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Bono s’investit dans le climat

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L’artiste irlandais participe à un fonds d’investissement dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Une activité louable qui n’est pas forcément bénévole.

Paul David Hewson est de retour ! Cet homme d’affaires avisé, philanthrope à l’occasion, est plus connu sous son nom de scène : Bono. Richissime leader du groupe U2, le chanteur-compositeur-interprète-acteur irlandais est aussi un inlassable militant de droits humains, un pourfendeur de la corruption (ce qui n’a pas empêché son association ONE de frauder le fisc sud-Africain !), un guerrier contre la pauvreté. Voilà maintenant qu’il s’investit dans la lutte contre le changement climatique. Un nouveau combat qui demande beaucoup d’argent.

5 milliards de capital

Avec quelques personnalités « Sans Difficulté Financière » (Jef Skoll, Pierre Omidyar, Richard Branson, Anand Mahindra, Mellody Hobson, David Bonderman, Jim Coulter), Bono a donc créé TPG Rise Climate Fund (RCF), un fonds d’investissement dédié au financement de ses bonnes œuvres climatiques.

Bonne nouvelle, ledit véhicule financier vient d’annoncer une levée de fonds de plus de 5 milliards de dollars. De quoi « soutenir » des entreprises engagées dans les énergies renouvelables, la production d’alimentation veggie ou la fabrication de vélos électriques.
Cet activisme économique n’a rien de répréhensible. Ce qui plus gênant, en revanche, c’est la façon dont cela fonctionne. TPG Rise Climate Fund est, en réalité, une branche de Texas Pacific Group (TPG, donc), imposante société ayant plus de 100 milliards de dollars d’actifs en gestion.

Mutualiser les investissements, privatiser les bénéfices

L’activité de ces gestionnaires d’actifs est de prendre le contrôle de sociétés avant de revendre les actions au bout de quelques années. Bono (dont la fortune personnelle est évaluée à 700 M$) et ses petits camarades vont donc empocher une partie des dividendes annuels et du produit de la vente des actions des sociétés « soutenues ».
Comme toutes les sociétés de gestion qui se respectent, TPG ne paie pas les actions qu’elle achète. C’est une structure ad hoc qui emprunte sur les marchés le montant des actions avant de payer l’addition pour le compte de la société de gestion. Avec les dividendes versées, TPG et ses filiales remboursent ladite structure et fait un bénéfice en passant.

Pro-Bono?

Evidemment, les sociétés de gestion ont tout intérêt à ce que les profits dégagés par leurs acquisitions soient les plus importants possible. Ils privilégieront, pour ce faire, les entreprises bénéficiant d’une rente (un propriétaire d’autoroute, par exemple) ou dont on pourra pressurer les salariés, comme c’est souvent le cas dans les start-up prometteuses.
Bref, Bono et ses amis vont, peut-être, contribuer (un chouia) à décarboner notre économie. Mais ils en tireront à coup sûr un gros profit. Quant à la pérennité des sociétés dans lesquelles ils viennent d’investir, c’est une autre histoire.

 

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Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

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