Le gouvernement Allemand a annoncé son intention de légaliser l’usage récréatif du cannabis. L’initiative progressiste de la coalition (SPD/FDP/écologistes) pourrait bien être le déclic tant attendu qui mettrait fin à 60 ans de prohibition en Europe. Analyse et perspectives.
Mercredi 24 novembre, l’Allemagne se dotait d’un nouveau gouvernement. Sous la houlette d’Olaf Scholz la coalition “feu tricolore” (composée du parti écologiste, des libéraux FDP et des sociaux-démocrates SPD) a annoncé vouloir légaliser le cannabis récréatif.
En 2017, l’Allemagne avait déjà donné son feu vert au cannabis thérapeutique. Dans certaines villes comme Berlin, la détention de quelques grammes de cannabis à usage personnel est autorisée depuis 2019.
“Nous introduisons la distribution contrôlée de cannabis aux adultes à des fins de consommation dans des magasins agréés”, annonce le programme présenté par le futur gouvernement.
Cette petite révolution “permettra de contrôler la qualité, d’empêcher la transmission de substances contaminées et de garantir la protection de la jeunesse”, précise le document.
Une récente étude estime à environ 4,7 milliards d’euros les gains générés par la légalisation. Une taxe sur le cannabis identique à celles sur le tabac ou l’alcool rapporterait à elle seule 1,8 milliard d’euros par an. Un milliard d’euros d’économies pourraient aussi être réalisé sur les poursuites pénales menées à l’encontre consommateurs et petits dealers.
Toujours selon cette étude environ 27.000 emplois devraient être créés par la légalisation.
Les USA et le Canada sur les starting blocks
Le 17 novembre le PDG de Curaleaf Antonio Costanzo projetait une fin de prohibition imminente en Europe.
“Nous sommes sur le point de voir le prochain grand point d’inflexion, à savoir que certains pays légalisent l’accès au cannabis récréatif. Nous pensons que cela va se produire au cours de 2022 jusqu’au début de 2023. Par conséquence, nous avons commencé à investir massivement pour ce qui devrait être le marché à plus forte croissance dans les prochaines années“, précise le CEO du géant américain valorisé à 8 milliards de dollars.
Avant que l’Allemagne ne déclare son intention de légaliser, M Costanza misait sur un effet domino au cours des 12 à 18 prochains mois. Si le calendrier s’est accéléré, la mécanique découlant de l’initiative germanique reste la même pour le dirigeant de Curaleaf. Pour Antonio Costanza, une fois qu’un pays de l’Union Européenne aura légalisé, les autre pays membre lui emboîteraient le pas.
A cinq mois des élections présidentielles Françaises, il y a fort à parier que le cannabis, cette “merde” tant conspué par le gouvernement, se retrouve en odeur de sainteté auprès du candidat Macron.