Cerrone, interview, cannabis, disco
Crédit photo : Stéphane De Bourgies

Cerrone : « Supernature… c’est un accident, un peu un ovni dans mon catalogue »

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Légende du groove et maître de la fête, Cerrone revient sur son héritage disco, ses expérimentations sonores, son rapport assumé à la weed et son art de faire danser les foules. Rencontre avec un esthète qui ne compose qu’en liberté.

ZEWEED : Une phrase pour vous définir.
Cerrone : Je suis un musicien passionné de rythme, d’harmonies et de mélodies faites pour prendre du plaisir.
Je viens des années seventies, de l’origine de la disco et c’était la fête. Donc voilà, je fais de la musique pour faire danser les gens. Je suis musicien et je ne me suis pas adapté aux styles musicaux car je n’ai jamais voulu changer mon chemin. Mais que ce soit en studio ou sur scène, je me suis adapté à la technique. Il y a une dizaine d’années, je me suis mis à jouer mon répertoire, à la différence qu’au lieu de jouer en live, je le faisais en DJ. Mais je ne joue toujours que mon répertoire, et pour moi, c’est une performance artistique.  On voyage ensemble avec le public pendant une heure et demie. 

ZEWEED :  En 1976, vous entamez une collaboration avec Alain Wisniak et avez crée « votre son » à l’aide d’un ARP Odyssey. Pouvez-vous revenir sur cette recherche sonore et la création des albums Paradise et Supernature ?
Cerrone : Supernature… c’est un accident, un peu un ovni dans mon catalogue.  J’avais fait auparavant un 2e album qui s’appelle Paradise et qui a eu le même succès que le premier. Donc évidemment, on est parti pour faire un troisième album. L’album était défini et le single devait être Give me Love, qui a été un gros single, aussi d’ailleurs.
Et à la fin de l’album, une boîte qui s’appelle ARP, m’a envoyé un carton avec l’appareil Odyssey. Ils me l’offraient si je l’utilisais et mettait un crédit sur la pochette. Donc, je dis “Okay”,  on a ouvert l’appareil et on a commencé à bidouiller dedans. Et très très vite, en une après-midi, j’avais trouvé l’essentiel dans la compo, le séquenceur, les limites, et là, on a quand même senti que l’on avait quelque chose de très original. Donc j’ai pris mon auteur, Lene Lovitch, qui était l’une des cofondatrices du mouvement Punk, on a décidé de faire un texte un peu écolo, un peu surnaturel et quand les maquettes ont été faites, c’était tellement fort quoi… que je me suis dit : ” Allez, je l’enregistre”. 

« Je suis en traversée régulière avec mon petit joint d’herbe et tout va bien »

Donc j’ai, j’ai repoussé l’album et je suis passé en production pour Supernature. Et évidemment les Américains, car mon premier contrat était américain avec Atlantic Records, étaient partis sur « Give Me Love ».
Naturellement, ils m’ont dit : “mais non, on a single » et j’ai dit : “On avance et on essaie…”.
C’était énorme, cela m’a ramené 5 Grammy Awards et on a passé la barre des 10 millions d’album. C’est cela qui a été déterminant.

ZEWEED :  Le paradis, pour vous, c’est quoi ?
Cerrone: C’est ce que je suis en train de vivre. J’y suis moi ; je ne suis pas quelqu’un qui attend un demain qui va être meilleur ; je prends le meilleur de la vie d’aujourd’hui et je crois que j’y arrive parce que je suis quelqu’un qui a la pêche, qui est très heureux… ça marche ensemble. Le paradis c’est aujourd’hui.

ZEWEED :  Plutôt paradis spirituels ou artificiels ?
Cerrone :  Ah non, moi l’artificiel, on ne me le fait pas, ça n’existe pas. Non, non, le paradis, c’est ce que je ressens, c’est comment moi, je me sens moi, intérieurement. 

Crédit photo : Samy La Famille

ZEWEED :   Vos titres sont proches de l’hypnotique, d’une atmosphère enivrante et planante…
Cerrone : On m’a toujours dit cela, je n’en sais rien. Je n’essaie pas d’avoir la recette, d’idéaliser, mais plutôt et d’amener les gens dans un univers. C’est pour cela que je fais des titres longs dans les albums. Il y a des titres où cela se ressent plus que d’autres. C’est aussi ce que je fais quand je suis en dj set, je passe les titres qui font partis de mon catalogue, et je mélange avec d’autres titres. L’idée, c’est d’amener les gens quelque part. 

ZEWEED : L’herbe est-elle un auxiliaire auquel vous avez eu recours pour composer ?
Cerrone : Mais je l’ai toujours (rires)

ZEWEED : Ah bon !
Cerrone : Je fume régulièrement mon petit pétard le soir comme je suis quelqu’un d’extrêmement actif cela me calme. Je fume que de la Weed pas du haschisch. 

ZEWEED : Avez-vous essayé le CBD ?
Cerrone : Oui. Vous savez je suis seventies et j’ai essayé beaucoup de choses. Je suis en traversée régulière avec mon petit joint d’herbe et tout va bien.

ZEWEED : Vos projets ? 
Cerrone : Là j’ai une collaboration qui est sorti au mois de décembre avec Marc Lavoine. J’ai mon premier concert d’une tournée qui va durer deux ans où je reprends tout mon catalogue en symphonique. Le premier concert c’est le 3 novembre à Nice, on sera 52 sur scène et c’est un gros morceau. On va un peu partout dans le monde pendant deux ans, ça va durer deux ans.  Cette année on va faire trente-trois dates ; je fais trente dates par an. C’est beaucoup. 

Propos recueillis par G.Wen

 

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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