C’est en Suisse, au pays du bon chocolat et des montres de haute précision, que Kanut cultive un chanvre d’exception que nombre de concurrents européens lui envie. Avec une gamme de produits allant de la fleur à la vape et des taux de THC respectant aussi bien le droit Helvétique (fixé à 1%) que le droit Français (fixé à 0,3%), Kanut s’est imposé en 5 ans comme un incontournable sur le marché du cannabis bien-être organique et écologique. Zeweed a rencontré son directeur Sylvain Melis pour en savoir plus sur la marque qui fait un tabac des deux cotés de la frontière.
Zeweed: Quand est né Kanut?
Sylvain Melis : En 2018, on a lancé l’entreprise Chanvre DC en produisant du chanvre CBD près de Genève, à coté de la frontière française. Nous avions des cultures en serres horticoles, en tunnels et en sol vivant, sur une ancienne parcelle maraichère Bio.
Dès le départ on a eu la prétention d’arriver à une qualité de fleurs à la hauteur d’un Romanet-Conti pour le Vin. Comme l’entreprise horticole Verdonnet-Bouchet est directement impliquée dans le projet, on a été en mesure de collaborer avec un fabricant de substrat réputé pour mettre au point notre propre solution de culture organique.
ZW : Organique? Mais encore?
SM : L’idée est d’intégrer directement tous les nutriments nécessaires dans un substrat homologué pour l’agriculture biologique. On fait grandir des boutures de cannabis pendant 2-3 semaines en pots biodégradables dans une serre de croissance (18H de lumière), on place des pots biodégradables de 2.5L remplis de substrat frais dans les espaces de floraison (37pots/m2) en serre ou en indoor. On taille ensuite les jeunes plants avant de les poser sur les pots pré-remplis dans l’espace de floraison. L’enracinement dans le nouveau pot s’effectue durant l’induction florale qui est une période critique pour la réussite de la culture.
Cette approche qui combine une haute densité avec des engrais lents organiques, permet d’obtenir des rendements de fleurs honorables et une qualité incomparable. Pendant toute la floraison on arrose exclusivement à l’eau, en ajoutant seulement quelques microorganismes utiles. Les seuls traitements phytosanitaires qu’on applique sur la culture sont: du souffre en début de croissance, du savon noir, de l’huile de neem et de l’huile essentielle d’écorce d’orange en début de floraison. Même si tous ces produits sont utilisables en Bio, comme on ne cultive pas directement en sol, on ne peut pas prétendre au label Bio pour cette approche, raison pour laquelle on parle de culture organique.
ZW : Quel a été votre choix pour les génétiques? Vous les faites évoluer vous même?
SM : Comme à la base, c’est avec la production de boutures qu’on faisait la plus grosse part de notre chiffre d’affaire avec Chanvre DC, on a pu collecter, tester et multiplier la plupart des clones-élite des variétés phares du CBD. De notre point de vue, la variété V1, présente depuis les débuts du CBD en Suisse, a jusqu’ici fourni les meilleurs phénotypes de CBD. Elle est d’ailleurs une des bases les plus importantes de notre programme de sélection variétale CBD, centré sur le goût. Kanut prévoit de proposer 3 nouvelles variétés CBD (<1% de THC) comparables en goût aux meilleures variétés THC, fin 2023.
ZW : Vous possédez votre propre laboratoire pour analyser vos produits?
SM : L’année dernière, on a pu lancer une nouvelle structure : CDC LAB (Chanvre DC LAB), spécialisée dans l’extraction et l’analyse de cannabis médical, grâce aux bénéfices générés par Chanvre DC. Dans le cadre de CDC LAB, on a mis en place un système de management de la qualité GACP/GMP pour la culture et la transformation de cannabis médical, qu’on a aussi appliqué à la production des fleurs Kanut. Les qualités chimique et biologique des produits Kanut sont ainsi analysés en interne (HPLC pour les taux de cannabinoïdes et les mycotoxines, flux laminaire + incubateur pour les analyses microbiologiques). On a aussi un laboratoire partenaire qui effectue les analyses complémentaires pour les lots de cannabis médical.
ZW : Comment Kanut se positionne vis-à-vis des propositions concurrentes sur ces marchés?
SM : Kanut s’inscrit dans la vision de Chanvre DC et CDC LAB, la marque se veut cohérente et d’utilité publique en contribuant à la réduction des risques de consommation. D’abord en proposant des fleurs de CBD qui ne contiennent pas de polluants tout en étant très gustatives, mais aussi en développant des produits à vaper capables de concurrencer la fumée, grâce à la maitrise de l’extraction CO2 à basse température.
ZW: Quelles sont les variétés que vous destinez au marché français?
SM : On vient de lancer la Honey Kush, qui est naturellement en dessous de 0.3 % de THC pour un taux de CBD supérieur à 8% et qui se distingue gustativement des variétés CBD vendues en France. Chanvre DC est aussi en train de multiplier un individu exceptionnel issu du programme de sélection, qui va donner lieu à une variété clone dont on n’a pas encore choisi le nom.
ZW: Comment testez-vous les qualités gustatives de votre production?
SM : On a mis en place un panel de testeur chevronné à qui on fournit régulièrement des nouvelles variétés pour évaluation. Pour les lots Kanut, c’est le responsable produit Charles Murail qui est en charge de valider leur qualité.
ZW : Au niveau des prix vous vous alignez sur la concurrence? On peut produire du CBD en indoor en Suisse tout en demeurant rentable aujourd’hui?
SM : Même si on est au courant de l’évolution des prix de nos concurrents, les notre sont fixés en fonction de notre prix de revient, en appliquant une marge qui nous paraît honnête. Evidemment, comme on veut payer correctement nos employés et produire de la qualité proprement, ça a un certain coût. Pour sécuriser notre business model, on essaye de vendre la marque le plus directement possible sur notre site internet, mais on a évidemment prévu une marge revendeur intéressante.