Haribeuh, Nutellhash, Ohaschish… En quelque années, ces pochons reprenant des produits phares de l’agro-alimentaire s’étaient imposés comme la marque de fabrique d’un réseau de vente de cannabis bien structuré. La plaisanterie n’a pas été du goût des multinationales Ferrero, Mars et Johnson & Johnson, qui ont attaqué pour contrefaçon les dealers aux pochons pastiches.
Deux volets étaient à l’ordre du jour lors du procès qui s’est tenu au tribunal de Créteil et dont le verdict est tombé vendredi dernier.
D’un côté, celui du « four » et du service de livraison « Caliterter », bien connu des services de police et qui opérait depuis la place du Moutier à Villejuif, dont des dizaines de ses membres avaient déjà été condamnés en juin 2022 et juillet 2023.
De l’autre, celui de « Pochette Surprise », une agence de marketing opérant sous les radars et à laquelle Caliterter a fait appel entre août 2022 et mai 2023 .
Agence de marketing au service du marché noir
« Nos prévenus ont du talent »
«Je voudrais souligner l’ingéniosité des prévenus. Ils sont venus utiliser la renommée de Haribo dans le cadre de la vente de produits stupéfiants» a souligné non sans cynisme l’avocat de la multinationale Haribo.
«Ça permet un avantage concurrentiel, une augmentation de l’attractivité, du chiffre d’affaires, de la communication et du profit», a poursuivi le conseil de l’entreprise à la fraise gélatinée, lequel a par ailleurs commis un lapsus durant sa plaidoirie, en se présentant comme l’avocat de « Haribeuh », suscitant plusieurs rires dans la salle.
« Nos prévenus ont du talent dans le cadre du marketing et je les invite à envisager une reconversion professionnelle dans ce domaine-là« , a ensuite plaisanté l’avocat d’Haribo.
Pour Me Sevim Kasay, avocate de trois prévenus, accusation et parties civiles ont exagéré le rôle de ses clients. « On a scindé le dossier et pour le rendre plus attrayant, on a fait venir les marques, il fallait lui donner quelque chose de plus, attirer la presse ».
Le principal prévenu, répondant aux doux sobriquets de « Kirikou » ou encore « Remontada Max94 », a été condamné à 10 ans de prison ferme et 50.000 euros d’amende, conformément aux réquisitions du parquet. Il était en détention provisoire à la suite d’un d’un vaste coup de filet en opéré en 2022 par la PJ du Val de Marne, mais avait continué à diriger le réseau à partir de la prison de Meaux, où il est incarcéré.
Le graphiste et l’imprimeur ont tous les deux écopé de six mois avec sursis pour contrefaçon et 2.000 euros d’amende.