Bilan Carbone - Page 3

Ma petite planète : le jeu de société écolo

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Ma petite Planète c’est votre prochain challenge écolo ! Le principe ? Une compétition en ligne autour de la réalisation de défis écologiques.

Inventé par un groupe de jeunes Français aux profils variés et sérieusement engagés, le jeu “Ma Petite Planètedisponible en ligne (ainsi que via une application) propose d’opposer deux équipes composées de six à vingt-quatre joueurs. Pendant trois semaines, la “team Greta” et “la team Hulot” s’affronteront et devront réaliser une série de challenges “bons pour la planète”. Les joueurs peuvent créer leur propre ligue ou en rejoindre une déjà constituée.

L’idée est “d’accélérer le changement vers des pratiques plus écoresponsables à travers l’émulation et la cohésion d’équipe grâce à la mécanique de jeu” et ce, à travers des thèmes aussi divers que variés : alimentation, déchets, mobilités, énergie, biodiversité.”

Ce jeu de société version digitale propose à ses joueurs de relever un maximum de défis écolos en trois semaines chrono : deux équipes s’affrontent pour valider le plus d’actions possibles parmi les 60 proposées dans le jeu, tout en évitant les 20 “malus” qui leur feraient perdre des points. Exemples : se passer de la grande distribution pendant une semaine pour cocher 4 points supplémentaires, ou ne pas prendre la voiture ou les VTC pour les petits trajets sous peine d’en perdre 3.

Chaque année, l’association propose trois éditions dites “grand public” pour jouer en famille ou entre amis, mais aussi “en entreprises” pour jouer entre collègues. Pour les plus jeunes, deux éditions “à l’école” sont également mises en place. Le coup d’envoi de la prochaine partie grand public est prévu pour ce 25 janvier.

La 5G, pas géniale pour le climat

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En cours de déploiement dans de nombreux pays, la norme de téléphonie mobile de 5e génération devrait alourdir notre bilan carbone.

Le nouveau mantra des dirigeants des compagnies de téléphonie tient en un chiffre et une lettre : 5G. Promise depuis une trentaine d’années par les ingénieurs, cette cinquième génération de norme de téléphonie mobile a un gros atout.
Elle pourrait donner accès à des débits de transfert de données 100 fois supérieurs à ceux de la norme actuelle, la 4G. Concrètement, cela permettra de faire dialoguer, dans un rayon donné, un très grand nombre de terminaux téléphoniques ou d’objets communicants (voitures autonomes, par exemple). Formidable !

Technologie made in China

Ce qui l’est moins, en revanche, c’est le cortège de critiques qui s’est abattu sur cette technologie, d’abord maîtrisée par des industriels chinois (Huawei, ZTE). Les Américains et les Européens craignent que l’introduction de ce standard (et des équipements qui vont avec) dope l’efficacité des services de renseignements de l’empire du Milieu.

Sans preuve pour l’instant, des ONG craignent les conséquences sanitaires du déploiement de ces nouvelles ondes. Dans un article publié par Nature, des météorologues ont aussi rappelé qu’une fréquence attribuée aux industriels de la 5G (23,8-gigahertz) était susceptible de réduire l’efficacité de mesures de l’atmosphère par certains satellites météorologiques.

La faute aux équipements importés

Côté environnemental, en revanche, les critiques semblent fondées. Dans les derniers jours de l’année passée, le Haut conseil français pour le climat (HCC) a publié une première évaluation de l’introduction de la 5G en France. La multiplication annoncée des terminaux, antennes, centres de données et objets connectés devrait accroître de 6 à 13 % la consommation d’électricité entre 2021 et 2030.  Selon le rythme et l’ampleur du déploiement, la 5G devrait aussi alourdir de 2,7 à 6,7 millions de tonne équivalent carbone (Mtéq.CO2) le bilan carbone français. L’essentiel de ce bilan carbone étant imputable à la production et à l’importation d’équipements électroniques.

Le sénat veut faire la loi

Bien sûr, souligne le HCC, les émissions attribuables à la surconsommation d’électricité seront prises en charge par le marché européen du carbone. Sans que cela garantisse « l’atteinte des objectifs de la France inscrits dans la loi ». Dit autrement, la France qui est incapable de tenir ses propres engagements climatiques devrait poursuivre son dérapage carbonique, en partie à cause de la 5G.

Le pire est-il inéluctable ? Pas forcément. Une fois n’est pas coutume, le sénat français s’est saisi d’une question touchant au climat. Plusieurs dizaines de parlementaires ont déposé une proposition de loi visant à « réduire l’empreinte environnementale du numérique ». Pas sûr que cela suffise. Aux dernières nouvelles, ledit numérique émet autant de gaz à effet de serre que le transport aérien. Et cela n’est pas près de diminuer.

Durant l’automne 2O2O, la France a attribué aux 4 opérateurs français de téléphonie mobile les licences d’utilisation des fréquences utilisées par la 5G. A cette occasion, l’Etat a empoché plus de 2,7 milliards d’euros. Les licences ont été attribuées pour 15 ans. Et les premiers abonnements 5G ont été proposés à l’occasion des fêtes de Noël.

Pour l’environnement, le Brexit ne change rien.

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Londres et Bruxelles sont convenus de ne pas toucher aux règles encadrant l’environnement, l’énergie ou l’atome. Histoire de ne pas perturber le commerce.

Nous y sommes. Trois ans et demi après qu’une majorité de sujets de sa très gracieuse majesté s’est prononcée en faveur du Leave, le Royaume-Uni n’est plus membre de l’Union européenne (UE). En 63 ans d’existence, c’est la première fois qu’un pays membre quitte ainsi le bloc communautaire.

Un accord de 1450 pages

Malgré les nombreuses menaces, lancées par le premier ministre britannique Boris Johnson, le Brexit s’est finalement conclu par un accord. Après deux ans et demi de difficiles négociations, Londres et Bruxelles ont fini par sceller leur désunion dans un volumineux accord. Le 24 décembre 2020, les deux parties publient un acte de divorce de poids.
En 1450 pages, ils établissent de nouvelles règles bilatérales sur des sujets aussi divers que le commerce (mais pas celui de la weed), la pêche, la santé, la fiscalité (n’oublions pas les choses importantes), le commerce, la coopération scientifique. Sans oublier, l’énergie nucléaire, l’environnement ou la lutte contre le changement climatique.

Trois documents sinon rien

Dans le détail, l’acte de divorce est constitué de trois documents : un accord de libre-échange, le partenariat pour la sécurité des citoyens et l’accord de gouvernance. Dans leurs grandes lignes, ils établissent deux grands principes pour conforter les relations entre les deux parties : liberté de circulation pour les marchandises et maintien des règles communes pour, la protection des travailleurs, la transparence fiscale et les aides d’Etat à l’économie. Sans oublier la protection de l’environnement et du climat. A noter d’ailleurs, dans ce dernier cas, que 80 % des lois britanniques sont d’origine … européenne.

Pour autant, le Brexit oblige les entreprises britanniques à quitter le marché communautaire du carbone, l’ETS. Malheureusement pour elles, Londres a ouvert, dès le 1er janvier, un système national
Les frontières pourront être de nouveau baissées d’un côté ou de l’autre du Channel si l’une des parties prouve que le principe de non régression de toutes ces règles de droit a été bafoué. Auquel cas, un tribunal spécial pourra accorder des mesures de compensation à la partie lésée.

Circulation (presque) libre

Même si les douaniers recommenceront à examiner les passeports, la liberté de circulation sera presque rétablie pour les citoyens. L’accord de Noël garantit l’égalité de concurrence entre les transporteurs de l’Union et du Royaume-Uni, de sorte que les droits des passagers, des travailleurs et la sécurité du transport ne soient pas compromis. Coup dur, en revanche, pour les grandes compagnies de charter aérien britannique : interdiction leur est désormais faite de faire du cabotage dans les aéroports des pays du continent.
Jadis fluide et détaxé, le commerce de l’électricité sera désormais soumis à des réglementations (tatillonnes, forcement !) et des droits de douane. Ce qui va renchérir le coût du MWh au Royaume-Uni, pays structurellement importateur de courant européen. Anticipant cette décision, les marchés de gros britanniques ont déjà vu doubler les prix de l’électron entre les mois de mai et décembre derniers.

Nuke is good

« Leaving European Union », c’est aussi quitter Euratom, l’organisation communautaire de coopération en matière d’énergie nucléaire. Pour le Royaume-Uni, pareil départ pouvait entraver la relance de son programme électronucléaire. Qu’à cela ne tienne : Bruxelles et Londres sont convenus de ne rien changer entre eux dans le domaine de l’atome. EDF va pouvoir continuer à construire des réacteurs outre-Manche.
Et à propos de Manche, les pêcheurs européens pourront continuer de jeter leurs filets dans les eaux anglaises, galloises ou écossaises. Les pêcheurs britanniques qui avaient massivement soutenu le Brexit pour pouvoir reprendre le contrôle de leurs stocks de poisson digèreront-ils cette arrête ?

France : quels sont les produits en plastique interdits en 2021 ?

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Pailles, touillettes, couverts… Depuis le 1er janvier 2021 et dans le cadre de la loi anti-gaspillage, ces objets en plastique à usage unique ne sont plus autorisés à la vente en France. Une liste qui devrait s’allonger d’année en année, selon le gouvernement.

De nombreux produits en plastique comme les couverts jetables, les pailles, les couvercles de gobelets à emporter, les agitateurs (à sucre), les boîtes de kebab en polystyrène, les piques à steak, les tiges pour ballons et encore les confettis, seront interdits dès ce vendredi 2021. Pour continuer à exister, ils devront être fabriqués en bois, en carton ou en plastique réutilisable.

L’usage du plastique jetable est de plus en plus restreint pour suivre les directives européennes, et ainsi permettre la réduction des déchets. Le tout bien sûr afin de préserver la planète. Saviez-vous par exemple que pour la seule Mer Méditerranée, ce sont chaque année 600 000 tonnes de plastique qui finissent au fond de son eau ? Ou encore qu’en France, moins de 2 % des plastiques usagés sont recyclés de manière optimale ? “Seuls les plastiques de type bouteilles en PET peuvent se plier aux contraintes du recyclage en boucle fermée et être régénérés pour une utilisation identique” détaille Nathalie Gontard, chercheuse à l’INRA à nos confrères de Reporterre.
Si rien n’est fait pour réduire leur utilisation, en 2050 il y aura plus de plastiques que de poissons dans les océans !

Amazon s’attaque (enfin) au réchauffement climatique.

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 Jeff Bezos, le créateur d’Amazon, a fait amende honorable en allouant plus de 800 M$ de sa fortune personnelle à des ONG investies dans le climat. Et ce n’est qu’un début.

Pour les écologistes (et les libraires !), Jeff Bezos, c’est le mal absolu. Après avoir bâti, en une vingtaine d’années, le plus grand groupe mondial de commerce en ligne, le propriétaire du Washington Post fait monter le thermomètre climatique. Dynamisant le commerce international, transportant ses marchandises par avions et par camions, Amazon affiche un bilan carbone désastreux.

Lourd bilan carbone

Rien qu’au Royaume-Uni, Amazon a directement relâché 19 000 tonnes de dioxyde de carbone lors du dernier Black Friday. Au niveau mondial, le groupe évalue son empreinte carbone à plus de 50 millions de tonnes de gaz à effet de serre : un peu plus que la Suisse. Bonne nouvelle : l’entreprise affirme désormais que ce bilan sera réduit à néant d’ici à … 2040.
Pour autant, le millardaire new-yorkais n’entend pas se croiser les bras. Comme nombre de ses camarades « Sans Difficultés Financières », l’homme le plus riche du monde (selon Forbes !) va consacrer une partie de sa gigantesque fortune personnelle à la lutte contre le changement climatique.

10 milliards pour le climat

Le démarrage de la pandémie a un peu masqué la nouvelle : en février dernier, l’ancien étudiant de l’université Princeton a annoncé la création du Bezos Earth Fund (BEF). Doté de 10 milliards de dollars (8 milliards d’euros), le BEF financera la recherche scientifique, des organisations non gouvernementales, mais aussi n’importe quelle initiative bonne pour faire redescendre le thermomètre planétaire.
Visiblement, le plan de distribution n’était pas tout à fait prêt. Il aura fallu plus de 8 mois avant que les premiers bénéficiaires (tous Américains) soient connus. Dans un premier temps, le mécène du climat va doter l’Environmental Defense Fund (EDF), le Natural Resources Defense Council (NRDC), le World Wildlife Fund (WWF) et Nature Conservancy de 100 millions de dollars (81 millions d’euros) chacun. Grand pourvoyeur d’études sur les effets du réchauffement, le World Resources Institute (WRI) devrait recevoir 85 millions de dollars (70 millions d’euros). .

Coordonner l’action des ONG

Moins connus du grand public et des journalistes, l’Energy Foundation et la ClimateWorks Foundation seront créditées de plusieurs dizaines de millions de dollars. Cette dernière nouvelle n’est pas inintéressante. Car ces deux organisations, habituellement soutenues par un réseau de philanthropes (les familles Rockfeller, Ford, Hewlett ou Packard, par exemple), sont réputées pour coordonner l’action de centaines d’associations environnementales de par le monde.
En 2009 et en 2015, elles avaient notamment organisé le lobbying des ONG en amont des sommets climatiques de Copenhague et de Paris. L’an prochain, l’Écosse doit accueillir, à Glasgow, la COP 26, à l’issue de laquelle les Etats doivent, en principe, rehausser leurs ambitions climatiques. Les associations ne seront pas de trop pour les convaincre de ne pas renoncer.

 

Biden: environnementalement correct ?

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Contrairement à Donald Trump, le prochain président des Etats-Unis a un programme environnemental. Et il est plutôt enthousiasmant.

Il n’est encore officiellement élu, mais à l’heure où nous mettons en ligne, Joe Biden dispose déjà du soutien de 290 grands électeurs sur les 270 nécessaires pour assurer son accession à la Maison blanche.
Ne restera plus que la formalité de la passation de pouvoir en 2021 et le vote des grands électeurs mi-décembre pour qu’il devienne, sans contestation aucune, le 46ème président des Etats-Unis.

Carbon Market
Est-ce une bonne nouvelle pour l’environnement. Bonne question, je vous remercie de me l’avoir posée. Dans sa longue vie parlementaire (sa première élection date de 1973 !)  Joseph Robinette Biden ne s’est pas beaucoup intéressé aux questions vertes. A ceci près qu’il fut l’un des rares sénateurs à voter en faveur de la création d’un système américain d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre, le fameux marché du carbone. Sans succès.

Back to Paris
Dans ces mois de campagne acharnée contre Trump, le négationniste du réchauffement, le challenger démocrate s’est découvert une fibre verte. Et n’a pas hésité à défendre un programme qui n’a rien de déshonorant. Première promesse : s’il est élu, Joe s’engage à faire réintégrer les Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat. Ce qui ne l’oblige à pas grand-chose d’autre que de produire, tous les 5 ans, une politique climatique un peu améliorée d’une fois sur l’autre.

Carbon Neutral
Est-ce encore bien utile ? Là encore, bonne question. Ces dernières semaines, l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, la Corée du sud ont annoncé vouloir viser la neutralité carbone à l’horizon de 2050. La Chine suivra le mouvement avec 10 ans de retard. La neutralité carbone en 2050, cela convient parfaitement à Biden. Le président presque élu propose d’ailleurs à cette échéance la production d’énergie américaine soit totalement propre. Ce qui suppose de construire beaucoup de centrales nucléaires, solaires et éoliennes d’ici là. En 2019, les énergies vertes ne produisaient que 11% de l’énergie primaire consommée par l’Oncle Sam.

Green New Deal
La grande affaire du successeur annoncé de Donald Trump sera le lancement de son plan de relance post-Covid. Doté de 1 700 à 2 000 milliards de dollars (selon les versions) de fonds fédéraux, ce Green New Deal espère susciter trois fois plus d’investissements privés afin de rénover les bâtiment (qu’ils soient plus sobres), moderniser les réseaux d’électricité, produire plus d’énergies renouvelables, développer le marché des voitures électriques.

Corn belt
Pour alimenter les moteurs thermiques qui continueront d’équiper camions, bateaux et avions, l’ancien vice-président de Barack Obama entend doubler la production d’agrocarburants, au grand bénéfice des planteurs de maïs américains. Pour accélérer la transition énergétique de l’Hyperpuissance, Washington créera une agence une agence de développement de technologies sur l’énergie et le climat, un peu comparable à la Darpa qui imagine les armements du futur pour le compte du Pentagone.

Nuke is good
Sa feuille de route est déjà écrite : les recherches devront prioritairement porter sur les systèmes de stockage d’énergie (utile si l’on veut développer les énergies intermittentes comme l’éolien ou le solaire), les petits réacteurs nucléaires, les bâtiments neutres en carbone, la production de matériaux décarbone ou les fluides réfrigérant ne réchauffant pas le climat.
Lors d’un débat avec le président en exercice, Joe Biden a aussi promis d’interdire l’accès des terres fédérales aux compagnies pétrolières et de réduire les subventions à la production d’hydrocarbures. Ce qui, curieusement, ne l’a pas pénalisé dans les Etats les plus producteurs d’huile et de pétrole de schiste.

 

Et si on enterrait (littéralement) le CO2?

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L’un des moyens le plus simple de ralentir le réchauffement climatique est de stocker le carbone atmosphérique dans le sol.
Et en plus, ça peut rapporter gros.

Ce sont en tous cas les principaux résultats du rapport spécial du Giec sur la possibilité de stabiliser le réchauffement à 1,5°C.
Publiée, il y a déjà deux ans, cette étude, commandée à l’issue du sommet climatique de Paris en 2015, le confirme : oui, nous pouvons encore freiner la dynamique du changement climatique.
A condition de nous y mettre franchement, tout de suite et de ne pas baisser les bras en route !
Autre enseignement et pas le moindre, il ne suffira pas de réduire sensiblement nos émissions de gaz à effet de serre (GES) pour éviter la surchauffe. Compte tenu des centaines de milliards de tonnes de CO2, méthane, protoxyde d’azote et autres HFC que nous avons relâché (au rythme effrayant d’une cinquantaine de milliards de tonnes par an), nous devrons décarboner une partie de l’atmosphère pour minorer le réchauffement et ses effets.

Milliards de microbes

L’une des solutions les plus simples en la matière est de laisser faire la nature. Et plus précisément les microbes.
Chaque poignée de terre végétale naturelle recèle des milliards de micro-organismes capables, en résumé, de capter le gaz carbonique de l’air et de stocker son carbone six pieds sous terre.  Une capacité qui suscite déjà des convoitises.
Certaines entreprises voient là un moyen simple d’alléger leur empreinte carbone ou de faire des profits. Cargill est l’un des pionniers de ce nouveau business. La multinationale de l’agro-alimentaire ambitionne de baisser de 10 % son empreinte carbone entre 2017 et 2025. Elle va certes améliorer certains de ses procédés. Mais surtout contractualiser avec les milliers d’agriculteurs qui lui fournissent denrées et matières premières.

Economies d’émission

Depuis belle lurette, le groupe centenaire distille de bonnes pratiques agronomiques aux planteurs de cacao sous contrat. Désormais, il payera les agriculteurs qui réduiront leurs émissions et stockeront du carbone dans le sol.
En partenariat avec l’association des producteurs de soja de l’Iowa et le consultant Quantified Ventures, Cargill a mis sur pied le Soil & Water Outcomes Fund (SWOF), un nouveau venu dans l’intermédiation de crédits carbone.
Des agriculteurs souhaitant épandre moins d’engrais azotés (source de protoxyde d’azote, puissant gaz à effet de serre), planter des cultures intersaison ou diminuer les labours toucheront un pécule de SWOF. Ces revenus compensatoires peuvent atteindre 17 euros/hectare.

Crédits carbone

Pour chaque tonne de GES évitée ou stockée dans le sol, SWOF génère un crédit carbone qu’il vend à Cargill. Le groupe peut les utiliser pour se conformer à ses objectifs climatiques. Le géant de Minneapolis a convaincu plusieurs dizaines d’agriculteurs, exploitant 4.000 hectares dans l’Iowa, de tenter l’expérience. Dès la première année, l’expérience devrait éviter l’émission de 50 tonnes d’oxyde nitreux et stocker 7.500 tonnes de carbone dans les champs. Ce qui équivaut à une économie d’émission de 30.000 tonnes équivalent CO2.
Séduisant, le concept a traversé l’Atlantique. Soil Capital propose aux paysans français et belges le même type de prestations que celles offertes par Quantified Ventures. Les agriculteurs désirant bénéficier des crédits carbone émis par l’entreprise belge doivent se convertir à l’agriculture régénérative. C’est-à-dire : consommer moins d’engrais azotés, ne plus labourer, laisser les sols toujours couverts de plantes vivantes, planter des haies, pratiquer la polyculture…Pas si simple de protéger la planète.

 

 

Climat : Et si l’on optait pour les solutions naturelles ?

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Pour stabiliser rapidement le réchauffement, nous devons réduire nos émissions et aspirer une partie du carbone déjà présent dans l’atmosphère. Les chercheurs s’opposent : faut-il disséminer des aspirateurs à carbone ou miser sur les solutions engendrées par la nature ? Explications.

Les ouvrages du GIEC ne sont pas que des catalogues de mauvaises nouvelles. Il y a tout juste deux ans, le réseau mondial de climatologues publiait un rassérénant rapport sur les façons d’atteindre le plus ambitieux des objectifs fixés par l’Accord de Paris. Le texte signé à l’issue du sommet mondial de Paris, en 2015, commande à la communauté internationale de stabiliser le réchauffement entre 1,5 °C et 2°C. De prime abord, le premier objectif apparaît particulièrement ambitieux : le thermomètre mondial s’étant déjà, en moyenne, échauffé de 1,1°C. Et pourtant !

Agir vite et fort

Les scientifiques sont formels ! En agissant (très) vite et (très) fort, nous pouvons encore espérer stopper l’ascension du mercure du thermomètre planétaire à 1,5°C. Reste à savoir comment. Déploiement massif d’énergies décarbonées, économies d’énergie, révolution agricole : les solutions sont connues. Et insuffisantes. Nous avons probablement déjà émis suffisamment de gaz à effet de serre (GES) pour dépasser le 1,5°C. Ces GES ont généralement une longue durée de vie et nous ne cessons d’en rejeter dans l’atmosphère. Conséquence : en plus de décarboner nos modes de vie et de développement, nous allons devoir extraire du carbone de l’atmosphère.

Aspirateurs à carbone

Cette recommandation a été bien comprise par certains physiciens suisses et nord-américains. Leurs compagnies, Climeworks, Carbon Engineering, proposent d’installer sur toute la planète de gigantesques aspirateurs à CO2 (captage directe du carbone dans l’air ou DAC). Nettoyé, comprimé, séché, ce dioxyde de carbone pourrait être ensuite injecté dans une structure géologique étanche (un ancien gisement d’hydrocarbures par exemple) ou réutilisé. À Hinwil, près de Zurich, les 18 aspirateurs de Climeworks captent 900 tonnes de gaz carbonique par an, qui sont vendus à un maraîcher pour accélérer la croissance des fruits et des légumes. La solution ?

Solutions naturelles

Ce n’est pas l’avis de Pierre Gilbert. Pour ce prospectiviste français, se fier à ces techniques c’est nourrir l’espoir que tous nos excès carboniques peuvent être facilement compensés par la technique. Or, le DAC est loin d’avoir fait ses preuves. Et les technologies concurrentes (bioénergie avec captage et stockage du CO2 ou BECCS) n’existent que sur le papier.
D’où l’idée de recourir à des solutions « naturelles » expérimentées depuis des siècles voire des millions d’années. La plantation massive de forêts, la modification des pratiques agricoles (moins d’engrais azoté et moins de labours, notamment), la préservation du permafrost, notamment, permettraient d’absorber 40% du carbone que nous émettons, estime l’ancien analyste du ministère français des Armées.
Considérable !

Woody Harrelson donne de la voix à la green agriculture.

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« Kiss the ground », c’est le documentaire essentiel et peut-être salvateur de cette année pourrie. Narrée par Woody Harrelson, cette déclaration de bonnes intentions se veut avant tout terre à terre, pédagogique et pragmatique. Comme un écho au « Solution locales pour désordre global » de Coline Serreau. Disponible sur Netflix, bientôt en libre-accès sur Youtube.

Il aura fallu 7 ans à l’équipe du film pour rassembler experts, données, idées et imaginer une agriculture qui ne soit synonyme de catastrophe annoncée. 7 ans de réflexion pour nous proposer ce qui pourrait bien ressembler à un manifeste comme à un vrai début de solution. Car si la production de biens non périssables génère une grande partie des gaz à effet de serre, c’est l’agriculture intensive, la surexploitation et un processus d’élevage et d’abattage à donner des cauchemars à des gardiens de goulags qui met vraiment notre planète à mal, plus encore que la pollution automobile, maritime et aéronautique réunies.
Il est donc grand temps d’agir et réfléchir avant de mâcher une bouffe qui tue la planète, et coup de bol, il n’est peut-être pas trop tard.

« Kiss the ground », c’est aussi une ONG qui milite depuis plusieurs années et propose un portail web dans lequel, au travers d’une soixantaine de  segments de plus d’une heure, des solutions pour inverser la donne du réchauffement en retrouvant un équilibre naturel sont proposées.
60 podcast de plus d’une heure ainsi que de nombreuses pastilles où l’on apprend, au travers de gestes et bonnes habitudes à prendre, comment sauver notre planète et le futur de nos enfants.
Fabriquer soi même les produits d’hygiène courante (déodorant, dentifrice, savon, crème hydratante), se soigner avec des plantes aussi peu connues que facile à faire pousser dans son jardin ou encore monter son potager en permaculture, tout y est pour créer une saine autarcie loin d’une alimentation à l’emprunte carbone désastreuse. Et sans pour autant finir dans une cabane sans eau courante au fin fond du Yukan.

 

Vancouver, la green révolution

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Les milles et une green initiatives Zeweed vous emmène aujourd’hui à Vancouver puisque la ville la plus à l’ouest du Canada est aussi une métropole à la pointe du développement durable urbain. Une transition écologique réussie que l’on doit au “Greenest City 2020 Action Plan”, un pari gagnant lancé il y a 6 ans par l’ancien maire, Gregor Patterson. Partons à la découverte de Vancouver(t),  “la ville la plus verte d’Amérique du Nord”.

Il suffit de jouer à un jeu comme le célèbre simulateur de villes SimCity™ pour comprendre la complexité des territoires urbains. Entre les transports, les constructions et la gestion des déchets, il est extrêmement complexe d’associer amélioration des conditions de vie des habitants et écologie. C’est pourtant l’exploit réalisé par la ville de Vancouver et par Gregor Robertson, l’ancien maire de la ville, grâce à un plan qui s’est étendu sur les 10 ans de son mandat de 2008 à 2018.
La première étape, pour le maire à l’origine du “Greenest City 2020 Action Plan” a été de diminuer l’empreinte carbone de la ville. Pour cela, un système de chauffage des immeubles ré-utilisant les eaux usées a été mis en place dans le village olympique de la ville, des jardins communautaires ont été créés et un grand nombre de transports en communs supplémentaires ont été mis en place. Parmi eux, on peut noter la création d’une ligne de métro supplémentaire et la mise en place d’une flotte de bus électriques.
Bien entendu, pour donner à ses initiatives la moindre chance de réussir, il faut obtenir le soutien de la population et des entreprises.
Coup de chance, l’engouement populaire a été immédiat pour ses nouvelles mesures, ce qui n’est pas si surprenant, quand on connaît l’histoire écologique de la ville. En effet, c’est ici que Greenpeace a été créé par 14 militants écologistes anti-nucléaire en 1971.

Depuis le début des réformes en 2008, la quantité de déchets a baissé de plus de 25 pour cent, grâce à un système de compost collectif, mis à disposition de tous, qui nourrit les jardins communautaires évoqués plus haut. Le but de la municipalité est même d’obtenir du zéro déchets d’ici 2040.
Grâce aux nouvelles infrastructures, plus de la moitié de la population utilise dorénavant les transports en commun et la plupart des jeunes branchés circulent à vélo (dont une moyenne de 3100 cyclistes dans le centre ville par jour).
Près de 10 pour cent de la population arpente les 275 km de piste cyclable chaque jour, qui sont réputées pour leur sécurité ; Radio Canada parle même de “piste cyclable la plus populaire d’Amérique du Nord” dans cet article.
Enfin et parce qu’il est impossible de prévoir tous les trajets pour des transports en commun, 2000 bornes ont été mises en places pour le rechargement des voitures électriques.
Un bon moyen d’améliorer la qualité de l’air en s’adaptant aux besoins de chacun·e.
Les objectifs mis en place par Gregor Robertson pour 2020 ont été largement atteints, mais ce n’est pas parti pour s’arrêter, malgré le changement de direction de la ville.
Le maire actuel, Kennedy Stewart, est clairement parti pour suivre la même direction. L’ancien parlementaire (qui a d’ailleurs démissionné de ce poste pour devenir maire) est connu pour ses positions écologistes et progressives. En dépit d’un positionnement qui est clairement à gauche – ses autres priorités sont le mal logement et le renforcement du soutien pour les travailleurs publics – c’est le premier candidat indépendant “non rattaché à un parti” à être élu à cette position dans la ville de Vancouver.
Une bonne partie de sa crédibilité lui vient de son opposition radicale au projet de pipeline Continental “Kinder Morgan”, pourtant autorisé au niveau fédéral, mais qui aurait décimer les montagnes canadiennes et les terres des autochtones.