Le divorce UK-EU prononcé, le Royaume-Uni se retrouve soudainement libre de toutes directives européennes. Une émancipation qu’une majorité de Britanniques souhaiteraient faire rimer avec légalisation, tant les lois en la matière sont parmi les plus répressives d’Europe. Une initiative progressiste qui pourrait bien voir le jour sous le gouvernement conservateur de Boris Johnson.
En Angleterre, le cannabis cultivé indoor présentant des taux de THC supérieurs à 15% de THC est considéré comme un stupéfiant du tableau A, au même titre que le crack ou l’héroïne. Tout porterait donc à croire que le Royaume-Uni est à mille lieues d’envisager une politique à la Trudeau, qui plus est avec un chef du gouvernement qui n’avait auparavant jamais montré quelque engouement pour la ganja.
Et pourtant, si la légalisation du cannabis n’est pas exactement dans l’ADN du parti conservateur de Boris Johnson, il en est énormément question depuis le Brexit.Un des heureux responsables de cet élan libéral d’une partie de la droite britannique n’est ni plus ni moins que le conseiller spécial de Bojo et fervent défenseur de la légalisation : Blair Gibbs.
Officialisée il y a 6 mois via le poste de « conseiller spécial sur les questions de politique intérieure et de sécurité » l’arrivée Gibbs en éminence grise-verte du 10 Downing Street aura fait couler autant d’encre que de gouttes carrées sur le front des membres du Conservative Party.
Et il y a de quoi, « l’homme qui chuchote à l’oreille du Premier ministre» (formule reprise en boucle dans la presse britannique depuis sa nomination) n’est ni plus ni moins qu’un des plus ardents défenseurs de la belle plante et de sa légalisation complète.
Reconduit en décembre dans ses fonctions de conseiller en politique intérieure et santé, l’avocat de 47 ans avait quitté le Center for Medical Cannabis cet été ainsi que ses activités d’avocat pro-ganja et de militant assumé pour rejoindre Bojo.
Ce n’est par ailleurs pas la première fois que lui et le Premier ministre en froid avec son peigne font équipe : lorsque Johnson était maire de Londres, Gibbs était déjà… son conseiller spécial.
Gibbs ne fait pas non plus cavalier seul : il y a deux mois, Danny Kruger devenait le secrétaire politique du Premier ministre. Et à l’instar de Gibbs, Kruger est un fervent défenseur du cannabis libre qui n’aura pas changé de fusil d’épaule, puisque l’intéressé déclarait en début d’année qu’ « Une démarche courageuse consisterait à commander un rapport analysant l’impact des drogues sur le bien-être des jeunes – y compris les effets de l’illégalité et le potentiel d’un marché réglementé », avant d’ajouter « «Nous n’avons pas besoin de tout interdire. Après tout, les victoriens n’ont jamais interdit l’alcool ». En citant le succès de la réglementation de l’alcool sous le régime de la reine Victoria comme modèle.
De son côté, Gibbs n’a pas fait dans le chuchotement ni le murmure en déclarant que “l’objectif est maintenant de faire admettre au gouvernement britannique que le cannabis – produit en toute sécurité selon des normes de qualité élevées et prescrites dans un contexte clinique réglementé – n’est pas dangereux et a établi des avantages pour la santé de certains patients “
Avec ces deux chuchoteurs aux oreilles du Premier ministre -dont nombre d’observateurs disent qu’ils sont l’alpha et l’oméga du 10 Downing Street- et une alliance multipartite croissante de députés appelant à la dépénalisation du cannabis; la question d’une révision des dispositions légales entourant le cannabis se pose comme un incontournable pour le gouvernement de Boris Johnson.
Reste au Premier ministre à convaincre les députés conservateurs qui crient à l’abomination dès que le mot légalisation est prononcé. En se coiffant avec la raie à gauche ?
Alexis