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Canada : quelle politique sur le cannabis après le départ de Justin Trudeau ?

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Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé la semaine dernière son intention de quitter la direction du Parti libéral, sous la pression croissante de son propre camp et face à une chute marquée de sa popularité. Après une décennie à la tête du pays, son parti est désormais nettement distancé dans les sondages à l’approche d’élections. Analyse.

Depuis quelques mois, le premier ministre canadien Justin Trudeau fait l’objet d’appels à la démission émanant de hauts responsables libéraux, et ce en raison de sa gestion de la crise commerciale qui se profile avec les États-Unis et de son incapacité à enrayer l’inflation. Au delà de la crise politique, Trudeau laisse derrière lui un héritage majeur : celui d’avoir fait du Canada le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis à usage récréatif.

Promesse tenue, bilan contrasté

Lors de sa campagne pour les élections fédérales de 2015, Justin Trudeau avait fait de la légalisation du cannabis un pilier de son programme, insistant sur la nécessité d’une régulation encadrée et d’une réduction des risques. Promesse tenue : dès 2018, le cannabis était légalisé au Canada, marquant une étape historique.
Mais ce succès est nuancé. L’industrie canadienne du cannabis reste confrontée à des défis structurels majeurs. En décembre 2024, l’administration Trudeau a annoncé son intention de réviser le système de taxation des entreprises du secteur en 2025, dans le but de simplifier les démarches administratives.

Dans son Énoncé économique de l’automne 2024, le gouvernement fédéral a proposé de passer des timbres fiscaux spécifiques à chaque province à un système national unique, une mesure réclamée de longue date par les acteurs du secteur. Mais avec des élections anticipées et une probable victoire des conservateurs, ces réformes pourraient être reléguées au second plan, voire abandonnées.

Meilleur ennemi de la légalisation libérale

Historiquement, le Parti conservateur canadien a adopté une position prudente, voire restrictive, en matière de politique du cannabis. Opposés à la culture à domicile, les conservateurs ont, en 2013, tenté d’interdire aux patients de cultiver leur propre cannabis médical ou de désigner une personne pour le faire, invoquant des risques de détournement vers le marché noir.
Même après la légalisation, le parti a favorisé les grands producteurs agréés, au détriment des petits cultivateurs ou des particuliers. Bien que la Loi sur le cannabis ait permis d’élargir l’accès à la chaîne d’approvisionnement réglementée, notamment pour les petits producteurs, les conservateurs pourraient, dans une logique de réduction des coûts et de simplification administrative, privilégier les grandes entreprises au détriment des acteurs plus modestes.

Avenir incertain 

L’héritage de Justin Trudeau sur le cannabis pourrait donc se heurter à un revirement sous une administration conservatrice. Alors que le secteur représente 20 % du PIB lié à la production agricole, les petites entreprises pourraient pâtir d’un environnement réglementaire moins favorable.
« Une politique pragmatique et accessible, respectant des normes strictes de qualité », c’est ainsi que certains décrivent l’approche réglementaire du gouvernement Trudeau. Pourtant, cet équilibre pourrait être menacé si les conservateurs revenaient au pouvoir, avec des priorités centrées sur un contrôle accru et une moindre flexibilité pour les petits producteurs.
Si la légalisation du cannabis restera l’un des actes fondateurs de l’ère Trudeau, son impact à long terme dépendra en grande partie de la continuité ou du renversement des politiques actuelles dans un paysage politique en pleine mutation.

ZEWEED avec Business of Cannabis

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Journaliste, peintre et musicien, Kira Moon est un homme curieux de toutes choses. Un penchant pour la découverte qui l'a emmené à travailler à Los Angeles et Londres. Revenu en France, l'oiseau à plumes bien trempées s'est posé sur la branche Zeweed en 2018. Il en est aujourd'hui le rédacteur en chef.

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