Le SPC, premier syndicat professionnel de tous les chanvres.

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Le Syndicat Professionnel du Chanvre (SPC), dont Zeweed est un est un adhérant historique, vient de fêter ses quatre années d’existence. Première association à défendre les intérêts du secteur, le SPC est le représentant privilégié de la filière chanvre bien-être française et un interlocuteur incontournable pour les pouvoirs publiques. Nous avons rencontré son président Aurélien Delcroix pour lui poser quelques questions essentielles.

Bonjour, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter?
Je suis Aurélien Delecroix, président du Syndicat Professionnel du Chanvre (SPC) depuis sa création en 2018. J’ai fondé en 2017 la société Green Leaf, qui a pour vocation de démocratiser le chanvre auprès du plus grand nombre. J’ai par ailleurs un parcours professionnel atypique. Après avoir étudié les sciences sociales, j’ai travaillé dans le secteur du sport et du social avant de créer ma première société dans le domaine de l’automobile, en 2012.

Vous avez créé le SPC en 2018, pourquoi ?
J’ai décidé de créer le SPC sur la base d’un double constat et d’une urgence. Tout d’abord celui de l’absence d’organes représentatifs du secteur du chanvre CBD qui était alors en pleine émergence. Cette absence s’accompagnait de défis immenses à relever d’un point de vue légal, réglementaire et structurel.
Cette création c’était aussi répondre à une urgence : celle de répondre à la note publiée par la MILDECA (Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Addictions NDLR) en 2018, actant l’illégalité et le caractère stupéfiant du CBD. Face à ce parti pris des autorités, il était urgent d’agir et notamment de se fédérer afin de permettre la rédaction d’une analyse légale sur ce sujet. Celle-ci, rédigée par le prestigieux cabinet d’avocats Allen & Overy démontrait déjà l’illégalité de la position française au regard du droit européen.

« Face à ce parti pris des autorités, il était urgent d’agir et notamment de se fédérer afin de permettre la rédaction d’une analyse légale sur ce sujet. »

Malgré cette analyse légale que nous avions présentée aux autorités, celles-ci persistaient dans leur position. C’est donc grâce à cette analyse légale d’excellente qualité que nous obtiendrons finalement gain de cause auprès de la cour de justice de l’Union Européenne, dans le cadre du recours Kanavape.

Combien d’adhérents à ce jour ?
Nous comptons aujourd’hui 120 adhérents qui représentent toute la chaîne de valeurs : agriculteurs, transformateurs, distributeurs et autres professionnels qui travaillent en lien avec la filière du chanvre bien-être en France.  Cette transversalité fait notre force et nous permet de comprendre les problématiques des différents acteurs.

Vous avez édité un livre blanc sur le chanvre bien-être et un autre sur le cannabis thérapeutique, il y a tant urgence d’informer pouvoirs publiques et forces vives du pays ?
Lorsque ces livres blancs ont été rédigés, il existait une telle méconnaissance de l’immense majorité du pouvoir politique mais aussi de la presse, du grand public, qu’ils étaient réellement une véritable nécessité. Ces livres blancs ont pu être partagés à plus de 300 députés. Ils ont permis de les éduquer à nos sujets et de les sensibiliser à nos problématiques. Encore aujourd’hui, ils sont massivement téléchargés et sont un véritable support pour de nombreuses organisations ainsi que pour les professionnels qui souhaitent affiner leurs connaissances du sujet.

Depuis 4 ans, vous êtes le fer de lance de la défense des intérêts de la filière. Quels types d’actions menez-vous ?
Nous avons pu mener de nombreuses actions de sensibilisation et d’information auprès des pouvoirs publics. Ces actions ont notamment permis la tenue d’un colloque à l’Assemblée Nationale, en juillet 2019, réunissant plus de 300 personnes dont de nombreux députés et sénateurs.
Nos impulsions ont également permis la création de la mission d’information parlementaire sur les différents usages du cannabis; mission durant laquelle nous avons été, nous et nos adhérents, auditionnés à plusieurs reprises.

Aurélien Delcroix, au second colloque du Chanvre bien-être, organisé en fevrier dernier par le Syndic Professionnel du Chanvre

Nous avons bien entendu été en lien dès le départ avec la MILDECA mais nous avons également mené de nombreuses actions de sensibilisation et d’information auprès de la DGCCRF, mais également avec de nombreux députés, de nombreux ministères ( économie, écologie agriculture) le cabinet du premier ministre, la fédération des banques françaises,  auxquels nous avons présenté tous les arguments pour valoriser une filière dynamique, concurrentielle mais également sécurisée et encadrée.

« Valoriser une filière dynamique, concurrentielle mais également sécurisée et encadrée. »

Nous avons également mené de nombreuses actions juridiques, celle déjà mentionnée qui nous a permis d’avoir gain de cause devant la CJUE en finançant une analyse légale.
Plus récemment, nous avons dès juillet 2021, tâché de mettre à mal la position des autorités françaises quant à l’interdiction de la fleur présente dans le projet d’arrêté. Nous avons ainsi envoyé une contribution à la commission européenne dans le cadre de la procédure dite TRIS.
Malgré cette contribution, le projet d’arrêté a été entériné le 30 décembre 2021. Nous avons donc effectué un recours en excès de pouvoir devant le conseil d’Etat auquel nous avons, avec d’autres organisations, obtenu gain de cause.

Même si le CBD a été « légalisé » par la Cour de Justice de l’Union Européenne en novembre 2020, la France, producteur historique de chanvre, continue d’être à la traîne. Pourquoi ?
Il s’agit de problématiques essentiellement idéologiques et politiques.  Même si nous avons eu à cœur de démontrer que le chanvre CBD relevait de problématiques distinctes du cannabis récréatif afin de faciliter son acceptation par les pouvoirs publics, il n’en reste pas moins que cette proximité soulève de nombreuses réticences de la part des autorités. Cette incompréhension de notre sujet, possiblement feinte, s’illustre notamment lorsque Gérald Darmanin fustige l’arrivée des produits CBD en grande distribution en arguant que l’arrivée de ces produits banaliserait le cannabis et encouragerait sa consommation.

« On peut imaginer que le président Macron, débarrassé des enjeux liés à une réélection, se dégage plus de marge de manœuvre sur certains sujets comme le nôtre »

Le second quinquennat Macron sera-t-il plus favorable au développement d’une filière chanvre bien-être et de cannabis thérapeutique?
D’un point de vue positif, on peut imaginer que le président Macron, débarrassé des enjeux liés à une réélection, se dégage plus de marge de manœuvre sur certains sujets comme le nôtre.
Mais soyons réalistes ! Un souci de cohérence dans sa ligne politique, avec un ancrage désormais marqué à droite et assez conservateur, sur certaines questions de société, ne lui permettra probablement pas de soutenir concrètement l’émergence de cette filière. N’oublions pas également, qu’au-delà de l’aspect politique, de nombreux blocages persistent dans les administrations françaises et que celles-ci possèdent un véritable  pouvoir de conseil et préconisation auprès du pouvoir politique.

Quel avenir à court terme pour la production et vente de sommités florales en France ?
La légalité des fleurs est aujourd’hui avérée, certes de manière temporaire, suite à la décision du Conseil d’Etat dans le cadre du référé suspension. La question de leur légalité doit maintenant être tranchée définitivement au terme de l’examen du recours au fond qui interviendra probablement d’ici à la fin de l’année.

« L’arrivée de ces nouveaux syndicats n’est pas problématique, loin de là, si tant est qu’ils tirent dans le même sens que nous »

Vous êtes, historiquement, le 1er syndicat du chanvre. Depuis deux ans, deux autres associations ont vu le jour : l’UPCBD et l’AFPC. Il y aurait-il intérêt de vous fédérer ou vos rôles et périmètres d’action sont-ils complémentaires ?
L’arrivée de ces nouveaux syndicats n’est pas problématique, loin de là, si tant est qu’ils tirent dans le même sens que nous et que leurs positions soient proches des nôtres… c’est le cas des deux organisations citées ici.
Nous avons, d’ailleurs, eu l’occasion à plusieurs reprises de travailler de concert sur des sujets communs et d’adopter des prises de décisions conjointes.
Il est somme toute logique que d’autres fédérations voient le jour notamment pour venir répondre à des besoins spécifiques d’acteurs de la chaîne de valeurs.
Nous avons à cœur de renforcer ces partenariats car face aux problématiques complexes et nombreuses auxquelles nous faisons face, car il est à parier que seul nous pouvons peut être aller plus vite mais ensemble nous irons plus loin.

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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