Marché noir : coup de froid sur les fours

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Concurrencés par les livraisons à domicile prises via WhatsApp ou Signal, sérieusement pénalisés par la pandémie,  les ventes de weed en points fixes perdent du terrain. À l’heure des packaging collectors, des livreurs branchés sur tous les réseaux sociaux et d’un service plus rapide que Deliveroo , les “fours” sont de plus en plus délaissés. Enquête sur le déclin du street-deal.

La nuit, la ligne 4 du métro est désormais animée de son charme du vintage … et l’indisponibilité de mes livreurs. Je descends à la station Simplon dans le 18ème. Le point de vente est à 200 mètres. Ils sont trois dans la rue, mais n’ont plus rien. Direction le terrain central (ou four, dans le jargon) à 20 minutes à pied. Le trajet est étonnamment bien balisé. Un premier guetteur nous indique un trou dans le mur qui donne sur un parking aux lampadaires cassés. Le seul endroit éclairé est un hall d’immeuble où sont assis une dizaine de personnes.

« Seuls les clients montent ». 6 étages, je laisse mon pote y aller. Il y a un monde fou pour un jeudi soir : je regrette presque le métro en heure de pointe. C’est une vraie industrie qui tourne « 24 sur 24, 7 jours 7 » : guetteur, vendeurs, gérants pour une centaine de clients par jour. Impossible de différencier les uns des autres. Surpris, je me retrouve à indiquer un étage à des acheteurs.

La livraison à domicile, secteur en plein essor

La livraison à domicile n’est pas un phénomène nouveau mais il a connu une nette  augmentation depuis 2012. Soit la restructuration d’un secteur qui s’adapte et achève sa transformation digitale en empruntant tous les codes du marketing (promotion des clients fidèles, centre d’appel pour répartir les livreurs, estimation du temps de trajet, pubs régulières et relances – avec des photos parfois dignes de L’Oréal -, sans parler des emballages de plus en plus attractifs. Preuve en est la campagne de communication sous l’égérie du rappeur Mister You qui vendait la qualité du produit sur une vidéo Snapchat.

Le coup de grâce pour les “terrains” ?

L’affaiblissement des fours par les opérations de polices et le développement de ces nouvelles techniques de vente transforme le marché : le « démantèlement de points de vente a poussé les dealers à aller à la rencontre des clients » précise une publication Tendance de 2016.

Les clients sont en effet réticents à « s’exposer » en allant sur place (contrôle de police, qualité aléatoire du produit…). Le luxe du cocooning bedo/série a de quoi attirer ! Bien qu’il faille pour cela consentir à acheter au minimum pour 50€. Création d’une nouvelle fracture socio-économique ? Les clients ne pouvant pas se permettre de mettre autant constituent un public pour les terrains et explique leur maintien.

Malgré tout, la pandémie et le confinement ont donné le coup de grâce aux pratiques des fours alors que l’Office anti-stupéfiants a constaté « un recours massif aux réseaux sociaux ». L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies s’est par ailleurs alarmé des conséquences sur le long terme de la pandémie et du risque de « renforcer la dématérialisation des marchés de drogues ».

Elliot

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