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Cannabis et fertilité

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Alors que le taux de fécondité est en chute libre -avec 2,65 naissances par femmes en 2005 contre 5 en 1950- et que la corrélation entre mode de vie et fertilité est prouvée, le cannabis se voit pointé du doigt. Une fois n’est pas coutume, ce serait aux hommes de faire un effort pour assurer leur descendance. Explications.

Cannabis et fertilité chez les hommes

Lorsque les scientifiques étudient la question de la fertilité masculine, il s’intéressent à la fois au taux de testostérone mais aussi aux spermatozoïdes : le nombre présents dans le sperme, la mobilité (comprenez leur rapidité à féconder l’ovule) et la morphologie des spermatozoïdes.

Aux Etats-Unis, plusieurs études ont montré que le THC présent dans le cannabis pouvait modifier l’activité des hormones et notamment diminuer la production de testostérone indispensable à la fabrication des spermatozoïdes.
En Grande Bretagne une étude publiée en 2014  dans la revue Human Reproduction  par Allan Pacey, professeur à l’université de Sheffield a été réalisée sur 2000 hommes désireux de procréer. Selon lui, la qualité des spermatozoïdes des consommateurs réguliers de cannabis serait directement impactée et ces derniers n’auraient que 4 % de sperme viable en réserve. (c’est à dire avec des spermatozoïdes ayant une forme normale).

Pour autant, ces résultats sont très controversés dans la communauté scientifique. Peu de médecins vont jusqu’à affirmer que la cannabis est un frein à la fertilité. En effet, d’autres facteurs peuvent biaiser les conclusions. À commencer par l’âge (après 30 ans les dommages seraient plus marqués) et les consommations annexes :  tabac, alcool, médicaments.  Par ailleurs,  selon le rapport des Nations unies (OMS/UNEP) de 2013 sur les perturbateurs endocriniens, le sperme de 20 % à 40 % des jeunes hommes au Danemark,  Finlande, Allemagne, Norvège et Suède est désormais au-dessous du seuil de fertilité. L’expertise collective OMS/UNEP pointe la responsabilité possible des perturbateurs endocriniens (pesticides, bisphénols, plastifiants, solvants, cosmétiques…) tout en précisant que « la question demeure controversée ». Le cannabis ne serait donc pas le seul responsable de la baisse de fertilité chez ces messieurs.

Enfin, notons que le sperme redeviendrait sain après environ trois mois d’abstinence cannabique. Pour le docteur Mohamed Jaber, il vaudrait mieux « restreindre l’usage de cannabis au moins trois mois avant de procéder à une relation sexuelle dans le but d’une procréation“. Voilà, c’est dit, rien d’irréversible donc !

Cannabis et fertilité chez les femmes

Chez les femmes, la fertilité est un poil plus complexe. L’état psychologique, les hormones, l’ovulation et l’implantation de l’embryon sont autant d ‘éléments qui doivent être analysés sous l’influence du cannabis pour tirer des conclusions sur la fertilité. Le Dr. Ricoardo Yazigi du Centre de fertilité Shady Grove dans le Maryland avait expliqué dans un article publié par Vice que « Le risque d’infertilité était plus grand parmi les femmes qui avait consommé du cannabis pendant l’année où elles tentaient de tomber enceinte, que parmi celles qui en avaient consommé dans le passé, sans rapport entre la fréquence / durée d’utilisation et l’effet. »
En effet,  il a été démontré que le THC perturbe le cycle menstruel en diminuant ou augmentant, suivant le stade du cycle, le niveau d’hormones produites par l’hypophyse. Le THC inhibe également l’ovulation, ce qui provoque une diminution de progestérone et d’œstrogènes.

Toutefois, tous les cannabinoïdes n’interagissent pas de la même façon sur l’organisme : le CBD ou le CBG communiquent avec le récepteur CB1 de notre système endocannabinoïde – au même titre que le THC- mais ils n’ont pas les  mêmes effets sur le cycle menstruel. Les études sur ces deux molécules manquent encore cruellement, mais tout porte à croire que la fertilité n’en souffrirait pas.
Le rôle du système endocannabinoïde sur la reproduction reste assez complexe et comme pour tout système, s’il connaît un dérèglement, il ne fonctionne plus correctement.
Que l’on se rassure, la plante est consommée depuis des millénaires et n’a jamais empêché les plus assidus consommateurs de procréer. Quand on pense à Bob Marley qui a eu une dizaine d’enfants (reconnus) ou à Mila Jansen « Hashqueen » qui est mère de quatre enfants, on peut se dire que le cannabis n’est pas la seule raison d’infertilité chez les femmes comme les hommes.

Cannabis MasterClass

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Biologiste de renommée internationale, normalien, agrégé de Sciences naturelles, professeur de physiologie cellulaire à Paris VI, président de la Société des Neurosciences, chevalier de la Légion d’Honneur, directeur de recherche au CNRS, Joël Bockaert force le respect comme l’admiration. À l’occasion de la sortie de son ouvrage Le cannabis, quelle histoire ! , nous avons pu lui poser quelques questions sur cette masterclass cannabique de 160 pages.

Que sait-on déjà des utilités médicales du cannabis ?
Nous pouvons compter quatre effets positifs confirmés du cannabis à usage médical quand il est administré à juste dose.
Déjà, ses propriétés anti-nauséeuses et anti-vomitives, salvatrices pour les patients sous chimiothérapie ou atteints du sida. Mais aussi ses propriétés antispasmodiques, efficaces pour calmer et prévenir les crises de spasmes de patients atteints par la sclérose en plaque. On peut aussi parler des propriétés antiépileptiques du CBD (pour des épilepsies résistantes aux traitements conventionnels ) et des vertus antalgiques du THC qui permettent aussi de réduire des douleurs chroniques. Il faut cependant souligner que ce sont des traitement de soulagement qui ne sont pas curatifs. Parmi les effets positifs mais à confirmer; une amélioration du sommeil, une stimulation de l’appétit et des propriétés anxiolytiques.

Et de ses effets néfastes ?
Rappelons d’abord que la quantité absorbée et la concentration en THC sont deux facteurs clefs des effets délétères du cannabis. En trente ans, la concentration en THC du cannabis issu du marché illégal est passée de 3-4 % pour l’herbe des années 90 à 25-32% pour la Skunk ou la Chem Berry. Sans parler des produits de synthèse analogues du THC (K2, Spice Black Mamma…) qui sont bien plus puissants et dangereux. Les effets délétères aigus d’une consommation excessive momentanée de THC sont les crises d’angoisse, les états oniroïdes (rêves éveillés) et les psychoses cannabiques. A cela il faut ajouter les dangers d’accidents, notamment automobiles. Les effets délétères sur le long terme peuvent être un manque de motivation, un affaiblissement de la mémoire, des déficits cognitifs, parfois le déclenchement d’une psychose endormie ou des complications cardio-vasculaires. Ces effets sont particulièrement graves chez les adolescents.

Quand on parle de CBD peut-on parler d’une ruée vers « l’or vert » ?
Il y a un marché incontestable et bientôt colossal du CBD (un des composant du cannabis non psychotrope) maintenant qu’il est légal d’en vendre et d’en consommer en Europe, avec un nombre de boutiques et de produits à base de chanvre qui ne cesse d’augmenter. Il y a visiblement une offre et une demande croissantes et des profits à faire. Mais les profits les plus faramineux, au niveau mondial, restent ceux du cannabis récréatif.

Combien de temps faudrait-il à la France pour devenir leader du marché du chanvre ?
La France a déjà régné sur le marché du chanvre à usage agro-industriel jusqu’au début du XXème siècle et en est aujourd’hui le quatrième producteur mondial. Le chanvre agro-industriel  produit en France contient moins de 0,2 % de THC. Il est utilisé légalement pour faire des vêtements, du plastique, du bio-carburant, des isolants etc… Rien ne s’oppose à ce que la France redevienne le leader mondial de ce marché en moins de 10 ans avec un produit du terroir !
Reste à développer une filière du cannabis thérapeutique (qui sera vraisemblablement légalisé en France ) et récréative… si la légalisation progressive du cannabis est décidée en France.

Pouvez-vous nous faire un état des lieux du succès ou de l’échec des politiques répressives actuelles ?
La politique répressive actuelle est un indéniable échec. Avec seulement 10% du cannabis récréatif saisi, plus de 4000 points de ventes partout en France, même si on en fermait un par jour,  il faudrait dix ans pour les supprimer tous. Nous sommes un des pays qui consomme le plus de cannabis au monde. L’alcool et le tabac -beaucoup plus dangereux pour la santé- sont en vente libre alors que la consommation ou la vente de cannabis est illégale. Cette incohérence fondamentale est une des raisons de l’échec cuisant de notre politique de répression.

Doit-on penser une légalisation du cannabis qui s’accompagne de campagnes d’information ?
Ce qu’il faut, c’est proposer un débat sans idéologie qui mettra face à face le pour et le contre d’une légalisation ainsi que des moyens d’y parvenir. Pour que ce débat existe, une campagne d’information est absolument nécessaire. Il s’agit d’analyser les effets positifs et négatifs de la légalisation.
Positifs : une vente de produits bien contrôlés notamment pour le taux de THC, la possibilité de faire des campagnes massives d’information sur les dangers d’une consommation excessive, la réduction de trafics illégaux et le dégagement de recettes fiscales.
Négatifs : légaliser une drogue est un acte problématique pour n’importe quel politique face à un cannabis illégal qui risque d’être moins cher et toujours plus fort en THC. Il faudra aussi trouver une autre ressource de revenus et d’emploi pour tous ceux qui vivent indirectement du trafic. Ce qui est le point le plus problématique. Seul un vote populaire pourrait trancher. Notons que la meilleure politique, quand il s’agit de drogues, est toujours celle qui éduque, accompagne et sollicite ses citoyens plutôt que celle qui les puni et les infantilise.

Quels seraient les effets d’une légalisation totale ou partielle sur le marché noir ?
On peut espérer qu’une partie du trafic soit supprimée. Les usagers « raisonnables » préférant acheter des produits « sûrs » et légaux. Mais il faut nuancer les choses: l’éradication totale du trafic sera très difficile et l’on ne défait pas en un jour un système qui s’est construit sur des décennies et qui rapporte beaucoup.

Qu’attendez-vous de ce livre?  Est-ce l’aboutissement d’un propos ou le début d’un débat ?
Ce livre a pour but de dresser le tableau le plus réaliste possible de l’histoire, du potentiel économique énorme du chanvre agro-industriel, du rôle socio-culturel du cannabis, de ses effets positifs et négatifs avérés afin d’organiser  un débat sérieux fondé sur des références scientifiques et des rapports publiés.

Joël BOCKAERT
Cannabis, quelle histoire!
UGA éditions
12€

L’ouvrage est disponible sur Amazon via ce lien

 

Cannabis et mémoire

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Si personne n’a oublié que le cannabis avait des effets notoires sur l’activité cérébrale, peu d’études ont quantifié l’impact réel de l’herbe sur la mémoire. Une donnée est en revanche incontestable:  tous les cannabinoïdes (CBD, CBG, THC…)  n’ont pas les mêmes effets – à court et long terme- sur le cerveau. Leur rôle dans le traitement et la perception des souvenirs diffère lui aussi en fonction de la quantité et de la fréquence de consommation.

Le CBD antagoniste du THC?

Rappelons le, toute substance ingérée qu’elle soit nocive ou non, a une incidence sur le cerveau. Le cannabis n’échappe pas à la règle : plusieurs études en neurosciences ont démontré que sa consommation impactait directement la circulation du sang dans diverses parties du cerveau : l’hippocampe, les lobes frontaux et le cervelet, entraînant ainsi des modifications notables de l’activité cognitive.

Les différences de variétés de cannabis jouent également un rôle non négligeable. Tandis que le cannabis Sativa est connu pour ses effets stimulants et énergisants, le cannabis Indica lui, ralentit l’activité cérébrale et peut provoquer une sensation de somnolence,  la mémoire en prend donc un coup au passage…
De nombreuses études ont démontré que la présence de THC dans l’organisme altère les capacités de mémorisation, notamment l’encodage des informations, la vitesse de traitement et le temps de réaction.  Mais les facteurs comme l’âge, la quantité et la fréquence de consommation sont déterminants pour évaluer les dommages sur la fonction mnésique.

Après trois mois d’abstention de consommation, les capacités redeviennent normales. Les dommages peuvent donc être réversibles à condition d’arrêter sa consommation suffisamment longtemps.
Le cannabidiol (CBD) quant à lui, n’a pas les mêmes effets sur le cerveau. Il agit sur les mêmes récepteurs endocannabinoïdes (CB1 et CB2) mais n’a pas de fonction psychoactive, autrement dit il épargne l’activité psychique tout en optimisant l’activité cérébrale. Plusieurs chercheurs ont découvert que le CBD augmentait le flux sanguin vers l’hippocampe, la zone du cerveau qui gère les souvenirs et l’apprentissage. Le CBD serait donc un allié intéressant pour la mémoire de travail et la mémoire sémantique.

L’équipe de l’Université du College London affirme même que « les résultats pourraient offrir de meilleures thérapies cibles pour ceux qui souffrent de maladies affectant la mémoire. » Telles que la maladie d’Alzheimer et le trouble de stress post-traumatique.

Zoom sur les différents types de mémoire

  • La mémoire de travail ou mémoire à court terme est la mémoire du présent. Sollicitée en permanence, c’est elle qui nous permet de retenir les informations pendant la réalisation d’une tâche ou d’une activité.
  • La mémoire sémantique est celle du langage et des connaissances sur le monde et sur soi. Elle se construit avec l’apprentissage et l’expérience tout au long de la vie.
  • La mémoire épisodique ou mémoire à long terme nous permet de nous situer dans le temps et l’espace. Raconter un souvenir d’enfance ou se projeter dans l’avenir fait appel aux mêmes circuits cérébraux.
  • La mémoire procédurale est celle des automatismes inconscients (faire du vélo, conduire, jouer de la musique etc).
  • La mémoire perceptive est liée à nos 5 sens. Elle permet de retenir des odeurs, des images ou des sons.

90 ans de prohibition en 11 affiches.

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Les concepteurs-rédacteurs n’auront jamais manqué de créativité pour trouver des accroches mémorables, y compris lors de campagnes contre le cannabis. Zeweed a retrouvé pour vous quelques perles de la propagande anti-ganja.

L’appétit vient en fumant

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Ce n’est pas un mythe, consommer du cannabis ouvre l’appétit. Toutefois, tous les cannabinoïdes présents dans cette plante n’ont pas le même effet. Tandis que le THC a tendance à provoquer des fringales, le CBD (cannabidiol) et le CBG (cannabigérol) agissent plutôt comme des régulateurs de l’appétit. Regardons de plus près les effets de ces molécules.

Comment ça se passe concrètement ?

Pour fonctionner notre corps a besoin d’énergie, donc de calories, une fois ce carburant ingéré, l’organisme nous envoie des signaux pour nous prévenir qu’il est rassasié et que la digestion peut s’enclencher. Ce mécanisme bien huilé se met en marche dès la prise alimentaire en envoyant une multitude de messages chimiques à notre corps (sérotonine, neurotensine, glucagon et cholécystokine…) activant ainsi le centre de satiété situé dans le cerveau (hypothalamus ventro-médian.) Or le THC qui agit sur les récepteurs cannabinoïdes de l’hypothalamus, inhibe les messages de satiété et excite au contraire les récepteurs responsables de la sensation de faim et de soif. D’où ce besoin compulsif de manger et de s’hydrater après avoir fumé du cannabis. Les fringales, autrement dit l’envie soudaine d’avaler des aliments, de préférence gras, sucrés, salés et de boire en quantité sont légion chez les stoners. Qui n’a pas connu cette envie irrépressible de vider son frigo après un bon joint ?   

Le CBG ou Cannabigérol est une molécule présente dans le Cannabis en très faible quantité (moins de 1%), c’est lui qui est à l’origine de la création du CBD. Il  aurait les mêmes propriétés que le THC l’effet psychoactif en moins. En 2016, des chercheurs britanniques se sont intéressés à ses effets sur l’appétit des rats. Ils ont découverts que les rongeurs mangeaient beaucoup plus sous l’effet du CBG sans présenter les inconvénients du THC : somnolence, « high ».  Intéressant donc pour les personnes qui ont peu d’appétit, voire des troubles du comportement alimentaire.

Et le CBD alors ?

Tandis que le THC et le CBG stimulent nos papilles, le CBD lui, aurait un tout autre rôle. En effet, le Cannabidiol agit sur l’homéostasie de notre organisme, autrement dit il participe à l’auto régulation de notre corps. Il interagit surtout avec notre système immunitaire préférant les récepteurs CB2 qui gèrent les sensations de douleurs, de manque et de stress. Ses vertus relaxantes et antalgiques agissent comme un calmant naturel sur les différentes alertes de notre organisme. La sensation de faim n’échappe pas à la règle. En augmentant le taux de sérotonine et d’amandanides, les hormones du bonheur, le CBD permet donc de se sentir plus calme et rassasié. Par ailleurs, les cannabinoïdes ont des effets anti-inflammatoires et anti-oxydants contribuant à la régulation du taux de sucre dans le sang.

N’oublions pas qu’avoir une alimentation saine et équilibrée reste le premier sésame vers le bien-être.

Le summer kitsch track : La Cucaracha

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C’est le moment de retrouver votre cours d’histoire cannabique préféré : Zeweed vous raconte aujourd’hui l’origine de la plus célèbre mélodie mexicaine, un hymne insolent et entêtant. Oubliez la Macarena, cet été, on se met tous à la Cucaracha!

Vous avez dû la supporter dans les transports en commun, dans des supermarchés ou face aux milliers de gadgets Made in China qui peuplent les bazars. Cette chanson, c’est… la Cucaracha:

Vous avez dû la supporter dans les transports en commun, dans des supermarchés ou face aux milliers de gadgets Made in China qui peuplent les bazars. Cette chanson, c’est… la Cucaracha.

Un fait peu connu, puisque le consensus concernant la première chanson sur notre plante préférée est en général en faveur de “Reefer Man”, un classique provoquant sorti en 1932. Cette composition Jazz très fun, jouée par le détonnant Cab Calloway, arrive en réalité trois ans après “Muggles” (du patriarche de la trompette Louis Armstrong) mais surtout près de 20 ans après la Cucaracha.
Fun fact: “Reefer Man” a tout de même le privilège d’avoir, en introduction, le tout premier sketch sur la Ganja  gravé sur vynile, bien avant les comédiens Cheech et Chong, dans les années 70.
La particularité de la Cucaracha, c’est qu’il existe autant de versions que de types de tequilas au Mexique.

Hymne au mégot de joint

 La mélodie reste toujours la même, mais les paroles varient selon les régions et le contexte politique du pays.
Si on ne connaît pas exactement la date de sa composition, trois interprétations sont particulièrement iconiques et elles reflètent les trois sens du mot Cucaracha. Le mot en espagnol, signifie « cafard » et s’applique différemment selon la période :
– Au sens propre, comme dans la première partition du morceau (qui remonte à 1818 et la guerre d’indépendance du Mexique avec l’Espagne, qui dura de 1810 à 1821). Dans cette version, c’est l’histoire d’un Cafard qui a perdu une patte et qui a des difficultés à se déplacer.
– Au sens figuré, comme en 1870, pour s’opposer à la nomination de l’empereur Maximilien d’Autriche
– Et dans le cas de la version la plus connue de la chanson, celle qui l’a établie comme un monument national digne de Frida Kahlo : en argot.
Car Cucaracha signifie avant tout “joint” en espagnol ! C’est d’ailleurs de ce mot que viendrait l’expression “roach” en anglais qui signifie “Cul de joint” et “Cockroach” qui est le nom du Cafard en anglais.
Dans cette version dédiée au révolutionnaire Victoriano Huerta (président du Mexique entre 1913 et 1914), pas d’ambiguïté dans les paroles:

Le cafard Le cafard/ 
Ne peut plus marcher/ 
Parce qu’il n’a pas/ 
Parce qu’il lui manque/ 
De la marijuana à fumer.

L’origine de cet étrange hommage ?
Le révolutionnaire était très fortement soupçonné d’être un fumeur en raison des énormes lunettes noires qu’il portait à cause de sa cataracte (une maladie des yeux), d’un amour de la fête certain qui lui donnait une démarche qu’on va qualifier “d’incertaine” et de rumeurs appuyées sur des parfums aromatiques qui l’entouraient à chacun de ses déplacements.

Le désastre écologique des plantations de cannabis illégales

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Contrairement aux plantations contrôlées, la culture mafieuse de cannabis s’avère désastreuse pour la biodiversité, l’eau et le climat. Exemples choisis en Californie et au Maroc.

La culture industrielle hors-la-loi de weed est une véritable saloperie. Rien de moral, là dedans: c’est juste le résultat de l’écobilan des plantations illégales de cannabis. Qu’on en juge plutôt.
Le sujet est bien documenté en Californie, état qui abrite plus d’un fumeur américain sur deux. Avant que la culture n’y soit autorisée, le Golden State a été la terre promise des illégaux. Avec des dégâts à la clé. Souvent nichées dans des espaces naturels, les plantations ont fortement dégradé les biotopes. Les outlaws n’hésitant pas à drainer les zones humides (à la riche biodiversité) pour annexer de nouvelles terres, à épandre des pesticides jamais bienvenus dans la nature.

Plus gloutonnes que les vignobles

L’été, les cultivateurs n’hésitent pas non plus à pomper massivement l’eau des rivières pour irriguer leurs rangs de weed. Selon les calculs de Scott Bauer (département de la faune sauvage de Californie), l’irrigation d’un km2 de cannabis consomme près de 3 milliards de litres d’eau par saison. Au total, la weed illégale engloutit deux fois plus d’eau que les vignobles californiens.

Un désastre pour une région désertique, soumise à des vagues de chaleur régulière depuis une dizaine d’années. Dans le triangle d’émeraude, la martre de Humboldt (Martes caurina humboldtensis) et nombre de chouettes ont fuit devant les milliers de plantations sauvages que cette zone du nord-ouest de la Californie abrite désormais.

Contre-exemple marocain

Moins d’espaces naturels, moins d’eau, des pesticides jusqu’à plus soif : c’est la porte ouverte à la déforestation, émettrice de gaz à effet de serre. Un sujet que connaissent bien les autorités marocaines. Depuis des décennies, le royaume chérifien produit et exporte cannabis et résine vers l’Europe. Plus de 130 000 hectares étaient affectés à cette culture, avant la légalisation, il y a quelques semaines, de la culture du cannabis « thérapeutique ». Cela ne devrait pas arranger l’état de la forêt marocaine, ni celui du climat.

Un dernier exemple pour la route ? Pour être rentable, la culture indoor de weed est grande consommatrice d’eau, de nutriments, de pesticides et … d’électricité. Cette dernière alimente les systèmes de filtration d’air, les pompes et les lampes qui ne s’éteignent pratiquement jamais.
Environ 3% de l’électricité californienne alimentent des serres à cannabiques, dont plus des deux tiers sont encore illégales. La production d’un kWh d’électricité californienne émettant, en moyenne, 430 grammes de CO2, on peut donc estimer que la mafia du cannabis californienne émet, directement, près d’un demi million de tonnes de gaz carbonique par an.
Et sans payer le moindre quota d’émissions !

Howard Marks : portrait d’une rock-star du traffic de hasch

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Il y a sept ans, jour pour jour, Howard Marks nous quittait. Plus connu sous le pseudo “Mr Nice”, il est l’anglais qui démocratisa l’usage du haschich dans les 70’s, en ouvrant les routes de son commerce vers l’Occident.
Au pic de sa carrière, il expédiait chaque mois 30 tonnes de résine planante en Europe et aux Etats-Unis, tout entretenant de cordiales relations avec la CIA, le MI6, la Mafia et les Yakusas. Portrait du plus cool (et déroutant) des trafiquants de taga.

C’est en 1967 qu’Howard Marks découvre le cannabis. Le jeune étudiant débarqué du Pays de Galles entame alors des études de physique au prestigieux Balliol College d’Oxford. Issu d’une famille modeste mais au caractère flamboyant et à la personnalité charismatique, Howard Marks devient rapidement la coqueluche du campus. Toujours affable, drôle, il jouit d’un incontestable succès auprès des filles… et des garçons. Mais pas pour les mêmes raisons : s’il séduit les premières, sa cote de popularité avec les petits gars d’Oxford est en grande partie due à ses connections cannabiques : Marks deal de l’herbe à droite à gauche, et toujours avec le sourire.

1968-1970: Sobre contre tous

Jusqu’à une arrestation en 1968, lorsque lors d’une soirée trop festive, un invité meurt après avoir avalé de l’opium. La police est dépêchée sur les lieux du drame, Howard est embarqué par les bobbies. Coup de chance: seul quelques résidus de marijuana seront trouvés sur les lieux. Le futur «  Mr Nice » ressortira après 48h00 de garde à vue, très refroidi par cette chaude nuit.
Entre 1968 et 1970, il poursuit à l’université du Sussex son cursus scientifique et deux ans durant, de 68 à 1970, Howard Marks fera montre d’une sobriété exemplaire. Alors que tout Londres swing et se pète joyeusement la tête, il est en liberté surveillée et doit régulièrement justifier d’une bonne conduite auprès des autorités.
Lorsque qu’il retouchera au chichon et son commerce, ce sera en 1970 et de façon quasi-confidentielle : profile bas et petites quantités uniquement. Il restreint ses activités à ses connaissances proches.

Fin  1970, il se laisse persuader par sa petite amie de l’époque de venir en aide à son pote Graham Plinston qui est emprisonné en Allemagne, soupçonné de trafic. Alors que Plinston est derrière les barreaux, une BMW remplie de hasch (que les policiers n’ont pas localisé) attend Marks à Berlin.
Le jeune Howard accepte de ramener la voiture fourrée en Angleterre; ce sera son premier passage de frontière avec 250 kilos d’Afghan noir cachés dans les portières et les banquettes arrière. Quelques semaines plus tard, après avoir fait grande sensation à Londres avec son hasch d’une qualité rare, Marks rencontre Mohammed Durrani, un trafiquant pakistanais qui lui propose de vendre un cannabis exceptionnel en grandes quantités dans le Royaume de sa Majesté.
En à peine trois ans, le trafic de Marks explose, à tel point qu’il en étend sa distribution à l’Europe du Nord.
La politique du profil bas n’est plus qu’un lointain souvenir pour un Howard Marks aux allures de rock-Star et à l’attitude flamboyante.
En février 1973, il se fait griller lors d’un contrôle par la police néerlandaise. Grâce à une improbable connexion (un ami et client travaillant au MI6) Marks ressort libre de son arrestation, en attente de son jugement.
Il choisira de ne pas se  rendre à sa convocation au tribunal, grillera son joker MI6 et passera les dix années suivantes en cavale.

1973: Naissance du Nice

C’est en 1973 qu’il devient « Mr Nice ». Si l’homme est réputé adorable, joviale et drôle, ce n’est pas pour autant la raison de son nouveau nom : cette année-là,  il parvient à se procurer l’identité d’un prisonnier décédé mais non enregistré en tant que tel … Un certain Ruppert Nice.
Après être retourné clandestinement au Royaume-Uni, Marks, qui fait de nombreux aller-retour en Inde sous l’identité de Ruppert Nice, importe en Europe un haschisch d’une qualité irréprochable : du Népalais noir.
Entre 1975 et 1978, avec l’aide des Yakuza et da la Mafia, il expédie quelque  55 000 livres d’une résine premium  à partir de l’aéroport John F. Kennedy. Il est aussi à l’époque officieusement couvert par la CIA qui l’utilise comme informateur pour ses liens avec l’IRA, avec laquelle il fait aussi du trafic.
La liste des autres groupes impliqués dans ces opérations  surprend autant qu’elle force le respect : outre la Mafia, les Yakuza, et la CIA, le Brotherhood of Eternal Love, l’armée thaïlandaise et l’Organisation de libération de la Palestine… et les Pink Floyd qui acceptent de cacher une partie de son hasch dans ses enceintes d’une gigantesque tournée américaine.

 

A la fin des années 70, Marks évite de justesse une accusation de trafic de drogue en plaidant « non coupable » .
Il sera en revanche condamné à deux ans derrière les barreaux pour usage…de faux passeport.
A sa sortie de prison, Marks renoue avec le trafic de drogue douce (il n’acceptera jamais de faire d’autre négoce illégal que celui du cannabis).
Après une dizaine d’années d’une vie des plus confortables sous le soleil espagnol, la Drug Enforcement Agency de l’oncle Sam mettra finalement la main sur l’homme qui aura démocratisé le cannabis marron sur la planète bleue, du vieux continent au nouveau monde.
Il est condamné à 25 ans de prison et à une amende de 50 000 $.
Il n’en fera que 7 : en avril 1995, Marks obtient une libération conditionnelle pour son comportement de  « prisonnier modèle ».

1995- 2019 : libre et à l’ombre de la justice

D’aucun racontent qu’à sa sortie il aurait repris sans la moindre hésitation ses stupéfiantes activités. Une rumeur seulement puisque Mr Nice ne sera plus jamais inquiété par la police jusqu’à sa disparition à 70 ans, des suites d’un cancer. De 95 à 2019, Marks a par ailleurs été des plus prolixe dans d’autre domaines : il écrira son autobiographie, participera au scénario de  Mr Nice, un  biopic sur sa vie, parcours le globe, donne des conférences, et est régulièrement invité dans des show télés quand il ne fait pas du stand-up.
Howard Marks nous quittera le 10 avril 2019, s’éteignant paisiblement dans sa belle demeure de Leeds, entouré par l’amour de sa femme et ses enfants. A very nice ending.

 

Bonus: un doc. assez génial (et barré) tourné lors d’un voyage en Jamaïque du Nice guy:

 

Ice o Lator: la crème des extractions (qui fouette sérieusement)

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L’Icelolator est une technique d’extraction de résine qui est apparue dans les années 90 avec les premiers sacs : Ice o lator de Pollinator – la marque créée par la Hashqueen Mila Jansen. Souvent incompris, ce produit n’a été disponible pendant longtemps qu’à Amsterdam dans les dernières lignes des menus des coffee shop.

20 ans plus tard, l’iceolator revient sur le devant de la scène avec des formules plus fortes et parfumées sans utiliser de solvants chimiques. Une petite révolution pour les fans d’extractions lassés des BHO (Butane Hash Oil).

Ice o Lator c’est quoi ?

L’Ice o lator consiste à isoler les trichomes sécréteurs de résine présents sur les fleurs et les feuilles de la plante, à l’aide de bains d’eau glacée et de plusieurs tamis avec différentes mailles (de 160 à 45 microns). Les cannabinoïdes étant hydrophobes (résistants à l’eau), les trichomes se détachent de la plante et tombent. La solution est ensuite filtrée dans différents tamis pour séparer les diverses qualités.

C’est une des techniques qui a le plus évolué avec le temps et a réussi à se réinventer au cours des années 2010 avec l’émergence des extracteurs espagnols. Ce sont eux qui ont fait avancer ce processus, surtout les dernières étapes : le séchage et le curing. Alors qu’avant la matière utilisée était souvent sèche et le produit séché à l’air libre, il est désormais extrait de la plante fraîche (petite tête) dans une eau contrôlée (peu minérale et au PH bas) et placée dans un Freez Dryer : machine permettant de sécher sous une température négative, véritable révolution ! Ainsi, tous les terpènes sont préservés et on obtient un ICE de grande qualité.

Les variants de ce produit

ARMOHASH (Armenian Hash) ou COLD CURE

C’est fin 2010 que cette technique apparaît à Barcelone dans quelques Cannabis Social Club. Celle-ci consiste à placer l’Ice dans un pot en verre une fois sorti du Freez Dryer, et le placer ensuite au réfrégirateur pendant quelques semaines. Le THCA cristallise et on obtient alors une texture beurrée très claire entre le blanc et l’ ambre. Le hash ne colle pas et se mélange très bien, tous ses terpènes sont préservés.

LIVE HASH ROSIN

C’est la version la plus pointue donc la plus chère des extractions : avec 100 grammes de fleurs, on obtient 3 g de résine. L’Iceolator est écrasé à l’aide d’une presse hydrolique (entre 1,5 et 2,4 bar). Avec la pression, les trichomes éclatent et laissent échapper une sève au parfum divin. On peut ensuite mettre le rosin au frais dans un pot en verre pour une cold cure et obtenir la crème de la crème du hashich.

Ce type d’extraction est aussi coûteux que les extractions dites « avec solvants » à l’instar du BHO car il est difficile de faire des produits d’exception sans matériel haut de gamme. En revanche, elle est totalement sans danger et le produit est toujours sain. Les possibilités sont infinies, chaque plante a une combinaison de cannabinoïdes et flavonoïdes différentes, et chaque ICE réagit différemment à la chaleur ou au froid.  Les couleurs et les textures sont aussi variées qu’incroyables.

Le 4/20 dans la Pop Culture.

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Le 4/20, grande date des amoureux du cannabis, a aussi marqué la pop culture. De Family Guy à Tarantino en passant par SNL ou Disjointed, petit florilège du folk entourant la St Ganja.

Le 20 avril ou 4/20 comme l’appellent nos amis anglo-saxons n’est ni plus ni moins que la saint Valentin des amoureux de la weed. Un jour qui est tout autant exploité commercialement que son équivalent du 14 février. En l’honneur de cette célébration de la plus belle des plantes, nous avons sélectionné la crème de la déconne cannabique.

Le classique:  la comédie musicale de Family Guy 

On commence par un duo décapant, chanté par une seule personne qui double deux personnages : Seth Macfarlane, le créateur de Family Guy. Rien d’étonnant, quand on sait que ce bourreau de travail qui est aussi scénariste, acteur et réalisateur est un grand fumeur de Cannabis. Il a même témoigné sur son amour pour la plante, lors d’un discours à Stanford en 2006.
Dans cet hymne pro-cannabis interprété par un chien et un bébé (deux catégories qui sont impossibles à contredire selon les règles d’Internet) le message est clair : tout est meilleur avec un sac à weed.
Cet extraordinaire moment de comédie musicale est basé sur un classique oublié, datant de 1968 : Chitty Chitty Bang Bang, dont les paroles ont été changées, mais pas l’enthousiasme.
Un bon moyen d’allier Broadway et San Francisco, le temps d’une chanson.

Le MDR :  le détournement de SNL 

Du côté de New York, on s’amuse aussi avec le 420, dans ce sketch écrit et joué par Kyle Mooney (un jeune comédien qui s’est fait connaître pour son “non humour” très attachant) qui raconte une version très poétique des origines de la fête.
Il est évidemment à côté de la plaque (même si ses faux chants de saison sont tellement fun qu’ils devraient peut être devenir des traditions).
On est ici dans un humour d’initié, rempli de références qui s’adressent aux fumeurs sérieux et qui tacle les stoners d’apparat. Cela peut sembler surprenant, pour une émission qui passe en prime time tous les samedis soirs, mais il ne faut pas oublier que Saturday Night Live est une institution qui compte de nombreux amateurs de Cannabis parmi ses fidèles dont Bill Murray, Woody Harrelson, Pete Davidson, Chevy Chase, John Belushi et bien d’autres.

Le ciné-culte :  Pulp Fiction

C’est un mythe qui traîne sur internet depuis des années : toutes les horloges dans Pulp Fiction seraient réglées sur 4h20.
Ce n’est malheureusement pas vrai, même si c’est indéniablement l’heure la plus fréquente dans le film, en particulier lors de la scène dans laquelle Butch va sauver Wallace. Le clin d’œil est donc tout de même valable (et connaissant la minutie de Tarantino, forcément volontaire). C’est, quoi qu’il arrive, toujours une bonne idée de se refaire ce chef d’œuvre… même si c’est pour passer votre temps à vérifier les horloges.

Le WTF :  Disjointed

Rempli de blagues très osées, de visuels expérimentaux et d’une bonne humeur contagieuse, ce sketch tiré d’une série Netflix est le seul complètement pensé pour être apprécié avec un joint à la bouche.
Les chanteurs oublient les paroles avec le sourire, toussent après une trop grosse taffe et finissent par s’endormir. Et si le 420 c’était la meilleure fête de toute car la plus festive ? Comme une Saint-Patrick sans gueule de bois ? C’est la thèse de cette série et nous adhérons complètement.

Zeweed vous souhaite un merveilleux 420 !

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