En Thaïlande, le gouvernement a fait volte-face 18 mois seulement après la légalisation du cannabis, demandant à son administration de faire avancer rapidement un projet de loi recriminalisant la plante. Mais les Thaïlandais font entendre leur désacord sur ce retour en arrière.
Partout dans Bangkok, les touristes et locaux sont invités à acheter du cannabis au sein de boutiques-dispensaires qui ont poussé comme des champignons après mousson, flanqués de centaines de food-trucks et petites échoppes proposant des menus infusés au cannabis.
Une ruée vers l’or vert en passe de changer à la vue de nouvelles propositions visant à réglementer strictement l’usage du cannabis pour le limiter uniquement au thérapeutique. Soit aux patients Thaïlandais munis d’une ordonnance. Une grande déconvenue pour le ganja-tourisme et la manne financière qu’il représente. En l’espace d’un an, le cannabis-business a généré quelque 728 millions d’euros, et devrait atteindre 8,7 milliards d’euros d’ici à 2030.
Depuis la légalisation, ce sont plus de 1,1 million de Thaïlandais qui se sont inscrits afin d’obtenir une licence de culture, alors que plus de 6 000 dispensaires de cannabis ont vu le jour dans le pays.
Un million d’emplois menacés
Au lendemain des élections générales qui se sont tenus en mai dernier, la Thaïlande a changé de gouvernement pour le parti conservateur de coalition “Pheu Thaï” qui voit d’un mauvais oeil la consommation et le lucratif commerce de belle plante enivrante.
Durant la campagne électorale, le Pheu Thai a lourdement fait campagne sur l’interdiction de l’usage récréatif de la weed estimant qu’elle présente des risques pour la santé et pourrait entraîner des problèmes de toxicomanie chez les jeunes.
Avant la légalisation du cannabis en Thaïlande (en juin 2022) le pays appliquait une législation sur les drogues parmi les plus sévères au monde.
La possession de cannabis était passible d’ une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 15 ans. La tristement célèbre prison centrale de Bang Kwang – AKA “The Bangkok hilton” en référence aux conditions de détention sordides dans un univers carcéral surpeuplé avait un effet dissuasif majeur sur les touristes.
Retour des lourdes peines pour consommation d’herbe
Ce nouveau projet de loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 1 560 euros pour l’usage récréatif assorties de peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an. Il propose également des amendes pouvant aller jusqu’à 2 600 euros pour la publicité ou la commercialisation du cannabis à des fins récréatives et d’une peine d’emprisonnement d’un à trois ans ou d’une amende de 20 000 à 300 000 bahts (520 à 7 780 euros).
Alors que les dispositions encadrant ce volte-face sont encore peu claire, les Thaïlandais ont été invitées, via un sondage, et non un référendum, à donner leur avis sur la question et ont fait savoir qu’ils étaient contre.
Désaccord majeur
Le 8 juillet, une grande manifestation pour un maintient de la légalisation a eu lieu dans la capitale thaï.
Le même jour, M. Prasitchai Nunual, secrétaire général du Réseau pour l’avenir du cannabis thaïlandais, a critiqué la décision du ministère de récriminaliser le cannabis sans former de comité mixte pour l’établissement des faits.
Selon lui, cette décision du nouveau gouvernement est largement influencée par des intérêts financiers qui font pression sur le gouvernement pour monopoliser le contrôle du cannabis. Les intérêts du peuple, eux, se font valoir par sondage et dans la rue.