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Quand le cannabis se fait Dieu

De la Chine au Pérou, de l’Inde à l’Afrique, le cannabis est utilisé depuis des millénaires dans les cérémonies religieuses. Mais saviez-vous que certaines cultures en avait fait une divinité à part entière? Aujourd’hui, je vous parle de la vénération de la Ganja, spiritualité qui inspirera entre autre le mouvement Rastafari. Tous à la messe!

Vers 1850, au sud du Congo dans la province du Kasaï, le roi Kalamba-Mukenge, chef de la tribu bantoue Baluba de l’ancien royaume du Bashilange, décida de remplacer tous les dieux et fétiches par du chanvre. La plante était alors symbole de protection sociale, de prospérité, de paix et d’amitié. Cette audacieuse interprétation animiste de la vie, reliant directement le pouvoir divin à une entité végétale évitait toute représentation humaine, évitant par là-même les tensions et guerres dues à quelque appartenance ethnique.
Ce mode de vie écologique et paisible dû à cette unique plante, inspirera plus tard, au XXème siècle, les premiers mouvements rastafaris (1930) ou hippies (1960).

Selon Ernst Lawrence Abel, auteur de l’ouvrage  Marijuana, the first twelve thousands years publié en 1980, le royaume de Bashilange connu une paix durable grâce au cannabis. Ses habitants se nommaient eux-mêmes les Bena Riamba, soit « les fils du chanvre », le mot riamba signifiant “chanvre “.
Leurs chènevières se nommaient lubuku, qui veut dire « amitié ». Ils se saluaient avec l’expression moio, désignant à la fois le “chanvre” et la  “vie “, attribuant ainsi des pouvoirs magiques universels à la plante.

Deux Bena Riamba à la messe.

En inhaler était devenu une tradition afin qu’aucun de ses membres ne soit agressif ou ne commette de délits. Tant et si bien que des liens sociaux et amicaux s’établirent finalement entre les tribus locales, traditionnellement guerrières. Certaines lois sanctionnaient, par exemple, les coupables d’adultère à fumer du cannabis jusqu’à perde connaissance.

Un fidèle convaincu

Un rituel religieux fondé sur le chanvre fut mis en place, incluant parfois l’ingestion d’une boisson liturgique (le Bhang), qui était pour eux un moyen d’entrer en contact avec les ancêtres et le monde des esprits.

      En 1881, deux explorateurs allemands (le capitaine Hermann Von Wissman et le Dr Pogge), fraternisèrent avec le roi Kalamba Mukenge qui signa avec eux un pacte de « frères de chanvre », assistés par Meta Nsankulu, prêtresse du chanvre et sœur du roi. À la demande de Tshisungu, beau-fils héritier du roi, le traditionnel pacte du sang fut remplacé par la consommation d’une boisson au cannabis, à laquelle on attribuait une force métaphysique supérieure à celle du sang.

“In weed we trust”

Avec l’arrivée des colonisateurs Belges en 1885, Kalamba et les autres rois de la région finiront par entrer en rébellion, entrainant leur perte et celle d’une religion dont la pratique ferait le plus grand bien à nos dirigeants.

Sources :
Docteur J. Maes, « KalambaMukenge. Fondateur du ‘Riamba‘ ou culte du chanvre », article paru dans le périodique Pro Medico n°4, Produits Lambiotte Frères, 1938.
Sula Benet, « Diffusion précoce et utilisations populaires du chanvre. », dans Cannabis et Culture. Éd. Véra Rubin. Chicago : Éditions Mouton, 1975. p. 39 et 45.
Collections du Musée de Tervuren, « Kambala Mukenge, Fondateur du ‘Riamba’ ou culte du chanvre », L’Illustration congolaise, n° 217, p. 7539-7542, 1939.
Alexis Bonew, « De l’art nègre à l’art africain », 1er colloque européen sur les arts d’Afrique Noire, 1990, p. 122-126.

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Passionné d’histoire et d’écologie, Alexis Chanebau est un puit de science cannabique, une encyclopédie vivante de la belle plante. Auteur de plusieurs ouvrages remarquables dont l'indispensable « Le chanvre (cannabis), du rêve aux mille utilités », il collabore régulièrement pour Zeweed.

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