Liban : Le cannabis a mauvaise réputation

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Dans un petit pays communautaire comme le Liban, fumer du cannabis peut parfois devenir un véritable enjeu d’inclusion et d’opportunités sociales.

Il y a maintenant six mois, je sortais d’un séjour de deux jours dans une sombre cellule de la ville de Tripoli avec mes deux comparses libanais, Antoine et Karim, après avoir été tous les trois arrêté par l’armée en possession d’un demi-gramme de haschich. Récemment, je croisais mes deux amis à une soirée à Beyrouth. Le temps étant passé, il était peut-être l’heure de rire ensemble de notre mésaventure extraordinaire. Si Antoine comme Karim trouvaient aussi déments que moi les nombreux détails de notre passage en prison, la façon dont cet épisode avait ensuite affecté leur quotidien les faisait moins sourire.

Dans un pays où le cannabis est si fortement répréhensible, nombreux sont ceux qui l’associent à des drogues plus dangereuses, et plus généralement, à une preuve inquiétante de déviance sociale. Une perception sociale pesante et venue surtout des générations plus âgées qui a valu à Antoine, actuel meilleur élève de sa promotion d’école d’architecture, de voir son superviseur de projet tout simplement ne plus lui adresser la parole. Et quand Antoine a cherché à comprendre ce qu’il se passait en s’adressant directement à son superviseur, ce dernier lui a expliqué qu’il avait perdu confiance en lui.

C’est sans parler des allusions incessantes que mes deux amis libanais reçoivent de la part de leurs amis, de leurs familles, mais aussi de connaissances éloignées qui, en fait, ne connaissent Antoine et Karim que de par cette incarcération dont les journaux libanais ont tout de même fait un sujet. Pas une soirée sans petite blague envers eux, pas un repas de famille sans regard lourds et inquisiteurs du vieil oncle, bref, pas un moment de répit dans une société où l’on a souvent l’impression que tout le monde se connaît et que tout se sait.

Et c’est peut-être bien en raison du poids étouffant du regard des autres et de la réputation que la société libanaise revêt une presque-schizophrénie quant au cannabis. En parallèle d’un lourd jugement moral porté sur la consommation de cannabis se dessine un large monde souterrain où les fumeurs sont légion, et bien trop souvent, jusqu’à l’excès. Une dissonance cognitive nationale qui peut se résumer à ce que j’ai un jour surpris un policier confier à un ami : “C’est la loi qui est comme ça. Crois-moi, je ne pourrais pas vivre un jour de plus dans ce pays si je n’avais pas mon joint le soir à la maison.”

Ariel

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