En plus de produire une belle fibre, nettoyer le sol ou alimenter animaux et humains, le cannabis peut être transformé en 2 types de carburant; biodiesel et éthanol. La weed fera-t-elle (aussi) rouler les voitures de demain ? La ganja, fuel responsable pour une relance post-pandémie verte et smart ? Voici quelques Éléments de réponse.
Le chanvre peut fournir 2 types de combustible; le biodiesel, fabriqué à partir de l’huile de graines de chanvre pressées, et l’éthanol, fabriqué à partir de tiges de chanvre fermentées. Et il s’avère que la belle plante pourrait bien être la source de carburant le plus écologique de la planète. Le pétrole brut et le gaz naturel sont les deux matières qui fournissent près de 70% de la consommation énergétique mondiale.
Deux produits qui proviennent de réservoirs situés à des milliers de mètres sous terre. Les deux sont des combustibles fossiles formés au cours de millions d’années par la décomposition d’organismes morts. Leur production est chère et a un impact énorme sur l’environnement.
Le chanvre, lui, est une plante qui peut être cultivée presque partout et qui produit des rendements de biomasse élevés pour une production de carburant en quelques mois seulement.
Et si les carburants au chanvre sont environ 50% moins efficaces que l’essence, les avantages environnementaux de la culture du chanvre pour le carburant dépassent de loin ceux de la recherche de pétrole brut ou de gaz naturel (qui sont eux des plus négatifs). Là encore, trouver une alternative écologique au pétrole brut ou au gaz naturel n’est pas vraiment difficile.
La vraie question serait plutôt : le cannabis est-il une bonne base pour créer des carburants alternatifs type biodiesel et éthanol?
Le biodiesel est fabriqué en mélangeant des graisses végétales ou animales et de l’éthanol. Aujourd’hui, selon l’EIA (Energy Information Administration, L’Agence d’information sur l’énergie américaine), plus de 50% du biodiesel est fabriqué à partir d’huile de soja. L’éthanol, d’autre part, est généralement produit à partir de maïs ou de canne à sucre.
En tant que culture, le cannabis offre de nombreux avantages par rapport au soja, maïs et à la canne à sucre. La densité de plants par hectare pour le maïs, la canne à sucre et le soja, par exemple, est respectivement de 44 000, 50 000 et 200 000 kilos. Le chanvre, quant à lui, peut être cultivé à une densité pouvant atteindre 2 400 000 Kg/hectare, selon Agriculture Manitoba.
Le chanvre triomphe également du soja, du maïs et de la canne à sucre sur plusieurs problématiques cruciales : il peut être cultivé sous presque tous les climats, peut être prêt à la récolte en seulement 4 mois et est particulièrement résistant aux nuisibles et aux maladies. Il peut même aider à extraire les métaux lourds et autres contaminants des sols pollués, ce qui est beaucoup plus que ce que nous pouvons dire pour le soja (qui tue la biodiversité et contribue à l’érosion des sols).
Au moment de la récolte, le chanvre produit BEAUCOUP de biomasses. Selon Agriculture Manitoba, le chanvre industriel cultivé pour la fibre peut produire jusqu’à 6 tonnes par hectare, tandis que les plants de céréales (cultivés pour les graines) produisent environ 1000 kg par hectare.
Alors, pourquoi ne trouve-t-on pas d’essence de cannabis chez Shell ou BP?
Avec tant d’avantages à cultiver du chanvre pour le carburant (en plus de ses innombrables autres utilisations), il semble difficile de comprendre que nous ne récoltons toujours pas les fruits de cette plante miracle.
Qu’est-ce qui empêche le monde de se mettre au vert et au chanvre?
Avant tout, remettre le monde au biodiesel de chanvre nécessiterait d’énormes quantités de terres agricoles. Selon Medium, la moitié des États-Unis devraient être recouverts de chanvre juste pour répondre à la demande du pays. Sans oublier que le biodiesel de chanvre coûterait environ 13 fois plus cher que le diesel ordinaire. En revanche, l’éthanol de chanvre pourrait être produit pour moins de 2 $ le gallon. Et là, c’est intéressant.
Malheureusement, le chanvre est toujours freiné par le fait qu’il s’agisse d’une culture encore en devenir, et qui atteint ses prix les plus élevés lorsqu’elle est cultivée pour les industries alimentaire, cosmétique et CBD. Et aussi le fait que Standard Oil, Gulf Oil et DuPont aient été liés à la prohibition du cannabis dans les années 1930 pourrait aussi avoir quelque chose à voir avec la raison pour laquelle nous ne remplissons pas nos voitures avec du chanvre.
Mais ça, c’est une autre histoire.