Ecologie - Page 3

Jadot 2022 : un programme qui manque de souffle?

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Le candidat des écologistes à la présidentielle décline son programme. Verdict : pas de surprise, peu d’ambition. Et zéro envie.

Yannick Jadot ne perd pas de temps. Sitôt désigné candidat à la présidentielle par la primaire des écologistes, le député européen défouraille son programme. Dans un long entretien accordé au Journal du dimanche, l’ancien directeur des campagnes de Greenpeace-France multiplie les propositions dans le domaine du social, des institutions, de l’économie. Il y glisse même quelques idées écologistes. Ma rubrique étant teintée de vert, je me consacre à ce chapitre.

D’entrée de jeu, le Picard promet d’éradiquer l’élevage industriel. Bonne idée, a priori. A ceci près que remettre dehors veaux, vaches, cochons nécessite de trouver des terres supplémentaires. Et pas qu’un peu ! La réglementation sur le « plein air » impose 4 m2 par poule. Les paysans français élèvent chaque année 40 millions de poules. Les faire vivre outdoor nécessite de trouver 16.000 hectares de terrains. Pas gagné. D’autant qu’il faudra aussi trouver des terrains supplémentaires pour les canards, les oies, les bovins, les caprins, les cochons, les dindes, les cailles, les lapins. Pas gagné en période de déprise agricole. Mais là, pas de proposition concrète du candidat vert.

Pour qui l’argent public ?

Les lobbys ? Yannick Jadot veut les « extirper » de l’économie française. Certes, mais nul ne sait comment. Alors bien sûr, « chaque euro d’argent public sera conditionné à la protection de l’environnement ». Mais entre un fabricant de batterie de véhicule électrique et un importateur de panneaux solaires chinois, qui le protège le mieux ?

A propos de sous, l’ancien porte-parole de l’Alliance pour la planète promet un programme d’investissement public de 50 milliards d’euros par an, dont la moitié sera consacrée « à la reconstruction ». On n’en sait pas beaucoup plus. Ce que nous dit, en revanche, l’institut pour l’économie du carbone (I4CE), c’est que pour atteindre les objectifs de décarbonation que nous nous sommes fixés, nous devons investir de 65 à 74 milliards d’euros par an. Faudra trouver un petit peu plus de sous, monsieur Yannick.

Un ISF climatique

Le tombeur de Sandrine Rousseau veut avancer de 10 ans (2030 donc)  l’interdiction de vente de voitures à moteur thermique. Génial ! Surtout si les industriels tricolores produisent des batteries « 100% recyclables ». Sauf que, sur la trentaine de gigafactories en train de sortir de terre en Europe, seules deux sont situées dans l’Hexagone. Ce ne sera pas facile de convaincre leurs concurrentes de passer à l’économie circulaire. Mais on peut essayer.

La taxe carbone est appelée à repartir à la hausse, semble-t-il. Sans qu’on sache très bien comment le président Jadot évitera de rallumer le mouvement des Gilets jaunes. Seule promesse : « nous ne laisserons personne au bord de la route ». Quoi qu’il en coûte ? Il faudra alors que l’impôt sur la fortune climatique (c’est prévu !) taxe très lourdement les riches émetteurs de gaz à effet de serre pour que la mesure soit socialement indolore. Rappelons que pour être efficace, la taxe carbone devrait atteindre 250 € la tonne de CO2 émise. Soit 5 fois le niveau actuel.

Gaspillages énergétiques ?

A propos de carbone, le candidat écologiste propose de rendre gratuits les premiers kWh d’électricité et les premiers m3 de gaz naturel. Ce qui n’est pas une mesure favorable aux économies d’énergie, ni aux finances d’EDF et d’Engie dont l’Etat est un gros actionnaire. Gaspillage d’énergie et d’argent public ?
Refrain incontournable d’un écolo : la sortie du nucléaire. Le Jadot 2022 la promet pour 2042. Soit. Mais que faire des millions de tonnes de déchets nucléaires que génèrera le démantèlement de 58, réacteurs si l’on ne peut les mettre quelque part ? Car Yannick Jadot le dit depuis longtemps : « l’enfouissement des déchets nucléaires : ni à Bure ni ailleurs ».

On ne va pas se mentir comme dirait Nicolas Hulot. Le programme environnement de Jadot est truffé de promesses intenables. Comme le sera celui de tous les programmes des candidats déclarés ou à venir.
Ce qui manque, c’est un souffle, un récit, une ambition. Le géant vert ne donne pas (encore ?) l’impression qu’il est celui qui fera entrer la France dans le siècle de l’écologie sociale. Il a encore six mois pour me faire mentir.

Les médias de Rupert Murdoch ne seront plus climatosceptiques

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Contempteurs des rapports du Giec et des politiques climatiques, les médias de Rupert Murdoch ont suivi la ligne éditoriale définie par leur patron. Ils vont désormais prôner l’exact contraire. Voici pourquoi.

C’est l’un des plus influents groupes de presse de la planète. Né en Australie, News Corp., aujourd’hui américain, détient pléthore de journaux et de chaînes de télévision dans le monde entier. Certains sont très écoutés : Wall Street Journal, The Times, The Sun, Dow Jones, Fox News.

Complot socialiste

Ces réseaux de radios, de télévision, ces journaux globaux avaient une ligne directrice : douter de la réalité du changement climatique. Dans les colonnes de The Australian les lecteurs pouvaient souvent lire que le changement climatique était un vaste bluff, voire un « complot socialiste ». Les éditorialistes du Wall Street Journal, à l’instar d’Holman Jenkins, ont, des années durant, nié l’origine anthropique du réchauffement en cours. Le climatologue US Michael Mann (l’inventeur de la crosse de hockey) estime que la chaîne d’information en continu Fox News est « la plus grande entreprise de désinformation sur le climat vue depuis deux décennies. »

Ce temps est désormais révolu. A partir du 17 octobre, soit deux semaines avant l’ouverture du sommet annuel mondial sur le climat (la COP 26), de nombreux media de News Corp mèneront campagne en faveur de la … neutralité carbone. Une programmation coordonnée par Joe Hildebrand, une star de la télé australienne.

Annonceurs et tensions familiales

Les raisons de ce revirement ne sont pas connues. Officiellement. Toutefois, les critiques du climato-scepticisme de News Corp. pleuvent comme jamais sur le groupe. Ce qui commence à déplaire à ses annonceurs. Un bon argument.

Ce virage sur l’aile pourrait aussi avoir des origines familiales. Le groupe News Corp. est la propriété de Rupert Murdoch et de sa famille. Au début de 2020, James Murdoch a publiquement critiqué le traitement par les journaux du groupe des méga feux ayant dévasté l’Australie les mois précédents : 18 millions d’hectares détruits, plus de 5000 bâtiments brûlés et 34 victimes.

Niant la réalité scientifique, la presse Murdoch n’a jamais admis que les vagues de chaleur imputable au global warming puissent avoir la moindre incidence sur de tels incendies. A longueur de colonnes et de tweets, les media News Corp. faisaient la chasse à d’imaginaires cohortes d’incendiaires.

Les tardigrades à la conquête de l’espace.

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C’est incontestablement la bestiole tendance. Gros comme un microbe, aussi transparent qu’un verre de lunettes et aussi moche qu’un dugong à huit pattes, le tardigrade fait pourtant rêver. Et pas seulement sur terre: la Nasa en a envoyé dans l’espace.

Ces oursons d’eau, comme les surnomment leurs fans, ont des capacités d’adaptation absolument hors du commun. Vaquant sans problème à ses occupations à des températures comprises entre – 272 °C et + 150 °C, ce vague cousin des arthropodes supporte comme si de rien était les pressions régnant à 4 000 mètres sous les mers. Mieux, en période sèche, il est capable de se déshydrater totalement, en attendant des jours meilleurs. L’attente peut durer des décennies. « Aucun autre animal n’est capable de faire cela », s’enthousiasme le biologiste Thomas Boothby (université du Wyoming).

Petit mais costaud: les tardigrades survivent dans l’espace et à des températures allant de -272 à 150°C.

Retour dans l’espace

Fasciné, l’écrivain Didier Van Cauwelaert en a fait le héros de son dernier roman, « Le pouvoir des animaux ». Le lauréat du prix Goncourt 1994 n’est pas le seul à être tombé sous le charme de ce minuscule indestructible. L’agence spatiale américaine (Nasa) vient d’expédier un contingent de tardigrades dans la station spatiale internationale.
L’objectif n’est pas de distraire Thomas Pesquet de ses activités médiatiques. Les chercheurs de la Nasa veulent surtout comprendre comment la physiologie de la bestiole réagit en situation de microgravité.

Cortège de radiations

Suite à une mission européenne, menée dans les années 1990, on sait déjà que le tardigrade supporte très bien le vide intersidéral, avec son cortège de radiations dévastatrices. Décrypter ses mécanismes réparateurs pourrait permettre, par exemple, de développer de nouvelles stratégies de lutte contre certains cancers.

Tu es poussière

La Nasa n’oublie pas non plus que la conquête spatiale est l’une de ses missions. « L’une des choses que nous voulons comprendre c’est la façon dont les tardigrades survivent et se reproduisent dans de tels environnements. De telles informations sont précieuses pour définir les modes de vie des astronautes », poursuit Thomas Boothby.
Finalement, les cosmonautes que l’on enverra dans visiter de lointaines contrées ne voyageront, peut-être pas, dans les caissons cryogéniques chers à Stanley Kubrick. Si l’expérience Umami est concluante, il se pourrait qu’on les réduise à l’état de poussières. Des tas qu’il faudra copieusement arroser à l’arrivée. Motivant !

Comment l’industrie de la mode réchauffe la planète

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Mondialisée, dérégulée, dévoreuse de matières premières, la production de vêtement est archipolluante. Mais ce n’est pas une fatalité.

En septembre 2015, Vivienne Westwood chargeait sur un char d’assaut blanc la résidence du premier ministre britannique. Par ce coup d’éclat panzerien, la styliste montrait son opposition à la décision de David Cameron d’autoriser l’exploitation du gaz de schiste au Royaume-Uni. Alors, écolos les géants de la mode ?
Pas vraiment. Une étude de la fondation d’Ellen MacArthur montre que l’industrie du vêtement est l’une des plus polluantes qui soit.

4 tonnes d’eau pour un jeans

Par sa consommation de matières premières, pour commencer. La production d’une seule paire de jeans nécessite près de 4 tonnes d’eau.
Par les matières employées aussi; les vêtements comportent de plus en plus de fibres artificielles, qui se fragmentent et finissent par polluer les océans.
Par son organisation: totalement mondialisée, la fabrication de fringues est grosse consommatrice de transports carbonés (porte-conteneurs, avions).
Par son manque de robustesse enfin: les fibres textiles actuelles s’usent en quelques mois. Ce qui oblige les consommateurs à mutiplier les achats. En 2015, on a ainsi vendu 100 milliards de vêtements dans le monde : deux fois plus qu’en 2000.

13 années d’émissions françaises

Finalement, résume le consultant Quantis, l’industrie de la fripe (hors chaussures !) rejette plus de 3,3 milliards de tonnes de gaz à effet de serre par an. Soit l’équivalent de 13 années d’émissions françaises ! La production de fringues réchauffe davantage la planète que les transports aérien et maritime réunis.
Alors quoi ? Sommes-nous condamnés au naturisme ? Ou peut-on alléger l’empreinte environnementale de la mode ? La deuxième option est possible et souhaitable. À condition que cette industrie aux 75 millions de salariés se réinvente.
Par exemple, en arrêtant de présenter de nouvelles collections pratiquement tous les mois, comme le font certaines enseignes. En choisissant aussi des matériaux durables (à tous points de vue). Contrairement à celle du chanvre, la culture du coton est particulièrement gourmande en eau (elle a asséché la mer d’Aral !) et en pesticides.

Recyclage et responsabilité

Les gouvernements et les collectivités peuvent aussi participer à l’effort. Notamment en facilitant la valorisation des vêtements usagés. Actuellement, moins de 1% des fringues dont nous nous débarrassons est récupéré pour être redistribué ou recyclé.
Les consommateurs que nous sommes peuvent aussi apporter leur pierre à l’édifice. En n’achetant que les vêtements dont ils ont vraiment besoin. En n’hésitant pas à réparer les victimes d’un petit accroc. En évitant les jeans délavés ; le vieillissement consomme énormément d’eau et rejette des substances nocives pour l’environnement et les poumons des travailleurs. En choisissant enfin les créateurs ou les marques qui s’engagent dans la voie de l’économie circulaire.
Pas facile à trouver ? Wedressfaire vous a préparé une petite sélection de producteurs de jeans éco-responsables. Choisissez le vôtre.

Après la Covid-19, les bactéries bleues ?

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Vieilles comme le monde, les cyanobactéries pourraient se révéler fatales pour l’homme et le climat.

Les rangers botswanais n’avaient jamais vu ça. Au printemps dernier, les gardiens des principales réserves naturelles du Botswana ont dénombré, en quelques jours, plus de 300 cadavres d’éléphants. Aucun corps ne portait de traces de blessures par balles. Et les défenses étaient toutes intactes. Pour une fois, les braconniers semblaient hors de cause. Il aura fallu des semaines de recherches poussées pour expliquer ce mystère.
Les pachydermes auraient été victimes d’un empoisonnement par des cyanobacéries.

Dangereuses pour les nerfs et le foie

Tous les animaux sont morts entre les mois de mars et de juin, observe le ministère de la faune sauvage et des parcs nationaux du Botswana. Or, c’est précisément la période où s’assèchent nombre de points d’eau dans la savane. Les scientifiques estiment que le manque d’eau et la chaleur ont produit les conditions favorables à la prolifération dans les mares des fameuses bactéries bleues toxiques.
Ces micro-organismes produisent des toxines (cyanotoxines) ravageuses pour les systèmes neurologiques et hépatiques, aux effets potentiellement mortels en cas d’ingestion importante. Les éléphants en ont fait la cruelle expérience.

Menace en eaux calmes

Le phénomène ne touche pas que la faune d’Afrique. En France, les autorités interdisent fréquemment la pêche ou la baignade dans des cours d’eau ou des lacs où prolifèrent les bactéries bleues.
Une prolifération favorisée par la chaleur mais aussi la teneur de l’eau en nitrates et en phosphore. Selon un récent rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), les centres anti-poison ont dénombré une centaine de cas d’intoxication humaine, entre 2006 et 2018.

Sans compter la mortalité animale. Tous les étés, les vétérinaires signalent des décès de chiens ayant bu ou joué dans des eaux contaminées. Avec le réchauffement, le phénomène prend chaque année un peu plus d’ampleur dans les lacs canadiens. Au Brésil, en 1996, 60 personnes atteintes d’insuffisance rénale sont décédées suite à une hémodialyse dont l’eau nécessaire à ce traitement était contaminée par des microcystines, l’une des toxines produites par les terribles bactéries.

Puissant gaz à effet de serre

Nocives pour les hommes et leurs meilleurs amis, les cyanobacéries représentent aussi une menace pour la stabilité du climat. Une équipe de scientifiques, menée par Mina Bizic (institut d’écologie des eaux douces et de la pêche intérieure de Leibniz) a fait, au début de l’année, une inquiétante découverte. Selon ces chercheurs, les cyanobactéries pourraient, dans toutes sortes de conditions, produire du méthane.
L’information n’est pas à prendre à la légère. Les cyanobactéries sont omniprésentes, sur terre et dans les eaux calmes. Et le méthane est un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO2.
De quoi regretter le Covid.

 

Sauvez le monde à coup de graines!

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Le chanvre est une plante ultra-écologique, une dévoreuse de CO2 dont la culture ne nécessite aucun insecticide. Et puisque se sont les petits gestes qui font les grandes actions, il ne nous reste plus qu’à sauver la planète plantant du Cannabis partout où l’herbe pousse! 

Faisons un rêve. Les administrateurs d’entreprises réaliseraient tout le tort que leurs usines causent à l’environnement et au climat. Pris d’un incommensurable remord, ces dirigeants tanceraient les chercheurs. Que n’ont-ils trouvé d’aspirateur à CO2 pour minorer le renforcement de l’effet de serre ? Pourquoi doit-on toujours extraire du pétrole pour faire avancer nos voitures et décoller nos avions ? Sommes-nous condamnés à nous parer de fibres d’origine gazière pour sortir dans la rue ? Et si la solution était devant nous, évidente ?

Six pieds sous terre

Imaginez une plante robuste, à pousse rapide, qui boufferait du carbone comme une ogresse les enfants dodus ? Cette rosale existe. Vous l’avez rencontrée. Car le chanvre est un carbophage comme on aimerait en voir plus souvent. Imaginez des champs de sativa, d’indica ou de ruderalis exhalant leur puissante et suave odeur. Par la magie de la photosynthèse, ces centaines de milliers de plants absorbent en cadence le gaz carbonique que nous rejetons sans conscience. Avant de l’expédier six pieds sous terre.

Un seul hectare de chanvre peut ainsi stocker 22 tonnes de gaz carbonique. 22 tonnes : c’est, grosso modo, ce que chacun(e) d’entre nous rejetons en deux années déconfinées. C’est deux fois moins qu’une forêt moyenne, mais 20 fois plus qu’un pâturage. Et à moins que les dieux de la météo ne soient en cure de désintox, nos latitudes autorisent deux récoltes par an. Doublant du même coup la capacité du puits de carbone chanvrier.

Diesel et Ford

A dire vrai, il fait mieux encore pour la planète que d’interpréter la mélodie du carbone en sous-sol. Car, du chanvre dont on bourre certaines pipes, on extraie, je ne vous l’apprends pas, de l’huile. Ce précieux nectar constitue une excellente base à la production de carburants totalement décarbonés.

Des graines à l’huile, il n’y a qu’un tour de meule ! Le 10 août 1893, l’inventeur Rudolf Diesel fait fonctionner à l’huile de weed le moteur de son invention. Quelques décennies plus tard, les designers de Ford construisent un prototype de voiture en plastique d’origine végétale carburant à l’huile cannabique. Un seul hectare de chanvre suffit pour produire 800 litres de carburants routiers (riches en oméga 3 de surcroit !). Prenons-en de la graine !

Flower Power is big power

Mais le chènevis n’est pas tout. Si la semence de notre cannabacée préférée est oléagineuse, sa tige est, elle, riche en fibres. Ses fibres ont longtemps servi à tisser les plus forts des cordages de la marine à voile. Elles sont de retour dans les plus solides des jeans et les plus écologiques des matériaux de construction bas carbone.

Et la fleur vous demandez-vous ? On l’a gardée pour la fin. La soif, plutôt. Car, en ajoutant les inflorescences à leur production, les brasseurs produisent des bières plus citronnées qu’à l’accoutumée. L’inverse eut été surprenant.

La Ruche qui dit oui!: la place des produits sains, locaux et sans intermédiaire

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En quelques années,”La Ruche qui dit oui !” a réalisé une prouesse: celle de connecter directement consommateurs urbains et petits producteurs régionaux. Avec un simple site Web, des points de vente éphémères mais bien situés,  “La Ruche qui dit oui!” réinvente le circuit court pour nous proposer une alimentation saine, durable et équitable.

La Ruche qui dit Oui! (LRQDO) est une plateforme sur laquelle agriculteurs, éleveurs et maraîchers mettent en vente leurs produits, en les proposant aux gens qui habitent les villes de leur région. Fruits, légumes, viandes, fromages, boissons artisanales, tout y est pour remplir sainement son frigo et ses placards. Une fois la commande passée sur le site , elle est livrée dans un point de distribution LRDQO situé à proximité du lieu de résidence du client.

Pour les agriculteurs, qui fixent un nombre minimum de commandes à toutes fins de rentabilité minimum, ce principe permet d’anticiper et de garantir les ventes. Les producteurs touchent 80 % du prix de vente, les 20% restant servant sert à rémunérer le responsable du lieux de vente et la société propriétaire de la marque. A titre de comparaison, si ils passaient par la grande distribution,  ils ne récupéreraient que 6 % du prix de vente. L’avantage du circuit court.

A cette substantielle économie, il faut ajouter celle réalisée sur les charges de gestion des points de vente.
Et c’est là que la plus grande partie des économies sont faites. Si une grande surface ou un petit magasin paient des charges locatives très lourdes, (particulièrement en pleine ville), LRDQO n’en paient quasiment aucunes.. Une salle des fêtes, un local commercial momentanément vide, un hangar ou un tiers-lieux alternatif servent de boutique éphémère. La gestion par les particuliers des points de vente fait parti du fonctionnement de la LRQDO.

Ouverte en 2011 près de Toulouse, la première structure LRQDO a tout de suite séduit, avant de rapidement faire des petits en France, puis en Europe. Aujourd’hui LRQDO compte 1 500 points de distribution sur le vieux continent.

LRQDO, qui est reconnue comme une  Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale, repose sur les trois fondamentaux de l’écologie agricole :
-raccourcir la chaîne de production qui relie paysans et consommateurs,
-assurer des débouchés aux agriculteurs pour qu’ils puissent mieux vivre de leur travail,
-contribuer au développement d’une alimentation saine, locale et de saison, dans une logique de développement durable (les produits vendus dans une Ruche sont tous cultivés ou produits dans un rayon moyen de 50km).

Persuadés que le web pouvait révolutionner l’agriculture et l’alimentation, les fondateurs de LRQDO ont réalisé le tour de force de faire venir les agriculteurs sur la toile et de faire manger des légumes oubliés, chics et par chers à une clientèle urbaine cantonnée aux têtes de gondoles faute d’alternative. Aujourd’hui, LRQDO poursuit son combat pour toujours plus faciliter l’accès à une alimentation saine et bio, qui n’est désormais plus réservés aux boutiques spécialisées hors de prix.

 

LRQDO est présente en France, Suisse, Italie, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Allemagne et au Royaume-Uni.
Le site de LRQDO en accès direct ici

 

USA: les plantations de cannabis menacées par une sécheresse historique

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Alors qu’elles sont en proie aux incendies, les plantations de cannabis de l’Ouest pourraient être achevées par la sécheresse et la pénurie de sels minéraux. Dantesque !

Il ne fait pas bon être un cultivateur de weed, ces temps-ci, dans l’ouest américain. Des années de sécheresses, renforcées par le « dôme de chaleur » du début de l’été ont créé les conditions idéales au déclenchement de méga feux dans les deux états. Déployés par dizaines de milliers, les pompiers ne parviennent pas toujours à maîtriser les centaines de foyers qui ne cessent de surgir, allumés par les éclairs des orages, dans les forêts asséchées et les montagnes inaccessibles.

D’ores et déjà, le cap du million d’hectares brûlés a été franchi dans l’Ouest. De nombreuses exploitations ont été détruites par les flammes. Et il faudra sans doute attendre la fin de l’automne pour disposer d’un bilan précis de cette Fire Season hors normes.

350 fois plus d’eau que dans le Lac Léman

Mais le pire est, peut-être, à venir. Le 16 août, le gouvernement fédéral américain a déclaré le lac Mead en manque d’eau. Situé aux confins du Nevada et de l’Arizona, ce vaste lac artificiel (640 km2) contient habituellement 32 000 km3 d’eau : 350 fois plus que le Lac Léman. Mais ça, c’était avant le changement climatique. Aujourd’hui, le lac, qui alimente les turbines du barrage Hoover et, accessoirement, le Colorado, n’est rempli qu’au tiers de sa capacité.

Le lac Mead depuis le barrage Hoover le 19 juillet.

Pour la première fois, le Bureau des réclamations (BoF, une administration dépendant du ministère de l’intérieur US) a décrété des restrictions de consommation d’eau pour le bassin aval. En clair, les consommateurs de l’Arizona pourront pomper dans le Colorado 20 % d’eau en moins par rapport à une année normale, ceux du Nevada 7 % de moins et du Mexique, où le Colorado finit sa course, 5 % de moins.

Malheur à ceux qui ne pourront pas réduire leur consommation ou qui ne disposent pas d’eau dans leur sous-sol. Les cannabiculteurs de l’Arizona devraient particulièrement souffrir. Ils ne sont pas les seuls.

Manque de sels

Car le BoF a d’ores et déjà fait savoir qu’il comptait bien imposer, l’an prochain, des mesures d’économie comparables au bassin amont : Nouveau Mexique, Utah, Colorado et Wyoming. Quatre autres états qui fleurent bon la weed.

Un malheur n’arrivant jamais seul. Le service géologique américain (USGS) a indiqué, au printemps dernier, que l’irrigation industrielle, la déforestation et le changement climatique avaient lessivé les sols des sels minéraux du bassin du Colorado ; des éléments vitaux pour les cultures. Un nouvel écueil pour les plantations.

Elon Musk aura-t-il la peau du ciel?

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Comme chaque année en août, nous sommes nombreux à scruter le ciel pour compter les étoiles filantes. Si l’exercice est aussi facile que charmant, les astronomes, eux, peinent à observer avec précision les astres. En cause, les quelques 12 000 satellites qu’Elon Musk est en train de déployer dans la stratosphère.

Le bouillant créateur des voitures électriques Tesla est aussi l’heureux propriétaire de SpaceX, l’un des plus actifs constructeurs de fusées de la planète. Depuis quelque temps, la société californienne expédie, par palanquée de 60, des groupes de satellites de télécommunications à des altitudes comprises entre 300 et 1000 km.

Internet à haut débit

L’objectif poursuivi par les équipes d’Elon Musk est de constituer le plus important réseau de petits satellites de télécom gravitant autour de la planète. Un outil indispensable pour offrir au plus grand nombre de terriens un accès à l’Internet à haut débit. Ce réseau Starlink pourra sans doute aussi favoriser la géolocalisation des voitures autonomes que se promet de construire le milliardaire sud-africano-canadien américain.
Les quelques centaines d’engins signés SpaceX ne sont pas sans causer quelques problèmes. L’arrivée de chaque satellite dans la proche banlieue de la terre génère des déchets spatiaux (débris de lanceurs) qui en se déplaçant à très grande vitesse peuvent mettre à mal d’autres satellites. Certains hublots de la station spatiale internationale sont criblés d’éclats. Des résidus spatiaux ont endommagé l’un de ses panneaux solaires. Les cosmonautes ont dû intervenir.

Déchets spatiaux et dangereux

Pour offrir du réseau à toute la planète, la galaxie Starlink devra comporter plusieurs dizaines de milliers de satellites. Le fan de David Bowie prévoit d’en expédier sur orbite 12.000 d’ici à 2025. À terme, le dispositif en comptera trois fois plus. C’est là que les ennuis commencent. Car, autour de la planète, a fortiori en orbite basse, la place n’est pas infinie.
Depuis Spoutnik 1 (en 1957), les agences spatiales russe, européenne, américaine, chinoise, japonaise ou indienne ont lancé 9000 engins, dont beaucoup tournent encore, à défaut d’être actifs. Dans certaines régions du ciel, notamment à proximité immédiate du globe, on frise l’embouteillage. Et l’arrivée des bébés Musk n’arrange rien.
En septembre 2019, ses opérateurs ont dû modifier la trajectoire du satellite européen Aeolus pour lui éviter d’être percuté par un satellite Starlink hors service. Le phénomène risque de se reproduire. Selon les calculs de trois astrophysiciens italiens, le déploiement de Starlink va tripler le nombre de déchets spatiaux qui souillent notre espace proche.

Orbite basse

Cette estimation déplait en haut lieu. Les militaires apprécient particulièrement les orbites basses pour y placer leurs satellites-espions et, depuis quelques années, les satellites tueurs de satellites-espions. Les agences scientifiques et spatiales se réservent quelques emplacements pour leurs plateformes de surveillance de la terre.
Demain, on contrôlera depuis l’espace les émissions de gaz à effet de serre des usines et des champs. Bref, tout le monde guigne les meilleures places. Mais personne ne peut empêcher le père de X Æ A-12 de placer ses merveilles de technologie là où il le souhaite. Et surtout pas le traité de l’espace de 1967.
Et cela chagrine bien les astronomes. Les scientifiques craignent que la pollution lumineuse provoquée par les engins siglés Starlink ne perturbe leurs observations du ciel. Un risque pris en compte par la compagnie américaine. Celle-ci a expédié un satellite peint en noir au-dessus de nos têtes. Il est tout aussi lumineux que ses petits camarades.

 

Bono s’investit dans le climat

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L’artiste irlandais participe à un fonds d’investissement dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Une activité louable qui n’est pas forcément bénévole.

Paul David Hewson est de retour ! Cet homme d’affaires avisé, philanthrope à l’occasion, est plus connu sous son nom de scène : Bono. Richissime leader du groupe U2, le chanteur-compositeur-interprète-acteur irlandais est aussi un inlassable militant de droits humains, un pourfendeur de la corruption (ce qui n’a pas empêché son association ONE de frauder le fisc sud-Africain !), un guerrier contre la pauvreté. Voilà maintenant qu’il s’investit dans la lutte contre le changement climatique. Un nouveau combat qui demande beaucoup d’argent.

5 milliards de capital

Avec quelques personnalités « Sans Difficulté Financière » (Jef Skoll, Pierre Omidyar, Richard Branson, Anand Mahindra, Mellody Hobson, David Bonderman, Jim Coulter), Bono a donc créé TPG Rise Climate Fund (RCF), un fonds d’investissement dédié au financement de ses bonnes œuvres climatiques.

Bonne nouvelle, ledit véhicule financier vient d’annoncer une levée de fonds de plus de 5 milliards de dollars. De quoi « soutenir » des entreprises engagées dans les énergies renouvelables, la production d’alimentation veggie ou la fabrication de vélos électriques.
Cet activisme économique n’a rien de répréhensible. Ce qui plus gênant, en revanche, c’est la façon dont cela fonctionne. TPG Rise Climate Fund est, en réalité, une branche de Texas Pacific Group (TPG, donc), imposante société ayant plus de 100 milliards de dollars d’actifs en gestion.

Mutualiser les investissements, privatiser les bénéfices

L’activité de ces gestionnaires d’actifs est de prendre le contrôle de sociétés avant de revendre les actions au bout de quelques années. Bono (dont la fortune personnelle est évaluée à 700 M$) et ses petits camarades vont donc empocher une partie des dividendes annuels et du produit de la vente des actions des sociétés « soutenues ».
Comme toutes les sociétés de gestion qui se respectent, TPG ne paie pas les actions qu’elle achète. C’est une structure ad hoc qui emprunte sur les marchés le montant des actions avant de payer l’addition pour le compte de la société de gestion. Avec les dividendes versées, TPG et ses filiales remboursent ladite structure et fait un bénéfice en passant.

Pro-Bono?

Evidemment, les sociétés de gestion ont tout intérêt à ce que les profits dégagés par leurs acquisitions soient les plus importants possible. Ils privilégieront, pour ce faire, les entreprises bénéficiant d’une rente (un propriétaire d’autoroute, par exemple) ou dont on pourra pressurer les salariés, comme c’est souvent le cas dans les start-up prometteuses.
Bref, Bono et ses amis vont, peut-être, contribuer (un chouia) à décarboner notre économie. Mais ils en tireront à coup sûr un gros profit. Quant à la pérennité des sociétés dans lesquelles ils viennent d’investir, c’est une autre histoire.

 

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