C’est incontestablement la bestiole tendance. Gros comme un microbe, aussi transparent qu’un verre de lunettes et aussi moche qu’un dugong à huit pattes, le tardigrade fait pourtant rêver. Et pas seulement sur terre: la Nasa en a envoyé dans l’espace.
Ces oursons d’eau, comme les surnomment leurs fans, ont des capacités d’adaptation absolument hors du commun. Vaquant sans problème à ses occupations à des températures comprises entre – 272 °C et + 150 °C, ce vague cousin des arthropodes supporte comme si de rien était les pressions régnant à 4 000 mètres sous les mers. Mieux, en période sèche, il est capable de se déshydrater totalement, en attendant des jours meilleurs. L’attente peut durer des décennies. « Aucun autre animal n’est capable de faire cela », s’enthousiasme le biologiste Thomas Boothby (université du Wyoming).
Retour dans l’espace
Fasciné, l’écrivain Didier Van Cauwelaert en a fait le héros de son dernier roman, « Le pouvoir des animaux ». Le lauréat du prix Goncourt 1994 n’est pas le seul à être tombé sous le charme de ce minuscule indestructible. L’agence spatiale américaine (Nasa) vient d’expédier un contingent de tardigrades dans la station spatiale internationale.
L’objectif n’est pas de distraire Thomas Pesquet de ses activités médiatiques. Les chercheurs de la Nasa veulent surtout comprendre comment la physiologie de la bestiole réagit en situation de microgravité.
Cortège de radiations
Suite à une mission européenne, menée dans les années 1990, on sait déjà que le tardigrade supporte très bien le vide intersidéral, avec son cortège de radiations dévastatrices. Décrypter ses mécanismes réparateurs pourrait permettre, par exemple, de développer de nouvelles stratégies de lutte contre certains cancers.
Tu es poussière
La Nasa n’oublie pas non plus que la conquête spatiale est l’une de ses missions. « L’une des choses que nous voulons comprendre c’est la façon dont les tardigrades survivent et se reproduisent dans de tels environnements. De telles informations sont précieuses pour définir les modes de vie des astronautes », poursuit Thomas Boothby.
Finalement, les cosmonautes que l’on enverra dans visiter de lointaines contrées ne voyageront, peut-être pas, dans les caissons cryogéniques chers à Stanley Kubrick. Si l’expérience Umami est concluante, il se pourrait qu’on les réduise à l’état de poussières. Des tas qu’il faudra copieusement arroser à l’arrivée. Motivant !