Décarboné, l’hydrogène pourrait servir à produire l’électricité propre nécessaire au développement de la voiture électrique, des avions hybrides et des cargos zéro émissions. Une source d’énergie sur laquelle l’Europe compte bien miser. Le future serait-il dans l’H?
Pour beaucoup, l’hydrogène évoque surtout un drame: celui du dirigeable Hindenburg qui, rempli de 200.000 m3 du volatil gaz, s’enflammera un 17 juillet 1937, tuant sur le coup 35 personnes. Une tragédie qui stoppera net toute autre tentative de se servir du plus commun des éléments chimiques pour se déplacer.
Il faudra attendre le début des années 60 et le programme Apollo pour que l’hydrogène soit de nouveau utilisé comme vecteur énergétique, fournissant la propulsion nécessaire aux vaisseaux qui permettront aux Américains de décrocher la Lune 22 ans plus tard, en juillet 1969.
Électricité propre
Revenu sur terre, l’hydrogène sert désormais à produire des engrais, du méthanol et à raffiner des produits pétroliers. Mais il peut aussi être le carburant propre dont rêvent les constructeurs automobiles et les avionneurs. Produit par des énergies décarbonées (éolien, solaire, nucléaire), l’hydrogène peut alimenter des piles à combustible génératrices d’électricité propre pour toute sorte d’utilisation : voiture électrique, centrale, moteur d’avion hybride ou de cargo.
Stratégie européenne
Ce rêve d’ingénieur est en passe de devenir réalité. Le 8 juillet, la Commission européenne a présenté une stratégie hydrogène. Bruxelles y incite les industriels à créer des clusters énergétiques. Des producteurs (compagnies électriques, par exemple), synthétiseraient l’hydrogène servant à décarboner les procédés de la sidérurgie ou de la chimie notamment. Devenu un produit de masse, l’hydrogène serait ensuite distribué aux stations service, via les pipelines jusque là dédiés au transport d’hydrocarbures. En 10 ans, le chiffre d’affaires européen de l’hydrogène pourrait atteindre 140 milliards d’euros.
Programme allemand
L’Allemagne ne s’y est d’ailleurs pas trompée. Sans attendre, Berlin vient de lancer son propre programme de production et d’utilisation d’hydrogène. Doté de 9 milliards, il permettra de décarboner l’industrie lourde et les locomotives allemandes. Dans un second temps, l’Allemagne devrait construire des centrales solaires au Maghreb pour produire à faible coût un hydrogène qui serait ensuite exporté vers l’Europe. Définitivement oublié, l’accident de l’Hindenburg.