Au Liban, fumer en public n’est tout simplement pas envisageable. Résumé d’une pratique aussi répandue que dissimulée.
Le Liban est souvent décrit comme un pays schizophrène quand on en vient au cannabis. Chez le troisième plus important producteur de haschich du monde, la loi est sans merci : se faire attraper en train de fumer ou simplement d’en avoir mène sans exception à un passage en prison, dont la durée est une surprise gardée jusqu’au dernier moment par les autorités. Les Libanais vous diront que “tout le monde fume”, ce qui n’est pas loin d’être vrai en généralisant un peu, mais avec de minutieuses précautions.
Chez soi est le lieu par excellence où fumer un joint. Parce que c’est calme et confortable, bien sûr, mais surtout parce que c’est privé, parce que quatre murs nous cachent. Au point que pendant une soirée en terrasse, je surpris un invité, un Libanais, demander à l’hôte s’il était sûr que c’était une bonne idée de fumer comme ça, en plein air, en pointant d’un doigt inquiet les fenêtres avoisinantes. La délation est en effet une pratique existante dans le pays, généralement si les délateurs peuvent en tirer une petite somme.
À Beyrouth, il n’y a presque aucun parc, mais il y a le bord de mer, la Corniche. Dommage. Fumer en public est trop risqué, le faire est impensable. Seul un touriste mal averti pourrait le tenter, et s’y ferait certainement prendre. Mais heureusement, le Liban regorge de paysages naturels bien plus époustouflants et isolés. Si tant est que la plage est vide ou qu’il n’y a personne aux alentours dans la montagne ou dans la forêt, alors, pourquoi pas ? Le seul vrai risque, c’est de transporter du haschich d’un endroit à un autre, surtout en voiture, et de se faire contrôler par l’armée. Dans un pays où fumer du hasch est une situation à risque, on peut se réjouir du fait que la culture amène à passer une bonne quantité de temps chez soi ou chez ses amis.
Ariel