Au Liban, consommer du cannabis est passible d’incarcération immédiate, excepté si on a les moyens de s’arranger. La technique de plus en plus récurrente : se dire addict et aller en cure de désintoxication plutôt qu’en cellule.
Chez le troisième plus gros producteur de hasch au monde, même un simple touriste peut être envoyé en prison pour un demi-joint (voir le récit Tripoli Express). Et pour les Libanais, la sentence est souvent bien plus lourde. Récemment R. me racontait, l’air de rien, qu’il s’était fait violer dans sa cellule, couteau sous la gorge, après avoir été arrêté pour possession de haschich. De manière complètement arbitraire, on peut être détenu de quelques jours à plusieurs années. Avoir des contacts haut placés et de l’argent est le moyen officieux, mais le plus efficace de s’en sortir. Alors, ceux qui peuvent se le permettre recourent souvent à la même stratégie pour éviter les barreaux : demander à faire une cure de désintoxication.
H., qui a fait un passage en cure pour d’autres raisons, raconte : “Des gens débarquaient pour soi disant arrêter de fumer, au milieu de ceux qui traversaient quelque chose de beaucoup plus sérieux, ils étaient complètement perdus et les autres, ahuris”. Pour sa soeur A., c’est “juste une autre absurdité du pays quant au hasch, où tout n’est finalement qu’une question d’argent.”
Cedar Rehab, un des centres les plus réputés, logé en haut des montagnes de Hammana propose des consultations et des programmes compréhensifs, avec emploi du temps chargé de yoga et d’arts plastiques, thérapies de groupe, pour traiter l’addiction et ses effets à long terme listés sur sa page web comme : “prise de poids suite aux “munchies”, perte d’intérêt pour les études, le travail et les hobbys, lenteur et incapacité à résoudre des problèmes, faible coordination, tension cardiaque élevée, paranoïa et altérations de la perception”.
Le maintien des apparences, voilà ce qui semble caractériser un pays où fumer du cannabis est aussi commun que dangereux. Sous la surface, tout le monde sait et accepte la règle du jeu, de manière désabusée et avec peu d’espoir de changement.
Ariel