à jouer fair play en observant le droit commercial européen, le calendrier, lui, joue en faveur de la filière chanvre bien-être Française. Entre une cinquième vague Covid-19 qui se profile, une grogne sociale sur fond de pouvoir d’achat qui monte et des élections présidentielles dans moins d’un semestre, les entrepreneurs et commerçants de CBD devraient dormir relax.

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