Ganja in India: entre illégalité et sacré.

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Longtemps loué comme plante divine dans les textes anciens, le cannabis est depuis 1985 illégal en Inde. Une très relative prohibition puisque le haschich et la Ganja y sont toujours largement produits et consommés. A quand la (re)légalisation du sacré ?

C’est sur les contreforts de l’Himalaya que pousse un cannabis Indica qui produit un des haschich les plus prisé au monde : le Charas.
Longtemps vénéré avant d’être produit illégalement, ce cannabis made in India y est cultivé en abondance et trouve des consommateurs de tout âge et caste dans une société pourtant considérée comme peu souple.
Selon une étude menée par ABCD, pour Seedo, New Delhi, la capitale, se hisserait  -en nombre d’enthousiastes de la fumette-  au deuxième rang des villes les plus consommatrices de ganja du globe. Mumbai, la capitale financière, ne fait pas exception à la conso’ d’herbe puisqu’elle se place à la 6ème position des 120 villes les plus amateur de marijuana de la planète.

Plante bénite

Un penchant cannabique qui n’a rien de surprenant tant la large consommation de weed dans l’ancienne colonie britannique ne peut être isolée de la longue histoire du pays au 330 millions de divinités, avec une consommation de la belle plante qui remonte au moins  à 2000 avant JC.
Soit bien avant les élucubrations fumantes des communautés 60’s de Goa.
Le quatrième Veda de l’hindouisme appelé Atharva Veda parle ainsi du cannabis comme «l’une des cinq plantes les plus sacrées».
Quand au dieu porte-bonheur  Shiva, il aurait abonnement consommé l’herbe magique.

Shiva et Parvati préparant un Bhang

Le même  Shiva qui est souvent représenté avec un chillum (pipe indienne traditionnelle en argile).

Homme fumant le shilom

Le Bhang, boisson planante composée de feuilles de cannabis et de lait est aussi mentionné nombre de fois dans les textes religieux indiens. Inattendue intervention divine ou tolérance pragmatique? Toujours est-il qu’en vertu de la Convention unique sur les stupéfiants et de la loi sur les substances psychotropes 1985, le Bhang n’est pas classé comme stupéfiant dans le pays. Il est donc possible, légal et culturellement très correct de s’envoyer un space-cake liquide en Inde.

Outre le contexte religieux, le système de médecine indien, l’Ayurveda, est également connu pour largement avoir recours au cannabis comme ingrédient actif dans les préparations. Pas moins de 191 formulations et plus de 15 formes posologiques ont inclus la weed comme ingrédient premier pour traiter des problèmes allant de la constipation  à l’hypertension artérielle.
Médicalement, la consommation de cannabis est aussi recommandée par la médecine moderne pour traiter d’autre pathologies/conditions telles que les nausées et vomissements provoqués par les traitements chimiothérapiques, améliorer l’appétit des patients atteints du VIH / SIDA et réduire les  douleurs chroniques. La marijuana agit aussi en thymo-régulateur, son fonctionnement neurologique s’apparentant à celui d’un anxiolytique, sans addiction à la clef.

Herbe interdite

En vertu de la loi de 1985 sur les stupéfiants et les substances psychotropes (NDPS), le commerce et la consommation de résine de cannabis (charas) et de bourgeon (ganja) sont désormais illégaux et toute personne trouvée en possession de hasch ou d’herbe encoure  jusqu’à 20 ans d’emprisonnement. Cependant, l’illégalité du cannabis en Inde est des plus théoriques, comme le souligne le Rapport mondial sur les drogues 2019 publié par l’ONUDC, la section « stupéfiant » de L’ONU, qui nous apprend que plus de 3% de la population indienne âgée de 18 ans et plus et un peu moins de 1% de les adolescents âgés de 10 à 17 ans avaient consommé de la weed ou du hasch en 2018.
Bien qu’une certaine latitude en matière de tolérance  ait été accordée aux gouvernements régionaux pour fournir des licences permettant de cultiver du cannabis à des fins de recherche et à des fins médicales, seules quelques régions comme  l’Uttar Pradesh et l’Uttarakhand ont réellement reçus une licence de culture du chanvre.

Le marché indien du cannabis, entre ses débouchés et un terreau des plus favorables, attire les convoitises de multinationales autant qu’il anime la volonté de légalisation de plusieurs collectifs et ONG, organismes qui ont déposé des requêtes en justice demandant sa légalisation pure et simple. Les entrepreneurs et pétitionnaires en question affirmant non sans fondement que les bienfaits médicinaux du cannabis ont été reconnus dans le monde entier, et que l’Inde offre des conditions climatiques idéales pour que la plante y prolifère largement.
Selon un rapport de Grand View Research Inc., le marché mondial de la marijuana légale devrait atteindre 146,4 milliards de dollars d’ici la fin de 2025. Un marché sur lequel le second pays le plus peuplé au monde, qui fait face à un défi économique et sociale de taille, a tout intérêt à miser.

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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