Mexique : vers une weed éthique ?

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En réaction aux cartels qui imposent depuis des décennies une herbe de qualité standard, un nombre croissant de consommateurs se tourne vers des weed cultivées indoor par de petits producteurs. Plus chic plus choc mais plus chères, ces ganjas dont la vente n’alimente pas le narco-trafic pourraient bien être la réponse à la question cannabique mexicaine.

La conquête du marché de la fumette du Mexique par une herbe cultivée indoor pourrait ressembler à celle des États-Unis par la vague hydroponic des années 1990.
Au pays de l’oncle Sam, jusqu’à la fin des années 80, le marché de la weed  était majoritairement composé de productions nationales de qualité  (Californie, Oregon, Washington) et de marijuana sud-américaine de plus ou moins bonne facture (Colombienne, Sinsemilla mexicaine).
L’arrivé des variétés cultivées indoor changera drastiquement la donne : à la bonne vieille ganja des hippies, les consommateurs préfèreront la variété de l’offre et les effets mastok des Skunk, Haze et autre Kush.

Au Mexique, le déroulé est à peu près la même : les ventes de cannabis « premium » que font pousser en espace couvert de petits exploitants sont en train de se faire la part belle du marché.
À la différence que l’enjeu de ce combat « indoor » versus « outdoor » est ici bien plus gros.
Les cartels -évidence structurelle- ont la main mise sur la production et la distribution de weed depuis une cinquantaine d’années. Un cannabis généralement cultivé à l’extérieur,, et plus particulièrement sur les plateaux de la région de Sinaloa,  et dont le produit des ventes alimente en grande partie les activités criminelles des cartels en question. En 2018, 11 000 personnes ont perdu la vie au Mexique sous les balles des membres de différents cartels.

C’est pourtant dans ce même État de Sinaloa que des fermiers low profile font pousser de la weed « éthique », une weed  dont la production n’est pas liée aux cartels et la distribution faite avec peu ou sans intermédiaires. Un schéma « petits producteurs-consommateurs » voué à rester de taille modeste, comme le souligne Jaime Lopez, dans un article publié par Vice sur cette microproduction de cannabis « blood free ». « Nous n’avons, contrairement aux cartels, pas de structures nous assurant une sécurité sur les cultures ou durant le  transport. Pour rester dans le jeu et en vie, nous nous devons de rester de petite taille afin de ne pas se faire remarquer par les cartels », témoigne ce producteur de  garantie sans hémoglobine.
Un confinement à la discrétion et à une distribution producteur-consommateur qui, au-delà de proposer une herbe de meilleure qualité aux cannabis-aficionados des grandes villes, principaux clients de cette ganja sans odeur de poudre, est aussi une parfaite réponse en pleine crise du COVID-19.  Alors que les cartels ont de plus en plus de mal à acheminer de lourdes cargaisons d’une marijuana de moins en moins prisée, les micro-grewer,  dont les plantations ne sont jamais loin de la distribution, commencent à faire de plus en plus d’adeptes d’un cannabis réglo.

Un marché en pleine expansion qui n’est pas sans rappeler celui des petits marchés de cultivateurs de fruits et légume bio et son succès croissant chez les consommateurs occidentaux.
Un système socialement responsable offrant un produit de qualité et qui pourrait bien être pour le Mexique le meilleur des futurs cannabique possible.

 

 

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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