Le Cloud : bien plus crade qu’on ne le croit

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Les géants du numérique proposent de plus en plus de services aux compagnies pétrolières. De quoi accélérer le réchauffement sans se mettre une goutte d’or noir sur les mains.

Je ne vous apprends rien : le net n’est pas clean. Les experts du Shift Project, un think tank français, estiment que les technologies numériques sont à l’origine de 4% des émissions anthropiques de CO2. Nos ordis, les data centers, les Smartphones, les réseaux de télécom contribuent autant au renforcement de l’effet de serre que l’aviation commerciale. Le seul visionnage de vidéo porno génère plus de 80 Mt CO2 par an : autant que l’Autriche.
Son piètre bilan carbone noircit le blason du « digital ». Ce qu’ont bien perçu les Gafam. Émettant plus de 100 Mt CO2/an, Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft s’engagent à ne plus consommer que de l’électricité produite par des énergies renouvelables. Ce qui leur permet de réduire leurs émissions, d’améliorer leur image, d’investir dans des activités rentables, puisque subventionnées. Et éventuellement de tester quelques offres commerciales. Que du bon !

Conjugaison de talents

L’histoire ne s’arrête pas là. Les géants du net sont aussi des pros de l’intelligence artificielle. Cela a de bons côtés. Il n’a jamais été aussi simple de comprendre un texte en une langue étrangère depuis que Google Translate est en ligne. Les Gafam gagnent un argent considérable en proposant des services dans les nuages. Dans le Cloud, on peut, bien sûr, stocker ses données, accéder à de nombreux services.
Depuis une poignée d’années, certains géants du net conjuguent leurs savoir-faire en matière de Cloud et d’intelligence artificielle pour développer de nouvelles offres. Ils mettent à disposition de scientifiques ou d’entreprises de grandes capacités de calcul. Ce qui est très prisé pour réaliser des modélisations complexes : effets du réchauffement climatique, comportement d’un agent pathogène exposé à un médicament, etc.

Services aux pétroliers

Google, Amazon Web Services (AWS) et Microsoft proposent des services très pointus de modélisation aux compagnies pétrolières et parapétrolières. En épluchant à grande vitesse leurs relevés sismiques, les algorithmes ciblent les zones de forage les plus prometteuses. La machine va beaucoup plus vite que l’ingénieur, faisant gagner un temps (et un argent) précieux aux chercheurs d’or noir.
En contrôlant en temps réel des myriades de paramètres, les Gafam peuvent aussi anticiper des pannes dans les raffineries, les oléoducs ou les systèmes de contrôle des réservoirs d’hydrocarbures. Une surveillance bien utile si l’on garde en tête que le coût d’un arrêt inopiné d’une raffinerie se chiffre en centaine de milliers d’euros par heure.
Vous l’aurez compris, Google, AWS et Microsoft travaillent main dans la main avec les géants du pétrole et du gaz. Les deux premiers ont même créé des filiales spécialisées. De l’avis de Greenpeace USA, Microsoft n’est pas loin derrière. La compagnie cofondée par Bill Gates a fait son outing lors du salon du pétrole d’Abou Dhabi en 2018. Depuis, elle a convaincu Shell de faire gérer ses 44.000 stations-services par son système Azur. Les ingénieurs de BP utilisent le Cloud de Microsoft pour évaluer la productivité de leurs puits de pétrole. Grâce aux outils de la plateforme Azure Data Lake, ExxonMobil espère accroître de 5% le productible de ses gisements texans. De quoi alourdir de plus de 3 millions de tonnes par an le bilan carbone de la Major. Selon Bloomberg New Energy Finance, le chiffre d’affaires pétrolier des Gafam pourrait septupler en 10 ans et atteindre 15 milliards de dollars en 2030.

Nouveaux débouchés

Indirectement, les géants du numérique accélèrent le réchauffement. Mais, après tout, le changement climatique, aussi, est un business. Bill Gates, encore lui, soutient la recherche sur la géo-ingénierie. Le milliardaire américain finance notamment les travaux de David Keith et Ken Caldeira. Les deux climatologues imaginent « refroidir » le réchauffement en détournant de la terre une partie du rayonnement solaire. Ne reste qu’à concevoir le modèle d’affaires.

 

Volodia 

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Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

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