Climat : Et si l’on optait pour les solutions naturelles ?

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Pour stabiliser rapidement le réchauffement, nous devons réduire nos émissions et aspirer une partie du carbone déjà présent dans l’atmosphère. Les chercheurs s’opposent : faut-il disséminer des aspirateurs à carbone ou miser sur les solutions engendrées par la nature ? Explications.

Les ouvrages du GIEC ne sont pas que des catalogues de mauvaises nouvelles. Il y a tout juste deux ans, le réseau mondial de climatologues publiait un rassérénant rapport sur les façons d’atteindre le plus ambitieux des objectifs fixés par l’Accord de Paris. Le texte signé à l’issue du sommet mondial de Paris, en 2015, commande à la communauté internationale de stabiliser le réchauffement entre 1,5 °C et 2°C. De prime abord, le premier objectif apparaît particulièrement ambitieux : le thermomètre mondial s’étant déjà, en moyenne, échauffé de 1,1°C. Et pourtant !

Agir vite et fort

Les scientifiques sont formels ! En agissant (très) vite et (très) fort, nous pouvons encore espérer stopper l’ascension du mercure du thermomètre planétaire à 1,5°C. Reste à savoir comment. Déploiement massif d’énergies décarbonées, économies d’énergie, révolution agricole : les solutions sont connues. Et insuffisantes. Nous avons probablement déjà émis suffisamment de gaz à effet de serre (GES) pour dépasser le 1,5°C. Ces GES ont généralement une longue durée de vie et nous ne cessons d’en rejeter dans l’atmosphère. Conséquence : en plus de décarboner nos modes de vie et de développement, nous allons devoir extraire du carbone de l’atmosphère.

Aspirateurs à carbone

Cette recommandation a été bien comprise par certains physiciens suisses et nord-américains. Leurs compagnies, Climeworks, Carbon Engineering, proposent d’installer sur toute la planète de gigantesques aspirateurs à CO2 (captage directe du carbone dans l’air ou DAC). Nettoyé, comprimé, séché, ce dioxyde de carbone pourrait être ensuite injecté dans une structure géologique étanche (un ancien gisement d’hydrocarbures par exemple) ou réutilisé. À Hinwil, près de Zurich, les 18 aspirateurs de Climeworks captent 900 tonnes de gaz carbonique par an, qui sont vendus à un maraîcher pour accélérer la croissance des fruits et des légumes. La solution ?

Solutions naturelles

Ce n’est pas l’avis de Pierre Gilbert. Pour ce prospectiviste français, se fier à ces techniques c’est nourrir l’espoir que tous nos excès carboniques peuvent être facilement compensés par la technique. Or, le DAC est loin d’avoir fait ses preuves. Et les technologies concurrentes (bioénergie avec captage et stockage du CO2 ou BECCS) n’existent que sur le papier.
D’où l’idée de recourir à des solutions « naturelles » expérimentées depuis des siècles voire des millions d’années. La plantation massive de forêts, la modification des pratiques agricoles (moins d’engrais azoté et moins de labours, notamment), la préservation du permafrost, notamment, permettraient d’absorber 40% du carbone que nous émettons, estime l’ancien analyste du ministère français des Armées.
Considérable !

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Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

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