Récit : La “haute cuisine” High.

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Un restaurant gastronomique est le pire endroit au monde pour un stoner affamé. Laissez-moi vous raconter l’origine de cette mauvaise expérience.

Jai passé 4 jours chez mon ami Scott à La Hague. Pour fêter mon arrivée, mon ami a organisé une petite fête avec tous ses amis locaux. J’ai passé une bonne partie de la soirée à enchaîner les shots avec Sebastian, un chef étoilé par le guide Michelin. Après cette consécration, Sebastian a décidé avec un de ses meilleurs amis qui travaille pour le NATO (l’organisation du traité atlantique nord, un organisme d’alliance militaire) d’ouvrir un restaurant.  Au bout d’une bouteille de Jagermeister, Sebastian décide de m’inviter moi et Claire, la femme de Scott, dans son restaurant. À 60 euros le repas (vin non compris), j’accepte avec gratitude l’occasion de tester sa “Cuisine maritime hollandaise revisitée”.

Claire et moi arrivons au restaurant 3 jours plus tard sur les coups de 20h. J’ai déjà fumé un joint pur de Jack Herrer, une weed sativa aux arômes de pin réputée pour son head high (qui est plus euphorique que destinée à poser). Je suis pris d’une grosse envie de manger et j’essaye de maladroitement de le cacher sous ma casquette de baseball alors que le serveur nous installe. J’apprends que nous allons avoir 3 services au cours de la soirée. Je bave d’anticipation et je commande une Corona. Alors que je termine ma bière, nous attendons depuis près de 25 minutes. En attendant le premier plat, je me gave d’un pain au poivre noir et de beurre d’écrevisse. Je meurs de faim et le cadre très austère m’oppresse quelque peu.

Je regarde autour et réalise que nous sommes seuls dans le restaurant. Mon amie me fait signe, elle veut terminer le “Party Joint” de Critical Haze que j’ai acheté plus tôt. Alors que nous avançons vers le jardin intérieur le serveur me poursuit de son sourire excessivement affable. J’ai l’impression d’être dans une guerre psychologique avec le Joker. Le serveur me dévisage, il sait que je suis high.  Je sors l’épais joint de son emballage plastique et le porte à ma bouche au fond de la cour. Le serveur se précipite et l’allume avec un briquet Dupont. Gêné je lâche un “Dieu merci c’est légal ici”. Il rit. Son rire est strident et faux. Je tire de toute mes forces sur le joint bourré d’une weed à 78 % de THC avant de le passer à mon amie.
Le serveur m’apporte un cendrier, je le remercie avant de prétexter une discussion importante pour pouvoir fumer en paix.

Sur la table, deux bols remplis de lentilles noires “non comestibles”.  Dans chacun un toast recouvert d’une pièce de morue, d’un éclat de confit de poivron et de 3 oeufs de lompes. Je manque de me casser une dent sur une des lentilles qui bien entendu s’est collée à un des toasts. C’est délicieux, mais je ne suis franchement pas calé. Après tout j’ai mangé l’équivalent d’un Cheetos. Heureusement un deuxième plat arrive presque instantanément (10 minutes plus tard): une soupe de la mer déconstruite avec une rouille maison et plusieurs poissons marinés. C’est très goûteux, mais ma portion fait la taille d’une demi-conserve pour bébé.

Sebastian vient voir si tout se passe bien.  Je peux lui dire sans mentir que oui. De plus, vu que je l’ai vu se déchaîner sur son temps privé je n’ai aucune honte à être high devant lui. Je n’en dirais pas plus, mais croyez-moi, les Hollandais savent décoller. Il me recommande un Vin de cerise pour le plat d’après, un Pairing d’exception d’après lui. Bien qu’un peu inquiet pour la note (toutes les boissons étant à nos frais) j’accepte avec joie.  Sebastian offre le repas après tout, que représente une bouteille de vin?

Nous attendons ensuite 25 minutes supplémentaires sous le regard d’un couple venu tester le restaurant local.
Un Jazz d’ascenseur habille cette ambiance bien trop cozy à mon sens. J’évite le regard du serveur. À chaque échange de regard, il se sent obligé de me demander si tout va bien et mon esprit est bien trop flou pour mentir.
Peut-être sous l’influence du joint je commence à envisager que j’ai péri la nuit précédente et que je suis en réalité dans une succursale du purgatoire. Tout est blanc, lisse et les dents du serveur sont bien trop régulières pour être naturelles.Je goûte le vin qui se révèle amer, après une petite enquête je découvre qu’il est prévu comme tel. Claire et moi le buvons presque en shots entre deux verres d’eau.

Le dernier plat arrive enfin.  Sur un lit de ratatouille, des coquilles Saint-Jacques reposent. Elles sont parfaitement cuites. Toutes les deux.  Je cherche à les manger les plus lentement possible, elles et leurs éclats de truffe. C’est à nouveau délicieux, mais il est maintenant 22h et je meurs toujours de faim. Je partage un regard complice de désespoir avec mon amie. Il faut trouver une sortie. Heureusement l’heure aidant, je peux prétexter un article à écrire (c’est bien connu les journalistes stoners sont les plus ponctuels de la profession).
Je file féliciter le chef (après tout sa cuisine était de qualité), je remercie le serveur (par peur de représailles) puis je découvre que nous avons une note de prêt de 50 euros par personne en boissons. Je sors dépité fumer une cigarette avant de monter dans un uber commandé par mon amie.

J’ai faim. Très faim. Le cannabis faisant baisser le taux de sucre dans le sang je commence même à tourner de la tête. Claire intime au chauffeur de s’arrêter. Elle sort un autre joint et m’invite à lever les yeux avec un grand sourire. J’ai un peu honte, mais décidément elle me connaît bien: nous sommes en bas d’un restaurant de poulet frit.

J’ai couiné comme un enfant lors de son premier voyage à Disneyland fasse à la promesse d’une nourriture grasse et surtout instantanée.  Enfin.

 

Mike Teeve

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Collaborateur mystérieux à la plume acérée et a l'humour noir, Mike est notre spécialiste de la pop culture. La rumeur raconte qu'un agité bien connu des francophones se cacherait derrière ce pseudo.

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