Volodia Opritchnik

Ancien militaire, passé à l’activisme écologique, Volodia arrose désormais les ennemis du climat à coup d’articles. Créateur de L’Usine à GES, première lettre francophone sur la politique et l’économie du réchauffement, Volodia partage son temps libre entre les dégustation de vins et de cigares. Deux productions qui ne renforcent pas l’effet de serre.

HpLVd, le virus qui menace les plantations de weed aux Etats-Unis

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En Californie, les plantations de cannabis commencent à être frappées par un virus fatal, le HpLVd.  Et là, pas de vaccin.

Vous avez aimé la Covid-19 ? Vous adorerez la HpLVd. D’accord, c’est un peu plus compliqué à prononcer avec un masque. Mais il va falloir, pourtant, s’intéresser à cette cochonnerie microscopique qui menace les plantations de cannabis, notamment californiennes. Même si l’ampleur de l’attaque reste difficile à évaluer. Le viroïde latent du houblon (le déroulé du HpLVd) est, comme son nom l’indique, un viroïde que l’on a découvert sur la plante favorite des amateurs de bière. Le viroïde est une curieuse bestiole.

Vieux comme la vie

Probablement né avec la vie, le viroïde est un ARN (l’acide ribonucléique est utilisé dans les cellules comme intermédiaire des gènes pour fabriquer les protéines dont elles ont besoin) tout nu. Ses petits brins se baladent dans la nature et, notamment sur les plantes. Plus petit que le plus petit de ses cousins, les virus, le viroïde peut infecter ses hôtes de façon asymptomatique, comme pour le houblon, ou leur flanquer de sales maladies. C’est malheureusement le cas pour notre cannabis.

Maladies opportunistes

Comment reconnaître des plants infectés par le HpLVd ? A leur petite mine : ils poussent plus lentement, produisent moins de fleurs et de résines que des plants en pleine santé. Affaiblis par l’agent infectieux supposé pour le cannabis (PCIA, comme on dit au Québec), les pieds de cannabis peuvent aussi être la cible d’autres injections opportunistes : maladies cryptogamiques, par exemple.

Pas de traitement

Peut-on soigner un plant infecté ? Ne faisons pas durer le suspens, la réponse est non. Certains préconisent un badigeon à l’eau de Javel. Pas certain que ce soit idéal pour maintenir la qualité de la weed. Comment se propage la sale bête ? Ce sont, probablement, les pépiniéristes qui, en clonant ou en bouturant des plans infectés asymptomatiques, contribuent à la dissémination des viroïdes. Ne pas désinfecter ses sécateurs peut aussi favoriser la contamination. Vous voilà prévenu.

L’espace, future centrale électrique de la planète?

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Face à l’épuisement des ressources fossiles, trouver des sources d’énergies alternatives est devenu un enjeu majeur. Un défi que les britanniques proposent de relever en relançant la course à la production d’électricité spatiale. Projet sur la comète?

Dans quelques jours, le Royaume-Uni fera l’événement. L’agence spatiale britannique dévoilera un programme de production d’énergie solaire depuis l’espace. Bon, l’idée n’est pas totalement nouvelle. Le concept a été imaginé par Isaac Asimov en … 1941. L’écrivain de science-fiction a ouvert la voie. Américains, Européens, Soviétiques, Chinois, Japonais ont phosphoré des décennies durant sur la question. Avec une solide motivation.

Flux de micro-ondes

En une heure, la terre reçoit 300 fois plus d’énergie en provenance de l’astre diurne que les humains n’en consomment en … une année. Exploiter cette ressource illimitée, comme le font à toute petite échelle les satellites, présente effectivement d’indéniables atouts tant les rendements énergétiques sont excellents dans l’espace. On ne consomme pas d’espace naturel terrestre non plus. Et les voisins sont silencieux.

Les nombreux chercheurs ayant bossé le sujet ont répertorié quelques inconvénients. Compte tenu des distances entre la future station électrique spatiale et le plancher des vaches (plusieurs milliers de km), il semble pertinent de transporter l’électricité produite par un vaste faisceau de micro-ondes. Mais ça, c’est la théorie.

Une station de 80 000 tonnes

Car dans la réalité, on ne sait véhiculer qu’un faible flux d’électrons et sur quelques centaines de mètres seulement. Il va falloir progresser. Autre écueil : le coût de construction de l’installation. Déployer une centrale solaire au-delà des ceintures de Van Hallen n’a de sens (économique) que si elle rivalise avec une centrale terrestre.

Les ingénieurs du ministère US de l’énergie ont fait les comptes : pour alimenter une mégapole comparable à la région parisienne, il faut expédier un engin doté de 3 km de panneaux solaires et d’une imposante antenne. Ce super satellite afficherait une masse de 80 000 tonnes sur la balance. Soit l’équivalent de 200 stations spatiales internationales (ISS).

Selon Arianespace, il faut compter une centaine de millions d’euros pour mettre en orbite une charge utile de 6 tonnes. Prévoir donc un peu plus de 13 000 voyages pour assembler une centrale complète. Le montant de l’addition s’annonce salé.

Une autre option est possible. Plutôt que d’assembler un meccano de la taille de l’Enterprise, pourquoi ne pas mettre en l’air une flottille de petits satellites solaires ? Pesant chacun une dizaine de tonnes, ils pourraient alimenter la terre par un rayon laser. Avantage : on peut convertir le rayon lumineux concentré en électricité grâce à une « cible » de quelques m2 sur terre. La conversion des micro-ondes nécessite, elle, une plateforme de plusieurs km2.

On peut aussi choisir d’économiser l’électricité. C’est moins cher, mais tellement moins spectaculaire.

Comment les cannabiculteurs californiens s’adaptent au feu du réchauffement

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L’allongement de la saison des feux dans l’Ouest américain oblige les planteurs à s’adapter pour protéger leurs plantations.

On dit souvent des forêts méditerranéennes qu’elles ont besoin du feu pour vivre. C’est, en partie vrai. Certaines variétés de résineux profitent des incendies. Les flammes éradiquent leurs concurrents et font éclater les pignes, répandant aux alentours les graines qui coloniseront l’espace brûlé.
Dans l’Ouest américain, les planteurs de cannabis ne profitent pas des incendies : ils les subissent. Et doivent désormais s’adapter à cette nouvelle donne climatique. En réchauffant le climat de la Californie, notamment, le changement climatique a réduit les précipitations et accru les températures.

Un risque qui s’accroît

Déjà minée par l’urbanisation, la forêt y est plus fragile et brûle plus facilement. Dans les années 1970, la saison annuelle des incendies californiens durait 140 jours. Depuis le début du siècle, on approche des 230 jours par an. Selon les statistiques des pompiers californiens, 17 des 20 plus gros incendies répertoriés depuis le début du XXe siècle se sont produits entre 2003 et 2020.

Souvent installés dans des massifs forestiers ou en lisière de bois, les cannabiculteurs de Californie, de l’Oregon et de l’Etat de Washington commencent à s’adapter. En empruntant une technique simple aux gestionnaires de réseaux électriques : on éloigne la forêt.

Cordon sanitaire

A coup de tronçonneuses, ils établissent un cordon sanitaire entre les arbres et les plantations. Ce défrichement préventif évite ou ralentit la propagation des flammes. Lorsque le risque d’incendie est élevé, certains n’hésitent pas à réaliser des pare-feux d’une quinzaine de mètres de large tout autour de leur propriété. La sécurité y gagne ce que perd l’aménagement paysager.

Comme le font les forestiers dans certains pays méditerranéens, on dispose aussi des réserves d’eau aux quatre coins des exploitations. En cas d’incendie, la lutte contre les flammes sera ainsi plus rapide et donc plus efficace. Certaines plantations sont aussi équipées de sprinklers. La diffusion d’eau par microgouttelettes entrave la diffusion du feu et abaisse la température ambiante. Attention, toutefois, à disposer dans ce cas d’un générateur d’électricité de secours pour alimenter les pompes en cas de coupure de courant.

Sprinklers et jets d’eau

Last but not least : les planteurs dotent aussi les cheminées de leur ferme d’un chapeau en zinc. L’esthétique n’a rien à voir là-dedans. En coiffant ainsi leur cheminée, ils empêchent d’éventuelles retombées de brandons à l’intérieur de la maison : un risque d’incendie en moins.

Après le passage du feu, un impératif : laver les plants avec un jet d’eau. L’accumulation des cendres sur les feuilles peut favoriser la contamination des plants par des métaux lourds que l’on retrouverait dans les produits finis.

Au Colorado, la culture légale du cannabis mine l’environnement.

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Dans l’Etat pionnier du Colorado, les serres légales de cannabis émettent plus de gaz carbonique que les … mines de charbon.

Malgré sa capacité à absorber le CO2, le cannabis n’est pas toujours d’un grand secours pour les protecteurs du climat. Jusqu’à présent, l’opprobre carbonique était surtout jeté sur la production illégale de weed.

De récents calculs ont montré, qu’en Californie, les serres cannabiques outlaw pouvaient émettre jusqu’à 500 000 tonnes par an de gaz carbonique. La faute e revient essentiellement aux lampes utilisées pour doper la croissance de la plante ; Puissants, ces spots consomment beaucoup d’électricité, dont la production (souvent avec des centrales à gaz, voire au charbon) est source d’émission de dioxyde de carbone.

2,6 Mt de Ges par an

Hélas, trois fois hélas, les plantations mafieuses ne sont pas les seules à afficher une lourde empreinte carbone. L’équipe de Hailey Summers (université du Colorado) a voulu en savoir plus. Ces chercheurs en durabilité ont évalué la contribution au renforcement de l’effet de serre des cultures légales de cannabis dans le Colorado : premier Etat fédéré à avoir autorisé consommation et production d’herbe.

Le résultat n’est pas réjouissant. Dans leur article, publié par Nature Sustainability, les scientifiques, la production d’un kilogramme de fleurs sèches génère 2,3 tonnes à 5,2 tonnes de CO2. Au vu des dernières statistiques de production, cela représente un bilan carbone annuel  de 2,6 millions de tonnes de CO2 équivalent : +30% par rapport aux émissions imputables aux émissions des mines de charbon de l’Etat du centenaire.

Un business en forte croissance

Cela ne devrait pas s’arranger. Selon la banque d’affaires Cowen and Company, le chiffre d’affaires du cannabis US pourrait grimper d’un tiers d’ici à 2030. La décarbonation de la weed n’est pas en marche. A moins, bien sûr, que les exploitants de serre ne fassent preuve d’un peu de modernisme.

En remplaçant leur système d’éclairage à incandescence par des LED, ainsi que leur système de ventilation par des dispositifs à basse consommation. La généralisation de ces deux mesures simples pourrait abattre les émissions carbonées de 90% les émissions imputables aux serres de weed. De quoi aussi alléger d’un gros pourcent les statistiques d’émissions de l’Etat.

Il faudra faire beaucoup mieux. Votée en 2019, la loi du Colorado sur le climat impose à l’Etat de réduire de moitié ses émissions entre 1990 et 2030. Serres de cannabis comprises !

Climat : et si la vérité tombait du ciel ?

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L’espace se peuple de satellites traqueurs d’émission de gaz à effet de serre. Une activité favorable à la protection du climat et au développement du business.

Cela vous étonnera peut-être. Mais le sommet climatique onusien, qui s’est achevé le 13 novembre, a produit quelques résultats. Pas de quoi donner le sourire à Greta Thunberg, bien sûr. Mais de quoi donner quelques sueurs froides à 195 gouvernements.
L’ONU exige, en effet, que tous les pays ayant ratifié l’accord de Paris révisent leur politique climatique à 2030. Ripolinage interdit ! Il faudra démontrer, point par point, comment les 27 de l’UE, les USA, la Chine, l’Inde, tous ceux qui crachent du CO2 vont effectivement se mettre sur une trajectoire nous permettant, à (long) terme de stabiliser le réchauffement à +1,5 °C. Il y a le feu au lac. Car au rythme d’émission actuel, le thermomètre planétaire aura grimpé de 1,5°C d’ici à 2030.

Les inventaires sont faux

Encore deux choses. Nous placer sur la bonne trajectoire signifie réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre (Ges) en … 10 ans. Autre détail : les Etats ont encore un an pour revoir leur copie. Ça va chauffer dans les administrations !
L’un des points à surveiller sera les émissions nationales : la base de calcul de tout le reste. Or, en matière d’inventaire, une chose est certaine : les chiffres dont nous disposons sont … faux. Il y a des pays qui les maquillent, en oubliant qu’une bonne part de leur empreinte carbone est imputable aux industries qu’ils ont délocalisées.
Il y en a qui oublient, purement et simplement, de fournir la moindre estimation de leurs émissions polluantes. D’autres se contentent de publier une évaluation approximative quand bon leur chante. Sans gendarme, il y a peu de chance que la transparence se fasse. Mais ça, c’était avant.

Start-up canadienne et française

Depuis quelques mois, deux entreprises se positionnent sur le marché de la surveillance des émissions. Au Canada, GHGSat a lancé une constellation de trois micro satellite de télédétection. De la taille d’un four à micro ondes, Claire, Iris et Hugo détectent les émissions de méthane (un gaz à effet de serre invisible et 28 fois plus réchauffant que le CO2), en localisent la source et évaluent le flux. De vrais petits mouchards !
Son principal concurrent, Kayrros, fait peu ou prou la même chose. Mais en s’appuyant sur un plus grand nombre de satellites (dotés de plus de capteurs que les satellites canadiens), la start-up française chasse méthane et CO2. De quoi intéresser les scientifiques. Mais pas seulement.

Kayrros travaille de temps à autre pour des ONG. Objectif : dénoncer les industriels qui vidangent en douce leur gazoduc sans se soucier de leur impact sur le climat. Gazprom est coutumier du fait. Les écolos ne sont pas les seuls à vouloir mettre les Ges sous les feux de la rampe spatiale. De plus en plus, les traders font surveiller les entreprises dont ils convoitent les actions. Dans ce cas, les investisseurs s’assurent que les performances réelles des sites industriels concordent avec le discours de leurs dirigeants.
Balbutiant, le marché de la surveillance spatiale des émissions de Ges devrait connaître un véritable boom dans les prochains mois. Les grandes agences spatiales s’apprêtent à expédier des traqueurs de CO2 en orbite. Elles ne manqueront pas de clients !

Good Cop 26 ou bad Cop 26?

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Alors que le 26ème sommet climatique vient de s’achever et que je quitte Glasgow avec les quelques 250 autres journalistes accrédités, une question demande réponse: Au fait, c’est bon pour le climat, la COP ?

Peut-on évaluer l’efficacité climatique de la COP ? Pas simple. Mais on peut. Le résultat sera fonction de ce que l’on regarde. Si l’on se focalise sur l’empreinte carbone de la COP proprement dite, le gouvernement britannique — organisateur du sommet — a une réponse toute prête : la conférence sera … neutre en carbone.

Pour ce faire, l’administration de Boris Johnson a quantifié les émissions imputables aux voyages des 30 000 personnes accréditées, à leur nourriture pendant la quinzaine, aux déplacements qu’ils ont fait durant leur séjour. Au total, ce grand déplacement aurait généré 102 500 tonnes de gaz à effet de serre (Ges). Soit 10 000 fois votre bilan carbone perso annuel. Inévitables, ces rejets vont être « compensés » par l’achat de crédits carbone.

250 journalistes accrédités, dont votre serviteur.

Promesses en stock

D’accord. Et le reste ? La quinzaine a été ponctuée de très nombreux engagements. Des Etats ont promis de réduire d’un tiers leurs émissions de méthane (un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO2), de protéger les forêts (qui absorbent et stockent le gaz carbonique), de baisser la consommation d’énergies fossiles, de développer la voiture électrique, etc. Toutes ces promesses contribuent-elles vraiment à notre bonheur climatique ?

Là encore, tout dépend de votre interlocuteur. Quelques jours avant l’ouverture du grand barnum de Glasgow, l’ONU avait évalué l’impact des politiques climatiques des Etats à 2030. Verdict : elles devraient contribuer à accroître de 13,7 % les émissions mondiales de Ges entre 2010 et 2030. Or, si nous voulons atteindre la neutralité carbone à la mitan du siècle (l’un des objectifs de l’accord de Paris), nous devons les réduire de 45 % durant la même période. De quoi nous emmener vers un réchauffement de +2,7°C à la fin du siècle.

De belles promesses faites durant cette 26ème Cop. Reste à espérer que les nations engagées ne s’en laveront pas les mains.

Evaluations à la chaîne

Durant la première semaine, l’Agence internationale de l’énergie a évalué les effets des nouveaux engagements, sensés compléter les politiques nationales. Les nouvelles sont meilleures. Si tous les engagements sont tenus dans la durée, le réchauffement pourrait être stabilisé à +1,8°C. C’est dans la fourchette fixée par les rédacteurs de l’Accord de Paris : entre +1,5°C et +2°C.

A la fin des deux semaines écossaises, le verdict est tombé. Climate Action Tracker (CAT) a sorti ses calculettes. Après quelques soirées de phosphoration intense, le réseau international de climatologues estime que, conjuguées aux politiques nationales les nouvelles promesses sont susceptibles de faire baisser nos émissions annoncées de 24 à 25 % par rapport au scénario d’octobre de l’ONU. C’est bien, mais très insuffisant. Selon CAT, il faudrait faire deux fois mieux pour nous placer sur une trajectoire nous permettant de stabiliser le réchauffement à +1,5°C. Rendez-vous, l’an prochain, à Sharm-El-Cheikh pour la prochaine COP et de nouvelles promesses.

COP 26 : ce que nous dit la composition des délégations

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La composition d’une délégation envoyée à une conférence des Nations unies pour le changement climatique (COP) est un impitoyable indicateur. Quatre jours après le démarrage de la session écossaise, l’ONU a publié la composition des équipes des parties présente. De quoi en déduire quelques priorités gouvernementales.

De notre envoyé spécial à Glasgow.

Pas moins de 198 chancelleries ont voulu envoyer des négociateurs. Toutes n’y sont pas parvenues. Faute de vaccins anti-Covid et de visa, les sièges de la Birmanie et de Kiribati restent vides. De même que ceux alloués à l’Afghanistan. Il sera dit que les membres du gouvernement taliban se soucient du climat comme de leur premier turban.

De l’autre côté du spectre, on ne peut qu’être étonné par l’importance des délégations brésilienne (479, record de cette COP !), de la République démocratique du Congo (373) et de la Russie (312). Par comparaison, les hôtes britanniques de la réunion n’alignent que 230 diplomates et experts, contre 197 pour la France et 165 pour les Etats-Unis.

Un sujet majeur de la COP lie particulièrement Brésil, Congo et Russie : les forêts. En protégeant leurs massifs des éleveurs et des tronçonneurs, ces trois pays entendent générer des crédits carbone qu’ils pourront revendre par la suite. Voici comment.

Le Congo, la  Russie et le Brésil au premier plan

Signé en 2015, l’accord de Paris (dont les règles d’application sont en cours de finalisation à Glasgow) ouvre la possibilité pour les pays riches en forêts de monétiser leurs capacités à stocker du carbone. En préservant ces puits de carbone, les gouvernements contribuent à réduire le stock de carbone présent dans l’atmosphère : une bonne chose pour le climat.
Ce bienfait se concrétise par l’émission de crédits internationaux (une tonne de CO2 stockée dans les arbres génère un crédit) qui peuvent être vendus à des Etats peinant à réduire leurs émissions. Une forme de compensation carbone en quelque sorte. A eux trois, Congo, Russie et Brésil abritent 35 % des surfaces forestières répertoriées. C’est dire si la discussion écossaise les intéresse au premier plan.

Autre enseignement : la parité homme-femme n’est toujours pas de mise dans les négociations internationales. Mais elle progresse ! Sur les 23 665 délégués nationaux accrédités 40 % sont des femmes. C’est beaucoup mieux que lors de la première COP (88 % d’homme) et légèrement mieux que le chiffre moyen sur 26 ans : 38 % de femmes à chaque conférence.
A noter qu’il reste encore quelques délégations uniquement masculines : le Yemen, la Corée du nord et le … Saint Siège. Trois pays dont la voix climatique porte peu.

 

Manuel de suivi de la COP 26

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Le sommet climatique annuel s’est ouvert le 31 octobre. Depuis Glasgow, je vous en dit un peu plus sur les enjeux de cette 26ème Cop.

Des hordes de policiers tout de jaune fluo vêtus. Des pèlerins qui chantent contre la fin du monde. Des cortèges de Jaguar électriques officielles. Des milliers de diplomates, experts, chefs d’Etats et de gouvernements, journalistes, associatifs, encadrés par la police de l’ONU. Bienvenue à la COP 26, le 26e sommet annuel sur le climat de l’ONU, qui tient ses quartiers sur les anciens docks de Glasgow. Deux semaines durant, tout ce petit monde va tenter de faire avancer la cause climatique. Laquelle en a bien besoin.

Objectif neutralité carbone: de quoi mettre de l’électricité dans l’air.

Décrets d’application

Au menu de cette édition écossaise : l’achèvement des règles d’application de l’accord de Paris. Comme une loi a besoin de décrets d’application, l’accord conclu à l’issue de la COP 21 doit être complété par un livret d’utilisation, en quelque sorte. La plupart de ses chapitres ont été rédigés.

Il manque les paragraphes qui encadreront la comptabilité des émissions nationales de gaz à effet de serre (Ges), le commerce desdits quotas et la possibilité laissée aux Etats les plus riches d’investir dans des projets « bas-carbone » dans les pays du sud. En contre-partie de … crédits carbone.

A la Cop 26, il y a ceux qui se dirigent vers les endroits désignés…

Loin de la neutralité carbone

Durant cette quinzaine, les 195 Etats ayant ratifié l’accord de Paris devront réviser à la hausse leur contribution climatique nationale (NDC, en jargon). Il s’agit de montrer que la communauté internationale entend agir fortement d’ici à 2030. Pour le moment, ce n’est pas le Pérou. Les dernières évaluations de ces « NDC 2e génération » ne sont pas folichonnes. L’ONU estime qu’elles permettront de limiter à 16 % la hausse des émissions mondiales de Ges d’ici à 2030.

Ce qui devrait nous conduire sur le chemin d’un réchauffement de 1,5°C à la même date et de 2,5 °C d’ici la fin du siècle. Pour nous placer sur la voie de la neutralité carbone, les émissions mondiales devraient baisser d’environ 5 % par an. Nous en sommes loin.
A Glasgow, les négociateurs devront aussi s’accorder sur un objectif global d’adaptation aux effets du réchauffement. Sujet difficile car il existe pratiquement autant de définition de l’adaptation que de chancelleries. Nul ne propose non plus de moyen consensuel d’en mesurer l’évolution, la gouvernance, etc.

…Et ceux qui désignent les dirigeants qui marchent à l’envers.

“Progrès collectifs”

D’autres débats passionnés s’intéressent aux questions de genre, aux populations indigènes, aux pouvoir de réchauffement global des Ges à prendre en compte, à l’intégration (ou non) de l’aviation et du transport maritime, etc.
Puisque nous sommes dans les problèmes complexes, il est aussi temps d’aborder le grand bilan mondial. Devant être publié en 2023, ce Global Stocktake doit évaluer les « progrès collectifs » accomplis dans la mise en œuvre de l’accord de Paris. Mais comment procéder à cette évaluation, sur quelles bases ? Les experts se chamaillent, par exemple, sur la prise en compte de l’agriculture dans l’atténuation (la réduction des émissions) et l’adaptation.

Toutes ces négociations pourraient toutefois trébucher sur un sujet majeur : les financements nord-sud. En 2009, les gouvernements des pays les plus riches (ceux de l’OCDE, en résumé) avaient annoncé vouloir octroyer une aide collective de 100 milliards de dollars par an, aux pays les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement, à partir de 2020. La promesse n’a pas été tenue. Et ne le sera probablement pas avant 2023. Les pays du G77 (qui compte plus de 130 nations) devraient en profiter pour obtenir des compensations sur d’autres dossiers.

Viens, je t’emmène à la … COP 26

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La planète climat se réunit à Glasgow (Écosse) durant la première quinzaine de novembre. L’occasion de relancer la lutte contre le réchauffement ? Ce n’est pas gagné.

Dernière semaine de tranquillité. Dès le 31 octobre, de climat tu seras abreuvé. Et la cure deux semaines durera. Pas de rapport du Giec, à l’horizon. Cette fois, c’est l’ONU qui convie le monde à Glasgow. Objectif du sommet écossais : relancer la cogestion mondiale de ce bien commun qu’est notre climat. Habituellement, l’ONU convoque une COP* climatique chaque année à pareille époque. La Covid en a décidé autrement en 2020. Voilà deux ans que nos gouvernants ne s’étaient retrouvés pour parler CO2, coopération nord-sud, adaptation, etc.

La Scottish Session est particulière. Durant cette quinzaine dans la cité des Celtic, les 195 Etats ayant ratifié l’accord de Paris de 2015 devront présenter de nouveaux engagements à moyen terme. En jargon : les contributions nationales volontaires (NDC). Au dernier recensement, 140 pays ont déjà rendu leur copie. Manquent encore notamment les NDC chinoise et indienne. Embêtant, car les deux puissances asiatiques émettent, ensemble, le tiers des émissions anthropiques de gaz à effet de serre.

Décevantes promesses

Ces promesses sont décevantes. Si elles sont tenues dans la durée, elles nous permettront, au mieux, de limiter à 53 milliards de tonnes de Ges par an nos émissions à l’horizon de 2030. Pour stabiliser le réchauffement à +1,5 °C à la fin du siècle, il faudrait en rejeter deux fois moins à cette échéance. La COP sera l’occasion de trouver de nouveaux moyens de réduire notre contribution au changement climatique.

Il sera aussi question d’argent. En 2009, les pays les plus riches s’étaient engagés à verser 100 milliards de dollars par an aux nations les plus vulnérables, à partir de 2020. Le deal n’a pas été tenu. Il faudra en conclure un autre et dissiper le sentiment de défiance qu’éprouvent certaines chancelleries du Sud à l’égard des capitales du Nord.

Vous avez dit adaptation ?

Ce sera nécessaire pour boucler la suite du programme. La COP 26 doit achever la rédaction des règles d’application de l’accord de Paris. Et notamment celles encadrant la comptabilité des émissions des pays et les échanges de crédits nationaux d’émission. Sujets éminemment politiques et terriblement complexes.
Dans la même veine, la communauté internationale doit aussi s’accorder sur un objectif global d’adaptation aux conséquences du réchauffement. Problème : à chaque pays sa conception des efforts à accomplir en ce sens. Menacés par la montée du niveau de la mer, les États iles du Pacifique seront plus sensibles à cette thématique qu’à la fonte des glaciers, sujet qui inquiète bon nombre de pays andins et alpins.

Les moyens de se disputer sont innombrables dans une COP. Au cours de cette 26e édition, les Etats devront aussi composer le menu du Global Stocktake, le grand bilan de l’action climatique mondiale, qui devra être présenté lors de la COP 28, en 2023.
Est-ce à dire que la stabilisation du réchauffement est un projet d’avenir et qu’il le restera ?

 

* La lutte contre le réchauffement est encadrée par une convention de l’ONU (CCNUCC), signée en 1992. Chaque année, les pays ayant ratifié ladite convention — les parties — se retrouvent pour une conférence des … parties ou COP. Ce parlement mondial élabore et vote les décisions entrant dans le cadre de la CCNUCC. En 2015, les parties ont adopté l’accord de Paris (Cop 21)qui vise à stabiliser le réchauffement entre 1,5 et 2 °C d’ici la fin du siècle.

C’est vraiment propre, une éolienne?

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Les éoliennes sont-elles la solution verte à la crise environnementale liée à la production d’énergie? Eléments de réponse.

Pour faire un bilan de l’empreinte carbone de la construction d’une éolienne, il faut prendre en compte  le balsa, la fibre de verre et les colles nécessaires à la fabrication des pales ; l’acier du mât, de la nacelle et du moyen ; les résines plastiques du nez ; le cuivre du transformateur, le béton des fondations. Les évaluateurs intègrent aussi dans leur calcul l’utilisation de la grue nécessaire à l’érection de l’éolienne, la construction des pistes d’accès, le raccordement au réseau de transport ou de distribution d’électricité.

Si l’on s’intéresse aux éoliennes marines, on n’oubliera pas d’intégrer l’énergie consommée par les bateaux d’installation et de maintenance à la feuille de calcul.Une  turbine installée en mer, actionnée par des vents réguliers, produira de l’électricité environ 40% du temps (soit 3200 heure par an) contre 22% (1760 heures par an) pour un aérogénérateur terrestre.

Ratio favorable

A volume de matière égale, le rendement est donc deux fois supérieur pour la machine offshore, ce qui allège son empreinte environnementale. Autre donnée intégrée dans les feuilles de calcul : le démontage de la machine et la fin de vie des produits.
Et, concrètement, qu’est-ce que cela donne ? Selon les générations d’éoliennes, leur lieu de production, l’endroit où on les installe, le bilan carbone varie de 5 à 25 grammes de CO2 par kWh produit. Pourquoi autant d’écart ? D’abord, il faut tenir compte du contenu en carbone de l’énergie nécessaire à la production des matières premières.

Énergie et recyclage

Or, l’énergie est bien plus carbonée en Chine (où 70% de l’électricité est produite par du charbon) qu’en France (où 90% de l’électricité est produite par des énergies non carbonées). Ensuite, les quantités de béton (très importantes) varient fortement selon la nature du terrain et la taille de la machine.

Enfin, on ne recycle pas partout les éoliennes qui ont arrivées au bout du rouleau. Aux États-Unis, les pales (difficiles à valoriser) sont mises en décharge. Ce qui dégrade plutôt le bilan environnemental de l’ensemble. En France, la loi impose aux propriétaires des machines de recycler la quasi totalité de leurs composants. Les centaines de tonnes de béton des fondations doivent aussi être récupérées. Very much better.

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