CBD business - Page 3

Le Sénat français se prononce largement en faveur du développement de la filière chanvre et CBD

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La proposition de résolution du groupe écologiste en faveur du développement de la filière chanvre et d’une meilleure réglementation du CBD a largement été adoptée par le Sénat ce jeudi 17 novembre.

Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste au Sénat et porteur de la résolution, est parvenu sans difficulté à faire approuver sa “Proposition de résolution en faveur du développement économique de la filière du chanvre et pour l’amélioration de la réglementation entourant le CBD“, puisque le texte été adopté par 179 voix contre 7.
Un voeu pieux puisque qu’une résolution du Sénat n’a pas de valeur contraignante pour le gouvernement et ne saurait faire loi.
Une résolution exprime en revanche une préoccupation des élus du Palais du Luxembourg qui par ce biais interpelle le gouvernement. Avec un tel suffrage, le message est clair et net à l’endroit de l’exécutif.

179 voix contre 7

Un gouvernement qui continu à jouer au gaulois réfractaire sur le CBD et l’a fait savoir par le biais de la secrétaire d’Etat en charge de la ruralité, Dominique Faure, qui a réaffirmé au Sénat la position de l’Etat « Si le cannabidiol (le CBD NDLR) n’est pas classé comme un stupéfiant, il s’agit quand même d’une substance psychoactive dont les risques pour la santé sont encore en cours d’analyse  […] Il n’a pas été établi que le CBD est dangereux mais il n’a pas non plus été établi scientifiquement dans quelle limite de consommation, il ne l’est pas […] Seule la science doit éclairer nos décisions».

LR, Ecologiste, Socialiste et Communistes unis pour soutenir la filière chanvre et CBD

Parmi les soutiens du texte, le sénateur socialiste, Gilbert-Luc Devinaz qui a qualifié sur Public Sénat la filière de chanvre de « pilier de la réindustrialisation écologiquement responsable ». « Qu’il s’agisse de filière de construction locale, des industries textiles, du développement des bioplastiques plus légers et compostables, d’une filière papier réinventée, du développement des produits cosmétiques, pharmaceutiques et de bien-être ». A ce titre, il a déploré que la filière n’ait pas bénéficié du plan de relance mis en place durant la pandémie.

Au sein du groupe LR, les élus ont aussi largement encouragé le gouvernement à faire plus en faveur de la filière chanvre. La sénatrice LR Laure Darcos regrettant « l’impossibilité pour les maîtres d’ouvrage de valoriser financièrement le béton de chanvre par le biais des certificats d’économie d’énergie […] les maîtres d’œuvre ne peuvent donc pas prétendre aux aides de l’Etat au titre de la rénovation de l’habitat“.

Enfin, pour la sénatrice du groupe CRCE (Groupe communiste républicain citoyen et écologiste) Marie-Noëlle Lienemann, c’est cette association cannabis et chanvre qui freine le développement de la filière. « Il ne s’agit pas de contourner le débat sur la législation du cannabis. Il faut avoir une attitude rationnelle », a-t-elle appelé.

 Les principales propositions du texte soutenu par 179 sénateurs sur 186:

  • L’ouverture de l’obtention du label « Agriculture biologique » à tous les produits du chanvre destinés à la consommation humaine et animale.
  • L’élargissement du catalogue des cultivars de chanvre bien-être autorisés à des variétés contenant moins de 1 % de THC.
  • La mis en place de doses journalières recommandées (DJR) non contraignantes de consommation de CBD, à mentionner sur les emballages des produits, afin de prévenir toute forme de consommation problématique des produits à base de CBD.
  • La mise en place d’ un encadrement de l’utilisation du CBD dans les compléments alimentaires.
  • L’ouverture de l’obtention du label « Agriculture biologique » à tous les produits du chanvre destinés à la consommation humaine et animale
  • La catégorisation des produits issus du chanvre à principe actif  (CBD, CBN, THC, CBG…) afin d’identifier ceux relevant du bien-être et de la consommation courante et ceux relevant du soin médical et du régime de la pharmacopée.
  • La mise à la disposition des forces de l’ordre (douane, police, gendarmerie) des tests portatifs permettant de distinguer précisément les teneurs respectives en CBD et en THC des produits brut.

 

François Verdonnet, pionnier français du CBD en Suisse

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Il y a six ans, François Verdonnet était le premier à vendre du CBD à Genève et ses environs. En 2022, dans le cadre d’un projet pilote de légalisation, ce fils d’horticulteur fournira en cannabis récréatif les villes de Zurich, Lausanne et… Genève. Entretient avec le français dont l’herbe fait un tabac en Suisse.

Non seulement je suis le premier à avoir vendu du CBD à Genève, mais en plus je suis français!” s’amuse François Verdonnet, 39 ans et à la tête de Chanvre DC. C’est en 2015 et dans une station service Piccand (une chaîne indépendante de distribution de carburant) qu’il fera ses armes dans le business de la belle plante.
A coté des cigarettes et du tabac à rouler, François propose en primeur à ses clients des fleurs de CBD à fumer (En suisse, les stations-services sont aussi débitants de tabac), et ce en toute légalité.

« Quand j’ai appris que l’on pouvait produire et vendre du chanvre CBD,  je n’ai pas hésité. Je savais que nous avions un bon produit bien-être, sain et sans dangers sur la santé.”  explique ce savoyard qui a grandi au milieu des serre de son père, lui aussi horticulteur. “Avec une première infrastructure existante et l’aide de mes deux frères, ça a été assez rapide à monter. Ce qui a encore plus fulgurant, c’est la demande: en quelques semaines, il y avait  la queue sur des dizaines de mètres pour se fournir en CBD. »

De la station service au laboratoire R&D high-tech

« Au tout début, nous vendions notre chanvre CBD sous la marque Swiss Alps CBD, toujours quand je travaillais dans cette station service où je faisais aussi le pompiste. C’est d’ailleurs là-bas, que j’ai rencontré le gars qui allait devenir mon associé. Nous étions tous deux des grands passionnés de cannabis et savions le potentiel bien-être et commercial du CBD.”
Aujourd’hui, François peut se féliciter d’avoir misé sur la bonne plante, ou plutôt la bonne fleur: les ventes de sommités florales représentent en effet 80% des ventes de Chanvre DC. Les 20% restant se répartissent entre huiles sublinguales, huiles de massage et baumes.

 

Coté quantité, nous sommes loin des 5 tonnes du géant du CBD Phytocann, dont les installations sont à 60 km de celles de François, de l’autre coté du lac Léman. Chanvre DC mise plus sur la qualité et un réseau de proximité.
Cette année on a pas fini de récolter mais on devrait faire environ 500kg produits sous serre et pour la fin de l’année 100kg en indoor, parce que nous venons juste de commencer ce type de culture. On a pas fait pousser en  outdoor cette année à cause de la mauvaise météo. On a juste fait un partenariat de production d’où nous devrions tirer 300kg. Soit environ 900kg, à peu près la même chose que l’année dernière. “

Culture organique et production éthique.

Si les plantes de François rencontrent un franc-succès en Suisse, où se situe son exploitation, elles sont très peu commercialisées dans l’hexagone.
Une stratégie assumée: ” Si nous ne sommes pas très présent sur le marché français, c’est pour une raison simple : quand il faut réduire à 0,2% le taux de THC  (alors qu’en Suisse c’est 1% NDLR), il devient très difficile de proposer un bon produit. D’ailleurs, sur la plupart des fleurs vendues en France, les producteurs rajoutent des terpènes à base d’huile essentielles ou d’alcool. Sans ce petit tour de passe-passe,  les têtes ne sentiraient rien. Mais ce genre de pratique n’est pas dans notre approche. Je ne tiens pas à jouer avec la santé des gens. D’ailleurs, la totalité de notre production est garantie sans engrais chimique et labellisée en culture organique.” précise l’entrepreneur.

François Verdonnet dans son élément.

Le premier français à vendre (légalement) du cannabis récréatif

Parce qu’il a anticipé l’évolution du marché, François Verdonnet fera très probablement parti des premier fournisseurs en Suisse d’un autre type de chanvre : le cannabis récréatif.
Dès 2023, les villes de Zurich, Genève, Lausanne, Berne et Bâle mèneront un projet pilote de légalisation du cannabis récréatif.

Pour fournir en weed pharmacies et Social Clubs des villes en question, François et ses associés ont mis les petits pots dans les grands.
“Dès que l’expérimentation a été confirmée, j’ai fait ma demande d’autorisation pour produire du cannabis thérapeutique et récréatif auprès de l’OFSP, (l’équivalent du ministère de la santé suisse NDLR). Et si mon dossier a été accepté, ce n’est pas par hazard.  Nous avons  engagé deux docteurs en biologie végétale et en pharmacie, et un laborantin qui travaillent dans notre laboratoire estimé à 13 millions d’euros que nous avons obtenus dans de très bonne conditions. C’est l’opportunité du siècle pour une entreprise comme la nôtre.”
Rendez-vous à Genève en 2023!

Fan de free ride, François Verdonnet a fait un partenariat avec le grand Izaac Simon pour un sublime ride promotionnel.

Le site de chanvre DC est accessible via ce lien

Anthony Amar fait un tabac dans le CBD

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Le succès d’Anthony Amar est un cas d’école. Dans un univers où la concurrence est corsée, cet originaire de l’île de beauté a réussi à imposer en un temps record sa marque aux quatre coins de l’hexagone, via les  corners des boutiques au losange. En s’appuyant sur un réseau constitué de 1200 buralistes, il a rapidement séduit les consommateurs français et fait décoller les ventes de son site marchand haschill.com. Zeweed l’a rencontré pour une interview à son image : concise, précise et sans baratin.

Racontez-nous l’histoire d’Haschill
Haschill est né en 2021. Nous avons en premier lieu monté une boutique et un site internet en suivant l’engouement pour la libéralisation et la législation CBD. On s’est ensuite concentré sur la distribution, en remarquant qu’il existait un manque qualitatif dans les tabacs. Proposer un CBD digne de ce nom aux buralistes s’est imposé comme un choix évident. Aujourd’hui, on fournit 1200 tabacs et nos commerciaux couvrent une dizaine de régions. En ce qui concerne l’offre, nous proposons une trentaine de références en différents conditionnements, allant de 1 à 12 grammes.

Où en est la législation française ?
En France, ça reste encore compliqué. On est légal niveau européen, donc Haschill n’est pas en situation d’illégalité. Les différents arrêtés mis en place sans consultation de l’Assemblée ont été suspendus par le conseil d’état. On utilise la législation européenne du commerce entre pays membres.  Aujourd’hui, 10 000 tabacs commercialisent le CBD en France, les pharmacies en vendent, grandes surfaces en vendent. Pourtant, le gouvernement reste très sévère à l’égard de la commercialisation du CBD : les tabacs font l’objet d’un contrôle tous les mois.

Vous avez déjà eu des contrôles ?
On a déjà eu des contrôles. Pas nous, mais les tabacs auxquels on vend sont contrôlés. La réponse des institutions, c’est nous interdire le label bio. En réalité, on est complètement en règle par rapport aux tabacs avec qui on commerce principalement. Je ne suis pas inquiet : c’est un nouveau marché à fort potentiel et une opportunité économique formidable pour la France. Ce secteur, de plus en plus vaste, de plus en plus varié, va finir par être officiellement réglementé.

Il y a un avantage à ce que le CBD soit vendu dans les tabacs?
Oui, et particulièrement pour le consommateur. Il y a déjà l’avantage du réseau : il y a clairement plus de bureaux de tabac que de CBD shops, et c’est tout de même plus rapide qu’une commande en ligne!  Et surtout, il a beaucoup plus de contrôles sur la qualité du produit que les sites de vente en ligne, et ça, c’est aussi à l’avantage des consommateurs.
Chez Haschill, nous commercialisons des fleurs de chanvre CBD issues de deux modes de culture : indoor (le haut de gamme du chanvre bien-être, cultivé en intérieur sous lampes dans un environnement aux paramètres totalement maîtrisés NDLR) et en greenhouse (cultivé sous serre NDLR).
On commercialise majoritairement de l’indoor et on propose une petite gamme greenhouse. Pour moi, il doit y avoir, comme dans n’importe quel marché, une offre haut de gamme et une autre bas de gamme. Il faut aussi qu’il y ait des contrôles, que le marché se forme en toute transparence. Il s’agit aussi d’éduquer et informer chaque client. Le but est de parvenir à instruire les consommateurs sur l’origine du produit avec, encore une fois, la plus grande transparence possible.

Vous vous approvisionnez où ?
En Italie, en Espagne, au Portugal. On a une trentaine de fermes partenaires, ce qui permet un lien direct avec l’agriculteur. On ne passe pas par des grossistes, on s’approvisionne directement, ce qui nous permet de maîtriser l’intégralité de la chaine.
On a producteur français, en résine. Si on pouvait, on préfèrerait proposer une production entièrement française, mais elle est encore toute jeune.

www.haschill.com

Propos recueillis par Aurianne Martineau

French Touch CBD, une affaire de famille

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 Dans la région de Béziers, une famille travaille la vigne depuis le XVIème siècle… et le chanvre bien-être depuis l’année dernière. Reportage et entretien chez Viranel, où ces passionnés cultivent les produits du bonheur en toute simplicité.

D’où est venue l’idée de vous diversifier ?

Arnaud : On y pensait depuis quelque temps. J’ai eu un accident, ma belle-sœur Carine est atteinte d’une maladie auto-immune et la maman de Léa, ma femme, a eu un cancer, on a essayé de la soulager avec du CBD. On cherchait des solutions. En 2021, on a eu un gros gel tardif sur l’ensemble du vignoble, qui nous a flingué 80 % de la récolte à venir. On avait déjà en tête de lancer cette culture de chanvre bien-être et quand j’en ai parlé avec mon frère Nicolas, il a validé. Léa et Carine ont creusé le sujet plus sérieusement et on a lancé la production.
Léa : Ça s’est fait assez précipitamment.

Quand avez- vous débuté l’aventure CBD ?
Arnaud : On a commencé la production l’année dernière, en avril/mai. Pour les marques French Touch CBD et Les Artisanes de Marie-Jeanne, c’était en décembre dernier.

Quand vous parlez de CBD ici, vous avez dû avoir des réactions…
Léa : Au départ, on avait mis en vente une huile d’olive au chanvre, un produit fini consommable partout. La première réaction d’une personne très « terroir » de l’arrière-pays, c’était « ah non merci, ce genre de truc j’en veux pas » alors qu’on était juste là pour faire déguster une huile d’olive, pas de quoi s’inquiéter. Non naviguons à tâton entre le rejet d’une mode et la diabolisation du cannabis.

Carine. On passe beaucoup de temps avec les gens pour leur expliquer. Sur les marchés, on arrive à vendre plus de produits parce qu’on a le temps d’engager la discussion. Mais dans les magasins, où il n’y a pas de discours derrière la vente, c’est plus compliqué. On a toujours des questions comme : « je peux conduire après avoir consommé cette tisane ? ».

Jimmy, mordu du chanvre, est un expert en CBD qui prête main forte à l’équipe

Et les explications portent leurs fruits ou ça ne sert à rien ?
Lea : On a de très bons retours. Des gens sont en recherche de bien-être, mais on est obligé de faire cette petite éducation sur la plante.
Arnaud : Par exemple, on préfère parler de chanvre et des plantes qui l’accompagnent pour les tisanes, plutôt que de parler de CBD car ce terme peut encore bloquer certaines personnes.
Carine : Notre force aussi, c’est que les garçons sont viticulteurs tandis Léa et moi sommes issues du monde médical, elle est diététicienne et moi infirmière. On est sur du bien-être, c’est clair, mais on apporte notre expertise aux consommateurs. On a tous nos domaines de compétences, autant les garçons que nous. Pour les tisanes, Léa a composé des mélanges en fonction de la synergie des plantes entre elles.

Une saisonnière qui pose à coté d’une autre belle tête.

Avec le domaine viticole séculaire, une expertise médicale, vous êtes loin des clichés du « stoner “.
Arnaud : On est vite sorti de ça, oui.
Carine : C’est pour notre image de « produits bien-être » aussi.
Arnaud : On a encore quelques rares cas. La semaine dernière, un proche à qui j’ai conseillé des huiles m’a répondu « non merci, je suis pas dans la défonce ». Deux jours après, il est revenu et m’a demandé une huile. Entre temps il avait dû se renseigner… Mais on ne parle pas de fleurs là. C’est un marché qu’on a pas trop attaqué parce que c’est du commerce pur, il y a moins de sens.

Le bonheur est dans le champ.

Comment développez- vous votre activité ?
Arnaud : On est parti sur quelque chose de simple, sans promo, mais basé sur le bouche-à-oreille. On n’a pas fait de pub, on fait du petit réseautage et du viral court :  une personne qui a un avis positif va le partager avec son entourage.
Mais on est quand même sur les réseaux sociaux, c’est incontournable aujourd’hui. On pourrait aller beaucoup plus vite avec une grosse com’, mais le but n’est pas d’exploser pour se retrouver avec des dizaines d’employés…

Pourquoi pas ?
Arnaud : Parce que ce n’est pas gérable. On veut garder notre savoir-faire et rester dans cette bulle familiale.
Léa : On est sur tous les postes, packaging, production, création, commercial… C’est très polyvalent.

Concernant la répartition des tâches ?
Arnaud : Mon frère et moi gérons la partie production et les filles la distribution. On était bien entouré au départ, avec deux amis :  Jimmy et Loïc pour la partie agricole.

A vue de nez, la récolte est proche.

Pas trop dur de travailler en famille ?
Léa : Non au contraire, on a une bonne entente et on se complète sur les tâches, au boulot comme à la maison. Pour Nicolas et Arnaud, c’est une charge de travail considérable. Entre ça et le vignoble, ils sont en permanence sur le pont.
Carine : On a commencé une année noire pour la production de raisin, donc ils étaient plus disponibles au départ, mais ce n’est pas acquis.
Au début, Léa et moi étions très enthousiastes, on ne savait pas vraiment ce qui nous attendait. On s’est retrouvée dans le noir avec des lampes frontales à faire de la manucure pendant plusieurs semaines ! On a tout appris en même temps. La manucure, ce qu’est un terpène, les trichomes… Et sans parler des enfants, j’ai un ado à la maison, quand il a su ce qu’on faisait « alors maman, tu fais de la drogue ? ». Et là tu dois tout expliquer… L’autre de 6 ans, lui, voulait en ramener à l’école pour parler de l’activité de ses parents.
Arnaud : Même pour les anciens, au début ils avaient peur car ils assimilaient ça à la drogue mais au fur et à mesure ils ont compris et se sont ouverts.

Léa, fleur au chapeau pour la plus belle des plantes.

Sur la production, vous êtes bio ?
Arnaud : On travaille sur une parcelle qui a été en jachère depuis plus de 10 ans, la production se fait sans produit phytosanitaire mais on l’a lancé trop précipitamment. Pour le label bio, on va voir ça dans les mois à venir. Concernant le vignoble, on a choisi d’avoir autant de vigne que de garrigue. Donc on a un écosystème qui est naturellement très riche, avec beaucoup d’insectes, d’oiseaux, de serpents et toute la faune locale. Ça permet de limiter l’impact de certains ravageurs, qui vont rester cloisonnés à la parcelle en question. Il y a un équilibre qui se fait naturellement. Sur la production de chanvre, on a eu des chenilles mais sans plus. À part de la flotte et un amendement organique, il n’y a besoin de rien ajouter.

Avez-vous établi des stratégies de développement ?
Arnaud : Oui, bien sûr, mais c’était avant que le marché s’écroule. On pensait faire de la fleur au départ mais on s’est aperçu qu’il y a plus de possibilités avec les produits dérivés comme les tisanes, les huiles, etc…
Carine : Pour éviter la confusion chez nos consommateurs, on a choisi de scinder la marque en deux. Les fleurs, c’est French Touch CBD et tous les produits dérivés c’est Les Artisanes de Marie-Jeanne.

Chez Viranel, le chanvre est surtout une histoire d’amour et d’eau fraîche.

 

Le site de French Touch CBD est accessible vie ce lien

Le Comité canadien de la Santé demande à ce que le CBD soit en vente libre et fasse l’objet de recherches financées par l’Etat.

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Au Canada, alors que le CBD n’est disponible que sur ordonnance en pharmacie ou dans les dispensaires de cannabis, le Comité consultatif scientifique Canadien demande au gouvernement que la molécule fasse l’objet d’études officielles et soit en vente libre.

Le Comité consultatif scientifique Canadien (CCSC) vient de demander au gouvernement de financer des recherches sur le CBD, afin d’évaluer ses vertus thérapeutique et proposer aux consommateurs un cadre garantissant leurs sécurité.
Soulignant qu’un manque de données fiables empêche de préciser les indications et dosages recommandés du CBD, le CCSC a exhorté le gouvernement à soutenir “une recherche clinique de haute qualité sur la sécurité et l’efficacité du CBD et d’autres phytocannabinoïdes“.
La requête du CCSC, qui vise notamment à délimiter les applications thérapeutiques du CBD, figure dans le dernier rapport de Santé Canada, l’autorité sanitaire du pays.

Un marché estimé à 1,7 milliards d’euros par an si le CBD est en vente libre

Le CCSC propose aussi étudier l’opportunité d’autoriser l’achat de produits CBD en vente libre, sans ordonnance.
Le 28 juillet, Santé Canada (l’équivalent du ministère de la santé en France) avait aussi préconisé que le CBD soit accessible sans prescription médicale, précisant que la molécule issue du chanvre était « sûr et tolérable » chez les adultes en bonne santé.

Au Canada, le CBD demeure une substance contrôlée et réglementée au même titre que le cannabis thérapeutique ou récréatif .
La réglementation fédérale canadienne impose que le CBD ne soit vendu que sur ordonnance dans les pharmacies ou par les dispensaires agrées faisant commerce de cannabis. Les ventes illicites de CBD en dehors du cadre réglementaire sont aujourd’hui courantes, voir majoritaires dans certaines provinces.

Au mois de mars de cette année, une étude de l’Association Canadienne des aliments de santé (ACAS) projetait que les ventes de CBD atteindraient 2 milliards de dollars canadiens (1,7 milliard d’euros) par an avec une croissance de 7 % annuelle si le chanvre CBD était en vente libre et commercialisé en tant que produit de santé.

Les recommandations du CCSC :

  • La posologie quotidienne de CBD par voie orale doit être fixée à une dose allant de 20 à 200 milligrammes par jour pour les adultes en bonne santé. Les consommateurs sont invités à discuter des effets potentiels de la combinaison de CBD, de médicaments et d’autres substances avec leur pharmacien.
  •  Le CBD ne doit pas être utilisé par les femmes enceintes ou envisageant une grossesse, par les mères qui allaitent ou par celles qui ont des allergies ou une hypersensibilité au cannabis, aux cannabinoïdes ou à toute substance pouvant être présente dans les produits à la suite du processus de fabrication.
  • Les produits CBD doivent avoir des instructions de dosage claires et des avertissements d’effets secondaires potentiels, doivent comporter des déclarations sur les interactions potentielles entre le cannabidiol et d’autres drogues ou alcool, et être emballés dans des boîtes contenant des notices d’information dans chaque unité de vente.
  • Le CBD peut être administré aux chiens par voie orale deux fois par jour, mais uniquement à de très faibles doses comprises entre 0,2 et 2 milligrammes par kilogramme de poids corporel. Aucune recommandation n’a été faite sur l’utilisation du CBD sur les chats, en raison du manque de recherches disponibles, a déclaré le comité.
  • Les propriétaires doivent consulter un vétérinaire avant d’administrer du CBD à leurs animaux de compagnie.
  • Les produits pour animaux de compagnie doivent également être emballés et inclure des encarts informatifs. Les étiquettes doivent indiquer que le produit ne doit être utilisé que si un vétérinaire a diagnostiqué l’état de l’animal et discuté des risques et des avantages avec le propriétaire.
  •  Des efforts d’éducation du public au sujet de la CDB devraient être menés.

Cheffe Jessie : The CBD Haute-Cuisine made in London

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Chef Jessie L.E, is the CBD Gastronomy specialist who is rocking West London fine dining scene with her CBD dinners.
Zeweed went to meet her.

Zeweed : Hello Jessie, please tell us a bit about your background and your experience as a Chef?
Jessie :
  When I was a kid, I used to watch cooking shows all the time. I loved how chefs and people in the food industry described food & showed passion for something that we must do to survive. It gave me a sense of escapism. My mother adores eating out and socializing and as her only child I was always taken to places far beyond my pallet and exposed to new dishes and experiences. This plus the fact that at home I had complete freedom of the kitchen as my mother wasn’t interested in cooking. She would let me buy whatever I wanted and gave me the opportunity to freely explore gastronomy.

Salmon Canape

When I was in school I always worked in kitchens but I never went to school for cooking, I went to study fashion. I was always working to put myself through university. Whereas in restaurants or private catering I always had very good mentors.
When I was 18, 20 I didn’t feel like going to school for food, at that age you kind of follow other passions. I have been working as a private Chef for the last 10 years, for high profile individuals and creating bespoke experiences.
I’ve been professionally working in private homes and for events for the last decade. I work closely with the client to create a bespoke and highly personalised food. Everyone is different and having a chef that understands your pallet and is very important to my clients.
At the moment I’m working at the Saatchi Gallery but I only do bespoke experiences there. I am also working for www.hometainment.com  and did a CBD dinner for them last week.

Sliced raddish as a starter

How did you come up with the CBD dinner idea ?
I’ve always had the idea of hosting an immersive fine dining marijuana dinner here in London but didn’t have the clientele. What I did have though was a clientele of “yummy mummies” who were just coming round to the idea of CBD and thought that it was a modern twist on dinner parties I was already offering them.
I also met Antoine, the founder of HOMETAINMENT around this time, who gave me a platform to promote this style of dining and the people were receptive to it.
It gave me an opportunity to educate on this beautiful plant and create interesting and original dishes that I wasn’t really show casing in my day-to-day life as a private chef.

CBD Roe Pate : the perfect entrée plate

ZW-How long have you been offering this CBD dinner experience ?
It all really kicked off summer 2020. I had spent a lot of lockdowns cultivating many organic plants of different origins. The only thing they had in common is that they were all auto flowering. To which I had to do something with. I spent a lot of time researching how to make the purest tinctures and oils and from there I started balancing flavour profiles, effects and strengths. It was my covid project and I honestly was so happy to have something to focus my time on in those unsure times. Horticulture is a beautiful thing!

Roe Toast to follow nicely…

ZW- Do you find ready to use ingredients or do you create your own mix ?
All the CBD I use personally and for my dinner is home grown here in west London.
It has definitely opened my eyes to what it is that is sold at “dispensaries” & what real quality is. I was really adamant that it was quality that I was looking for.
Its 100% a massive part of what clients appreciate about the dinners. Knowing a product is coming from a trusted source, uses organic mediums, has had limited interference and is first pressing. Appeals to thoughs both experiences and new to marijuana of any kind. I even cultivate some plants using 100% vegan medium.
I make tinctures, I make oils, it’s really about balancing the flavors with the dishes I’m creating.

What strains of CBD are you using ?
For the last 2years I have grown over 3 dozens strains.
Among them are :

  • Valentine X
  • Cherry wine
  • Suzy Q
  • ACDC
  • Charlotte’s web
  • Elektra
  • Harle-Tsu
  • Sour Tsunami
  • Crème de la crème

We know about the health benefits of CBD, but is the taste of CBD really important in your menu creation ?
Of course, knowing the benefits and effects of each induvial plant is wonderful but a little nuanced if you’re not familiar with CBD. But having a fabulously tasty dinner with a new ingredient is much more palatable I’ve found.
A plants Terpenes play a major part in creating a dish. Whether it be working with citrus, sea food or white chocolate there will always be a cbd strain that compliments the produce best. I’m experimenting more every time I think of a new dish, I’ve found some fabulous flavour profiles that I wouldn’t of every experienced if it wasn’t for that particular plant’s characteristics.

Smoked carrots by chef Jessie

Give us some examples of dishes that can be part of your CBD menu.
Here is a menu for a dinner I recently hosted :
Canape :
Organic blueberry OG tinctureYellow fin sashimi / elderflower vinegar / amaranth petals / pineapple and scotch bonnet jam
Starter
Organic Jilly bean oil and vinegar/ Crab / pink fennel coleslaw / grated bottega / squid ink rye bread
Mains :
Organic Orange peel
Ginger and star anise marinated rack of lamb with a hazelnut crust / smoked new potatoes / cavolo Nero / & hibiscus sherbet
Desserts :
Organic Harle-tsu flower indoor tincture & cows die
Cereal milk panna cotta / honeycomb / basil oil

Each dish has been matched with a strain that works alongside it and enhances the flavour. it doesn’t overpower or create an astringent taste on the pallet all while being the cleanest version of itself. It’s been a true pleasure to work with this plant in a professional way. cannabis knows no bounds.

Do you have a signature dish ?
There is one dish, which has been very popular, I have used it in different forms and it is still being requested a lot :  pork belly, cooked for 24 hours.
The pork belly is slow cooked in a ginger, star anise, lemongrass and carrot broth for 12 hours, topped up with water as and when. (The key is to ask your butcher for a centre cut piece of belly with the bones and skin removed) keep them as the bones will flavour the stock and the skin will protect the top for the more intense heat)
Then when cooked press the pork belly between two weighted baking trays for another 12 hours so it is evenly set. You will now be able to slice the perfect pieces of pork!
Brush with a paste made of equal parts of agave, gojuchang, garlic powder and freshly squeezed orange juice and pop under the grill for a few minutes till bubbling and charred.  serve in tacos, bao or on ramen or alongside garlic cavolo nero, sweet potato puree and with a blackcurrant jus. anyway you decide to eat this, it’s a real crowd pleaser !

The verde gaspacho

How is the customers’ reaction so far?
It’s been nothing but positive. Everyone has been open minded and extremely inquisitive about my techniques and uses. It’s been beautiful for people to see cbd as a real benefit and how there are a pleather of different directions in which you can take it and enjoy it.
Just like anything, it’s not a one size fits all motif. having clients taste and experience a variety of CBD’s and Giving people the opportunity to explore it through the vehicle of the culinary art has as I said make it much more palatable to thoughs who may of dismissed it due to its relationship with THC based flower.
This activity has really taken off, I’ve got an average of 2 CBD dinner parties a week and they’re usually quite big affairs. As the 2 things I love the most are weed and food I couldn’t be happier.
I really try not to repeat the same dishes to keep the experience always exciting.

Do you have any competition in London ?
There have been some THC dinners around, but there is definitely no one doing the same thing I do.

As CBD products are everywhere now, how do you see the future of CBD and gastronomy ?
 I think quality will always beat quantity in any and every way.
I’m hoping to see a decline in subpar hemp oil based cbd oil and a real movement toward quality and focus on small local production.
And with this, I hope to see pioneers of the marijuana industry really taking control of the products that are out there and always pushing quality and education.
We live in countries that are yet to legalise cannabis and I hope that with the advancement of that we will see many more young chefs mixing the beautiful worlds of food and weed more often and in environments that promote good times a truly unique experience.
I will be continuing to build upon this idea, I want a boutique general store here in Notting hill where everything is enhanced using 100% organic produce and hopefully in a few years a biodynamic farm in which we can expand into more horticulture and propagating.

 

L’UPCBD lutte à armes légales pour sauver la filière chanvre bien-être française.

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Créée en juin 2020 , l’UPCBD est une association qui a pour mission d’assurer le développement du marché national du chanvre bien-être.  A sa tête, deux avocats :  Xavier Pizzaro (à qui l’on doit l’arrêté Kanavape) et Charles Morel, que Zeweed a rencontré pour discuter du système bancaire, de l’avenir de la filière et d’un certain arrêté du 30 décembre 2021…

Bonjour Maître, qui êtes vous et que faîtes-vous? 
Je suis Charles Morel, j’ai 51 ans, et suis avocat au barreau de Paris depuis 25 ans. Depuis le 21 juin 2021, je dirige l’Union des Professionnels du CBD (UPCBD).

Qu’est-ce que l’UPCBD ?
C’est un syndicat professionnel ayant pour objet la défense des intérêts de la filière du CBD.

A quel type de professionnels vous adressez-vous? Il y a déjà l’AFPC et le Syndicat du Chanvre, qui regroupent tous deux beaucoup de cannabiculteurs…
Nous nous adressons à tous les professionnels, nos adhérents sont très majoritairement des boutiques spécialisées, physiques ou digitales, indépendants ou franchisés. Nous comptons des franchiseurs , des grossistes, des laboratoires d’analyse, quelques producteurs, dont certains sont aussi d’ailleurs à l’AFPC, qui a vocation à représenter les cannabiculteurs. Nous développons par ailleurs un réseau de partenaires : professeurs de médecine, laboratoires, centre de formation, systèmes de paiement… Et j’espère bientôt une banque française.

Des banques ? Vous avez des pistes en France ? 
Je ne vais pas donner de nom par précaution mais la discussion avance bien. C’est un besoin très important pour nos adhérents. Ce CBD est un secteur encore mal vu par l’État, comme le démontre l’arrêté du 30 décembre 2021. On sait que dans le référentiel de conformité (compliance) des banques, le CBD figure dans la zone d’alerte et de produits interdits. Nous attendions avec confiance et optimisme la décision du Conseil d’État. Si, comme nous l’espérons, sa décision nous est favorable, nous interpellerons les organismes bancaires, la fédération des banques et le ministère de l’économie pour leur demander de sortir le CBD de ce classement des activités à risque.

 

C’est un vrai problème pour les entrepreneurs du cannabis légal…
Oui, c’est le problème du droit au compte. Vous avez droit d’ouvrir un compte mais après les banques font ce qu’elles veulent concernant les moyens de paiements, en indispensables pour travailler. Nous sommes sur le point de conclure un partenariat avec une société française proposant des moyens de paiement.

 

Charles Morrel, Avocat de la défiance

Pour le moment, certains ont trouvé la parade en ouvrant des comptes chez des banques non-françaises…
C’est un des effets secondaires du dogmatisme d’État sur la question du CBD. Le paradoxe, c’est qu’en réalité l’État français joue contre les consommateurs, les producteurs et les commerçants français du CBD, parce que les solutions alternatives en cas de blocage se trouvent à l’étranger. L’Etat provoque une perte de valeur considérable par une création de risque absurde, en méconnaissance totale du CBD. Cette difficulté systémique avec les banques est un des exemples de l’État qui joue contre ses citoyens et ses acteurs économiques.

L’UPCBD a été particulièrement active pour contrer cet arrêté du 30 décembre 2021…
Effectivement, avec Maître Xavier Pizzaro, l’avocat de l’UPCBD, et Yann Bisiou, maître de conférence spécialisé dans le domaine, l’UPCBD a fait le choix de saisir le Conseil d’État le 1er janvier sur la base d’un référé liberté, ce qui était un choix risqué mais à notre sens indispensable.
Devant le Conseil d’État, il y a deux types de référé : le référé liberté et le référé suspension, le premier est plus exigeant mais nettement plus rapide aussi. Je sentais une très grande urgence de la part des adhérents : du jour au lendemain, ils sont passés d’un statut de commerçant à celui de trafiquant, avec des marchandises qualifiées de stupéfiants, quel que soit le taux de THC présent, et des produits impossibles à vendre aux consommateurs ou à restituer aux fournisseurs.
Une vraie perte sèche, sans la moindre indemnisation ni délai de mise en œuvre. On a vu la brutalité avec laquelle le gouvernement a agi la veille du Réveillon.

“On a vu la brutalité avec laquelle le gouvernement a agi la veille du Réveillon”

Face à cette situation intenable, profondément anxiogène, Il y avait urgence, il fallait que le Conseil d’État se décide vite. Nous avons mobilisé nos troupes et récupéré des dizaines d’attestations comptables montrant la part de la fleur dans le chiffre d’affaires, environ 70 %, et donc la preuve de l’urgence. Ces commerces étaient menacés de faillite, de licenciements, du jour au lendemain. Nous avons plaidé le 14 janvier face aux représentants des gouvernement et obtenu dès le 24 janvier, une décision de suspension de l’interdiction de la fleur de chanvre CBD.
Dans l’intervalle de ces trois semaine nous avons sonné la mobilisation et soutenu les membres qui voulaient continuer à vendre de la fleur malgré l’interdiction en vigueur – interdiction manifestement illégale selon nous nous avons préparé et adressé à tous nos adhérents un argumentaire à destination des forces de l’ordre si jamais elles venaient dans les boutiques ou les entrepôts.

Vous vous êtes appuyés sur le droit européen ?
Absolument, nous nous sommes appuyés sur l’arrêt Kanavape, rendu par la CJUE le 19 novembre 2020. Le gouvernement en avait fait une lecture très incomplète, pour le dire gentiment. Quand la Cour de justice de l’Union européenne a statué, elle n’a pas écarté la convention unique de 1961 sur les stupéfiants, qui définit le droit international en la matière. Elle a au contraire considéré que la convention devait être interprétée, non pas de manière littérale, mais, dans une lecture téléologique, au regard de sa finalité, qui est la protection de la santé humaine. Le CBD n’ayant pas de nocivité avérée ni de caractère psychotrope, la CJUE a constaté que le CBD n’est pas un stupéfiant.

Vous avez débloqué cette situation de manière provisoire, c’est ça ? 
Oui et non, il s’agit d’une suspension mais avec bon espoir de l’emporter au fond, auquel cas ce qui n’était que provisoire deviendra définitif. Il est très rare que le Conseil d’État suspende un texte règlementaire. Normalement, le délai pour statuer de manière définitive est d’un ou deux ans, mais là ça sera plus court. Ça peut aller très vite, nous pouvons recevoir un avis d’audience huit jour avant l’audience. Il est possible que cette audience ait lieu dès le mois de juin.

“Il y a d’autres menaces qui pèsent sur la filière telle qu’elle est constituée aujourd’hui”

Comment vous vous y préparez avec Maître Pizzaro et Yann Bisiou ? 
Il n’y a pas de préparation de l’audience proprement dite, contrairement à la suspension du référé liberté où les débats ont duré plus de trois heures. Contrairement à la procédure de référé, où l’écrit et l’oralité se complète de manière équilibrée, la procédure au fond est écrite, seul un avocat au Conseil peut s’exprimer, par observation, quelques minutes maximum. Les efforts de notre équipe juridique se sont donc concentrés sur la rédaction des recours et du mémoire en réponse.

Vous avez bon espoir pour le futur de filière CBD française ?
Oui, et d’abord pour commencer sur cette décision de reconnaitre la légalité de la fleur. Il y a d’autres menaces qui pèsent sur la filière telle qu’elle est constituée aujourd’hui. Notamment la question de la qualification thérapeutique. Nous avons ainsi été contraints d’attaquer le décret du 7 février 2022 sur le cannabis à usage médical. Nous ne sommes pas contre le cannabis à usage médical, évidemment, nous sommes au contraire en faveur de l’utilisation optimale de tous les atouts du chanvre. Mais il y a dans ce décret une nouvelle procédure de classement en médicament, et qui nous parait totalement arbitraire, avec un risque sur la commercialité des produits que l’on trouve actuellement dans les CBD-shops. Nous avons vu avec l’arrêté du 30 décembre 2021 que l’État était prêt à liquider la filière du jour au lendemain, cela nous contraint à une grande vigilance. Nous sommes confiants sur le sens de la décision que rendra le Conseil d’État, mais toujours attentifs aux autres tentatives de déstabilisation.

“Nous avons vu avec l’arrêté du 30 décembre 2021 que l’État était prêt à liquider la filière du jour au lendemain”

Ce que nous disons au gouvernement, c’est que nous sommes prêts à travailler avec lui. En amont, nous avons réfléchi repose sur trois piliers : en premier lieu, après cette phase d’affrontement totalement contreproductive avec l’Etat, une réglementation qui permette plus de liberté, nécessaire aux acteurs de la filière. On préconise, par exemple, un taux de THC fixé à 1 % au lieu des 0,3%, dans la perspective d’une harmonisation des taux au niveau européen pour éviter la concurrence déloyale des autres pays producteurs.
Mais aussi et surtout pour la qualité de la fleur, afin d’obtenir le meilleur profil terpénique en évitant tous les procédés artificiels destinés à faire redescendre le taux de THC. Ce qui suppose un élargissement du catalogue européen à des variétés autres que celles qui y figurent actuellement, utiles pour la culture du chanvre industriel mais inadaptées à la culture du chanvre CBD. Nous voulons une fleur naturelle et française. C’est le deuxième volet de la règlementation que nous proposons : mettre en place des mécanismes sécurisant et consolidant la filière agricole française des cannabiculteurs, leur permettre d’investir et d’obtenir des revenus stables correspondant à la valeur de leur travail.

“On préconise, par exemple, un taux de THC fixé à 1 % au lieu des 0,3%”

L’UPCBD a pris l’engagement de s’inscrire dans une dynamique destinée à ce que les boutiques vendent a minima 50 % de produits français. Le troisième volet de la règlementation porte sur la protection des consommateurs. Les consommateurs doivent bénéficier d’une information transparente, exacte et complète, avec des produits de qualité.  Nous voulons garantir des bonnes pratiques tout au long de la chaine de valeur, de la production jusqu’à la vente au détail, en passant par l’extraction, l’entreposage, le transport et toutes les étapes qui sépare la plantation de la semence de la consommation finale.

Charles Morel,

C’est par rapport aux différents procédés légaux à l’étranger, qui permettent le lavage et de re-terpéniser les fleurs ?
Oui bien sûr. Nous sommes vraiment engagés en tant que filière bien-être. Cela implique une offre de produits les plus naturels possible, en évitant les processus artificiels, les solvants, les pesticides, etc… C’est essentiel. Les produits à base de CBD, on les ingurgite, on les met sur la peau, sous la langue, on vaporise, on inhale. C’est notre corps, il est sacré. C’est la même logique que pour les fruits et légumes, il faut qu’ils nous fassent du bien. Si nous nous engageons en faveur d’une filière agricole française, c’est pour favoriser les circuits courts, la traçabilité, des procédés agricoles vertueux, des produits de gamme supérieure.

Vous avez un levier d’action sur ces problématiques ?
Oui, de différentes manières. On veut participer à la réglementation et montrer que nous sommes responsables. Pour résumer, nous sommes sûrs de notre bon droit et conscients de nos devoirs. Nous sommes dans une situation paradoxale, l’interdiction est suspendue mais il n’y a pas de règlementation. Nous voulons que la filière soit fondée sur une réussite réelle, authentique et durable, et que la légitime recherche du profit se fasse dans le respect des valeurs fondatrices de la filière, dans le but d’améliorer le bien-être général de la population. Entre le cannabis médical, bien-être et même récréatif s’il devait être légalisé, nous considérons qu’il y a de la place pour tout le monde. Et pour la vente aussi, il y a de la place pour les CBD-shop, les buralistes et même la grande distribution, que je trouve tout de même opportuniste sur le sujet, avec une logique de profit. Pour nos adhérents, nous faisons le pari que la qualité peut permettre d’installer cette filière dans la durée. La qualité des produits, de l’information et de la relation avec les consommateurs.

“Entre le cannabis médical, bien-être et même récréatif s’il devait être légalisé, nous considérons qu’il y a de la place pour tout le monde”

Avec le second mandat du président Macron, vous pensez qu’on pourrait avoir une évolution positive de cette législation, un peu comme ce qu’il se passe en Allemagne actuellement ?
Emmanuel Macron avait l’air assez libéral sur le sujet en 2017 et finalement, les circonstances politiques ont fait dévier le centre de gravité de sa politique vers la droite, avec la nomination de gens plutôt réfractaires à une vision libérale. Nous faisons face pour l’instant de la part de l’Etat à un mélange de démagogie et de méconnaissance du sujet. La légalisation du cannabis récréatif en Allemagne n’a pas encore eu lieu, mais elle peut créer une énergie, une dynamique qui peut se diffuser en France. Quelle conclusion en tirera Emmanuel Macron ? Il est capable on l’a vu, comme sur le nucléaire, de revirement spectaculaire. Ce n’est pas mon rôle de militer pour la légalisation du cannabis récréatif, je ne peux simplement que constater l’échec total de la politique de prohibition. Mais, parce que le CBD n’a pas de caractère psychotrope, le sort de la filière CBD n’est pas indexé sur celui du cannabis récréatif, elle obéit à une logique distincte avec un agenda spécifique car. Quel que soit le gouvernement, Il n’y a aucune raison d’appliquer à un produit non-stupéfiant une prohibition qui a échoué sur les stupéfiants.

Votre actualité pour l’été avec l’UPCBD ?
Nous sortons de notre premier séminaire à Paris, c’était le 23 mai, qui a été une vraie réussite, avec des intervenants d’horizons divers, sur les sujets essentiels, des débats sans tabou et une volonté très forte de montée en gamme. Nous avons à cette occasion signé un partenariat avec un organisme de formation, Campuseo, pour mettre en place une formation certifiée en incluant les meilleurs experts du sujet.

“L’idée, c’est de monter une intersyndicale pour porter des propositions communes avec l’AFPC, le SPC et l’Union des professionnels du CBD”

Une filière existe à partir du moment où il existe des formations certifiées à disposition de ceux qui y travaillent. C’est très important. Elle couvrira l’ensemble de la chaîne de valeurs du processus pour le CBD, de la fabrication au détaillant, avec toutes les problématiques. Nous avons aussi longuement debattu de la stratégie à mettre en place. Le président et le porte-parole de l’AFPC, avec laquelle nous travaillons sur un plan filière, sont intervenus. L’idée, c’est de monter une intersyndicale pour porter des propositions communes avec l’AFPC, le SPC et l’Union des professionnels du CBD.
Avancer unis pour valoriser la filière française et lever les obstacles. Nous avons des contacts avec les institutions, notamment les douanes, qui attendent comme nous la décision du Conseil d’Etat pour y voir plus claire. Nous avons la volonté de dialoguer avec tous, et nous nous tenons prêts. Nous allons faire en sorte de bâtir une belle filière française, qui soit une fierté pour nous et un bienfait pour tous.

Interview réalisée en juin 2022

Le SPC, premier syndicat professionnel de tous les chanvres.

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Le Syndicat Professionnel du Chanvre (SPC), dont Zeweed est un est un adhérant historique, vient de fêter ses quatre années d’existence. Première association à défendre les intérêts du secteur, le SPC est le représentant privilégié de la filière chanvre bien-être française et un interlocuteur incontournable pour les pouvoirs publiques. Nous avons rencontré son président Aurélien Delcroix pour lui poser quelques questions essentielles.

Bonjour, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter?
Je suis Aurélien Delecroix, président du Syndicat Professionnel du Chanvre (SPC) depuis sa création en 2018. J’ai fondé en 2017 la société Green Leaf, qui a pour vocation de démocratiser le chanvre auprès du plus grand nombre. J’ai par ailleurs un parcours professionnel atypique. Après avoir étudié les sciences sociales, j’ai travaillé dans le secteur du sport et du social avant de créer ma première société dans le domaine de l’automobile, en 2012.

Vous avez créé le SPC en 2018, pourquoi ?
J’ai décidé de créer le SPC sur la base d’un double constat et d’une urgence. Tout d’abord celui de l’absence d’organes représentatifs du secteur du chanvre CBD qui était alors en pleine émergence. Cette absence s’accompagnait de défis immenses à relever d’un point de vue légal, réglementaire et structurel.
Cette création c’était aussi répondre à une urgence : celle de répondre à la note publiée par la MILDECA (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Addictions NDLR) en 2018, actant l’illégalité et le caractère stupéfiant du CBD. Face à ce parti pris des autorités, il était urgent d’agir et notamment de se fédérer afin de permettre la rédaction d’une analyse légale sur ce sujet. Celle-ci, rédigée par le prestigieux cabinet d’avocats Allen & Overy démontrait déjà l’illégalité de la position française au regard du droit européen.

« Face à ce parti pris des autorités, il était urgent d’agir et notamment de se fédérer afin de permettre la rédaction d’une analyse légale sur ce sujet. »

Malgré cette analyse légale que nous avions présentée aux autorités, celles-ci persistaient dans leur position. C’est donc grâce à cette analyse légale d’excellente qualité que nous obtiendrons finalement gain de cause auprès de la cour de justice de l’Union Européenne, dans le cadre du recours Kanavape.

Combien d’adhérents à ce jour ?
Nous comptons aujourd’hui 120 adhérents qui représentent toute la chaîne de valeurs : agriculteurs, transformateurs, distributeurs et autres professionnels qui travaillent en lien avec la filière du chanvre bien-être en France.  Cette transversalité fait notre force et nous permet de comprendre les problématiques des différents acteurs.

Vous avez édité un livre blanc sur le chanvre bien-être et un autre sur le cannabis thérapeutique, il y a tant urgence d’informer pouvoirs publiques et forces vives du pays ?
Lorsque ces livres blancs ont été rédigés, il existait une telle méconnaissance de l’immense majorité du pouvoir politique mais aussi de la presse, du grand public, qu’ils étaient réellement une véritable nécessité. Ces livres blancs ont pu être partagés à plus de 300 députés. Ils ont permis de les éduquer à nos sujets et de les sensibiliser à nos problématiques. Encore aujourd’hui, ils sont massivement téléchargés et sont un véritable support pour de nombreuses organisations ainsi que pour les professionnels qui souhaitent affiner leurs connaissances du sujet.

Depuis 4 ans, vous êtes le fer de lance de la défense des intérêts de la filière. Quels types d’actions menez-vous ?
Nous avons pu mener de nombreuses actions de sensibilisation et d’information auprès des pouvoirs publics. Ces actions ont notamment permis la tenue d’un colloque à l’Assemblée Nationale, en juillet 2019, réunissant plus de 300 personnes dont de nombreux députés et sénateurs.
Nos impulsions ont également permis la création de la mission d’information parlementaire sur les différents usages du cannabis; mission durant laquelle nous avons été, nous et nos adhérents, auditionnés à plusieurs reprises.

Aurélien Delcroix, au second colloque du Chanvre bien-être, organisé en fevrier dernier par le Syndic Professionnel du Chanvre

Nous avons bien entendu été en lien dès le départ avec la MILDECA mais nous avons également mené de nombreuses actions de sensibilisation et d’information auprès de la DGCCRF, mais également avec de nombreux députés, de nombreux ministères ( économie, écologie agriculture) le cabinet du premier ministre, la fédération des banques françaises,  auxquels nous avons présenté tous les arguments pour valoriser une filière dynamique, concurrentielle mais également sécurisée et encadrée.

« Valoriser une filière dynamique, concurrentielle mais également sécurisée et encadrée. »

Nous avons également mené de nombreuses actions juridiques, celle déjà mentionnée qui nous a permis d’avoir gain de cause devant la CJUE en finançant une analyse légale.
Plus récemment, nous avons dès juillet 2021, tâché de mettre à mal la position des autorités françaises quant à l’interdiction de la fleur présente dans le projet d’arrêté. Nous avons ainsi envoyé une contribution à la commission européenne dans le cadre de la procédure dite TRIS.
Malgré cette contribution, le projet d’arrêté a été entériné le 30 décembre 2021. Nous avons donc effectué un recours en excès de pouvoir devant le conseil d’Etat auquel nous avons, avec d’autres organisations, obtenu gain de cause.

Même si le CBD a été « légalisé » par la Cour de Justice de l’Union Européenne en novembre 2020, la France, producteur historique de chanvre, continue d’être à la traîne. Pourquoi ?
Il s’agit de problématiques essentiellement idéologiques et politiques.  Même si nous avons eu à cœur de démontrer que le chanvre CBD relevait de problématiques distinctes du cannabis récréatif afin de faciliter son acceptation par les pouvoirs publics, il n’en reste pas moins que cette proximité soulève de nombreuses réticences de la part des autorités. Cette incompréhension de notre sujet, possiblement feinte, s’illustre notamment lorsque Gérald Darmanin fustige l’arrivée des produits CBD en grande distribution en arguant que l’arrivée de ces produits banaliserait le cannabis et encouragerait sa consommation.

« On peut imaginer que le président Macron, débarrassé des enjeux liés à une réélection, se dégage plus de marge de manœuvre sur certains sujets comme le nôtre »

Le second quinquennat Macron sera-t-il plus favorable au développement d’une filière chanvre bien-être et de cannabis thérapeutique?
D’un point de vue positif, on peut imaginer que le président Macron, débarrassé des enjeux liés à une réélection, se dégage plus de marge de manœuvre sur certains sujets comme le nôtre.
Mais soyons réalistes ! Un souci de cohérence dans sa ligne politique, avec un ancrage désormais marqué à droite et assez conservateur, sur certaines questions de société, ne lui permettra probablement pas de soutenir concrètement l’émergence de cette filière. N’oublions pas également, qu’au-delà de l’aspect politique, de nombreux blocages persistent dans les administrations françaises et que celles-ci possèdent un véritable  pouvoir de conseil et préconisation auprès du pouvoir politique.

Quel avenir à court terme pour la production et vente de sommités florales en France ?
La légalité des fleurs est aujourd’hui avérée, certes de manière temporaire, suite à la décision du Conseil d’Etat dans le cadre du référé suspension. La question de leur légalité doit maintenant être tranchée définitivement au terme de l’examen du recours au fond qui interviendra probablement d’ici à la fin de l’année.

« L’arrivée de ces nouveaux syndicats n’est pas problématique, loin de là, si tant est qu’ils tirent dans le même sens que nous »

Vous êtes, historiquement, le 1er syndicat du chanvre. Depuis deux ans, deux autres associations ont vu le jour : l’UPCBD et l’AFPC. Il y aurait-il intérêt de vous fédérer ou vos rôles et périmètres d’action sont-ils complémentaires ?
L’arrivée de ces nouveaux syndicats n’est pas problématique, loin de là, si tant est qu’ils tirent dans le même sens que nous et que leurs positions soient proches des nôtres… c’est le cas des deux organisations citées ici.
Nous avons, d’ailleurs, eu l’occasion à plusieurs reprises de travailler de concert sur des sujets communs et d’adopter des prises de décisions conjointes.
Il est somme toute logique que d’autres fédérations voient le jour notamment pour venir répondre à des besoins spécifiques d’acteurs de la chaîne de valeurs.
Nous avons à cœur de renforcer ces partenariats car face aux problématiques complexes et nombreuses auxquelles nous faisons face, car il est à parier que seul nous pouvons peut être aller plus vite mais ensemble nous irons plus loin.

Alexandre Lacarré “on me surnomme le baron de la drogue légale”

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Alexandre Lacarré est sans conteste le plus médiatisé des acteurs de la filière CBD Suisse. Cette couverture média hors norme, il ne la doit pas qu’à ses punchlines fatales et au talent du son chargé de RP Samuel Botton, mais à un succès commercial qui force le respect. En 2020, sa société Phytocann affichait un colossal chiffre d’affaire de dix millions d’euros. Pour y parvenir, l’entreprise helvétique récolte chaque année cinq tonnes de cannabis légal et s’appuie sur un réseau de plusieurs milliers de points de vente, en Suisse comme en France.

Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter ?
Alexandre Lacarré. Je suis Alexandre-Henri Lacarré, 33 ans, l’âge du Christ. Je suis le PDG de Phytocann, l’un des plus gros producteur de CBD d’Europe, fournisseur de 70% des français et surnommé “le baron de la drogue légale”.

Quelques mots sur ta société, Phytocann ?
Phytocann c’est 6 marques bien-être avec Ivory & Easy Weed (fleurs), Kanolia & Harvest Laboratoire (cosmétiques et huiles), Buddies & Herboristerie Alexandra (food & beverage) et Qanabox (distributeur de CBD).

“j’ai toujours été un amoureux de la plante et des fleurs de cannabis”

Pourquoi le cannabis-business ?
Et pourquoi pas ? Blague à part, j’ai toujours été un amoureux de la plante et des fleurs de cannabis, même si cela va faire 10 ans que je n’y ai pas touché. Un jour, en 2016, je me trouve en vacances avec femme et enfant puis mon avocat m’appelle :
“-Alex, tu connais le cannabis légal ?
-Qu’est ce que tu me racontes comme conneries ?
-C’est du CBD, une fleur de cannabis dépourvue de THC…”.
Il a même pas eu le temps de finir sa phrase que j’étais déjà dans l’avion pour me lancer en pionnier dans ce secteur avec Phytocann. Et de mon point de vue, c’était tout ou rien. Faire 2 pieds de cannabis dans un placard ça ne m’intéressait pas, je voulais être numéro 1 !

Alexandre Lacarré et Vincent Faudemer.

Tu as fait une collaboration avec Vincent Faudemer ?
Alors si tu me le permets, on va faire un peu de pédagogie. La collab’ avec Vincent (Faudemer) porte sur la marque Ivory. Pour ce partenariat, on a investi l’univers Alien X de Vincent pour le décliner sur une série de pochons collectors. Au travers d’une société commune, nous sommes en train de développer le projet « Ghosty Buds ». Pour faire simple c’est de la weed et des aliens déclinés dans un univers inédit et singulier. On travaille sur d’autres activations plus axées web.3 et metavers.

“Faire 2 pieds de cannabis dans un placard ça ne m’intéressait pas, je voulais être numéro 1”

Et celle que tu as fait avec Booba ?
Pour Booba, il s’agit du développement d’une génétique unique, spécialement créée pour lui, qui sera disponible sur le marché sous forme de graines, la B-45. Et là, on parle de Silent Seeds, une banque de graines de collection.

Comment ça ?
Quand tu veux bosser avec le numéro 1, il te faut une équipe de cracks pour assurer. Silent Seeds, c’est le retour en force de Dinafem (la célèbre banque de graines espagnole qui a fermé ses portes en septembre 2020). Le Phénix qui renaît de ses cendres et qui revient pour tout niquer. C’est eux qui sont notamment les créateurs de la Moby Dick, la Critical + 2.0 et l’Original Amnesia.

Comment est née cette collab’ avec B2O?
Grâce à mon associé Pierre Vannineuse, un homme d’affaires de génie, et notre ami Abdoulaye Fadiga, l’un des plus beaux palmarès de la Boxe Thaï en France, reconverti en entrepreneur à succès. Avec Booba, les choses se sont faites assez simplement et nous nous sommes rapidement entendus. Les équipes ont fourni un travail incroyable pour arriver à la dernière version de la B-45. Ça représente des mois de tests et de recherches. Nous comptons la présenter aux différentes Cannabis Cup 2023, avec la Spannabis comme première étape.

Qui est le prochain ?
Si je te le dis c’est plus une surprise. Beaucoup de monde s’est pris d’affection pour Phytocann. On est en train de bâtir un écosystème assez sympathique. D’autres noms vont suivre. On va sans doute compléter cela avec des big events. Pour le reste, on continue de bosser, on a du shit sur la râpe.

“le marché US nous intéresse (…) sur certaines typologies de produits qui suscitent un vif intérêt là-bas”

C’est quoi le plan avec Halo Collective ?
Nous visons clairement une entrée en bourse sur le marché Nord-Américain à échéance Juin 2023. Voyons cela comme un rapprochement bénéfique pour l’ensemble des parties. Du point de vue de Phytocann, rien ne change. Nous gardons notre autonomie et notre pouvoir de décision. Je demeure le PDG du groupe, bien entendu.

Pourquoi ce rapprochement avec Halo ?
Halo Collective bénéficie d’un développement exponentiel Outre-Atlantique. Ils ont notamment accéléré sur leur stratégie retail et ils avaient l’ambition de s’implanter sur le marché européen. Mais les codes, les us et coutumes ne sont pas les mêmes chez nous. C’est là que Phytocann entre en jeu. De la même manière, le marché US nous intéresse comme bon nombre de nos concurrents, notamment sur certaines typologies de produits qui suscitent un vif intérêt là-bas. Chacun se nourrit de l’expertise de l’autre.

“A la différence de la France, nos autorités disposent d’un matériel simple et peu onéreux pour différencier CBD et THC”

Comment ça se passe pour le THC en Suisse ?
Mieux qu’en France… (rires). Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? L’Office fédéral de la santé vient de lancer un essai sur la consommation de cannabis récréatif à Bâle. La dépénalisation est là, la légalisation est en cours. Il y a aussi de grandes avancées dans le domaine médical. A la différence de la France, nos autorités disposent d’un matériel simple et peu onéreux pour différencier CBD et THC. Bref, tous les feux sont au vert de notre côté et les choses avancent bien… Dommage qu’il n’en soit pas de même en France.

Quelle est l’actualité de Phytocann ?
On continue de mener notre petit bonhomme de chemin. Certains projets sont plus complexes que d’autres et prennent un peu plus de temps mais le cap est fixé et maintenu. Nous visons toujours une entrée en bourse dans les prochains mois sur le marché européen, à horizon fin 2023. Une IPO (offre publique d’achat NDLR) c’est généralement un dossier complexe qui prend du temps, où tous les cas de figures doivent être envisagés. Nous ne laissons rien au hasard. Nous discutons également avec l’un des tops réseaux de pharmacies en Europe pour une distribution de certaines de nos gammes en magasins.

“On embauche à tour de bras (…) On lève une armée”

J’ai vu que tu étais en plein recrutement…
On embauche à tour de bras. C’est la guerre et on recrute des guerriers (rires). On cherche des vendeurs et des commerciaux, de préférence avec une expérience dans le CBD. On lève une armée ! Diplôme ou pas, noir ou blanc, casier judiciaire ou pas, on cherche des gens qui en veulent ! Ce qui importe, c’est qui tu es aujourd’hui. Les seuls critères à cocher pour venir chez Phytocann, c’est volonté, respect de nos valeurs et efficacité.

 

Propos recueillis par Julio Rémila

La Fédération Interprofessionnelle de la Vape (FIVAPE) aspire à faire fumer sainement du CBD aux Français

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Bousculer les règles est pour Jean Moiroud une seconde nature. En témoigne la cause qu’il défend ;  faire reconnaître la vape comme un outil de santé par les pouvoirs publiques. Zeweed a rencontré le président de la Fédération Interprofessionnelle de la vape (FIVAPE) pour faire le point sur la plus saine des façons de fumer, que ce soit du tabac ou du CBD.

Bonjour, qui êtes-vous et que faites-vous?
Je suis Jean Moiroud et je préside la Fédération Interprofessionnelle de la vape (Fivape) depuis 2016. Je suis également fabricant d’e-liquide depuis 2012.

Quel est le rôle de la FIVAPE et depuis quand existe-t-elle?
Nous unissons et représentons l’ensemble de la filière française des produits du vapotage, des fabricants aux distributeurs, avec la particularité d’être totalement indépendants de l’industrie du tabac. Nous nous adressons aux responsables publics, politiques et médiatiques. Notre mission est de faire en sorte que la vape ait sa place qu’elle mérite dans les politiques de santé publique.
Quant à sa création, cela fait maintenant 8 ans que la FIVAPE existe. Elle a été fondée en 2014 à la suite de l’adoption, au niveau européen, de la Directive sur les Produits du Tabac, qui encadre encore aujourd’hui les produits du vapotage.

“le vapotage est depuis plusieurs années l’outil préféré des français pour quitter le tabac”

Quels sont les moyens d’action de la FIVAPE ?
Nos actions sont financées uniquement par les cotisations de nos adhérents, qui souhaitent défendre leurs produits et leur secteur d’activité. En France, nous avons la chance de pouvoir compter sur une filière unie et engagée avec plus de 700 entités commerciales, le syndicat le plus représentatif d’Europe sur les métiers de la vape.
Nous sommes toutefois contraints d’agir dans un cadre limité : la publicité et la propagande pour les produits du vapotage est prohibée. Nos actions sont moins ostensibles : convaincre les responsables publics et politiques de l’utilité du vapotage, être l’interlocuteur de référence auprès des médias sur ce sujet, produire du contenu prospectif et scientifique à destination des autorités de santé, etc…

Comment abordez-vous la vape de CBD ?
Les produits de vapotage au CBD ont fait leur apparition très tôt. Au-delà des aspects économiques, au niveau de la filière (celui de la Fivape), la question centrale autour du CBD a été de se demander si cette molécule avait un intérêt pour aider nos clients à arrêter de fumer. C’est ainsi que de nombreux produits du vapotage au CBD ont trouvé assez naturellement leur place dans les boutiques spécialisées.
Certaines entreprises de la vape sont d’ailleurs aujourd’hui très actives dans la filière CBD et produisent des cosmétiques aux produits comestibles. Notre principale retenue concerne les fleurs. C’est une présentation qui est destinée à être consommée fumée, et ça, c’est clairement contraire à notre engagement en réduction des risques.

La vape de CBD peut-elle représenter un enjeu économique de taille?
Pour les professionnels de la vape, toute molécule qui présente potentiellement ou de façon avérée un intérêt quant à l’arrêt du tabac ou de la combustion au sens large, doit être appréhendée. D’abord d’un point de vue sanitaire, ensuite si le potentiel économique est là, c’est encore mieux.
La construction de notre identité de filière et de notre respectabilité s’est faite progressivement et au prix d’efforts considérables. Nous devons rester prudents face aux innovations, tout en conservant l’ouverture d’esprit et le pragmatisme qui caractérise les professionnels de la réduction de risques.

“l’objectif sanitaire doit être d’arrêter la combustion”

Au même titre que pour la cigarette, la vape de CBD peut-elle être une alternative pour les fumeurs de cannabis ?
Oui, très clairement. Mais nous préférons parler de solution d’aide à l’arrêt de la combustion. Le cannabis est historiquement consommé avec du tabac en France. C’est une spécificité européenne qui a des conséquences dramatiques en termes de santé publique. L’addiction supplémentaire du tabac crée une toute autre catégorie de fumeurs – les fumeurs de joints – qui s’ignore bien souvent en tant que telle et échappe aux circuits de prévention et de prise en charge des addictions au tabac.
Je profite de cet espace pour le redire : les fumeurs de joints sont des fumeurs.

Pour nous professionnels de la vape, c’est un vrai sujet  à traiter “au comptoir”, face à des clients qui veulent adopter une cigarette électronique pour arrêter le tabac mais pas les “joints du soir”.  Nous nous devons de les reconnaître et de leur proposer des solutions. La réduction du risque la plus intéressante vient de l’arrêt total de la combustion. Pour un fumeur de cigarette comme pour un fumeur exclusif de joints avec du tabac ou un poly-consommateur, l’objectif sanitaire doit être d’arrêter la combustion.
A ce titre, les produits au CBD apparaissent comme très complémentaires de nos solutions de délivrance de la nicotine. L’apport du CBD et plus encore celui d’un spectre large de cannabinoïdes permet de conduire les fumeurs de joints vers un arrêt total de la combustion tout en satisfaisant une large partie de leurs besoins.

Quels sont les avantages de la vape de CBD ?
Ils sont identiques à ceux d’un arrêt du tabac avec la vape : une réduction du risque à plus de 95%. Pour le corps, arrêter la combustion et passer à la vape c’est comme arrêter totalement… et avec les effets que cela entraîne ! Retrouver l’odorat, le goût et le souffle et se sentir mieux au quotidien sont les bénéfices “classiques” de l’arrêt, mais ça ne fait jamais de mal de les rappeler.
Le succès des fleurs de CBD est un marqueur générationnel important : il répond à un besoin de changement chez beaucoup de fumeurs. Je suis né dans les années 80 et j’ai de nombreux amis qui y ont vu une façon de se distancier de leur consommation historique de cannabis. Le besoin d’arrêt est là, il faut juste l’accompagner. Pour nous le CBD peut parfaitement y répondre… mais pas sous toutes ses formes !

“Il reste plus de 15 millions de fumeurs dans notre pays (…) ce sont autant de clients à convaincre”

Après un départ fulgurant, le marché est-il toujours aussi dynamique?
Oui, les boutiques de vape font partie du paysage urbain et le marché reste dynamique. Les boutiques de vape ont été reconnues comme essentielles pendant les confinements, ce qui est une reconnaissance de leur utilité sociale. On en compte aujourd’hui plus de 3000 et les ouvertures continuent, mais plus lentement. Il reste plus de 15 millions de fumeurs dans notre pays. C’est considérable par rapport à nos voisins européens, mais pour la vape ce sont autant de clients à convaincre. C’est un business sérieux, exercé par plus de 15 000 personnes en France, et je peux vous dire que les témoignages d’ex-fumeurs libérés du tabac grâce à la vape, il n’y a pas mieux pour avoir envie de se lever le matin !

 

“Je n’ai pas honte de dire qu’en 2022, fumer de l’herbe est ringard”

 

“Je trouverais dommage de rater le virage d’une légalisation intelligente, qui coche à la fois les cases du progrès sociétal et sanitaire”

La vape et le chanvre bien-être, même combat ?
Il existe énormément de convergences entre les combats pour le CBD et ceux de la vape. Nos crédos sont très similaires : acceptation sociale des produits que nous défendons, ancrage fort avec l’univers de la réduction des risques, correction des fausses perceptions auprès du grand public et des pouvoirs publics, progrès sociétal, etc… Mais selon moi, l’intersection sur laquelle nos deux univers devront se retrouver à un moment, c’est celle de la santé et de l’arrêt de la combustion.
Il faut être à l’avant-garde de son combat. Je n’ai pas honte de dire qu’en 2022, fumer de l’herbe est ringard et cancérigène.
Par contre, pouvoir librement acheter un vape-pen qui produira les mêmes effets en 2 bouffées, tout en ayant un impact insignifiant sur la santé, ça c’est un vrai progrès.  A ce titre, je trouverais dommage de rater le virage d’une légalisation intelligente, qui coche à la fois les cases du progrès sociétal et sanitaire.

Un scoop pour Zeweed?
Pour faire entendre les demandes de notre filière, nous sommes en train de finaliser un livre blanc qui récapitule nos 10 principales propositions. Produire des contenus utiles, faire avancer la réflexion sur la réduction des risques : une mission qui continue !