Beaujolais

Faut-il encore boire du Beaujolais Nouveau ?

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Chaque semaine, je vous fait découvrir un vin, un saké ou un spiritueux naturel qui fleure bon le soleil et la terre, à l’image d’un plant de chanvre cultivé avec amour. Aujourd’hui, et quitte à surprendre, c’est du Beaujolais Nouveau dont je vous parle.

A la question “Faut-il encore boire du Beaujolais Nouveau ?”, on serait tenté de répondre non,  tant les vins produits par Georges Duboeuf  -pour ne pas le nommer-  nous ont fait mal à la tête et causé du tort à l’appellation Beaujolais.
Des millions de bouteilles de “Bojo'” livrées dans le monde entier chaque 3e jeudi de novembre, un goût de banane ou framboise selon les années et un plan marketing bien rôdé, pour un breuvage qui est un vin trop jeune, bourré de produits de synthèse et de sucre, ça suffit!

Heureusement depuis quelques années on redécouvre les vignerons nature du Beaujolais, ceux qui ont toujours cultivé leurs vignes sans désherbants et pesticides chimiques, et vinifié uniquement avec les levures indigènes, sans autre intrant.
Il est bon de rappeler qu’au début des années 80, tandis que les vignes de toute la France étaient abreuvées de pesticides, un groupe de jeunes vignerons autour de Marcel Lapierre à Villié Morgon élabore du vin avec seulement du raisin, sans levure ajoutée et sans soufre, suivant en cela les enseignements de Jules Chauvet, considéré à juste titre comme le père du vin naturel en France.

Bien choisir son Beaujolais permet d’éviter de déguster… le lendemain.

Marcel Lapierre, Jean Foillard, Yvon Métras, Jean-Paul Thévenet et Guy Breton figurent aujourd’hui sur la carte des plus grands restaurants du monde entier. Il faudrait aussi ajouter Karim Vionnet, qui cultive dans la plus pure tradition des vignes ayant appartenu à Jules Chauvet, ainsi que Jean-Claude Lapalu, Jean-Louis Dutraive ou encore Bruno,et Isabelle Perraud.

Mathieu et Camille Lapierre proposent un très bon Beaukolais Primeur, chic mais pas choc.

Aujourd’hui les « fils et filles de » ont pris le relais (Camille et Mathieu Lapierre, Alex Foillard, Jules Métras, Justin Dutraive etc) et ont attiré dans leur sillage de nouveaux venus comme Sylvère Trichard, David Large, Rémi Dufaitre, Pierre Cotton ou Yann Bertrand « la nouvelle star du Beaujolais » selon Les Echos.

Yann Bertrand , l’étoile montante du Beaujolais.

Aujourd’hui le Beaujolais a le vent en poupe et la quasi-totalité des nouveaux domaines sont en bio. De 60 domaines bio en 2010 on est passé à 188 en 2020.
Des salons comme « Bien Boire en Beaujolais », ou « Sous les Pavés la Vigne », organisé par Rue 89 à Lyon, contribuent à médiatiser ce phénomène.
Succès à l’exportation, le Beaujolais bio et nature se vend aussi très bien chez les cavistes et dans les bistrots.
Avec le réchauffement climatique qui fait sensiblement augmenter le % d’alcool des vins, des Côtes du Rhône à l’Alsace, le Gamay du Beaujolais reste relativement léger.

“Le petit vin que l’on boit sous les tonnelles” … et par tonneaux sur les barriques.

Grâce à l’absence de traitement chimique des vignes, les racines plongent plus loin dans le sol qu’en viticulture conventionnelle, et la vigne souffre ainsi moins de la chaleur.
Tous les vignerons nature du Beaujolais ne produisent pas du Beaujolais nouveau chaque année, et 2021 a été une année particulièrement éprouvante pour le vignoble français.
Le 18 novembre sera tout de même l’occasion de faire la fête, celle qu’on n’a pas eue en 2020, autour des vins du Beaujolais Nouveau et de redécouvrir les crus de la région.
Quelques références incontournables : Marcel Lapierre, Jean Foillard, Karim Vionnet, Jean-Paul Thévenet, Guy Breton, Sylvère Trichard, Yann Bertrand.

Le primeur de Karim Vionnet: un de mes favoris

Bonne fête du Beaujolais, bon weekend et à la semaine prochaine.