Melchior

Journaliste indépendant au service de la littérature et des paradis artificiels.

La nourriture des Dieux, ultime manifeste psychédélique de McKenna

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Terence McKenna est l’héritier de grandes figures de l’ère psychédélique US comme Huxley, Leary ou Burroughs. Diplômé de l’Université de Berkeley, ses sujets de prédilection sont le chamanisme et l’utilisation rituelle de plantes hallucinogènes à travers les âges. Focus sur  La Nourriture des Dieux, ouvrage que l’auteur lui-même désignait comme son “manifeste psychédélique”.

Le premier constat fait par McKenna est celui d’une société contemporaine qui s’attèle aux problèmes des dépendances aux drogues psychédéliques sur la base du modèle d’une société de consommation et d’individualisme qui ne laisse plus de place à l’onirisme et à la spiritualité ; « Qu’avons-nous perdu en niant la légitimité des pulsions individuelles vers l’usage de substances permettant un accès personnel au transcendantal et au sacré ? Répondre à ces questions nous amènera, je l’espère, à mesurer pleinement ce qu’il en coûte de nier la dimension spirituelle de la nature pour la considérer seulement comme une « ressource » à exploiter. »

Il ne s’agit bien entendu pas de faire l’apologie d’une consommation excessive de substances psycho actives ou de dessiner une frontière manichéenne entre ceux qui en usent et les autres mais d’ouvrir le débat à une consommation spirituelle qui vise la communion avec la nature et l’adoucissement de l’ego dominateur et destructeur. «  Il existe un lien de causalité étroit entre la répression qui touche la fascination humaine pour les états de conscience modifiés et la situation périlleuse dans laquelle se trouvent aujourd’hui toutes les formes de vie sur Terre ».

Dans son ouvrage Le Calice et L’Épée, McKenna part du postulat selon lequel des sociétés de partenariat plus féminisés ont précédé les sociétés dominatrices, matérialistes et dominées par le sexe masculin. MacKenna défend que nous sommes héritiers de cette société de domination et d’ego pour qui « modifier sa conscience au moyen de plantes ou de produits divers est intrinsèquement mauvais et reflète une attitude onaniste, perverse et anti-sociale », et qu’il est nécessaire voire urgent de faire évoluer le paradigme en s’inspirant des sociétés originelles de partenariat. Car ce qui rend le cannabis si détestable aux sociétés bourgeoises, alors qu’il est presque la première production agricole au Etats-Unis par exemple, c’est bien qu’il dissout les frontières de l’ego, apaise l’esprit, tout en laissant intacte la structure de la société ordinaire.

Verrons-nous un jour une société qui a renoué son alliance avec la nature et la spiritualité, une société qui prend le temps de vivre et de s’émerveiller en ralentissant la cadence ? Le cannabis et la normalisation de son usage font-ils partie intégrante de cette société nouvelle ? Peut-être. Nous étudierons, dans cette série d’articles, les écrits et les auteurs qui l’ont défendu.

 

Bonus, l’analyse des drogues psychédéliques de Mc Kenna

 

 

Un Goûter au Pays de la merveilleuse Alice B. Toklas

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Egérie gay bien avant l’heure, friande de sucreries et de cannabis, Alice s’est mis à table avec les plus grands du XXème siècle au cours d’une vie haute en couleurs et en scandales. Portrait d’un femme de goût.

Alice B. Toklas, femme de lettres américaine est un personnage aussi moderne que fascinant. Au delà d’une vie aux milles existences, elle fut avant tout la compagne de Gertude Stein et l’auteure du Livre de cuisine d’Alice B. Toklas. Ouvrage passé à la postérité pour sa célèbre recette de fondants au haschich et ses Recettes d’Amis réunissant les recettes-anecdotes favorites de Cecil Beaton, Pierre Balmain, Marie Laurencin pour ne citer qu’eux.

Le salon qu’elle tient à Paris avec Gertrude Stein devient rapidement le centre névralgique de la scène artistique du début du siècle ; Hemingway, Fitzgerald, Picasso, Matisse, Braque… tous sont des amis proches qui arpentent ce salon et les immortaliseront dans leurs tableaux et romans comme le couple délicieusement sulfureux qui conquit Paris.

Alice B. Toklas, photographiée après après un bon space-goûter

Alice B. Toklas écrit son livre de cuisine dans son style fin et mordant où ses recettes, pleines de connivence et de tendresse pour ses amis et ses souvenirs, semblent n’être que le prétexte d’un voyage entre les lignes de sa vie.

Sa recette du fondant au haschich qui fît scandale (et publicité rêvée pour Alice) est la recette magique de Brion Gysin, un écrivain qui vivait au Maroc et qu’elle rencontra dans les années 30. Elle présente ses fondants comme la nourriture du paradis : «  une euphorie et de grands éclats de rire, des rêveries extatiques et une extension de la personnalité sur plusieurs niveaux simultanés sont à prévoir avec satisfaction. Presque tout ce que Sainte Thérèse a fait, vous pouvez le faire encore mieux si vous vous laissez aller à un rêve éveillé ». Tout un programme.

On retrouve des clins d’œil à ses gâteaux planants dans les films et la musique de la culture hippie, le plus connu d’entre eux est sans doute I Love You Alice B. Toklas avec Peter Sellers. Quarante ans plus tard l’écrivain et dramaturge Diana Souhami racontera l’histoire du couple célèbre dans Gertrude et Alice. 

“I love you Alice B.Tolkas” (1968), film délirant sur fond de space-brownies, avec le tout aussi space Peter Sellers

Artiste, femme de lettres, ouvertement en couple avec une femme, icône parisienne, et championne des exquis effets du cannabis… Alice B. Tolkas, en avance sur son temps et hors du temps, originale et assumée qui s’était arrogé par son courage le droit de n’être rien d’autre que ce qu’elle voudrait être. Une égérie dont la vie marqua sublimement le XXème siècle et continuera d’inspirer, je l’espère, les générations à venir.

Le précieux livre de space-cuisine d’Alice B.Toklas est disponible sur Amazon ici

Cannabis MasterClass

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Biologiste de renommée internationale, normalien, agrégé de Sciences naturelles, professeur de physiologie cellulaire à Paris VI, président de la Société des Neurosciences, chevalier de la Légion d’Honneur, directeur de recherche au CNRS, Joël Bockaert force le respect comme l’admiration. À l’occasion de la sortie de son ouvrage Le cannabis, quelle histoire ! , nous avons pu lui poser quelques questions sur cette masterclass cannabique de 160 pages.

Que sait-on déjà des utilités médicales du cannabis ?
Nous pouvons compter quatre effets positifs confirmés du cannabis à usage médical quand il est administré à juste dose.
Déjà, ses propriétés anti-nauséeuses et anti-vomitives, salvatrices pour les patients sous chimiothérapie ou atteints du sida. Mais aussi ses propriétés antispasmodiques, efficaces pour calmer et prévenir les crises de spasmes de patients atteints par la sclérose en plaque. On peut aussi parler des propriétés antiépileptiques du CBD (pour des épilepsies résistantes aux traitements conventionnels ) et des vertus antalgiques du THC qui permettent aussi de réduire des douleurs chroniques. Il faut cependant souligner que ce sont des traitement de soulagement qui ne sont pas curatifs. Parmi les effets positifs mais à confirmer; une amélioration du sommeil, une stimulation de l’appétit et des propriétés anxiolytiques.

Et de ses effets néfastes ?
Rappelons d’abord que la quantité absorbée et la concentration en THC sont deux facteurs clefs des effets délétères du cannabis. En trente ans, la concentration en THC du cannabis issu du marché illégal est passée de 3-4 % pour l’herbe des années 90 à 25-32% pour la Skunk ou la Chem Berry. Sans parler des produits de synthèse analogues du THC (K2, Spice Black Mamma…) qui sont bien plus puissants et dangereux. Les effets délétères aigus d’une consommation excessive momentanée de THC sont les crises d’angoisse, les états oniroïdes (rêves éveillés) et les psychoses cannabiques. A cela il faut ajouter les dangers d’accidents, notamment automobiles. Les effets délétères sur le long terme peuvent être un manque de motivation, un affaiblissement de la mémoire, des déficits cognitifs, parfois le déclenchement d’une psychose endormie ou des complications cardio-vasculaires. Ces effets sont particulièrement graves chez les adolescents.

Quand on parle de CBD peut-on parler d’une ruée vers « l’or vert » ?
Il y a un marché incontestable et bientôt colossal du CBD (un des composant du cannabis non psychotrope) maintenant qu’il est légal d’en vendre et d’en consommer en Europe, avec un nombre de boutiques et de produits à base de chanvre qui ne cesse d’augmenter. Il y a visiblement une offre et une demande croissantes et des profits à faire. Mais les profits les plus faramineux, au niveau mondial, restent ceux du cannabis récréatif.

Combien de temps faudrait-il à la France pour devenir leader du marché du chanvre ?
La France a déjà régné sur le marché du chanvre à usage agro-industriel jusqu’au début du XXème siècle et en est aujourd’hui le quatrième producteur mondial. Le chanvre agro-industriel  produit en France contient moins de 0,2 % de THC. Il est utilisé légalement pour faire des vêtements, du plastique, du bio-carburant, des isolants etc… Rien ne s’oppose à ce que la France redevienne le leader mondial de ce marché en moins de 10 ans avec un produit du terroir !
Reste à développer une filière du cannabis thérapeutique (qui sera vraisemblablement légalisé en France ) et récréative… si la légalisation progressive du cannabis est décidée en France.

Pouvez-vous nous faire un état des lieux du succès ou de l’échec des politiques répressives actuelles ?
La politique répressive actuelle est un indéniable échec. Avec seulement 10% du cannabis récréatif saisi, plus de 4000 points de ventes partout en France, même si on en fermait un par jour,  il faudrait dix ans pour les supprimer tous. Nous sommes un des pays qui consomme le plus de cannabis au monde. L’alcool et le tabac -beaucoup plus dangereux pour la santé- sont en vente libre alors que la consommation ou la vente de cannabis est illégale. Cette incohérence fondamentale est une des raisons de l’échec cuisant de notre politique de répression.

Doit-on penser une légalisation du cannabis qui s’accompagne de campagnes d’information ?
Ce qu’il faut, c’est proposer un débat sans idéologie qui mettra face à face le pour et le contre d’une légalisation ainsi que des moyens d’y parvenir. Pour que ce débat existe, une campagne d’information est absolument nécessaire. Il s’agit d’analyser les effets positifs et négatifs de la légalisation.
Positifs : une vente de produits bien contrôlés notamment pour le taux de THC, la possibilité de faire des campagnes massives d’information sur les dangers d’une consommation excessive, la réduction de trafics illégaux et le dégagement de recettes fiscales.
Négatifs : légaliser une drogue est un acte problématique pour n’importe quel politique face à un cannabis illégal qui risque d’être moins cher et toujours plus fort en THC. Il faudra aussi trouver une autre ressource de revenus et d’emploi pour tous ceux qui vivent indirectement du trafic. Ce qui est le point le plus problématique. Seul un vote populaire pourrait trancher. Notons que la meilleure politique, quand il s’agit de drogues, est toujours celle qui éduque, accompagne et sollicite ses citoyens plutôt que celle qui les puni et les infantilise.

Quels seraient les effets d’une légalisation totale ou partielle sur le marché noir ?
On peut espérer qu’une partie du trafic soit supprimée. Les usagers « raisonnables » préférant acheter des produits « sûrs » et légaux. Mais il faut nuancer les choses: l’éradication totale du trafic sera très difficile et l’on ne défait pas en un jour un système qui s’est construit sur des décennies et qui rapporte beaucoup.

Qu’attendez-vous de ce livre?  Est-ce l’aboutissement d’un propos ou le début d’un débat ?
Ce livre a pour but de dresser le tableau le plus réaliste possible de l’histoire, du potentiel économique énorme du chanvre agro-industriel, du rôle socio-culturel du cannabis, de ses effets positifs et négatifs avérés afin d’organiser  un débat sérieux fondé sur des références scientifiques et des rapports publiés.

Joël BOCKAERT
Cannabis, quelle histoire!
UGA éditions
12€

L’ouvrage est disponible sur Amazon via ce lien

 

Jerry Rubin, Yippie Manifeste.

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« Une société qui abolit toute aventure fait de l’abolition de cette société la seule aventure possible » professait Jerry Rubin dans son manifeste révolutionnaire. Un concept qui résume parfaitement la philosophie Yippie, ce mélange de culture Hippie, anar’ et communiste. Portrait d’un militant flower power (to the people).

Un personnage intéressant ce Jerry Rubin. D’origine américaine il s’engage très tôt dans le combat pour les droits des Afro-Américains et fonde peu après le VDC (Vietnam Day Committee). En 1966, il organise les premières manifestations contre la guerre au Vietnam.

La postérité, il la rencontrera un an après avoir fondé le mouvement Yippie (Youth International Party) avec son ami Abbie Hoffman. L’initiative étudiante et contestataire née sur le campus de Berkley  va se retrouver au centre de la grande affaire de ce Summer of Love.
Ce sera le procès des “Chicago 7” (immortalisé dernièrement par un film éponyme disponible sur Netflix), durant lequel Rubin, Hoffman et cinq autres activistes vont se retrouver sur le banc des accusés, inculpés de conspiration et d’ incitation à l’émeute. Après plusieurs jours d’un procès haut en couleurs, ils seront libérés.

Sacha Baron Cohen en Abbie Hoffman, Jeremy Strong en Jerry Rubin (The Trial of the Chicago 7)

Favorable à une dépénalisation du cannabis, son mouvement organise les premiers Smoke-In (l’équivalent du sit-in, mais en décollant) sur les marches du Pentagone, et en pleine révolution psychédélique, Rubin propose de verser un peu de LSD dans les canalisations d’eau des grandes villes… Son livre Do it !(sous-titré Scénarios de la Révolution) est précédé d’un introduction d’Eldridge Cleaver, un militant Black Panther qui s’était présenté aux présidentielles de 1968, on le cite : «Je me joins à Jerry autour du désir absolu de détruire l’ordre social existant aux Etats-Unis d’Amérique. »

Le drapeau officiel des Yippies. Fond noir, étoile rouge et feuille de Ganja: l’ambiance est donnée.

C’est pourtant ce même homme qui reniera son passé révolutionnaire pour se lancer dans de profitables opérations boursières, qui lui vaudront la haine fratricide de son ami Abbie Hoffman (qui se suicidera en 1989) avant de mourir écrasé  par une voiture alors qu’il traversait la rue pour rejoindre une femme, hors des clous…
Et si l’on est fantasque, on peut s’autoriser à penser qu’elle lui vaudront aussi la note poétique de sa mort.

Le révolutionnaire, look de Rock Star échappée de Woodstock

Entre les lignes de son œuvre, se glisse une poésie lumineuse, une agilité des mots qui fait danser ses propos même les plus venimeux, parmi ces phrases qui restent en l’air on compte : « l’herbe voyage à travers une chambre comme un baiser sans cesse en mouvement », ou « la marijuana est le théâtre des rues de l’esprit », ou encore « l’école fait de nous des cyniques. Le hash fait de nous des rêveurs ». Mais il s’en dégage aussi une conviction voire une promesse de violence qui semble une fleur de rage dans un champ de belles paroles : « Légalisez la marijuana, la société se déglinguera. Continuez à l’interdire, vous aurez bientôt une révolution. »
Chiche?

Bleu Candide, le chanvre Haute Couture. 

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Bleu par cœur, candide par optimisme, Bleu Candide se place comme l’acteur luxe et poétique du monde du chanvre bien-être et mérite bien sa place au Panthéon du CBD Haute Couture. Zeweed a rencontré Augustin Weinberger, co-fondateur de la marque.

Avec pour mot d’ordre la légèreté et pour ambition l’excellence, cette jeune marque s’adresse à une clientèle active qu’elle souhaite accompagner tant dans l’effort que dans le réconfort. Les produits et le packaging sont conçus et réalisés en France, sous l’égide vigilante de ses laboratoires partenaires. Ils ont fait le choix de contenants en verre qui permettent d’assurer la fraîcheur et la durabilité de leurs fleurs comme de leurs huiles ou compléments alimentaires. Mais aussi celui d’une esthétique élégante et dessinée qui leur offre une silhouette parisienne et actuelle.

« Bleu Candide, c’est la légèreté des plaisirs simples déguisée en parisienne » Maxime Pont, co-fondateur.

Zarathoustra : le mariage à trois du  Cannabidiol, de l’Arnica et du Jojoba, réunis pour une divine et paradisiaque onction.

Leur sélection de fleurs et produits dérivés est entièrement originale et leurs formules sont conçues spécialement pour une application utile et quotidienne. Fleurs à infuser, huiles sublinguales ou corporelles et compléments alimentaires, leurs sélections sont organisées autour de collections semestrielles, dont la première porte le nom rêveur d’Apothicaire, en hommage au savoir-faire séculaire des plantes et du bien-être.

Zeweed : Bleu Candide est une jeune marque, pouvez-vous nous raconter sa genèse ?
Augustin Weinberger : C’est la passion partagée pour les fleurs et le chanvre & ce qu’ils peuvent apporter de luxueux à chacun qui nous a inspiré. Nous rêvons d’une marque à l’image du luxe français, qui valorise son histoire d’excellence, ses savoir-faire et sa vision « lifestyle ».
On a également l’ambition d’ajouter une touche poétique, insolente et française à un secteur oscillant entre un langage factuel des laboratoires, une vision « bien-être naturel » et les codes américains du THC récréatif.

Hercule, c’est le cbd du quotidien : gingembre, menthe poivrée, vitamine E rehaussés de  5% de cannabidiol.

Quelles sont les valeurs que vous défendez ?
Notre valeur fondatrice, c’est la légèreté. Se sentir léger, c’est être bien dans son corps. Pour nous, se sentir léger, c’est aussi choisir, c’est avoir la conscience tranquille, c’est assumer qui l’on est & ce qu’on veut. Concrètement, c’est une forme de responsabilité.
La légèreté se retrouve aussi dans des moments vécus ou à vivre, extrêmement précieux.
Et enfin, la légèreté c’est un ton, une attitude, une forme d’imagination très française, profondément liée à sa littérature, son cinéma & sa musique.
Pour le chanvre, on ne peut pas revendiquer cette valeur si nos produits ne sont pas français, si on utilise du plastique acheté à l’autre bout du monde, si nos clients ne peuvent pas faire entièrement confiance à la qualité de nos produits.
En bref, la légèreté résume nos convictions quant à l’environnement, notre niveau d’exigence, notre positionnement, notre vision du bien-être, etc.

Relaxation garantie via les charmes de la camomille romaine, de l’orange douce, de la marjolaine à coquille et d’un généreux 15% de cannabidiol (CBD).

On remarque tout de suite un soin particulier apporté à l’esthétique de vos produits et emballages, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
On a énormément travaillé sur la formulation de nos produits ainsi que sur la qualité des ingrédients choisis : on associe donc le CBD à des extraits d’huiles essentielles et agents actifs pour des saveurs subtils et des produits efficaces.
Pour valoriser cette démarche, on a choisi de travailler un packaging à l’image de la qualité de notre catalogue. Ce qui est bon doit être beau, ce qui est beau doit être distinct : nos flacons ont des noms singuliers comme « hercule » ou « zarathoustra », clin d’œil à leurs « personnalités ».

Sublimes perles de douceur en gélules, les Muses, c’est la légèreté à transporter sur soi pour un voyage dans tous vos voyages.

Tout est fabriqué en France et on travaille exclusivement avec des entreprises françaises. Tout est stocké dans du verre, fabriqué dans des usines françaises avec du carton pour l’emballage. On utilise 96% de matières recyclables ou recyclés ! On a fait le calcul et il reste le scotch, le caoutchouc de la pipette & le couvercle des muses.
Pour nos huiles sublinguales « hercule » 5% et « égérie » 15%, nos flacons sont en 15ml : un détail pas si insignifiant puisque le flacon dure plus longtemps, ce qui signifie moins de commandes, moins de déplacements, moins de déchets, etc.
Notre but, c’est de donner l’envie d’offrir, à soi ou à quelqu’un auquel on tient.

Le chanvre sauvera-t-il le monde ? 
Le chanvre ne sauvera pas le monde, quoiqu’il serait beaucoup plus tranquille si tout le monde en prenait.

Propos recueillis par Melchior

Retrouvez sur leur page Insta @bleucandide, recettes, cocktails, offres spéciales et jeux concours pour un peu de légèreté grand luxe dans ce monde de brutes.

Eric Coquerel : Liberté, Légalisation, Fraternité.

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A l’initiative d’Eric Coquerel (LFI), un projet de loi de légalisation du cannabis est débattu aujourd’hui jeudi 13 janvier à l’Assemblée nationale. En juin dernier, nous avions rencontré le député insoumis de la Seine Saint-Denis, alors qu’il venait de présenter sa proposition trans-partisane pour examen préliminaire. Entretien.

Vous avez présenté et soutenu un projet de loi trans-partisane visant à légaliser le cannabis. Il y a tant urgence?
Oui, car nous nous entêtons dans une politique de prohibition désastreuse, malgré les quelques avancées sur le cannabis thérapeutique et la tendance grandissante du CBD.
Cette politique axée seulement sur la répression est un indéniable échec qui fait preuve de pas mal de démagogie et de beaucoup d’hypocrisie. L’amende délictuelle, par
exemple, est à mon sens une manière d’admettre notre incapacité à empêcher la consommation en taxant les consommateurs.
Le cannabis représente 80 % du trafic de drogues et seulement 5% des marchandises importées sur le territoire passent entre les mains des douaniers. Même s’il resterait une part de marché noir à réprimer (deux ans après la légalisation au Canada, le marché noir ne représente plus que 40% du commerce de cannabis NDLR), on voit que cela libérerait beaucoup de temps et de ressources. Plus disponibles, les forces de police seraient en mesure de créer des unités spécialisées, de développer les réseaux de douanes et une vraie police de proximité.
Aujourd’hui, le coût exorbitant de la criminalisation de la consommation et son inefficacité avérée indiquent qu’un changement de politique est nécessaire, voire urgent.

“Poser la question de légalisation, c’est restituer le débat en allant aux causes de la problématique”

L’opinion publique est majoritairement favorable à la légalisation du cannabis. La droite et la majorité peuvent-elle faire l’économie de cet électorat?
C’est tout le paradoxe de la situation actuelle, l’opinion publique est de plus en plus favorable et curieuse de cette légalisation alors qu’une partie de la classe politique est de plus en plus frileuse à l’idée d’aborder le sujet. Pourtant des voix favorables et trans-partisanes se réunissent autour de notre projet de loi qui vise à lutter contre le commerce illégal des drogues en France, à l’instar de Caroline Janvier (LREM) qui l’a récemment signé.
Alors que le thème du débat électoral semble être arrêté sur la question de la sécurité, nous visons à le rediriger vers un débat qui tourne autour de solutions pratiques et réalistes pour lutter contre le trafic de drogues. Car c’est bien ce dont il s’agit quand on parle d’insécurité ; l’ennemi numéro un c’est le trafic.
Poser la question de légalisation c’est restituer le débat en allant aux causes de la problématique, au lieu de ne traiter que ses effets.

“Le cannabis pourrait devenir un élément d’intégration”

La légalisation peut-elle se faire en impliquant les quartiers? Croyez-vous en une légalisation qui soit un moteur social?
Si la légalisation du cannabis s’accompagne de la création de filières de formations, et permet à ceux qui ont acquis une forme d’expertise de passer dans un domaine légal dont ils peuvent être fiers, le cannabis pourrait devenir un élément d’intégration. Il ne faut pas oublier les 240 000 personnes qui vivent indirectement et par capillarité du marché illégal, et leur proposer d’autres moyens de subvenir à leurs besoins. Il serait aussi judicieux, de s’inspirer du Portugal : c’est à dire décriminaliser la consommation personnelle de cannabis et d’autres drogues et de passer le dossier du Ministère de l’Intérieur à celui de la Santé, assumant ainsi la prédominance de la santé publique sur la répression. Le succès de leur politique de lutte contre le trafic de drogues est indéniable et mérite qu’on s’en inspire.

“Il serait judicieux de s’inspirer du Portugal”

La légalisation en France, c’est pour quand?
La majorité grandissante de l’opinion politique favorable à la légalisation du cannabis rendra inévitable l’ouverture du débat et nous verrons probablement dans les années à venir de plus en plus de voix partisanes s’élever, à condition que le virage à droite du débat politique soit freiné. La légalisation du cannabis a le
potentiel de renverser la dialectique de répression et de mettre fin à la guerre contre la drogue au profit de la paix sociale. Il ne faut rien lâcher !

Eric Coquerel à l’Assemblée nationale le 13 janvier 2022, alors qu’il soutient son projet de loi sur la légalisation du cannabis.

Yann Bisiou, “le marché du cannabis se fera aux dépens de ceux de l’alcool, du tabac et des médicaments”

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Figure emblématique de la légalisation en France, Yann Bisiou est au cannabis ce que Greta Thundberg est à l’écologie : un obstiné de la cause verte. Nous l’avons rencontré pour une interview sans masque et sans filtre.

Quel bilan tirer de la politique française sur le cannabis?
Ces deux dernières années, la France a fait des progrès considérables en matière de légalisation du cannabis et de son usage. Hélas, depuis six mois, nous assistons à un saisissant retour de la guerre contre la drogue et de la prohibition dans ses aspects les plus néfastes. Rappelons que la Loi du 31 décembre 1970, qui pénalise l’usage du cannabis, fut défendue comme un moyen d’incitation aux soins (gratuits) répondant à des enjeux de santé publique.

Que pensez-vous de l’amende délictuelle à 200 euros pour les consommateurs de cannabis ?
C’est une catastrophe. Ou plutôt une catastrophe annoncée: nous savions dès le début que l’amande serait un échec dans la mesure ou elle ne permettrait pas de verbaliser plus de 300 000 contrevenants par an.
300.000 verbalisations en 9 mois sur 135 millions de consommations annuel et 900 000 usagers quotidiens… c’est dérisoire. Par ailleurs, l’amende délictuelle forfaitaire annihile toutes velléités de santé publique puisqu’elle ne permet plus de suivi médical gratuit pour les usagers. Un doux mélange entre idéologie et déni de réalité.

Yann Bisiou, France, cannabis, weed, légalisation,
“Avec la radicalisation du discours politique il faudra être particulièrement vigilant, attentif et aidant envers ceux qui auront le courage de continuer le combat avec un discours raisonnable” Yann Bisiou.

Qui sont les détracteurs de la légalisation en France et quels sont leurs arguments?
Depuis deux ans les efforts pour aborder intelligemment la question de la légalisation étaient trans-partisans et semblaient mettre la droite et la gauche d’accord. Mais le Ministre de l’Intérieur s’est approprié le sujet et en a fait le fer de lance d’un discours ultra-répressif et simpliste : “la drogue s’est mal donc je l’interdis, même si la politique de prohibition est un échec à tous les niveaux”. De fait, on creuse le sillon. On sent la volonté du gouvernement de se rapprocher d’un électorat de droite plus ou moins radicale à l’approche des élections, mais aussi de plaire au lobbies Big Pharma et alcools qui voient l’arrivée du cannabis d’un très mauvais œil. La filière du chanvre est désorganisée et ne porte pas de message unique. A ce titre elle n’est pas encore de taille face aux géants de l’alcool et du médicament.

“Le lobby Big Pharma voit d’un très mauvais oeil l’arrivé du cannabis”

L’argument économique ne peut-il pas séduire la droite ?
C’est un argument à double tranchant: même s’il est réel, le marché du cannabis se fera aux dépens de ceux de l’alcool, du tabac et des médicaments, qui rapportent énormément à l’État. C’est un calcul intéressé. Quant à l’aspect politique de la question, il faut savoir que le débat n’a pas lieu sur un terrain factuel mais sur celui d’ idées préconçues.

La dette croissante,  la crise économique et sociale à venir ne vont-elles pas nous amener à un référendum sur la légalisation?
Je crois qu’un référendum est très peu envisageable à un an des présidentielles alors que les grands thèmes du débat sont déjà figés, entre autres sur la sécurité. Le gouvernement ne changera pas de discours aussi près des présidentielles. Si la question du cannabis est abordée, elle le sera sous le prisme de la sécurité et de la répression.

Qui aurait dans le paysage politique actuel, le courage ou l’intérêt de défendre la légalisation du cannabis ?
Presque toute la gauche s’est exprimée sur le sujet. De manière générale les voix progressistes sont très favorables à la légalisation. A ces dernières, il faudra ajouter quelques voix de centre-droit et de droite. Mais à l’aube des présidentielles, les voix favorables se tairont quand le discours de prohibition sera martelé comme marqueur de la droite dure.

“Le CBD aurait du être le pain béni (…) mais tout est fait
depuis 2018 pour étouffer économiquement la filière”

Le CBD, qui n’a pas d’effets psycho-actifs,  peut-il représenter une alternative viable à ce nouveau marché ?
Le CBD aurait du être le pain béni de la France. Mais tout a été fait depuis 2018 pour étouffer économiquement la filière en limitant les réseaux de distribution et en dissuadant les acteurs du marché d’investir. La commercialisation de fleurs sera interdite au profit de produits dérivés du CBD (crème, huile, etc). Alors que nous sommes un des premiers producteurs de chanvre au monde, nous allons devoir importer notre CBD!

Que peut-on espérer du débat à venir sur la légalisation?
Nous pouvons espérer que la filière du chanvre s’organise autour d’un même discours et d’une même stratégie, au lieu de se diviser comme ils le font aujourd’hui. Avec la radicalisation du discours politique il faudra être particulièrement vigilant, attentif et aidant envers ceux qui auront le courage de continuer le combat avec un discours raisonnable. Il ne nous reste plus qu’à espérer que les forces du progrès ne lâchent pas l’affaire !

Interview réalisée en juin 2021

Calmos, French macho manifeste

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Sorti en 1974, “Calmos”,  de Bertrand Blier est un monument du cinéma français que j’ai visionné dans les meilleurs conditions:  projeté sur un drap blanc. Car c’est bien d’une affaire de draps dont il s’agit. De draps froissés par les ébats charnels évidement -dans ce film du réalisateur “Des Valseuses”-, mais aussi des beaux draps dans lesquels se sont mis les hommes, pour avoir trop tiré la couverture à eux. Calmos, c’est le dernier rugissement du mâle franchouillard et misogyne, le chant du signe des machos moustachus en charentaises et l’avènement karmique du beau sexe décomplexé.

Le film raconte l’amitié de Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort, deux hommes qui auront passé leurs vies au service du sexe fin, dans leurs professions (respectivement gynécologue et maquereau) comme dans leurs vies intimes. À bout de forces comme de nerfs, ils s’échappent ensemble à la poursuite d’un idéal : une vie paisible entre hommes, faite de pinard, de tabac et de gourmandises.

Ils construisent ainsi leur Eden dans une jolie maison de campagne, et règlent leurs journée autour de leurs repas, tous plus gourmands et alcoolisés les uns que les autres.
Ils font vite la rencontre du Curé local (Bernard Blier) qui partage avec eux leur appétit gargantuesque, leur aversion des femmes et leur profonde nymphomanie.

Mais elles n’ont pas dit leur dernier mot, ces mangeuses d’hommes et les ramènent par la peau des fesses à Paris, impatientes de les asservir à leur plaisir. Une fois encore, nos deux amis tentent le tout pour le tout et s’évadent en une échappée belle dont les rangs seront vite grossis de tous les hommes qui auront entendu l’appel de la liberté. Mais la femme est un loup pour l’homme et méticuleuses, elles sont immédiatement organisées et efficaces, la révolte est écrasée avec une facilité déconcertante et les hommes mis en esclavage sexuel.

Marielle et Rochefort n’y échappent pas et sont chimiquement transformés en machine à bander au service de la sexualité des milliers de libidos féminines qui viennent s’asseoir sur leur virilité, à raison de trois minutes chacune.
Nous les retrouvons quelques décennies plus tard, dans la suite d’un film qui devient complètement surréaliste, évadés une fois encore, en cavale, jusqu’à ce qu’ils tombent dans une grotte humide et rose…

Je pose mon verre de calva gourmand, reprenant mon souffle, je viens d’achever un voyage onirique et réjouissant au cœur de nos appétits charnels et de leur diktat sur nos vies, je vais reprendre un peu de pâté.
Aujourd’hui tout le monde a son combat, tout le monde a quelque chose à dire, on s’insurge, on dénonce, on se résigne, mais on ne rit plus beaucoup. Un film comme Calmos ne pourrait probablement pas passer entre les filets de la morale de l’humour.
Nous sommes devenus trop sérieux et avons peut-être perdu, en voulant ne froisser personne, la capacité de rire de nous-mêmes. Pourtant, elles existent ces révolutions joyeuses, elles sont la fête, la danse, la musique, la peinture, le cinéma, le théâtre, tous les arts et plus encore, mais elles ne sont pas sans humour. Elles sont des révolutions intimes et profondes, qui sont des célébrations de la vie, ces quelques minutes où nous rions de nos propres petitesses.

Si le monde est au bord de la crise de nerfs, faisons l’humour pas la guerre et devant les crises à venir rappelons-nous les mots de Mel Brooks « La tragédie c’est lorsqu’on se coupe le doigt. La comédie c’est quand on tombe dans une bouche d’égout ouverte et que l’on meurt ».

Signé “Z” comme Zeweed

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Le XXème siècle était celui de la dérégulation du capitalisme, du frigidaire et des micro-ondes, le XXIème est, et sera celui des éboueurs.

Le Contrat d’Ignorance

L’intelligence et la bêtise sont deux faces d’une même pièce, et si l’on peut se pâmer d’avoir inventé la 5G, mis le pied sur la Lune, et fait la gloire des Kardashians, on omet volontairement le contrat d’ignorance que le « progrès » implique. Pendant des décennies l’humanité a choisi de voir le monde qui l’accueille et ceux qui l’habitent comme une ressource inépuisable dont elle s’est arrogée le droit de vie et de mort, en fermant les yeux sur l’horreur que ce système suppose. Le jambon arrive tout cuit tout rose dans le rayon du supermarché. Un vol Paris-Lisbonne coûte moins cher qu’un dîner au restaurant. On déboulonne des statues au nom de la honte de l’esclavagisme mais on le fait un Iphone dans la main, des Nikes au pieds et une veste Zara sur les épaules, à la fois consommateurs et citoyens, dénonciateurs et complices.
C’est ça le contrat d’ignorance.Constamment distraits, on ne prend plus le temps de la nuance et de la perspective, on refuse de penser au niveau de confort dont une société doit jouir pour qu’un dirigeant politique puisse oser faire la guerre à la mort. Ce délire de surpuissance qui transforme les laboratoires pharmaceutiques en héros des temps modernes est le prolongement logique de la promesse du capitalisme déchainé.

Une fois que nous vous aurons vendu le bonheur, nous vous expliquerons comment en profiter pour l’éternité, et si vous avez besoin d’autre chose, mettons de liberté, ne vous inquiétez surtout pas, nous vous apprendrons à vous en passer.

Le Capital Jeunesse

Il a fallu peu de temps pour qu’on s’endette, comme toujours, au nom de nos enfants pour nos problèmes d’adultes. « Quoi qu’il en coûte »… Facile à dire quand ce n’est pas toi qui payes. Ce sont les mêmes personnes qui ont passé soixante-dix ans à jeter leurs canettes dans la mer en se disant que ce n’était pas leur problème, pour qui nous sacrifions sans hésitation et sans concertation l’avenir de toute la jeunesse.
Une génération entière qui nous laisse en héritage la responsabilité de toutes leurs erreurs, et bien sûr, le loisir de payer leurs dettes.
On pourrait s’attendre à une forme de déférence envers ceux qui ramassent vos déchets, mais non, ils ont trop pris l’habitude de ne pas voir les éboueurs. Surtout ne nous arrêtons pas en si bon chemin, du mépris à l’insulte il n’y a qu’un pas ; nous allons les rendre publiquement responsables du développement d’une épidémie mondiale, en leur expliquant, au passage, à quel point ils sont irresponsables et inutiles.

Ah ces jeunes, trop bons, trop cons…

Énergie Renouvelable et Constamment Renouvelée

Alors qu’on martèle l’urgence d’une politique économique et sociale de développement durable, on refuse de reconnaître l’énergie renouvelable et constamment renouvelée qu’est la force de création de travail et d’imagination de la jeunesse. Non, il faut les parquer, les infantiliser et leur faire croire qu’ils sont des héros en pantoufles parce qu’ils ne font plus que consommer et se distraire.
Si nous sommes en guerre pourquoi ne dit-on pas « les femmes et les enfants d’abord » ? Pourquoi se permet-on d’hypothéquer la jeunesse ?  Quelle crise, quelle révolution faudra-t-il pour que vous nous donniez la chance d’exister pour de vrai, et le respect que nous méritons tous, nous les garants de vos erreurs ?

L’Histoire ne sera pas tendre avec ceux qui ont tout pris et n’ont rien laissé, nous ne sommes riches que de ce que nous avons donné.

To legalize or not to legalize?

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Alors que les élections présidentielles approchent en France, la question de la légalisation du cannabis s’invite dans le débat. Si les pays ayant mis fin à la prohibition de l’herbe affichent un bilan positif et que le marché du cannabis est en pleine explosion, la position des pouvoirs publique reste de faire dans la repression, sans donner de signe d’ouverture.

La France est non seulement le premier consommateur de cannabis d’Europe, avec un marché évalué par l’OFDT à plus de 3,24 milliards d’euros de revenus par an, mais aussi le premier pays producteur de chanvre d’Europe avec 35% des surfaces européennes cultivées en chanvre. Un cadeau du ciel pour les consommateurs, les entrepreneurs et l’État : la plus grande offre et la plus grande demande de cannabis sur le même territoire d’Europe… Et pourtant, les gouvernements successifs, s’ils ne rechignent pas à en débattre, refusent d’autoriser la production et la vente de fleurs de chanvre françaises.

Alors que l’État de New York vient de légaliser son usage récréatif et que le cannabis canadien légal fête ses deux ans, voyons comment se portent nos amis d’Amérique du Nord… Au Québec où la vente de cannabis est nationalisée, sous la forme des dispensaires de la SQDC, le gouvernement du Québec a encaissé 103 millions de dollars en 18 mois, dont il a reversé 20 millions aux municipalités. Le nombre de fumeurs n’a pas explosé mais augmenté de seulement 2%. Aux Etats-Unis, le marché du cannabis, alors qu’il n’est pas autorisé sur tout le territoire serait estimé à plus de 70 milliards de dollars en 2021. Ça fait quand même un peu réfléchir…

Une crise économique et sociale sans précédent se profile à l’horizon. Dans ce contexte, l’ouverture d’un nouveau marché très prometteur, qui crée de l’emploi (qualifié et non qualifié) et rapporte autant d’argent à l’État, tout en permettant d’assener un coup furieux au marché noir et à la criminalité qui l’entoure, n’est pas une mesure qu’on peut balayer avec indifférence.

Les français attendent des candidats qu’ils s’emparent de la thématique et prennent position, à l’instar des citoyens qui ont répondu très clairement à la consultation nationale lancée par le gouvernement avec un écrasant 80,8% de répondants favorables la légalisation du cannabis récréatif. Je ne crois pas qu’un politique, de quel bord soit-il, puisse passer à côté de 80% des électeurs, dont certains ne voteraient probablement pas si cette question n’était pas abordée (on rappelle que le taux d’abstention des dernières élections présidentielles était de 25% soit un quart des votants).

On peut imaginer que la question de la légalisation du cannabis en France devienne un des axes centraux des prochaines présidentielles, voire même qu’elle prenne la forme d’un référendum (qui ferait du bien aux français qui ressentent plus que jamais le fossé entre eux et leurs élus).