Alors que l’âge minimum pour acheter et consommer du cannabis est désormais de 19 ans dans la majorité des provinces canadiennes , le gouvernement Legault vient de faire voter une loi à contre-courant de la politique fédérale. Au 1er janvier 2020, il faudra désormais être âgé de 21 ans pour fumer de l’herbe à Montréal.
Un an après son arrivée au pouvoir, le gouvernement de François Legault souffle la bougie de son gâteau d’anniversaire en sucrant aux 18-21 ans la possibilité d’acheter ou consommer du cannabis. Mardi, le Parti Avenir Québec a profité sa majorité absolue au parlement pour faire adopter à 64 voix contre 43 le projet de loi 2, loi resserrant l’encadrement de la vente et consommation de cannabis, portant l’âge légal de 18 à 21 ans. Sans surprises le vote en faveur de la nouvelle législation n’a pas obtenu l’appui de l’opposition.
Concrètement, dès le 2 novembre, il sera interdit de consommer de la marijuana sur la voie publique.
La culture du cannabis à domicile restera interdite au Québec, malgré une loi fédérale qui autorise, sa culture à la maison dans la limite de quatre plans par foyer. Quelques miettes du gâteau pour se consoler : le gouvernement Legault donnera aux municipalités le pouvoir d’autoriser ou non la consommation de cannabis dans les parcs municipaux. Toutefois, lorsque se déroule un événement public de nature culturelle, sportive ou commerciale, il sera interdit de fumer du cannabis dans le périmètre où se déroule l’événement. En ce qui concerne l’interdiction aux moins de 21 ans, elle n’entrera en vigueur qu’au 1er janvier, une période tampon de 60 jours étant prévue pour donner le temps aux clients de la Société québécoise Du Cannabis (SQDC, voir notre article) de s’ajuster.
Pas de période tampon en revanche pour les réactions, qui ont fusé dès la loi votée.
Hier, l’Association québécoise de l’Industrie du Cannabis (AQIC) a déploré que le gouvernement Legault ait choisi de «pousser les consommateurs les plus vulnérables vers le marché noir».
«Nous comprenons mal la volonté du gouvernement », a déclaré le président du conseil d’administration de l’AQIC, Michel Timperio. « Les experts en santé et sécurité publiques […] ont préconisé une approche de réduction des méfaits en recommandant d’établir à 18 ans l’âge minimal de consommation.»
Un âge légal qui avait été fixé à 18 ans par le gouvernement fédéral lors de la légalisation des produits du cannabis au pays. Cette limite d’âge a pourtant été revue à 19 ans dans la plupart des provinces canadiennes. Selon l’AQIC, la loi va à l’encontre de l’idée-force de la légalisation portée par Justin Trudeau, qui est avant tout faite pour encadrer la distribution et protéger les plus vulnérables, c’est-à-dire les jeunes.
Au sein de l’opposition, le porte-parole libéral en santé André Fortin (PdQ) a remercié dans une grinçante déclaration le gouvernement actuel «d’assurer l’avenir financier du crime organisé».
«Le ministre Carmant (ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux au Québec, NDLR) agit de façon irresponsable » a déclaré Fortin dans un communiqué. « Alors qu’il affirme vouloir protéger les jeunes, il en laisse tomber plus de 110 000 avec son projet de loi.»
Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, a pour sa part accusé le gouvernement de créer deux catégories d’adultes : les adultes de plus de 21 ans, et ceux d’entre 18 et 21 ans, qui deviennent à partir d’aujourd’hui «des demi-adultes» flottant dans une zone floue, entre lois fédérales libérales et coups bas politiques en la Belle Province.
Des « demi-adultes » qui feront en 2020 les frais des velléités répressives et passéistes du Parti Avenir Québec.
Alexis