Pollution: le 7ème continent, territoire de la dérive de l’homme.

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De toutes les formes de nuisances causées et recensées par l’homme sur la planète, une inquiète particulièrement le corps scientifique. Peu visible depuis les airs ou du pont d’un bateau, la pollution aux particules de plastique et sa concentration observée dans le Pacifique nord, sous le presque sympathique nom de « 7ème continent », s’impose comme l’un des défis écologiques majeur de cette décennie.

Vortex d’ordure, soupe de plastique, grande poubelle du Pacifique, Great Pacific Garbage Patch (GPGP) autant de noms peu invitants pour décrire le 7ème continent, cet amas de débris plastiques, qui, entre Hawaï et les côtes Californiennes, s’étend sur 3 Millions de m2. Soit 6 fois la superficie de la France ou un tiers du territoire Canadien -second plus grand pays du monde après la Russie. Localisé en 1997 par le skipper et océanologue Charles Moore, le 7ème continent  n’est en rien comparable avec les découvertes de Christophe Colomb ou Marco-Polo puisqu’invisible depuis les airs ou par image satellite. Quant à poser le pied dessus, l’exercice est réservé au Messie et autre créatures ultra-flottantes puisque contrairement à ce que le terme pourrait laisser entendre, ce n’est pas de gros détritus ramenés par les courants dont est composé le GPGP, mais de microparticules dont la taille oscille entre quelques microns et  quelques millimètres, flottants entre 5cm et 30 mètres de profondeur. Plus précisément, le GPGP, c’est une vaste étendue d’eau plus ou moins  visqueuse, dense, mais flottante et éminemment toxique pour poissons, oiseaux et mammifères marins, premières victimes du continent fruit de la dérive des hommes .

L’homme empoisonne les océans, les poissons empoisonnent l’homme.

L’impact sur la faune marine est dans le cas du GPGP beaucoup plus insidieux que celui produit part l’ingestion de déchets plastiques plus gros avalés par oiseaux et poissons, déchets qui finissent par les étouffer. Dans le 7ème continent, des milliers d’espèces de poissons, dont une grande partie consommée par l’homme ingurgite cette peu ragoutante soupe qui leur est servie, s’empoisonnant lentement, mais pas assez pour en mourir directement. Car le plastique n’est pas une matière fantastique et stable qui ne dégage aucun toxique une fois solidifié. Au gré des courants, vents, des effets du sel et du soleil, le polymère se désagrège, libérant de très toxiques substances, à l’instar du bisphénol A (BPA), un perturbateur endocrinien hautement cancérigène. Un acronyme à trois lettres qui, au-delà de commencer à lentement empoisonner l’homme, compromet tout l’écosystème de nos océans: à terme, les poissons et mammifères marins ne parviennent plus à se reproduire.

4 autres continents de plastique identifiés.

Des zones de déchets similaires ont été observées dans d’autres zones du globe :  on compte désormais cinq de ces vortex de microparticules plastiques (Pacifique nord, Atlantique nord, Pacifique sud, Atlantique sud, Indien sud), ainsi que  des  concentrations grandissantes en Méditerranée et même les Grands Lacs Américano-Canadiens. Au total, selon une étude publiée en décembre 2019, la pollution de la surface de l’ensemble des mers par les débris plastiques s’élèverait à 389 000 tonnes, éclatées en plus de 8 mille milliards de particules de toutes tailles. A cette pollution, il  faut ajouter tous les débris non-flottants, tombés dans les fonds océaniques et  dont l’impact sur la flore n’est pas encore connu. La solution ? Nettoyer tant que faire se peut, mais surtout arrêter la consommation de plastique à usage unique. « Quand la baignoire déborde, avant d’éponger, on ferme le robinet » expliquait dans une analogie aussi simple que pertinente l’océanographe américaine  J. Kinberg.
Un conseil que nous nous devrions de suivre, sous peine d’une fatale douche froide à l’horizon 2035. *

 

*Si les rejets plastiques continuent à empoisonner nos mers au rythme de 20 000 tonnes rejeté par ans, 80% de la faune et flore marine auront disparu en 2035.

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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