Le candidat démocrate Bernie Sanders a coupé l’herbe sous le pied de ses adversaires en proposant lors des primaires de tout simplement légaliser le cannabis, dans tous les États, et dès le premier jour de son mandat.
« Le premier jour de mon mandat, par décret, nous légaliserons la marijuana dans tous les États du pays », a annoncé le candidat à la magistrature suprême Bernie Sanders, lors du caucus de l’Iowa *
La stupéfiante promesse de campagne de « Bernie », au-delà de sa formelle urgence sur un sujet des plus récréatifs, n’a rien de surprenant pour le candidat sénateur du Vermont, considéré comme étant le plus à gauche des cinq postulants démocrates. S’il remporte les primaires (dont le dernier caucus sera le 16 juin) ce sera donc lui contre Trump.
Son programme, proche de celui du parti démocrate canadien de Justin Trudeau consiste en une politique plus juste, plus sociale, avec des choix budgétaires aux antipodes de ceux pris par l’actuel locataire orange de la Maison Blanche.
Dans la ligne de mire de « Bernie » (son équipe de COM’ a choisi de ne mettre en avant sur badges, pancartes et affiches que le prénom du postulant au poste de CEO du monde) et sans surprises : l’industrie pharmaceutique, les compagnies d’assurances, l’industrie militaire, les entreprises exploitant du gaz de schiste et le système pénitentiaire.
United Weed of America.
Lors de la primaire en Iowa, le candidat Bernie a développé plus encore les modalités de son projet fédéral pro-ganja « Il nous faudra aussi aller plus en avant, et effacer les casiers de personnes arrêtées pour possession de marijuana. Nous veillerons aussi à ce que cette nouvelle industrie ne soit pas contrôlée par un petit nombre de sociétés, mais que les personnes issues des communautés afro-américaine, latino-américaine, amérindienne, qui ont le plus souffert, obtiennent de l’aide afin de gagner de l’argent grâce à l’industrie légale du cannabis. »
Si Bernie Sanders devenait le 46e président des États-Unis, son premier geste sera un « Executive Order », c’est-à-dire un décret qui se passe de l’aval du Congrès, légalisant l’usage et le commerce du cannabis sur l’ensemble du territoire US.
En pratique, le Président fraîchement élu peut et l’a déjà exercé, ce droit régalien : Obama avait fait usage du sien pour fermer le sinistre centre de détention de Guantanamo, quant à Trump, son premier executive order a consisté restreindre l’étendue des aides et bénéficiaires au « Obamacare » , cette Sécurité sociale version Oncle Sam mise en place par son prédécesseur. Chacun ses priorités…
Dans le cas de l’Executive Order que Bernie signerait si il venait à être élu, les choses risquent de ne pas être aussi simples et rapides que l’apposition d’une signature dès le premier jour au bureau ovale.
Une promesse fumeuse ?
S’il entrait à la Maison Blanche, Sanders pourrait bien voir ses vertes et prestes velléités retardées. En cause, les rouages légaux entourant le Control Substance Act (CSA)**.
Pour modifier le CSA, le Président a besoin de l’aval si ce n’est du Congrès, de celui du Procureur général et du Secrétaire à la Santé et aux Services sociaux (équivalent US du ministre de la santé au Canada ou en France). Hors, les nominations à ces deux postes clef, qui permettrait de libérer les 39 états encore sous le coup de la prohibition cannabique, ne pourraient se faire en 24 ni 48 heures, mais plutôt en trois mois, estimaient acteurs et observateurs.
L’élection du prochain Président des États-Unis aura lieu le 3 novembre prochain. Une fois élu, il faudra attendre le 20 janvier 2021, date à laquelle il ou elle rentrera en fonction après avoir prêté serment. Trois mois plus tard exactement, lois du calendrier des nominations obligent, Bernie, s’il est élu, pourra alors légaliser la weed sur l’ensemble du territoire américain. Trois mois après le 20 janvier, nous serons le 20 avril. Soit le 4.20.2021 en anglais. Les voies de la Ganja sont impénétrables.