Greta Thunberg,

Greta Thunberg : ange ou démon de la climatosphère ?

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Activiste surdouée, la créatrice des grèves de l’école pour le climat a contribué à mobiliser les foules contre le réchauffement. Mais qui est-elle vraiment ?

Le monde l’a découvert toute de jaune vêtue. A la fin de l’été 2018, chaque vendredi, les parlementaires suédois croisent à l’entrée du Riksdag une jeune fille engoncée dans un ciré de marin. A ses côtés, une pancarte explique que sa porteuse fait la grève de l’école pour le climat. Ecrit en lettres de bâton noires, le slogan « Skolstrejk för klimatet » et le Hashtag #FridaysForFuture ne tardent pas à faire le tour des réseaux sociaux avant d’être repris dans le monde entier par des millions de manifestants.

Manif à l’ONU

En décembre de la même année,  Greta Thunberg et quelques dizaines de lycéens manifestent dans les couloirs du centre des congrès de Katowice (Pologne) ou se tient le sommet sur le climat de l’ONU. Ils y font une promesse : celle de ne pas retourner à l’école  tant que les adultes ne  tenterons pas de vraiment lutter contre le réchauffement climatique. L’idole des jeunes tiendra parole: à 16 ans, la Suédoise prend une année sabbatique. Elle en profite pour animer son réseau international Fridays For Future et tancer les grands, tellement inactifs. En septembre, lors d’une conférence sur le climat à New York, elle leur lance son fameux : « comment osez-vous ? » La rédaction du magazine Time la bombarde personnalité de l’année.

Le climat dans le sang

Ce n’est pas exagéré de dire que Greta Thunberg a le climat dans la peau. L’un de ses aïeux n’est autre que Svant Arrhenius. Couronné par le Nobel de chimie de 1903, l’auteur de la loi qui porte son nom est aussi le premier à avoir postulé, en 1896, qu’un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère accroitrait la température moyenne globale de 5 °C. Une estimation assez proche de celle produite par le Giec, près d’un siècle plus tard !

Dans sa production soutenue de tweets (une moyenne de 9 par jour !), l’adolescente parle de beaucoup de choses : droits de l’homme, violences au Moyen-Orient, de commerce international, la pandémie de Covid-19. Mais le gros, le très gros de sa prose reste consacré aux changements climatiques, à ses causes, à ses effets. Et aux moyens de le stabiliser. Dans ses discours, ses vidéos, dans les interviews qu’elle accorde aux médias du monde entier, dans la série documentaire que lui consacre la BBC, elle ne dit qu’une chose : « ne m’écoutez pas, écoutez les scientifiques ».

Une vraie tronche

Maîtrisant mieux que la plupart des adultes les principes de la « science du climat », celle qui est née « à 375 ppm » s’appuie sur la littérature scientifique pour convaincre. « Je suis soufflé par la justesse de ses propos, appuyés sur une sérieuse connaissance des mécanismes à l’œuvre et des causes de la crise climatique », estime l’ancien vice-président du GIEC, Jean-Pascal van Ypersele (université de Louvain). « Elle a profondément compris ce que ça implique en termes de transformations si on veut être cohérents avec l’Accord de Paris », abonde Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue (LSCE) et co-présidente du groupe 1 du Giec.

Une fine équipe

Icône d’une génération d’activistes, l’ancienne élève de l’école française de Stockholm n’est pas seule. Ses parents se sont mis au service de sa cause. Sa mère, la cantatrice Malena Ernman, a mis sa carrière entre parenthèses pour soutenir sa fille. Ancien acteur, son père Svante, joue le manager dans tous ses déplacements. Non sans succès. La famille Thunberg a déjà publié deux livres, dont les droits d’auteur, assure l’éditeur, seront reversés à des associations de protection de l’environnement et des animaux. Lors de ses déplacements à l’étranger, les ambassades de Suède surveillent la fine équipe. « A Paris, nous craignions vraiment pour sa sécurité, nous l’avons hébergé à l’ambassade », confirme une diplomate suédoise.

Vieux mâles blancs

C’est peu de dire que le succès planétaire de Greta Thunberg énerve. A droite comme à gauche, on l’accuse d’être la marionnette de milliardaires américains ou d’industriels de l’éolien ou de communicants sans scrupule. Sans preuve. Sans en chercher, certains vieux mâles blancs font tout de même commerce de leur haine de la militante du climat. L’essayiste Pascal Bruckner est de ceux-là. Tout comme Laurent Alexandre. « Je suis consterné que ses parents l’aient autorisée à quitter l’école, ce qui va aggraver ses troubles obsessionnels ! », déclare au Point l’urologue à tendance eugéniste.

Redoutable souffrance

La cuirasse de la jeune suédoise n’est effectivement pas sans défaut. Greta Thunberg est atteinte du syndrome d’Asperger. Une forme d’autisme dont Laurent Alexandre fustige la mise en valeur. « Mettre en avant des enfants présentant une souffrance est répugnant, mais d’une efficacité redoutable. » Le fondateur de Doctissimo ne croit pas si bien dire.

Dans une confession à la RTS suisse, Greta Thunberg est longuement revenue sur ses troubles. « Au début ce n’était pas un point fort. C’était quelque chose qui rendait ma vie beaucoup plus difficile. Mais ensuite, avec les bonnes circonstances, j’ai pu inverser la situation. Et au lieu que ce soit une faiblesse, j’en ai fait une force. » Obsessionnelle du Warming, elle mis son « super pouvoir », comme elle l’appelle, au service de son engagement. « Je pense hors du cadre habituel, souligne-t-elle. Et c’est nécessaire pour voir ce qui se passe avec notre système actuel. Sans cela, je n’aurais pas eu le temps ni l’énergie pour passer des milliers d’heures à lire sur ce sujet. »

Agaçante, Greta Thunberg ? Sans doute, pour celles et ceux qui ne supportent pas les vérités qui dérangent.

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Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

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